Il est ressuscité !

N° 206 – Février 2020

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Georges de Nantes, grand écrivain

ENTRETIEN AVEC CÉCILE PERRIN, PROFESSEUR AGRÉGÉ DE LETTRES

Propos recueillis par La Religion en vrai, au cours du camp de la Phalange 2019.

« Comment êtes-vous grand écrivain ? Lamartine l’est aussi : il enjambe le réel, la tête haute. Zola est puissant, mais il s’accroupit sur le réel, où son œil de myope ne voit qu’ordure. Vous savez à la fois dire le réel, avec autant de précision qu’un écrivain de la lignée des Flaubert ou des Goncourt, mais ce réel, entre vos mains devient transparent. Derrière le monde sensible, on aperçoit l’autre, celui dont le monde sensible est peut-être une dégradation. J’insiste sur cette transparence de votre style qui pénètre de spiritualité les plus humbles choses, et comme toute spiritualité est sympathie, votre récit établit entre votre lecteur et vous le lien d’une sympathie insoupçonnée. Cette famille noble qu’est la vôtre devient la famille du plus humble ; on se sent proche de ceux que vous évoquez ; pour tout dire d’un mot : on les aime. Et par là, ces pages méritent le nom de “ Pages mystiques ”. »

Pierre Flottes, doyen de la Faculté des Lettres de l’université de Bordeaux.

Que pensez-vous, Madame, de cette appréciation, très louangeuse, du doyen Flottes ?

J’y adhère d’autant plus qu’il touche du doigt un des fondements de la métaphysique de l’abbé de Nantes : c’est la relation créatrice qui explique la vérité des êtres, de nos êtres, et qui « pénètre de spiritualité les plus humbles choses » car tout est création de Dieu : Misou, une fleur, où l’abbé de Nantes voit et fait voir la main de Dieu qui la pose dans l’Être ! C’est cela qui nous touche et donne sa beauté, sa valeur aux êtres et aux choses les plus humbles. Aussi ce n’est pas le style qui est premier ! Mais la vision des êtres et des choses. Nous y reviendrons. Et c’est la première condition du grand écrivain : voir les choses dans leur vérité première, ici créée par Dieu : c’est une vision mystique. Le lien établi par Pierre Flottes avec la mystique est donc fondamental.

Vous évoquez la métaphysique relationnelle de l’abbé de Nantes. Pour vous, c’est un fondement de l’œuvre de l’abbé de Nantes ?

Absolument. Et dans l’Encyclopédie que forme son œuvre, son École de pensée, cette relation créatrice, débouchant, donc, sur une vue mystique, touche tous les domaines, des sciences à la philosophie en passant par l’astrophysique ! car rien du monde créé n’échappe au Créateur ! Et il faut tout Lui rapporter, à une époque, précisément, qui le refuse en revendiquant son autonomie, sa maîtrise sur tous les équilibres naturels ! Cela vous explique l’étendue du travail de l’abbé de Nantes !

L’œuvre écrite de l’abbé de Nantes est très importante ; mentionnons la trentaine de tomes de la Contre-Réforme catholique au XXe siècle, dont il a rédigé l’essentiel des numéros mois après mois, de 1967 à 1999, la collection de ses Lettres à mes Amis, de 1956 à 1967, beaucoup d’articles publiés dans plusieurs journaux, particulièrement ceux qu’il a fait paraître entre 1949 et 1952 dans Aspects de la France, l’hebdomadaire de l’Action française, sous le pseudonyme d’Amicus...

Et il y a aussi les deux tomes de ses Mémoires et Récits, son recueil des Pages mystiques, “ Mamine ” un recueil d’une très grande tendresse sur sa propre mère, madame de Nantes... Un Curé et la Sainte Vierge qui est le recueil des articles sur la vie du Père Emmanuel, du Mesnil-Saint-Loup, qu’il avait écrits dans le bulletin de l’Œuvre de Notre-Dame de la Sainte-Espérance lorsqu’il était curé de Villemaur. Et puis l’Autodafé : sa dernière grande œuvre polémique et mystique écrite alors qu’il était en exil, en Suisse.

Donc une œuvre très abondante ! Comment l’embrasser pour répondre à la question que posait le doyen Pierre Flottes : « Comment êtes-vous grand écrivain ? »

De fait, il faudrait tout un colloque pour explorer toutes les richesses dans tant de domaines, pour analyser ses écrits sur le plan littéraire. Il a fallu choisir. Allons au cœur : nous affirmons que l’abbé de Nantes est un grand écrivain, qualité qui lui est reconnue par ceux qui l’ont lu – ce qui est une forme de reconnaissance publique importante !

Maintenant, comment ? Pierre Flottes donne une réponse que je compléterai. Il y a plusieurs facteurs. Premièrement, sa pensée : il pense juste et haut, il pense droit et profond. Le grand écrivain est celui qui vous fait “ découvrir ”, qui vous “ dé-voile ” une vérité ; en science, en histoire, en théologie, en philo, etc., en vous la donnant à savourer dans toutes ses dimensions, de sorte qu’elle vous touche. Et plus il en pressentira la richesse, puis en dé-couvrira la profondeur, l’élévation, plus alors il saura l’exposer, plus son style épousera l’ordre et le mouvement qu’il a dans la pensée. Cet ordre suppose un esprit d’analyse et de synthèse car il faut juger, trancher ! puis convaincre !

Vous n’étudiez pas le style indépendamment des idées, vous ne séparez pas le fond de la forme comme on dit ?

Non ! car le style, c’est l’homme ! C’est Maurras qui insiste sur la conformité du style et de la pensée car le style traduit l’ordre et le mouvement qu’on met dans ses pensées. Boileau l’énonçait en deux alexandrins bien frappés, qu’on apprenait autrefois :

« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement

Et les mots pour le dire arrivent aisément. »

L’abbé de Nantes a le sens du réel, le goût de la précision, si nécessaire dans l’analyse. Eh bien ! le style de l’abbé de Nantes est direct, simple, comme s’il entamait une conversation avec son lecteur, parce qu’il veut convaincre, prêcher, convertir les âmes ! Il emploie des termes précis qui désignent la chose, sans flou ni vague. De plus, il s’adapte à la circonstance avec une science, une aisance qui nous aident à entrer dans sa démonstration !

Et là, j’ai un souvenir personnel que nous avait rapporté notre mère, d’une paroissienne de Villemaur qui lui avait dit à la sortie de la messe : « Faut-il que Monsieur le Curé soit savant, pour nous expliquer si simplement des choses si complexes ! »

C’est cela qui confère le mouvement, la dynamique au style de l’abbé de Nantes : celui-ci s’accentue à proportion du souffle qui le porte, de l’invective à l’effusion mystique en passant par l’humour, parfois féroce, quand il s’agit de la défense de la vérité de son Seigneur attaquée dans l’Église et le monde, dans tous les domaines ! Son style est concret, imagé, ce qui met... une image sur des idées ! Ainsi, pendant toute l’année de cours de métaphysique, en 1981, on a eu l’exemple de Misou, le chat de la maison, au grand scandale des dominicaines de Pontcalec qui étaient horrifiées qu’on puisse accoler saint Thomas et puis le chat. C’était inconcevable ! Un autre exemple : qu’est-ce que le Concile ? Une bonne tisane dans laquelle on a versé une goutte d’arsenic ; ou encore, un collier brisé en plein milieu dont les perles tombent par terre. Cela vous évoque le Concile qui a rompu le mouvement qui allait du Ciel vers la terre pour retourner au ciel. Les perles tombent par terre ; l’homme ne retourne pas au Ciel.

L’abbé de Nantes a toujours dit n’avoir aucune difficulté à écrire : sa plume est au bout de ses idées. Le seul genre qu’il ne sentait pas : la poésie. Mais je pense à certaines pages des Mémoires et Récits, en particulier quand il raconte comment, aux Chantiers de jeunesse sans aucun sacrement il n’avait plus que la nature pour lui parler de Dieu. Dieu lui parlait dans la nature ! Et là ce sont des évocations, en prose, qui sont très poétiques. Ajoutez une connaissance de la langue française dont il fait jouer toutes les cordes.

Vous dégagiez le rôle primordial, chez l’abbé de Nantes, de cette “ relation créatrice ” qui est à la base du regard qu’il porte sur toutes choses. Le doyen Flottes soulignait la précision et la clarté « transparente » du style de l’abbé de Nantes, mais vous allez plus loin en soulignant la justesse et l’élévation de sa pensée, tout appliquée à “ découvrir ” une vérité, pour en convaincre, en toucher ensuite son lecteur. Est-ce bien cela ?

Oui, mais avant que nous allions plus loin, je voudrais prendre un exemple qui illustrera les qualités de clarté de l’abbé de Nantes : la précision, l’ordre et le souci pédagogique. Justement, à propos du mystique, que nous évoquions tout à l’heure. Aujourd’hui, ce mot évoque quelqu’un d’une autre planète, très respectable au demeurant mais pas pour nous, les laïcs... L’abbé de Nantes pose lui-même la question : « Qu’est-ce qu’un mystique ? » c’est clair et direct ! La réponse en quatre paragraphes nous fait comprendre intellectuellement mais nous fait aussi entrer cordialement dans ce mystère savoureux.

Le premier paragraphe énonce la définition en une phrase ample – pas de phrase SMS ! – aux termes précis, comportant toutes les conditions (foi et grâce) pour placer cet homme dans le Ciel. « Qu’est-ce qu’un mystique ? Un mystique, donc, est un homme qui, avec le secours de la grâce divine, a poussé la foi jusqu’à son plus haut point d’incandescence, de telle sorte que le monde auquel il appartient d’abord et plus fortement que tout est le monde surnaturel. » Bien. Un homme à part.

Le deuxième paragraphe surprend et nous rejoint : ce ciel, c’est la terre d’ici-bas : et voici la découverte savoureuse de la relation ! Le point d’ancrage qui nous accroche ! Là où Pierre Flottes voit le monde sensible comme une dégradation du monde surnaturel, le Père, lui, y voit un appel... qui nous appelle ! « Le mystique vit dans le monde divin de la foi, qui n’est pas un autre monde que notre bas monde à tous, mais dont la signification, la raison d’être et la beauté sont à ses yeux tout surnaturels. »

Le troisième paragraphe nous reprend à notre niveau – avec le catéchisme – et nous tire vers le haut ; vers cette relation “ dévoilée ” vers Quelqu’un ! Ça change tout ! La vie en est transformée : « Le mystique est un homme qui a lu son petit catéchisme, qui y a cru et en est arrivé dès lors à ne connaître, n’éprouver de sentiments, n’aimer et ne vouloir que selon l’esprit de cette révélation et sous l’impression souveraine de ces réalités invisibles. »

Quatrième paragraphe, conclusion logique : le désir du Ciel, devenu le terme et la révélation de la vie terrestre ! Et ce, en un mouvement très platonicien dont nous comprenons les différentes étapes et qui est un appel à y entrer. Pas si difficile ! « Enfin cet homme ne peut pas ne pas désirer le Ciel, d’un désir toujours grandissant. Quand la vie terrestre ne paraît belle que dans le terme qu’elle prépare, quand elle semble tellement pénétrée de la magnificence cachée de Dieu, l’âme ne peut plus se contenter ici-bas et gémit du désir de la douce rencontre, jusqu’au jour où elle brisera ses amarres. » Voilà, et vous ressentez une joie intérieure à entrer dans ce mystère de l’union à Dieu à travers la vie terrestre. Dans cette explication, intelligence et cœur sont touchés. Marque du grand écrivain !

Pour cet entretien, vous avez choisi un numéro du mensuel La Contre-Réforme catholique, pour la variété de ses sujets et de ses styles...

Oui, la matière est tellement vaste... Alors plutôt que de prendre des sujets disparates, mieux vaut ne prendre qu’une seule “ CRC ” dont les articles eux-mêmes présentent des styles bien différents et qui dégagent tous une vérité.

Numéro 113 de la Contre-Réforme catholique au XXe siècle, janvier 1977 ; seize pages, cinq articles. Il s’ouvre par l’éditorial de l’abbé de Nantes : « Lettre ouverte au frère Yves Congar ». Le Père Congar, dominicain, dans son dernier livre La crise de l’Église et Mgr Lefebvre, nommait l’abbé de Nantes parmi les « frères séparés » avec lesquels il faudrait instaurer un dialogue. Georges de Nantes saisit donc la balle au bond... ou plutôt, relève le défi...

Oui, car l’enjeu est de taille : Congar dénonce en l’abbé de Nantes un maurrassien – premier crime ! – qui veut intenter à Paul VI un procès en hérésie : deuxième crime. C’est insoutenable ! Pour le Père, c’est une occasion en or de confondre sa mauvaise foi et de le provoquer à demander, avec lui, l’abbé de Nantes, à Paul VI, le jugement qu’il réclame depuis 1968, sur les nouveautés du Concile et particuliè­rement la Liberté religieuse – je rappelle que l’abbé de Nantes tenait le Père Congar pour le père des Pères du Concile et qu’il était un ami de Paul VI auprès de qui il avait toutes ses entrées.

C’est de la belle polémique au service de l’Église, ici, de la paix de l’Église ! Cette lettre nous fait assister à une joute étincelante entre deux adversaires déclarés, mais dans une même Église ! Combat d’escrime où tous les coups portent, les répliques se succèdent du tac au tac, lutte menée avec brio, élégance et assurance, humour aussi et toujours loyauté puisque l’adversaire est présent par son livre, dans un style enlevé, rapide, percutant, avec un ton tour à tour léger et grave, toujours d’une souveraine liberté ; bref une prise à partie en direct, serrée et sans concession, utile à la clarification des positions, où chaque propos est accepté, corrigé ou dénoncé franchement en un vrai cliquetis d’armes ! C’est jubilatoire ! Et du grand art !

D’emblée le tutoiement pour équilibrer les deux adversaires : « Dans cette Adresse qui ouvre ton livre, tu ne refuses pas la discussion et sur ce qui est l’essentiel, “ ce qui (nous) est reproché ”, qui est “ de refuser comme entachés d’erreur un Concile œcuménique et des réformes sérieusement mûries, approuvés par l’autorité suprême, et reçus et appliqués dans l’ensemble de la catholicité. ” Tel est bien notre refus, et tel est bien ton reproche. Tu ajoutes : “ Des sacrements bâtards, ceux que reçoivent chaque jour des millions de catholiques ? Des prêtres bâtards, nous qui les célébrons ? ” Là, ce n’est plus notre différend ; tu sais que je me suis séparé, et pour cela même, de Celui qui a prononcé ces paroles excessives et odieuses qui ont indigné toute l’Église. Restons-en donc au seul refus du Concile que tu me reproches et que je ne démens pas. » Score : 1/ 0 pour l’abbé de Nantes !

« Tu prononces aussitôt après l’énoncé du grief, ta condamnation sans appel : “ Cela ne peut se soutenir. ” Avant toute argumentation, toute preuve, tu tranches, tu nous retranches ! Permets-moi de te dire, frère, que tu manques en cela à toute prudence, comme à toute justice et charité envers nous.

« Enfin, je te pardonne cette manière intégriste d’ouvrir le dialogue en le refusant. Tu veux donc marquer dès ta première page ce qui est pour toi l’évidence même, la vérité incontestable, l’implacable réalité : il est insoutenable pour un catholique de refuser comme entachés d’erreur ou d’hérésie les Actes du concile Vatican II. Prouve-le ! » 2/0 !

Nouvel échange de lames sous le titre : « Frère, tu manques de clarté. »

« Page 9, tu réitères ton affirmation catégorique : (...). “ Cette acceptation – l’acceptation du Concile, de ses déclarations, etc., – est nécessaire pour vivre pleinement, effectivement, concrètement dans la communion de l’Église d’aujourd’hui. ” Tu le dis. Je le nie.

« Frère, tu te meus avec aisance dans tes certitudes : “ insoutenable ”, “ nécessaire ”, “ certain ” ! Ton dialogue tourne au monologue et le monologue à l’anathème ! Puisque tu me lis, tu sais que je récuse la malheureuse disjonction faite par Mgr Lefebvre entre l’Église de toujours et l’Église actuelle ; mais j’assume pleinement l’autre, entre la tisane bien sucrée de Vatican II et les trois milligrammes d’arsenic que tu y as versés, frère ! – Voilà l’image parlante ! – Cependant, plus fidèle que toi à la règle du dialogue, je ne juge pas, je ne condamne pas [...]. Je refuse ce qui me paraît contredire la foi. J’accuse ceux qui ont versé ce poison, toi, frère, et d’autres. Enfin, je réclame que le Juge Suprême juge souverainement en sa propre cause où je ne suis rien que le plus humble et le plus dénué des plaignants. » 3/0 pour son manque de clarté.

Mais ce n’est encore que broutille ; le coup suivant va lui permettre d’enfoncer l’estocade : « Frère, tu manques gravement à la vérité. » En effet, Congar, pour discréditer ses opposants, les a assimilés à un théologien allemand, Döllinger, du dix-neuvième siècle, excommunié pour avoir refusé une définition conciliaire ! Ah ! Voilà un argument-choc contre l’abbé de Nantes ! Pas si vite, mon ami ! Notre escrimeur s’avance, le sourire aux lèvres, pour fouailler et porter l’estocade finale ! C’est du grand art ! « L’exemple de Döllinger m’a fait sourire. Tu le connais bien, Döllinger. Moi aussi. Döllinger, sur le fond des doctrines et des aberrations œcuméniques, c’est ton maître ! C’était le Congar du dix-neuvième siècle ! [...]

« Mais voilà ! Aujourd’hui, ce sont les Döllinger, les Lamennais, les Sangnier, les Maritain, qui sont au pinacle conciliaire et nous autres, leurs adversaires, qui sommes contraints de renier notre foi sous peine d’excommunication. Du moins le dis-tu. Mais tu mens... Frère, pardonne-moi ce mot très rude. Démens-le si tu peux, et vite. Ou alors, reconnais et répare cet atroce mensonge. Car cette sorte de mensonge homicide vient du Malin, qui crucifie de nouveau l’Innocent et transperce la Vierge au cœur. »

Vous voyez là que nous sommes bien dans le discours mystique, caractéristique du style de l’abbé de Nantes : il ne pense pas à l’offense qui lui est faite, mais tout de suite à celle contre Jésus et Marie.

« Tu écris en effet : “ Döllinger a refusé une définition conciliaire. ” Curieusement, tu ne mentionnes pas laquelle : la définition de l’infaillibilité pontificale. – Et là, vous allez voir la phrase s’amplifier autour du mot “ détail ”, chaque proposition, chaque verbe confondant Congar sous un angle différent. – Mais tu omets un détail, qui invalide ton raisonnement par analogie, qui brise ton arrogance, remet en cause ton discours et te confond, toi l’accusateur de tes frères, – maintenant, il reprend le terme, qui n’apparaît plus du tout un détail ! dans une proposition accusatrice, avant de l’énoncer – et ce détail, tu ne peux pas ne pas le savoir : Döllinger a refusé une définition conciliaire revêtue de tous les caractères de l’infaillibilité, de la vérité divine indiscutable, irréformable, nécessaire, en un mot catholique, il a refusé un dogme révélé, devenu par un acte solennel de l’Église un article de foi que nul ne saurait mettre en doute sans hérésie, ni refuser sans renier sa foi et faire schisme.

« Or, et cela encore tu le sais parfaitement, aucune ligne, aucun mot de Vatican II ni de Paul VI n’est revêtu de la même autorité infaillible, et donc ne s’impose pareillement à l’assentiment des fidèles, n’ayant point la perfection d’une vérité munie d’une garantie divine intégrale. L’analogie est menteuse, la dissemblance est certaine. » – Voilà ! L’homme est terrassé, disqualifié ! Admirez l’exécution du menteur ! C’est d’une précision, d’une efficacité impeccable. 4/0 ! Fin de la première manche.

Mais cette passe d’armes où la victoire est évidemment du côté de David contre Goliath, n’a eu lieu que pour rabaisser l’arrogance de ce réformateur et se placer en force pour obtenir ce que l’abbé de Nantes veut : une démarche à Rome pour la paix de l’Église. Et pour cela, Congar est utile, il a toutes ses entrées à Rome : donc il faut que Congar soit K. O. debout, avec une dernière lame : « Malhonnête toi-même, tu nous traites de malhonnêtes. Relis-toi : “ Il est malhonnête d’abuser du fait que le Concile s’est voulu et s’est déclaré pastoral pour l’accuser de n’avoir pas été doctrinal. ” On répète ce que le Concile a dit de lui-même et c’est mentir ? On en tire les conséquences logiques, obligatoires, et c’est être malhonnête ? Tu écris pour abuser le vulgaire, mais ainsi tu te déshonores. “ Justice a été faite de cette fausse imputation, et au Concile même, dès cette première période. ” Quand ? et où ? Donne tes références ! Au contraire, voici l’affirmation de Paul VI en date du 12 janvier 1966, connue de tous : “ Étant donné le caractère pastoral du Concile, celui-ci a évité de proclamer de manière extraordinaire des dogmes affectés de la note d’infaillibilité. ” Cependant, tu maintiens à travers tes cent pages, toujours indémontrée, ta sentence première de condamnation portée contre ceux qui refusent le Concile, et tu la soutiens par ce mensonge effronté concernant sa prétendue infaillibilité contraignante. » C’est violent ! et franc !

Mais Congar a proposé une discussion ! « Eh bien ! prenons-nous au mot l’un et l’autre. La paix de l’Église, l’œcuménisme interne, est à ce prix. Quand “ nous avons (presque) tout en commun – la parenthèse est de toi –, cela dépasse-t-il les limites du possible ? ” Démontrons ensemble que non. Voici, frère, ce que je te propose, qui peut être fait dans le mois et d’où résultera la fin du débat. Es-tu prêt ? » C’est engageant ! On espère que Goliath, à terre, a encore des oreilles pour entendre !

Deuxième partie : le ton change ; le rythme se ralentit pour poser les fondements de la suite : ce n’est plus de la polémique, mais de l’argumentation, claire, précise, carrée, s’assurant à chaque étape que l’adversaire suit son raisonnement et nous avec : Georges de Nantes veut convaincre ; avec méthode, sens de la composition aussi, il organise le débat.

D’abord fixer le point litigieux : « Laissons les choses secondaires, ne retenons que les points essentiels et même un seul point, le point focal de nos divergences et oppositions, celui qui est au centre de tout comme il se trouve juste au milieu de tes cent pages, pages 50-51 : la liberté religieuse. »

Ensuite, fixer les positions respectives. Voyez comme la démonstration se suit, grâce à cette clarté d’exposition. « Inutile d’en débattre entre nous fraternellement : il y a quinze ans, ou pour mieux dire, cent ans que cela dure et que les parties ne parviennent pas à se convaincre. »

Puis le juge. L’importance de Rome : « Notre seule issue, pour la paix, pour la sauvegarde de l’unité, est de nous rendre à Rome, auprès du pape Paul VI dont nous reconnaissons l’un et l’autre la légitimité et que nous savons infaillible, en vertu du premier Concile du Vatican, précisément pour trancher de tels débats et décider souverainement sans que nul n’ait plus aucune ressource d’appel ou de contestation. Nous le croyons, toi et moi, à l’inverse de Döllinger ? – Voyez comme il le prend à son propre piège ! – Notre recours est donc là, uniquement là. Pour refaire l’unité, le plus simple, le plus expéditif, est que deux théologiens de l’une et de l’autre partie présentent leurs propositions contradictoires au Pape afin d’obtenir de lui une définition ex cathedra et l’anathème correspondant. La cause sera entendue, l’affaire jugée, la division proscrite [...]. Et erit tranquillitas magna... Et il se fera un grand calme. D’accord ? » Là aussi, c’est engageant : la voie est tracée ! le résultat recherché, à portée de main ! par Rome !

Encore faut-il convaincre Congar d’aller à Rome ! Là, le Père déploie toute sa force de persuasion, mêlée à une ironie acérée : il l’appâte, en lui faisant miroiter la gloire que lui, Congar, tirera à faire proclamer la liberté religieuse jusque-là condamnée par tous les Papes. Du coup, il nous en montre la portée révolutionnaire : « Tu ne dois pas te contenter du demi-succès remporté avec peine et sans excès de franchise à Vatican II ; cette Déclaration pastorale qui te contraint encore aujourd’hui à biaiser, à mentir. Achève ton effort et viens à Rome pour le triomphe de tes idées ! Plaide la cause de la Liberté religieuse, contre nous [...]. Tu es sûr de vaincre, n’est-ce pas ? » Voyez, il tient vraiment Congar à sa merci, l’épée sous la gorge : « Car le jour où la Liberté religieuse sera solennellement proclamée et non plus honteusement déclarée, à la sauvette, le jour où tes contradicteurs seront anathématisés et excommuniés dans les règles... » Eh bien ? Que se passera-t-il ? « Tu n’auras qu’à dire au pape Paul VI : “ Très Saint-Père, achevons notre œuvre de réconciliation universelle et de MASDU, proclamez la liberté des cultes telle que l’enseigne déjà notre grand Concile et jetez l’anathème sur toute doctrine contraire, vous rentrerez en communion avec Satan ” ! »

Pour cela, l’abbé de Nantes multiplie les arguments, pour inciter Congar, qu’il fait apparaître en titres rouges ; toutes les chances sont de son côté ! Je lis les titres : « Allons ensemble à Rome », « Humainement, tu as toutes les chances », « Tu as pour toi les masses catholiques », « Tu as le pape Paul VI », « Tu as aussi le monde avec toi », « Mes chances sont minimes, frère. » À chaque fois Congar peut acquiescer ! Oui, c’est vrai. Alors... allons-y ! Force de persuasion de l’écrivain ! Remarquez que l’ironie est sous-jacente parce que en soi, ces titres sont autant d’accusations de flagornerie pour un parfait courtisan, particulièrement le dernier ! Et l’abbé de Nantes ne cesse de harponner Congar pour ainsi dire, avec une liberté supérieure de ton ! et pas coincé ! pour ce grand-père du Concile ! Mais c’est une manière de révéler ce qu’il est : un hérésiarque ! « “ C’est ta meilleure chance ”, “ c’est ta chance ”, “ tu joues sur du velours ”, “ j’ai peur de te faire peur ” », etc. C’est vraiment David invectivant Goliath. Mais, après cette suite d’arguments donnant Congar vainqueur, le renversement est total ! Écoutez : c’est magnifique de foi et d’espérance en l’Église et dans le Pape ! « Tu as quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent de réussir. J’irai à Rome avec toi, ne comptant que sur le dernier centième de nos chances humaines, mais ce centième-là me paraît renfermer la totalité, le cent pour cent de la chance divine. Je suis certain que le Pape refusera de rien définir, ou mourra de mort la veille d’une définition qu’il projetterait dans ton sens. Ou alors il définira le contraire de ses propres opinions humaines, il anathématisera ses déclarations antérieures et il définira ce que ses prédécesseurs ont mainte fois énoncé selon un continuel et harmonieux développement de la doctrine soudain rebroussé et brisé par vos innovations impies. »

C’est le ton du prophète, de l’homme de Dieu par tous ces futurs définitifs ! Et après avoir écarté les dernières objections qu’il prévoit, c’est l’envoi : « Allons. Il n’y a plus d’autre chemin que celui-là, le chemin qui mène à Rome. Et que l’Épée de la Vérité, le Verbe divin, passe entre nous, tranchante et acérée, pour la paix de l’Église. » Ce n’est plus le débat Congar - de Nantes, mais Dieu – Satan. Il faut sommer le Pape de trancher. Pour le salut de l’Église et des âmes !

Le Père Congar a-t-il répondu quelque chose ?

Oui ! Et précisément dans la Ligue du même mois, le Père nous apprend que Congar a accusé réception et promet une réponse. Le Père fait prier à cette intention. Las ! l’édito de février titre : Le Père Congar se rétracte, avec publication des échanges de lettres que le Père conclut ainsi : « Toute la presse nationale et internationale jusqu’à l’Écho de la mode ! fait connaître au monde le livre de Congar et quand je lui cause, il se rétracte, il refuse la polémique et me cache où il va le 8 février ? Le grand théologien que voilà ! il a peur. » Et pour la suite de l’histoire, le Père ira le traquer jusqu’à Annecy où, en fait, il donnait une conférence ce 8 février sans vouloir le dire à son adversaire, lequel le forcera à professer en public que, oui, non, le Concile n’a rien fait d’infaillible ! Victoire ! À défaut d’aller à Rome ! victoire parce que si le Concile n’est pas infaillible, il est faillible ! Et il a pu faillir ! CQFD !

L’abbé de Nantes donnait, cette année-là, une série de conférences sur les Sacrements, publiées au fur et à mesure dans la Contre-Réforme catholique, de novembre 1976 à juillet 1977. Et notre numéro de janvier 1977 est consacré au baptême.

C’est le théologien, cette fois-ci, qui enseigne, explique, corrige, avec toujours le souci de se faire comprendre de son lecteur et de l’entraîner dans le mystère. Composition soignée. Introduction. Trois parties avec titres intercalaires. C’est clair, ordonné (toujours le sens de la composition) ; le style varié, tour à tour didactique, polémique – pas trop ici – pathétique à la fin impliquant son auteur ; « je », et son interlocuteur ; « vous ». Une théologie enrichie par l’histoire, l’histoire de l’Église et l’Écriture sainte dont il possède une science consommée. Prenons le texte.

Comme toujours dans le cadre de ses programmes de conférences, l’abbé de Nantes reprend en introduction les acquis de la conférence précédente pour enchaîner et entraîner vers la nouveauté du jour. Très pédagogique. Et sans jamais se répéter, toujours sous une formulation différente qui fait mieux comprendre, par une autre synthèse. Par exemple ici, pour le baptême, la reprise se fait sur le mot « rencontre », définition de tout sacrement, entre Dieu et l’homme, mais dont on nous rebat les oreilles et qui se transforme en fait par un partenariat homme – Dieu ! qui abolit les distances. Eh bien ! le Père reprend le mot de la bouche de Mgr Marty, précisément daté, et le corrige. Écoutez : « Il ne suffit pas de dire, comme le cardinal Marty le 29 juin dernier : “ Je crois en Dieu. Je crois en l’homme. Je crois en la rencontre de Dieu et de l’homme... ” Un tel Credo est un peu court ! Il est même singulièrement déformant et conduit, s’il ne les exprime déjà, aux pires hérésies ; il suggère le culte de l’homme jusqu’à le faire l’égal de Dieu. Vous serez comme des dieux, disait avec malice le démon à nos premiers parents... Vous Le rencontrerez d’égal à égal en toute liberté et dignité de vos personnes humaines, pourrait enchaîner le cardinal Marty. Non, ce n’est pas notre foi, et les sacrements sont d’une tout autre essence, plus riche, plus juste et diversifiée. » Voilà : l’abbé de Nantes enseigne la vérité de cette rencontre, la rétablissant contre l’erreur dénoncée clairement.

« Entre le néant de la créature, l’indéniable misère de l’homme pécheur et la sainteté du Dieu Vivant, une rencontre ne peut être banale ni platonique ; elle ne peut qu’être signifiante et sacramentelle. Elle est empreinte d’un sens et d’une efficacité qui ne sauraient venir que de Dieu, non de l’homme. Le fidèle qui en est l’objet et le bénéficiaire doit seulement espérer, demander et remercier pour cette communication de grâce sans commune mesure avec son mérite ni même son attente. »

Vous voyez, c’est le culte de l’homme que l’abbé de Nantes traque et tous les termes sont là pour rappeler la place respective de Dieu et de l’homme dans cette « rencontre ». Il souligne les difficultés d’une telle rencontre : le sensible signifiant l’insensible ; il avance pas à pas, par étape, enfin en arrive au but : « Cette rencontre sacramentelle se fait dans les formes humaines, accessibles à notre faiblesse, d’actions et de paroles sensibles, et souvent par le moyen de quelque élément matériel choisi. » Maintenant, il en énonce la condition : « Pour y voir un toucher divin, une parole vivante et actuelle, intelligible et efficace, de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, crucifié et ressuscité, toujours agissant dans son Église, il faut croire. Mais dans la foi, le contact est certain, l’objet devient signe, la parole exprime le sens et le fidèle se trouve abouché avec Dieu pour recevoir de Lui une participation nouvelle et spécifique à sa propre Vie. »

Conclusion du Père : « C’est admirable ! »

Le but est de mettre en lumière par une analyse précise l’erreur du temps, pour ensuite rétablir la vérité du Mystère ; et par là le rendre conforme à l’intention du Christ et donc de l’Église et donc efficace ! Et c’est branché sur le problème qui se pose : À quoi sert le baptême ? Donc ce n’est jamais une explication intemporelle comme on pourrait le penser pour un sacrement aussi ancien, mais une exposition engagée contre les déformations du temps, ici du modernisme conciliaire. Explication, donc, dynamique, historique. Le même Congar fera l’éloge de toute cette série sur les sacrements ! Alors ! Ce doit être vrai, parole de Congar ! Le style est dense, précis, avec la force et l’autorité du théologien, sa compétence et sa science aussi ! Les mots plus techniques ou complexes sont en italiques, les plus importants aussi, tout cela pour faciliter la compréhension du lecteur.

Entrons maintenant dans le corps de l’article.

Première partie : la liturgie baptismale. Avant d’étudier comment l’Église a pratiqué le rite, le rappel de son sens ; précis, catholique : « Cette vie que le Christ donne au monde, c’est le baptême qui la procure, et le baptême est le premier engagement du croyant sur la voie de la conversion. » C’est clair, net et précis ! pas un mot de trop.

Donc la liturgie baptismale est fondée sur la Parole du Christ : « Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » qui entraîne l’adhésion enthousiaste du Père en réaction à la désaffection du temps, nous sommes en 1977 : « L’Église, croyant en son Seigneur et obéissant joyeusement à ses préceptes, n’a jamais jusqu’à nos jours douté de la force convaincante de son kérygme ni de la puissance transformante de son rite principal, premier, le baptême. Si quelque manque se manifeste, de toute manière, cela ne pourra jamais venir de ce côté-là. Jésus l’a dit, il suffit ! » Suit une rétrospective historique des formes du sacrement, très spectaculaires, au quatrième siècle chez les Pères de l’Église. C’est savant, documenté, instructif et très vivant, allez-y voir ! Le Père puise dans sa connaissance approfondie de l’Écriture et des Pères de l’Église !

Deuxième partie : la catéchèse baptismale. Quel enseignement ? « De cette grande et universelle lex orandi se dégage une leçon claire et imposante sur la lex credendi de l’Église du Christ. Les rites du baptême en dévoilent le sens. C’est celui d’un changement de vie, d’un arrachement à un monde et attachement à un autre, d’une mort et d’une résurrection, d’un retour à l’Orient, du côté du paradis perdu. » Le Père annonce un « changement » et vous remarquez l’opposition de deux séries de noms, arrachement et attachement, mort et résurrection, ainsi que la progression de la terre au Ciel ! C’est dynamique. Comparez avec d’autres présentations du baptême en paroisse...

Vous avez bien entendu « arrachement au monde »... au monde adulé par l’Église conciliaire... Alors le Père s’arrête sur cet arrachement et affirme la vérité catholique avec toute la force du théologien : il dissipe l’illusion, le mensonge puis pose la question, directe, carrée : « Que vaut le monde ? »

« Le rituel plénier et perpétuel du baptême doit dissiper en nous une autre illusion encore. Celle de croire que le monde antique aurait été odieux à tous, tandis que le monde moderne nous paraîtrait merveilleux et digne, lui, de l’estime et de la consécration de l’Église ! Que vaut le Monde ? C’est à l’Église d’en juger, et elle en a jugé une fois pour toutes à l’exemple et selon la leçon de son Maître. Elle le juge démoniaque, à exorciser, à baptiser et bénir élément par élément pour en chasser les démons et le consacrer à Dieu.

« Telle est la vue très concrète, très pratique, imparable, que la Liturgie nous impose du péché originel dans son enveloppement historique : c’est le monde cassé, le monde maudit, le monde démoniaque, si fascinant et attirant qu’il puisse nous paraître. – On a en tête tout ce qu’on nous dit sur le monde qu’il faut épouser ! – Et c’est la complicité et connivence qui toujours subsiste en l’homme païen pour ses prestiges. La nécessité du baptême pour être sauvé, si souvent affirmée par Jésus et par ses Apôtres, le miracle de libération qu’il constitue se trouvent ainsi enseignés, illustrés par la liturgie baptismale de manière plus saisissante encore que par nos dogmes. » C’est clair !

Mais cet homme désormais arraché au monde a besoin des secours de l’Église : « Le baptême signifie contre le pélagianisme ancien et l’humanisme moderne que le salut de l’homme n’est pas en l’homme. » On suit parfaitement la logique du raisonnement, qui dénonce là encore le culte de l’homme ! Toute sa connaissance de l’Écriture et des Pères de l’Église est sollicitée pour ancrer cette vérité dans la Tradition et éclairer les failles actuelles. Ce qui justifie aussi son enthousiasme vibrant d’une telle vérité savoureuse ! « Instruits par les saints Apôtres et par les Pères, nous ressentons l’immense joie du baptême qui nous donne Dieu pour Père et l’Église pour mère dans le Christ. Et si l’enfantement commence à la conception pour ne jamais être achevé – elles me comprennent, les vraies mères, ils me comprennent les pères vraiment chrétiens – alors il est sûr que le sacrement de baptême est un enfantement dont les premiers rites commencent dès la conception sainte et chaste de l’union conjugale et dont la liturgie ne finira qu’au jour de notre nouvelle naissance, dies natalis, au Ciel ! » Voilà ! Nous sommes partis d’un « arrachement » et nous terminons sur un enfantement débouchant sur le Ciel ! C’est entraînant et nourri de toutes les explications !

Il en vient à la troisième partie : la pastorale baptismale. Celle qui est en question maintenant. Pour comprendre la pastorale et pourquoi on en est arrivé à la débâcle actuelle, le Père se livre à une rétrospective historique avec les raccourcis synthétiques dont il a le secret, qui dégagent l’idée-force : ici, la conception que l’on a du monde.

« Mais ce qui a changé, c’est l’élément socio­culturel qui fournissait son fondement au signe sacra­mentel. Le monde a été promu, de contre nature qu’il paraissait jusqu’à la fin du Moyen Âge, à un état de nature entièrement rationnel. – Là, on va voir dans le temps la Renaissance, les seizième et dix-septième siècles. – Il cesse alors d’être considéré comme hostile et dangereux pour le salut ; il paraît neutre, il cesse d’être suspect d’infestation diabolique. Bientôt l’homme naturel, le sauvage, et l’homme du monde, le libertin, – là, on voit bien le dix-huitième – n’ont plus paru foncièrement mauvais ni différents du chrétien. La raison commençait à parler un langage différent de la foi, dangereusement contraire même, et les symboles liturgiques chéaient (tombaient) mal dans cette ambiance... » Alors, on supprime le baptême ?

« À ce coup, la situation devenait dramatique. Refuser le baptême à qui le demande contredit l’ordre du Seigneur, jamais enfreint jusqu’alors, et implique un doute profond, un ébranlement de la foi... – Et voici une image ! – Supposez qu’un chirurgien refuse d’opérer un malade parce que celui-ci ne le lui demande pas avec assez d’insistance. Il sera bientôt contraint d’avouer que son refus a entraîné la mort du patient, mort dont il sera tenu pour responsable, ou que l’opération de toute manière n’y aurait rien changé ! Dans un cas comme dans l’autre, il perd toute crédibilité. En refusant de conférer le baptême à ceux dont la foi est tiède, l’Église les condamne d’un cœur froid à la damnation éternelle ou elle avoue le peu d’importance qu’elle attache aux sacrements, les refusant ainsi à la légère ! Le clergé qui en vient à refuser les sacrements se met dans une position impossible, et toute l’Église avec lui. Là n’est donc pas la solution, et le vrai problème même est ailleurs. » Nous progressons dans la recherche.

Le Père examine avec bienveillance tous les changements de la pastorale moderne : le retour des rites spectaculaires, l’étalement dans le temps, les étapes solennisées, la participation des laïcs, des intervenants extérieurs... On sent l’expérience du curé de paroisse qu’il a été, confronté à ces difficultés réelles. Toujours cet ancrage dans le réel ! « Heureux ou malheureux, de bon ou de mauvais goût, orthodoxes ou aberrants, ces changements, dont l’intention était louable, ont été contre toute attente absolument vains [...]. Cet échec a, beaucoup plus profondément qu’on ne veut le reconnaître, déconcerté les prêtres et surtout les plus réformistes. » D’où leur désaffection à baptiser et la substitution d’autres rites. À noter que depuis le pape François, il y a retour du baptême, sans plus de résultat. Pourquoi ? Le Père en donne la clef en une conclusion intitulée “ La vérité du baptême ”. Après avoir tout essayé, tout expliqué il faut bien en venir là et c’est d’autant plus convaincant que le Père s’est prêté à tous les essais. Que faire ? Voir la réalité en face ! « En réalité, toutes ces solutions dites pastorales masquent une débâcle qu’elles précipitent, l’archaïsme des réformes liturgiques s’accorde mal avec le modernisme de la prédication qui les accompagne. On dit que le peuple fidèle ne comprend plus l’utilité ni la grandeur du baptême ? On imagine que le baptême ne donne plus ce qu’il promet, ce qu’il signifie ? Mais c’est que le baptême est mal donné et son signe détourné de sa signification ! La faute ne peut être que de ce côté-là où nul ne va la chercher ! »

Après le diagnostic du médecin, dur à entendre, voici l’explication, dans une exhortation directe à ces malheureux prêtres et d’un ton pathétique : « Ô hommes d’Église, vous baptisez certes soigneusement, validement. Mais le signe aussitôt administré, vous y joignez votre contre-signe, au témoignage franc et massif de la liturgie infaillible vous ajoutez le contre-témoignage de votre prédication trompeuse ! Le rite les détache du monde et vous vous hâtez de les y ramener ! Ô hommes d’Église, croyez-vous donc si mal à ce que vous faites ? Vous donnez la grâce d’une nouvelle naissance à un nouveau royaume, tout de pureté et de clarté, et aussitôt après vous renvoyez ces agneaux nouveau-nés chez le Prince de ce monde ! Enfants, adultes, une fois baptisés et désireux de mener une autre vie, rendus par Dieu capables de sainteté, avant même qu’ils aient pu oublier leurs engagements ou faiblir dans le combat, vous, leurs Pères dans la foi, vous leur faites une obligation sacrée de retourner là d’où ils viennent et y négliger, y contredire, y mépriser et renier leurs engagements sacrés ! »

Et le remède : croire ! comme il le disait au début de l’étude. Puis les encouragements : « Ô prêtres ! Croyez, vous d’abord, au Pouvoir que vous détenez, aux énergies que vous délivrez, à la Cité sainte où vous introduisez les enfants de votre sacerdoce, et vous verrez qu’un peuple nombreux s’attachera à vos pas et vous demeurera fidèle pour la vie et pour l’éternité ! »

L’espérance renaît par la vérité retrouvée dans la doctrine, dans l’Église même et non par une xième réforme pastorale ! Voilà le Salut ! Vous avez entendu comme le style s’élève pour exhorter directement chacun des intéressés, prêtres et fidèles dans un enthousiasme sacré ! Oui, Georges de Nantes un grand écrivain de la vérité !

Pourriez-vous nous résumer en deux (ou trois) traits caractéristiques, ce style de l’abbé de Nantes, dans ce registre que vous venez d’évoquer ?

Clarté d’exposition, force de la démonstration, illustrations par l’histoire et l’Écriture sainte, comme dans toutes les conférences de la deuxième heure !

Quels sont, selon vous, les auteurs les plus influents dans ce style de l’abbé de Nantes ?

Pierre Flottes parle de Flaubert ; on pense à La Bruyère – avec le souci du concret – dans les portraits des Mémoires et Récits. Mais le Père a répondu à la question en disant qu’il avait puisé à la lecture quotidienne de L’Action française, dès l’âge de quatorze ans toutes les clartés de son esprit et de son style. Or dans l’Action française vous aviez les articles de Maurras, étincelants, de Daudet, tonitruants, et de Bainville, l’historien fin, élégant ! Il y avait tous ces tons très différents qui ont forgé le style du Père.

Poursuivons notre découverte de ce grand écrivain qu’est l’abbé Georges de Nantes, dans ce numéro 113 de janvier 1977, avec, aux pages 13-14 la recension d’un livre, Le Mal Français d’Alain Peyrefitte.

Ce sera beaucoup plus court, parce qu’il s’agit d’un tract, recto verso que d’ailleurs le Père achevait ainsi : « Tract à répandre à Science-Po, à l’ENA, en fac de droit et d’utopie, partout où sévit l’anglomanie protestante et républicaine. »

Je vous présente ce tract pour son sens de la synthèse ! Le but est de convaincre un public choisi ! pressé, – qui n’aura pas le temps de lire l’ouvrage, bien sûr – que c’est un mauvais bouquin parce que les thèses sont partisanes. Pour cela, le Père condense dans ses titres, quatre, les explications, les idées-forces. Les moins pressés liront aussi la démonstration qui suit ! Rythme rapide, style alerte, ferme, ton familier, humoristique par endroit, tout à fait adapté à un public d’étudiants !

Premier titre en rouge. La thèse du monsieur : « le mal français, pour Alain Peyrefitte, c’est la contre-réforme catholique et l’ordre royal. » Suit l’exposé parfaitement objectif de la thèse et de sa démonstration avec récapitulatif en dernier paragraphe.

Deuxième titre toujours en rouge. « La thèse n’est pas neuve, elle est celle de l’anti­france, anglomaniaque et protestante. » Remise en cause de la thèse par les sources contestables du monsieur, avec jeu de mot d’ailleurs sur peyrefide ! C’est humiliant pour le grand homme !

Troisième titre, en rouge, génial ! renversant la thèse de Peyrefitte. Le titre dit tout ce que l’explication qui suit précisera. C’est une leçon d’histoire, rétablissant celle de France dans sa grandeur et sa décadence ! « Des causes véritables de la grandeur du royaume de France et de sa décadence républicaine. »

Enfin le dernier qui établit le rôle véritable du protestantisme anglo-saxon. « Le libéralisme protestant et la démocratie parlementaire, moyens d’abaissement et d’asservissement des peuples latins catholiques pour l’impérialisme anglo-saxon. »

Conclusion : Une puissante leçon d’histoire politique, qui dégage les véritables forces en jeu, témoignant de la connaissance approfondie du Père sur le mouvement des idées qui, c’est clair, mènent le monde. Peyrefitte est dépassé. Sa thèse, renversée. La Vérité affirmée, preuves à l’appui. Dans tous les cas, il y a matière à un débat contradictoire, là où Peyrefitte affirmait dans l’absolu. Idéal pour une dissert !

Est-ce que l’on peut qualifier cet article de critique littéraire ?

Bien sûr ! Maurras lui en reconnaîtrait le titre avec cette définition : « La critique littéraire proprement dite consiste à discerner et faire voir le bon et le mauvais dans les ouvrages de l’esprit. Le discernement suppose deux opérations : sentir et juger. » Nous y sommes !

Nous en arrivons à “ La Ligue ”. Figurez-vous que La Religion en vrai est abonnée depuis longtemps à la Contre-Réforme catholique, maintenant “ Il est ressuscité ”, et la première chose que lisent les membres de notre équipe dès qu’un nouveau numéro arrive, c’est “ La Ligue ” !

Ah ! la Ligue ! De fait, souvent, c’est sur elle que se jettent les lecteurs : on sait que ce sera facile à lire, pas de démonstration ni d’analyse poussée, juste des faits commentés. Repos pour l’esprit : ce sont les infos du mois. Rapide, condensé : tout doit tenir sur une page. C’est le chef qui parle à ses troupes, le père à ses enfants. Ici, des nouvelles de Noël, bien paisible, tant mieux. Des nouvelles de Congar ! Il va répondre ! Très bien ! Le Père publiera. Ira, ira pas à Rome ? Encore une falsification par le Pape de la citation d’Irénée... Invitation à parler à la télévision, par Philippe Bouvard. Le Père refuse : nous ne sommes pas des histrions. Ensuite, un affichage illégal, il y a eu des plaintes : bon, il faut quand même que les phalangistes respectent la loi. Le n° 112 de la CRC se vend bien (le texte de la Grande Mutualité de décembre 1976, Authenticité française). Eh bien, tant mieux ! Le Père exhorte ses gens ! Puis dans la seconde colonne, le programme des activités, les Mutus. Les récollections, les journées champenoise et bretonne, les camps, les conférences du frère Bruno et un petit P. S. : pour déconseiller d’acheter un livre. Ce bouquin est un canular, ne dépensez pas votre argent pour rien ! C’est la tournée des nouvelles de famille ! Et ça tourne ! Merci, mon Dieu !

Selon vous, y a-t-il des textes de l’abbé de Nantes qui pourraient être travaillés avec des élèves ?

Oui, dans les Mémoires et Récits, il y a bien matière. En collège, j’ai fait étudier des pages, je me souviens d’une : c’était « L’ennui sauveur à Chônas », titre qui avait déjà de quoi faire réagir et préparer une petite “ dissert ” sur la place de l’ennui ! Je pense aussi aux évocations historiques. La demande d’armistice, par exemple, vue par Georges de Nantes quand il était au Puy ; les Chantiers de jeunesse ; la Libération, vue à Chônas, vue également au séminaire ; tout le bouillonnement des idées, également au séminaire. Il y a beaucoup de témoignages historiques qu’on peut présenter. Je pense aussi, dans l’autobiographie, à « Mon premier péché ». Dans une séquence, on peut mettre ce texte-là et puis celui de saint Augustin racontant son premier larcin : des pommes ou des poires, tombées en plus ! en opposition avec les Confessions de Jean-Jacques ! avec son fameux ruban volé. Je pense aussi à son livre Mamine à cause du dialogue fictif établi entre lui et sa mère, qui me fait penser à un procédé similaire quoique différent dans Enfance de Nathalie Sarraute. Tout cela est très, très riche.

C’est maintenant la toute dernière page de ce numéro 113 de la Contre-Réforme catholique, janvier 1977, « Pages mystiques ».

Et le titre est : « Jésus »

C’est la perle de l’ensemble, qui lui donne tout son sens, le colloque intime du Père avec Jésus, comme une intrusion dans sa vie d’âme, qui est l’âme de son combat, il l’a assez répété. Le lecteur craint des hauteurs inaccessibles ? Mais il commence, avec une simplicité désarmante : « Comment ai-je pu m’engager dans cette aventure de raconter le Ciel, mon Ciel ? Je savais bien où me mèneraient ces degrés multipliés à plaisir qui, des choses mineures retrouvées, m’élevaient jusqu’au trône de la Majesté. Je devrais aller jusqu’au terme, et de repousser de mois en mois ne ferait que rendre plus nécessaires et plus nécessairement osées les dernières pages, celles de la divine rencontre ! »

« Rencontre. » Ah ! le mot fait tilt ! Son ciel, c’est la rencontre avec Jésus, c’était déjà le sujet de théologie sur le baptême ! Et cette théologie doit ouvrir sur la mystique, c’est-à-dire l’union à Dieu ! Tout ce qui a été expliqué, analysé, corrigé, précisé, n’a de but que de favoriser la rencontre vraie avec Celui qui se l’est uni par le baptême ! Plus besoin maintenant de revenir sur ces explications – nécessaires – maintenant l’âme goûte la saveur d’une rencontre unissante avec son Jésus ; c’en est le fruit. D’où le changement de style et de ton. Il faut dire l’ineffable et il faut dire la rencontre amoureuse ! C’est très éthéré ? C’est pourtant la jouissance de la promesse de Jésus en saint Jean (Ap 3, 20) : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. »

Je ne vous en lirai que la dernière partie, la plus intime, et vous serez sensible au pouvoir de suggestion d’une telle évocation, grâce aux images, les seules possibles ! La rencontre devenue « ce jeté de Toi dans moi, de moi dans Toi ». Quel choc ! L’âme transformée en « chambre nuptiale », « cellule retirée et blanche », « chapelle perdue » ; « la rencontre en souper », « messe nouvelle et éternelle de ses amours ». Vous serez sensible à l’émotion qui affleure et porte en elle sa grâce d’union, à son lyrisme très poétique ! À son exquise délicatesse détaillant et commentant avec pudeur les différents moments de la rencontre.

Pour cette rencontre, le Père s’est fait âme féminine, désirante. La force masculine cède à sa vocation première : l’union à l’Époux. « Cherchant comment je chanterai notre rencontre, ce jeté de Toi dans moi, de moi dans Toi, ce baiser, cette folle joie et audace pour toujours émouvante, poignante, étonnée, cette gloire, j’aurais envie de parler en langues, ou en poésie mais je ne suis ni poète ni glossolale.

« Car elle n’est qu’à moi, ornée des souvenirs de notre vie, de toute notre vie d’amours secrètes et de nos rencontres où ne nous visitait que la douce colombe au vol gracieux, cellule retirée et blanche où je te retrouvais seul dans le silence, ô sanglant Crucifié pour moi, chapelle perdue, abandonnée, où tu m’attirais pour me donner de ton jus de grenade et m’enivrer de toi à l’insu de tous, ô Eucharistie des temps d’épreuve. Enfin tu as frappé, je me suis levée de ma chaise basse, âme tordue d’émotion et de joie, je me suis avancée dans la lumière qui venait de la porte ouverte quand tu parus. Tu as fermé doucement sur nous la porte mais le soleil est resté. Tu voulais encore une fois souper, toi avec moi et moi avec toi ; messe nouvelle et éternelle de tes amours. Nul bruit ne se faisait plus entendre, le pas de la cavalcade s’éloignait sans retour. Le silence éternel de ta Présence se ferma sur nous comme un linceul heureux, envahie d’une torpeur de bonheur, je savais que plus jamais rien rien rien ne me séparerait de toi, mon Amour, mon Époux, rien ne me séparerait même de l’épaisseur d’un cheveu, de la source de ma joie, de ma vie, de mon fruit savoureux d’éternité, divin, ô Sauveur du corps !

« Je me tenais debout, au milieu de ma blanche cellule, celle de toute ma vie terrestre que tu habitais invisible depuis mon troisième jour, – jour de son baptême ! – résurrection ! (...) Alors je levai les yeux vers Toi, immense, que jamais je n’avais vu ainsi, Face de soleil, Visage de Dieu, sans crainte je levai les yeux vers Toi et je te priai de me prendre enfin pour épouse, ce que tu fis éternellement. »

Et enfin pour récapituler, évoquer plutôt, l’indicible, une suite d’images, d’états ressentis, comme autant de touches suggérées pour un tableau personnel que chacun agencera à sa guise pour sa propre rencontre, c’est le secret de l’âme : « Voilà. Je n’ai rien dit, notre secret demeure. Il est donné à ceux qui ont déjà et à ceux qui n’ont rien il est repris encore, puisqu’ils n’en veulent pas. Mais pour ceux qui savent, mille joies, buisson ardent, soleils, fleuve tranquille, cantique, aspiration bienheureuse, envahis­sement de force, ivresse sans amertume, gloire secrète, oublieuse ignorance, communication de beauté, égalité dans l’amour, union savoureuse, paix. »

Dans cette belle Page mystique que vous venez de commenter, retrouvez-vous la définition du mystique du début de cet entretien ?

Eh bien ! permettez-moi plutôt de revenir à cette définition par laquelle nous avons commencé : si vous voulez bien, je vous en lirai le cinquième paragraphe : « Saint Bernard a raison de dire – des mystiques – qu’il n’y a guère de rencontres plus fructueuses et plus douces que celle de tels hommes. Le Nom de Jésus est une huile épandue, dit-il, ils nous en font sentir les effluves qui émeuvent notre âme de saints désirs. » Je crois que nous les avons bien sentis ! Du Ciel descendant sur terre et nous y faisant remonter !