Il est ressuscité !

N° 216 – Décembre 2020

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Nôtre est le vrai !

OUVRANT la session de la Pentecôte 1990, consacrée au commentaire littéral des 150 Points de la Phalange, notre Père expliquait avec enthousiasme : « Nôtre est le vrai ! Cette maxime paraît très orgueilleuse, mais ne l’est point du tout. Cela veut dire que nous nous inclinons devant toute vérité même s’il faut nous donner tort à nous-mêmes, changer ; la vérité l’emporte sur toute autre considération. »

Fidèles à cette devise, les articles de ce numéro nous font reconnaître dans les deux événements qui viennent de marquer inopinément l’actualité religieuse les prémices de la récompense de notre foi dans l’Église et les promesses inconfusibles de Notre-Dame de Fatima : « À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. »

C’est un véritable séisme que la parution de La fraude mystique de Marthe Robin du Père de Meester, et la recension de frère Philippe lui donne toute sa portée : dynamiter la stigmatisée de la Drôme, c’est pulvériser une pierre d’assise de Vatican II. En effet, Marthe est la marâtre de l’Église conciliaire : au moment même où la hiérarchie refusait le plan de salut de Notre-Dame de Fatima, la Pythie de Châteauneuf prophétisait une nouvelle Pentecôte, par un nouvel Esprit, pour une Église nouvelle, enflammée d’un amour neuf. Rencognée dans son repaire obscur, elle a annoncé, accompagné, garanti par son aura mystique la Réforme de Vatican II. Les seuls fruits du Concile sont les siens : les mouvements charismatiques qu’elle inspira et dans lesquels le cardinal Ratzinger plaçait jadis toute l’espérance postconciliaire. Enfin, dans le mensonge qui recouvre le mystère ténébreux de sa vie, c’est en contrepartie tout l’appareil romain, les têtes pensantes et dirigeantes de l’Église conciliaire qui sont compromis. Marthe Robin renversée, présage de la ruine de tout l’édifice conciliaire, quelle extraordinaire vérification des analyses de l’abbé de Nantes !

Pour l’heure, la glorification qui se prépare de Marthe, c’est le paroxysme du mystère d’iniquité que notre Père a passé sa vie à dénoncer et combattre. Il est impressionnant de se rendre compte que le combat de Contre-Réforme nous met aux prises à notre tour avec Satan lui-même : de la chambre noire de Châteauneuf aux couloirs du Vatican, « le Père du mensonge déambule librement dans l’Église ».

Mais l’Immaculée lui écrase la tête ! Et c’est précisément au moment où l’Église est délivrée de l’envoûtement de l’Esprit de Marthe Robin que notre Saint-Père le Pape lui-même nous en indique l’antidote : l’Immmaculée Médiatrice de toutes grâces ! Faut-il y voir une intervention de sainte Odile, fêtant son jubilé en dessillant les yeux du vicaire du Christ ? Contraint par les circonstances dramatiques de la pandémie qui sévit si durement en Italie, François nous engage sur le chemin du Cœur Immaculé de Marie, cette ravissante orthodromie mariale rappelée par frère Bruno dans son éditorial. Débutant à la Rue du Bac, elle mène sûrement à Fatima ! Ce n’est pas une pieuse interprétation de l’histoire, jaillie d’imaginations exaltées, mais la vérité : révélée par Notre-Dame en personne, attestée par des témoins irrécusables et authentifiée par une critique historique aussi rigoureuse que celle du Père de Meester.

Puisque c’est la vérité, on pourrait croire candidement qu’elle devrait conquérir aisément les âmes droites. Mais un écho reçu de la rue d’Ulm donne à réfléchir quant à la santé de l’intelligence française.

       Paris, le 16 novembre 2020

Mon cher Frère,

Il ne m’était jamais venu à l’esprit de comparer l’abbé de Nantes et mes professeurs. Il aurait fallu pour cela qu’ils présentent quelques ressemblances ! Si l’on considère les questions abordées : faire de l’histoire, des sciences sociales, de la philo, que sais-je, c’est intéressant, intelligent, mais – du moins tel que cela nous est enseigné – ce n’est pas central. Suivre avec le Père des conférences de théologie, cela touche au contraire à l’essentiel.

Qu’en est-il de la façon d’enseigner ? Avec le Père, qui traite de bien d’autres questions que de théologie, le moindre sujet est mis en perspective avec le Bon Dieu, que ce soit l’histoire (le projet de Dieu dans l’histoire), l’esthétique (comment Dieu se laisse deviner dans le monde qu’il a créé), la philo (tout raisonnement aboutit in fine à Dieu), pour ce que j’ai écouté de ses enseignements. Tandis qu’à l’école, tout est relatif. En philo, la pensée de certains philosophes est relativisée par celle des autres. En histoire, tout est relativisé en fonction des courants historiographiques (à l’ENS, on fait plus d’historiographie que d’histoire : étudier comment un même sujet a été abordé au fil des années)... Et ainsi de suite. Avec ce paradoxe que, sous couvert de neutralité, il existe une véritable police intellectuelle : il y a certains auteurs qu’on n’a le droit de citer qu’à la condition de les étriller ensuite. C’est tacite... mais du coup, ça ne saurait se discuter !... Avec le Père, en revanche, on découvre qu’il y a le bien et le mal, pas de milieu, et on apprend quoi penser en fonction.

Ah oui, parce que, last but not least, avec le Père, on reçoit. À l’école, on nous demande de pondre des travaux sur des sujets que l’on connaît mal. C’est un peu la cause du syndrome connu des “ blues des normaliens ”. Quand j’en parle avec mes camarades, nous avons tous le même sentiment : nous imaginions intégrer une école où l’on nous apprendrait plein de choses (ce qui est quand même un peu le cas), mais dès la première année, chaque cours est “ validé ” sur la base d’un “ mini-mémoire ” : autrement dit, on nous demande d’avoir un avis critique (maître mot à l’école)... sur une discipline que l’on maîtrise mal. Cela peut paraître simplement absurde, mais c’est au fond très idéologique. Le savoir est tout sauf quelque chose qui s’enseigne verticalement.

En fait, cela met en jeu ce que l’on met sous le mot “ intelligence ”. À l’école, l’intelligence, c’est de savoir comprendre et élaborer un système de pensée complexe. À la CRC, l’intelligence, c’est parvenir à comprendre ou apercevoir la vérité qui seule compte. À l’école les professeurs ne nous demandent pas une conclusion “ vraie ” (ce qui pour eux ne voudrait rien dire, à moins de définir la vérité comme l’intime conviction de chacun...). À la CRC, il n’y a que cela qui importe, mais... “ ça n’intéresse que vous ! ” H.

La vérité nous intéresse même tellement que notre Père a constitué une véritable école de pensée à force de l’enseigner, spécialement en histoire, précisément, en établissant une Histoire volontaire de sainte et doulce France, dont nous avons publié une synthèse l’an dernier.

« Selon les propres termes de notre Père, l’abbé de Nantes, écrit frère Bruno dans la préface, il s’agit d’une histoire  volontaire  et  orthodromique , qui cherche à découvrir ce que Dieu veut dans notre histoire, et juge des faits et des personnages historiques selon qu’ils sont conformes à cette très chérie Volonté ou qu’ils y font obstacle en quelque manière. »

L’historiographie nous est utile, car elle permet de préciser la ligne de crête tenue par notre Père, qui parvint dans sa recherche à en unir les deux grands courants : d’une part celui des historiens qui, depuis saint Augustin, cherchent à dégager le sens religieux de l’histoire et, d’autre part, l’histoire savante initiée par les mauristes et les bollandistes du dix-septième siècle. Ces deux courants vénérables ont été déformés, conduisant aujourd’hui nos gens dits de droite à se laisser enfermer dans une fausse alternative qui oppose les tenants d’un « roman national » sentimental à ceux d’une histoire critique, prétendument objective, mais viscéralement laïque et républicaine.

L’histoire volontaire de Georges de Nantes dépasse ce débat stérile. C’est un essai d’interprétation synthétique de l’histoire de France à la lumière de la foi catholique, qui se situe dans la ligne de saint Augustin. Il intègre pourtant les meilleurs acquis de l’histoire savante lorsqu’ils sont utiles à son propos. Il serait bien vain en effet de prétendre interpréter des faits mal établis. Pour notre Père, l’histoire de France n’est pas un roman : c’est une histoire vraie, une histoire sainte, une histoire dramatique de grâce, de faute, de châtiment et de miséricorde dont le sens nous a été révélé par le Ciel. Mais seul le théologien de la Contre-Réforme catholique consent à prendre en compte les faits surnaturels. Seul, donc, il voit le sens de notre histoire comme le Ciel le voit, c’est-à-dire comme il est.

Ce critère souverain de la vérité a permis à notre Père de prendre parti hardiment en histoire et, par suite, dans tous les grands débats de son temps : il n’est pas vain de lutter dès lors que c’est une lumière surnaturelle qui éclaire notre présent et fonde notre espérance pour l’avenir. Comprendre notre histoire, c’est la première victoire de la Contre-Révolution !

Tout cela pour introduire la troisième bonne nouvelle de cette fin d’année : afin que nos jeunes collégiens et lycéens “ préphalangistes ” profitent plus facilement de cet enseignement magistral, nous mettrons en service dans les prochaines semaines une nouvelle fonctionnalité sur notre site VOD, qui accompagnera les programmes scolaires de courts extraits d’enregistrements de notre médiathèque CRC. La première discipline disponible sera bien sûr l’histoire, « l’arme la plus terrible dans la grande lutte engagée entre l’hérésie et la religion de Jésus-Christ. » (Marius Sepet, cf. Histoire volontaire de sainte et doulce France, p. 18)

frère Guy de la Miséricorde.