Il est ressuscité !
N° 216 – Décembre 2020
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
La Vierge de Paris
MIRACULEUSEMENT victorieuse de l’incendie de sa cathédrale (le 15 avril 2019), Notre-Dame de Paris a stoppé le feu à ses pieds, comme elle avait vu le Créateur « assigner sa limite à la mer, pour que les eaux n’en franchissent pas le bord » (Proverbes 8, 29).
Le pape François a-t-il compris le message ? Pour le cent quatre-vingt-dixième anniversaire des apparitions de Notre-Dame, Médiatrice de toutes grâces, à sainte Catherine Labouré, il a béni une statue de la Vierge Marie telle que représentée sur la Médaille miraculeuse de la Rue du Bac, à Paris, afin qu’elle fasse le tour de l’Italie pendant un an. Pour stopper la pandémie ? comme sa médaille a stoppé le choléra à Paris en 1832. Miracle qui lui a valu son titre de « Médaille miraculeuse ». De ce jour cette petite médaille va connaître une expansion prodigieuse en multipliant les miracles, et susciter un réveil de piété irrésistible. Elle annonce les libéralités inouïes que la Vierge Marie veut répandre sur tous ceux qui voudront bien se confier à son Immaculée Conception par cette invocation :
« Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous. »
De ce jour, il est donné au monde une arme, un signe sacré, étendard, baudrier, cuirasse où le Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie ne font qu’un pour le salut de la société temporelle bouleversée par la Révolution : « Le jour de la Sainte Trinité, 6 juin 1830, Notre-Seigneur m’apparut comme un Roi, avec la Croix sur la poitrine, dans le Saint-Sacrement, pendant la sainte Messe. Au moment de l’Évangile, il me sembla que la Croix coulait sous les pieds de Notre-Seigneur qui était lui-même dépouillé de tous ses ornements.
« Là, j’eus les pensées les plus noires et les plus tristes, pensées que le roi de la terre serait détrôné et dépouillé de ses habits royaux, pensées de la perte sensible que l’on allait faire et que je ne saurais du reste expliquer. »
Si l’on veut bien écouter les demandes du Cœur de Marie, pour le salut des âmes et pour l’exaltation et le règne de Jésus-Christ sur le monde, à sainte Catherine Elle se montre les bras étendus et, de ses mains, s’échappent des rayons figurant les grâces que cette Médiatrice répand sur le monde.
En revanche, dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830, elle avertit sainte Catherine de l’immense mystère d’iniquité qui va incendier la terre, en commençant par la France :
« Mon enfant, les temps sont très mauvais ; des malheurs vont fondre sur la France, le trône sera renversé, le monde entier sera bouleversé par des malheurs de toutes sortes. La Sainte Vierge avait l’air très peinée en disant cela. Mais venez au pied de cet autel : là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur. Un moment viendra où le danger sera grand ; on croira tout perdu. Je serai avec vous, ayez confiance... Ayez confiance, ne vous découragez pas, je serai avec vous. »
Pour nous, disciples de Jeanne d’Arc, nous comprenons très, très bien que Jésus-Christ est vrai Roi de France. Lorsque les ornements royaux glissent de ses épaules et coulent à terre parce que le roi Charles X, sacré à Reims, son lieutenant, abdique, nous comprenons, sans aucun esprit de compromis que la monarchie n’est plus. L’usurpateur sans foi ni loi, ni sacre, n’est plus un roi pour la France !
Cependant, la Reine est toujours là et Elle n’abdique pas, Elle !
Samedi 27 novembre 1830, veille du premier dimanche de l’Avent, dans la chapelle de la rue du Bac, sœur Catherine venait d’entendre une instruction sur la dévotion à la Sainte Vierge qui lui avait donné un grand désir de LA voir et la conviction qu’elle LA verrait « belle dans son plus beau ». Pendant le silence qui suivit la prédication, elle entendit le « frou-frou d’une robe de soie venant de la tribune » et, soudain, apparut à gauche de l’autel, à hauteur du tableau de saint Joseph, l’Immaculée, dans l’éclat de sa splendeur originelle :
« Sur un ciel bleu, étoilé par en haut, aurore par en bas, dans un soleil : la Très Sainte Vierge, voile aurore, robe blanche, manteau bleu céleste, les pieds sur un croissant, écrasant la tête du serpent avec le talon. Douze étoiles sont autour de sa tête, un léger nuage sous le croissant. »
Elle tient en mains « d’une manière très aisée », une boule d’or surmontée d’une petite croix d’or. Catherine entend alors une voix intérieure lui dire : « Cette boule que vous voyez représente le monde entier, particulièrement la France et chaque personne en particulier. »
La croix qui surmonte le globe du monde est le gage de la souveraineté du Christ Sauveur mais c’est l’Immaculée qui tient le globe en mains parce qu’elle est revêtue de cette souveraineté dont la Révolution satanique a dépouillé son divin Fils. C’est pourquoi elle écrase la tête du serpent « de couleur verdâtre avec des taches jaunes », précisera sainte Catherine.
À Fatima, on retrouve ce “ globe d’or ”, sous la forme d’une « boule de lumière suspendue au cou de Notre-Dame, jusqu’à hauteur de sa taille ». Adorons ce pur et adorable décret du Bon Plaisir de Dieu, selon lequel l’Immaculée a reçu le monde en charge.
Ses yeux, écrit sainte Catherine, étaient tantôt levés vers le Ciel, tantôt abaissés sur la terre : « Quand Elle priait, sa figure était si belle, si belle, qu’on ne pourrait la dépeindre. »
C’est de voir Marie implorer la miséricorde divine qui a le plus ravi l’âme de Catherine, lui donnant cet attrait si particulier pour la représentation de la “ Vierge au globe ”, appelée aussi “ Vierge puissante. ”
En réponse à la prière de Marie, des anneaux apparaissaient à ses doigts, au nombre de trois à chaque doigt. Chaque anneau est orné de pierreries, d’où jaillissent des rayons accomplissant la prophétie d’Habaquq : « Des rayons jaillissent de ses mains, c’est là que se cache sa force. » (Ha 3, 4) C’est dit du Messie, mais sa Mère Immaculée détient les prérogatives de son Fils. « C’est le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent », entend sœur Catherine, qui entre sans peine dans cette médiation de grâces, « ... en me faisant comprendre combien il est agréable de prier la Sainte Vierge et combien Elle est généreuse envers les personnes qui la prient, que de grâces Elle accorde aux personnes qui les lui demandent, quelle joie Elle éprouve en les accordant... »
C’est à la prière du saint Rosaire que la céleste Médiatrice ouvre ses mains pleines de lumière et de grâce. Trois anneaux par doigt font quinze anneaux que Notre-Dame portait à chaque main, comme les quinze mystères du Rosaire. Sainte Catherine fit du chapelet la prière de toute sa vie.
Les rayons étaient devenus si intenses que le globe d’or avait disparu. Les mains de l’Immaculée s’étaient comme inclinées dans un geste à la fois très maternel et très souverain. Une sorte de tableau se forma autour d’elle, en mandorle, avec ces mots écrits en lettres d’or, partant de la main droite, passant au-dessus de la tête, pour aboutir à hauteur de la main gauche : « Ô Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous. »
Car tout le monde n’a pas recours à vous. De certaines pierreries ne sortent pas de rayons : « Ce sont les grâces que l’on oublie de me demander. »
Puis une voix se fit entendre à Catherine :
« Faites frapper une médaille sur ce modèle ; toutes les personnes qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces. »
Elle vit ensuite le tableau se retourner, et présenter en son centre la lettre M, surmontée d’une croix reposant sur une barre horizontale figurant l’autel où se perpétue le Sacrifice de la Croix, et surmontant les deux Cœurs de Jésus et de Marie, le premier couronné d’épines, le second transpercé d’un glaive.
Inquiète de savoir comment orner le revers de la médaille, sainte Catherine s’entendit répondre : « L’M et les deux Cœurs en disent assez ! »
De fait. Le monogramme de Marie proclame ce Nom infiniment agréable à Dieu, terrible aux démons et si aimable. « Dans notre langue française, disait saint François de Sales, l’anagramme de Marie n’est autre chose qu’aimer, de sorte qu’aimer c’est Marie, et Marie c’est aimer. »
« La Médaille miraculeuse, écrit notre Père, c’est la victoire de Marie contre Satan, pour venir au secours de tous les pauvres corps et des pauvres âmes qui souffrent. Telle est la sollicitude maternelle de la Très Sainte Vierge pour les petites gens en difficulté qui portent sa médaille avec confiance. » Sous ce rappel explicite de ce qui avait été, et restait, depuis la Révolution, le signe de ralliement de la fidélité monarchique et catholique : les deux Cœurs à jamais unis de Jésus et de Marie. Quant aux douze étoiles, elles ont été placées par le graveur au revers de la médaille. L’Immaculée, notre Mère à jamais, est Reine. Sainte Catherine écrira un jour : « Oh ! qu’il sera beau d’entendre dire : “ Marie est la Reine de l’univers, particulièrement de la France ”, et les enfants s’écrieront avec joie et transport : “ et de chaque personne en particulier ”. Ce sera un temps de paix, de joie et de bonheur qui sera long, elle sera portée en bannière et elle fera le tour du monde. »
Faire connaître et aimer cette “ Vierge au globe, Reine de l’univers ”, sera le tourment de la vie de sainte Catherine, elle dira un jour son “ martyre ”. Il fallut attendre l’année de sa mort, en 1876, pour qu’elle obtienne de ses supérieurs une statue sculptée selon ses indications. Aujourd’hui, c’est la Vierge de la Médaille. Merci, Saint-Père !
LA VIERGE DE FRANCE
À Rome, le bienheureux Pie IX confirme par une définition dogmatique, le 8 décembre 1854, le privilège de Marie “ conçue sans péché ”. Elle s’était manifestée à Paris par d’innombrables miracles, mettant fin au choléra en 1832, convertissant la paroisse de Notre-Dame des Victoires en 1836.
Dans sa lettre au pape Pie IX, sainte Bernadette observe avec beaucoup de délicatesse filiale que Notre-Dame a confirmé à Lourdes, le 25 mars 1858, la définition dogmatique de l’Immaculée Conception par le Saint-Père, en répondant à sainte Bernadette qui lui demandait son Nom avec insistance : « Je suis l’Immaculée Conception. »
Mais Pie IX aurait pu répondre à la sainte confidente de Marie, qu’il s’était lui-même appuyé pour proclamer le dogme sur l’invocation apparue à sainte Catherine Labouré : « Ô Marie conçue sans péché, nous avons recours à vous. »
Après Paris, Notre-Dame était descendue le 19 septembre 1846 à La Salette à la demande de sœur Marie de Saint-Pierre. C’était un samedi, dernier jour des Quatre-Temps et veille de la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Elle était en larmes. Malgré tous ses miracles, son peuple ne se convertissait pas :
« Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si lourd et si pesant que je ne puis plus le retenir. Depuis le temps que je souffre pour vous ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse pour vous ; et vous autres, vous n’en faites pas cas ! Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous ! »
Et voici la surprise, “ divine ” s’il en fut !
« Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l’accorder. C’est ça qui appesantit tant le bras de mon Fils ! »
Elle était donc auprès de Dieu aux jours de la création ? Mais oui ! c’est bien ce que révèle la prosopopée du Livre des Proverbes que nous lisons pour épître de la messe de l’Immaculée Conception :
« Quand il fortifia les fondements de la terre ; à ses côtés Je Suis, enfant chérie ; Je Suis, faisant ses délices, jour après jour ; jouant devant lui tout le temps, jouant sur le sol de sa terre, et trouvant mes délices avec les fils d’Adam. » (Pr 8, 30-31)
Pauvre Mère ! Ils font aujourd’hui, son affliction. Mais elle ne renonce pas à reconquérir son peuple de France. À Lourdes, elle vient fonder sa ville, une ville sainte, Jérusalem céleste qui descend du Ciel. La Vierge Marie est descendue parler aux hommes en ce lieu, de cette grotte dont le rocher est devenu une autre Terre sainte où les miracles de l’Évangile se reproduisent, comme autrefois à la parole de Jésus. La puissance de Dieu ici pénètre le monde sur les pas de l’Immaculée. Ultime manifestation de la miséricorde divine.
« Lourdes, c’est vraiment “ la religion de nos pères ”, nous disait notre Père, avec un grain d’amertume dans le ton de la voix, parce que c’était et ce n’est plus. La Sainte Vierge a quitté la France pour le Portugal. Nous ne sommes pas jaloux, nous aimons Fatima. Mais Lourdes tient à nos racines, à notre âme, à notre cœur, à toute notre sensibilité. Lourdes, c’est la Sainte Vierge qui touche le rocher. »
Mais elle nous a laissé son sourire à Pontmain et à Lisieux, puisqu’à Fatima elle n’a jamais “ ri ”. Tandis qu’à Pontmain, lorsque fut achevée la miraculeuse inscription en lettres d’or sur la blanche banderole :
Mais priez mes enfants
Dieu vous exaucera en peu de temps •
ponctuée d’un point “ gros comme un soleil ”, au dire des enfants, ceux-ci s’écrièrent : « Voilà qu’Elle rit ! »
On chanta alors Inviolata. Aussitôt, les enfants annoncèrent que de nouvelles lettres apparaissaient sur le même écriteau blanc, mais sur une seconde ligne. Au moment où l’on finissait de chanter : O Mater alma Christi, carissima ! « Ô douce et bien-aimée Mère du Christ », les voyants avaient épelé lettre par lettre : Mon Fils...
Il y eut dans la petite foule un frémissement, une émotion indicible... « C’est bien la Sainte Vierge », dirent les enfants. « C’est Elle ! », répéta la foule.
À l’Inviolata succéda le Salve Regina. Pendant que le peuple de France chante sa Reine, au moment où il en vient à : « Oh, de grâce, vous, notre Avocate, abaissez vers nous vos regards miséricordieux », une invisible main traçait les lettres épelées une à une par les enfants :
Mon Fils se laisse toucher
Lorsque sœur Marie-Édouard entonna, sur l’ordre du vénérable curé, Mère de l’Espérance, la Sainte Vierge éleva les mains et scanda le chant par le gracieux mouvement de ses doigts en souriant aux enfants qui ne se tenaient plus de joie : « Voilà qu’Elle rit, voilà qu’Elle rit ! » Et ils sautaient de joie, battant des mains et répétant : « Oh ! qu’Elle est belle ! Oh ! qu’Elle est belle ! »
Nous savons par cœur les paroles qui illuminèrent le visage de l’Immaculée au soir du 17 janvier 1871 :
Souvenez-vous, Marie, Qu’un de nos souverains,
Remit notre patrie, En vos augustes mains.
L’évocation de la consécration, par le roi Louis XIII, de la France au Cœur Immaculé de Marie, ravit notre Reine. Ce sourire, c’est la révélation du Cœur de Marie. Elle ne permit pas la destruction de l’autel de sa cathédrale, de la Croix qui le surmonte, lumineuse ! et des statues de Louis XIII et de la reine Anne d’Autriche (photo, infra, p. 8).
Or, ce même 17 janvier 1871, dans Paris assiégé, les fidèles se rassemblaient en foule à Notre-Dame des Victoires. « Nous allons tous publiquement et solennellement supplier la Très Sainte Vierge de nous venir en aide, annonça le curé Amodru. Et nous ne franchirons pas le seuil de ce saint Temple consacré à sa gloire sans lui avoir non moins solennellement promis de lui offrir un cœur d’argent, qui apprendra aux générations futures qu’aujourd’hui, entre 8 heures et 9 heures du soir, tout un peuple s’est prosterné aux pieds de Notre-Dame des Victoires et a été sauvé par elle ! »
C’était précisément l’heure où, à cent lieues de là, terrible comme une armée rangée en bataille, Notre-Dame arrêtait les Prussiens, aux portes de Laval.
LA VIERGE DU SOURIRE
Quelques années plus tard, elle descendra à Lisieux pour arracher la petite Thérèse à une « désorientation diabolique », selon l’expression que sœur Lucie emploie pour caractériser l’état d’une Église qui ne perd pas le contrôle d’elle-même, comme la petite Thérèse au plus fort de ses crises. Elle gardait l’usage sain de ses facultés supérieures, témoigne sœur Marie du Sacré-Cœur, Marie, l’aînée de la famille : « Elle subissait une contrainte dans ses sens. Mais ne perdait pas conscience d’elle-même. » Ainsi de l’Église : il y a un Pape, des cardinaux, des ministres romains, et la désorientation est telle que toutes sortes de crimes et de désordres les plus violents ont lieu dans son sein, qui devraient susciter la plus grande réprobation. Mais l’Église est comme liée sous l’emprise d’une véritable possession diabolique.
Comment tout cela va-t-il se dénouer ? Par une merveilleuse apparition de la Vierge Marie, le 13 mai 1883. Thérèse elle-même raconte le miracle : « Tout à coup, la Sainte Vierge me parut belle, si belle que jamais je n’avais vu rien de si beau, son visage respirait une bonté et une tendresse ineffable, mais ce qui me pénétra jusqu’au fond de l’âme, ce fut le ravissant sourire de la Sainte Vierge. Alors, toutes mes peines s’évanouirent... Ah ! pensai-je, la Sainte Vierge m’a souri, que je suis heureuse... »
Dans la retraite Sainte Thérèse nouvelle, qu’il nous prêcha en septembre 1992, l’abbé de Nantes, notre Père, commente : « Que ce soit le 13 mai 1883, cela me paraît mettre encore un peu plus l’accent sur la figuration de ce qui se passe aujourd’hui et de ce qui se passera demain. N’est-ce pas l’annonce de la fin des temps ? N’est-ce pas une préfiguration de la possession de l’Église par le démon, et cette possession, accompagnée de la prière des saints ? Comme elle fut accompagnée, au chevet de Thérèse, de celles de son père, Louis Martin, et de ses sœurs.
« Quand arrive ce 13 mai 1883, c’est la Vierge qui apparaît, comme elle apparaîtra trente-quatre ans plus tard le 13 mai 1917 à Fatima, mais elle n’a jamais souri à Fatima. Peut-on penser que ce sera par un sourire, que ce sera une “ Vierge du Sourire ” qui délivrera l’Église miraculeusement de cette pression diabolique » dont elle est victime depuis près de soixante ans ?
NOTRE-DAME DE LA MISERICORDE
Pourquoi Notre-Dame a-t-elle perdu son sourire à Fatima ? Parce qu’elle a quitté la France. Exilée au Portugal pour tenter d’y exercer le ministère de la Miséricorde que notre Bon Dieu, dans son infinie bonté, lorsqu’Il La conçut et l’appela à siéger de toute éternité au sein de sa Gloire, voulut lui confier en partage, dans son Esprit-Saint, se réservant celui de sa Justice, afin qu’Elle puisse encore intercéder pour nous tous, à la droite de Jésus, son Fils infiniment aimé, Notre-Seigneur et Sauveur à jamais.
En pleine communion avec le Cœur Immaculé de Marie, notre Père en exprima les sentiments dans une complainte d’amour et de miséricorde qu’il met dans la bouche de notre Mère chérie, datée du 15 juillet 2000, au lendemain de la publication de la troisième partie du Secret confié à Lucie, François et Jacinthe, le 13 juillet 1917.
PREMIER SECRET.
« C’est ainsi que, dès le commencement, j’ai obtenu de Lui, par sa grâce émanée du Cœur Sacré de ce Fils très aimant, de vous montrer l’abîme de l’enfer, à travers la vitre qui nous en sépare, afin que vous en soyez épouvantés à jamais et que chacun, chacune de vous tremble pour ses bien-aimés comme pour son âme et sa propre chair, et qu’il prie et se sacrifie charitablement pour tant de pauvres âmes échappées déjà sur ce mauvais chemin de l’enfer d’où nulle âme ne reviendra à la lumière de notre bon Dieu.
« Pour ce faire, je suis venue du Ciel afin de vous demander en son Nom de prier pour ces pauvres pécheurs et de consoler mon Cœur Immaculé désolé de voir tant de ses enfants qui marchent à l’enfer.
« Ne voudriez-vous pas vous aussi m’aider à secourir toutes ces pauvres âmes que leurs péchés mènent, en aveugles, à une si terrible fin ? »
[Comment ne pas répondre, d’un seul élan, Oui ! Aussitôt notre Mère chérie poursuit :]
DEUXIÈME SECRET.
« À la bonne heure ! Sachez que les trois enfants chéris, à qui je faisais confidence de mes peines, et, grâce à eux, des multitudes de vos frères, répondirent à mon appel et se sauvèrent de tout mal, du péché en ce monde et de l’enfer en l’autre.
« Ainsi, en leur temps, ont-ils obtenu la paix sur la terre (11 novembre 1918) et le bonheur du Ciel (morts de François, le 4 avril 1919 et de Jacinthe le 20 février 1920). Mais tant d’autres se détournèrent de moi et ne cessèrent d’offenser Dieu : ils en furent punis par la guerre, la famine, les persécutions.
« Pour rendre aux peuples du courage dans cette lutte contre l’enfer, je les prévins de ce qu’ils devraient bientôt souffrir pour l’amour de notre Dieu si bon, si bon !
« Et je vantai de mon Dieu le désir de son Cœur : de vous voir vous consacrer à l’amour éternel sous le vocable du Cœur Sacré de mon Jésus et de mon Cœur Immaculé, selon ce que notre bon Père du Ciel demandait. Pour signe de son acceptation, la Russie, alors livrée aux démons, donnerait le spectacle d’une conversion soudaine et merveilleuse à son antique foi catholique orthodoxe (c’est-à-dire ni moderniste, ni progressiste).
« Je suis revenue les en prévenir à Pontevedra, à Tuy... en 1925, en 1929.
« Mais, ô mes enfants, la douleur transperce mon Cœur Immaculé, blessure plus cruelle qu’au pied de la Croix.
« Je le pressentais : l’heure était venue du mystère d’iniquité que mon Fils avait annoncée, touchant les élus... »
[Tombant dans l’hérésie du Concile... par obéissance. Sauf Lucie, la messagère de Notre-Dame.]
« Personne ne fit cas de mon message, ni les méchants, ni les bons. Cette génération de l’après-guerre se montra ingrate, odieuse au point d’armer le bras de mon Fils contre moi qui lui fis un marché d’amour où toutes mes larmes le paieraient de toutes les injures et infidélités, de toutes les horreurs et les crimes qu’Il devrait subir, pour le pardon des pécheurs et, parmi eux, des âmes les plus proches de son Cœur transpercé ! »
[Une « légion de petites victimes », à l’école de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.]
TROISIÈME SECRET.
« C’est ce marché d’amour que je fis voir le 13 juillet 1917 aux trois enfants de mon Cœur, qui brûlèrent aussitôt de s’y associer par leurs dévotions et sacrifices. »
[Lorsque Notre-Dame leur dit : « Quand vous récitez le chapelet, dites après chaque mystère : “ Ô mon Jésus, pardonnez-nous, sauvez-nous du feu de l’enfer, attirez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin. ” »]
« Représentez-vous, mes enfants, ce drame où je suis dans la Gloire de Dieu comme toujours ; l’Ange qui garde l’entrée de ma demeure semble agiter son épée de feu sur le monde, pour le réduire.
« Et Dieu sait qu’il y serait parvenu si, ô miracle ! l’incendie commençant n’avait été arrêté par la splendeur et l’éclatante lumière des rayons émanés de ma dextre.
« À Fatima, en ces années-là, de grandes merveilles eurent lieu tandis que mes trois enfants, des plus chéris, appelaient l’Église elle-même et le monde entier à faire pénitence.
« À quelle grâce, à quel miracle, ces faits devaient-ils ce bonheur ? Je ne puis le dire encore aujourd’hui, car cette devanture très belle cachait un crime dont aucun de ceux qui ont dû y participer, y mourir même, n’a voulu rien dire ni laisser transparaître. Moi-même je n’en ai ni n’en veux avoir connaissance, étant, comme vous savez, Mère de Miséricorde et de Compassion, non de haine et de vengeance. »
– 4 – « UN ÉVÊQUE VÊTU DE BLANC. »
« Mes bons enfants, n’ayez pas peur ! Regardez à travers cette vitre qui est le reflet du Ciel. Voyez cet homme vêtu de blanc, c’est le Saint-Père en septembre 1978. À peine mort, il est déjà embaumé ; ignoré comme s’il n’avait jamais existé.
« Mais Quelqu’un ne peut l’oublier, ici : c’est moi, sa Mère, et depuis cet assassinat, ce martyre, moi, Marie des Sept-Douleurs, délaissant les hommes aux mains pleines de sang, je veille, auprès de mon unique Fils, mon confident, secret témoin de tout, votre beau Pasteur, Albino Luciani.
« Je l’ai vu dans cette pure lumière qui est Dieu, et passant comme un corps glorieux, auquel était réservée une immense gloire. Mon Cœur Immaculé battait, prêt à rompre d’amour maternel, car c’était lui l’objet des tendresses de mon Dieu, et Il paraissait l’oublier. L’Ange, lui ouvrant son chemin, clamait une fois encore, à réveiller l’abîme !
Pénitence, Pénitence, Pénitence !
« Cependant, le monde, à gauche de ma splendeur, étouffait de rage et de haine, mais mon Prince, mon Prêtre, n’en faisait nul cas ; il souriait au contraire, d’une divine grâce, comme mon Christ jadis.
« La Terre sainte, à ma droite, semblait s’éveiller d’une longue nuit et s’exerçait à l’alléluia du Ciel... C’était comme les jardins du Vatican, un nouveau Paradis où cet incomparable Prince de la Paix se promenait, disait son bréviaire, récitant son Rosaire, attendant son heure... »
– 5 – « UNE MONTAGNE ESCARPÉE. »
« L’Ange, alors, sonna de la trompette, et nous vîmes des religieux et prêtres se tourner vers moi qu’ils saluaient d’innombrables Ave Maria, et former des processions vers Lourdes, Lorette et Fatima, avec une allégresse qui rappelait aux vieillards les fêtes inouïes des temps anciens.
« Celle qui s’engagea, mon élu en tête, dans les monts de Galice et les hauteurs escarpées du Portugal, était, de toutes, la plus aimable à mon Cœur Immaculé parce qu’elle répondait, par une inspiration divine, à ce que Jésus désirait le plus entendre et admirer.
« Ces multitudes gravissaient ces montagnes escarpées sans difficulté. Les chapelets et les crucifix réapparaissaient dans leurs mains, sur leurs bannières et leurs habits religieux, comme on n’en avait plus vu depuis la Révolution. Chacun se taillait une croix, rugueuse, comme il est facile de le faire avec les chênes qui ont encore leur écorce.
« Ainsi, commençait de renaître l’Église des temps antiques. Ce clergé était la preuve qu’existait encore, mais comme “ souterraine ” et persécutée, la méritante tradition de nos paroisses. »
– 6 – VICTIME D’HOLOCAUSTE.
« Ah ! mes chers enfants, regardez, regardez bien celui que déjà vous avez aperçu, mais comme un fantôme à travers les voiles de la gloire de Dieu qui baigne ce pays.
« C’est votre Pape, disparu un temps, comme mort, et qui revient, comme un bon Pasteur, pour sauver son troupeau.
« Je vous en ai montré quelques signes par lesquels vous le connaîtrez mieux et ne pourrez plus jamais oublier.
« Ainsi l’avez-vous vu quitter son diocèse, comme le lui avait prophétisé ma messagère, et entrer résolument dans celui que le Christ, comme son Prêtre, lui avait, dès longtemps, assigné.
« C’est Rome, le siège des saints Pierre et Paul. Dans quel état le trouvait-il ? “ En ruine ”, tant au moral qu’au spirituel. J’ai voulu que le délabrement ne soit caché à personne, mais que ses responsables ne soient pas montrés du doigt, je le veux, parce que je suis la Mère de Miséricorde comme aussi le siège de la Sagesse...
« Que ce Pape, si fraîchement donné, soit effondré, comme son diocèse, cela doit lui être compté à grand mérite. Déjà, à cette station de son Chemin de Croix, il se montre mon parfait serviteur, pressé d’expier avec moi et notre Jésus bien-aimé, les fautes et crimes de ses prédécesseurs.
« Je ne veux pas punir tant d’horribles crimes sans qu’auparavant notre universelle Charité s’exerce à faire oublier le mal et procure les biens suprêmes de la Miséricorde et du Pardon. Mon serviteur lui-même prêchait d’exemple.
« Il y a encore à dire, mais rien ne sera plus comme avant.
« De saint Pie X à Jean-Paul Ier, ce fut un secret combat entre la Vierge Immaculée et les ministres de son Fils révoltés contre Lui. »
[Entre 1978 et 2000, une infâme exclusion. Dont le comble fut marqué par l’exil de notre Père à Hauterives, en Suisse, par la volonté de Mgr Daucourt, évêque de Troyes (1996).]
« Mais aujourd’hui, tout est oublié qu’il aurait mieux valu ne jamais connaître, et que moi, fille de David, j’ai enrobé d’images. »
[« Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu “ quelque chose de semblable à l’image que renvoie un miroir quand une personne passe devant ” : un Évêque vêtu de Blanc. “ Nous eûmes le pressentiment que c’était le Saint-Père. ”]
« Ne se dresse plus que l’image du vrai Prêtre, du saint Pontife, du saint Évêque, de l’incomparable patriarche de Venise, enfin du Souverain Pontife, qui fut et demeure à jamais l’Hostie sainte, l’Hostie sans tache, la Victime innocente tuée par ses frères, et le Prêtre du Sacrifice incomparable de l’autel romain.
« Demain, grâce à son sacrifice d’holocauste, commencera de renaître l’Église indivise d’Orient et d’Occident, sous l’unique Père et Patriarche romain, le seul qui bientôt sera proclamé saint par acclamation populaire.
« Dieu veuille que ma messagère très fidèle apprenne pareille gloire ! en vertu de l’entente admirable, parfaite entre ces deux âmes merveilleuses. »
– 7 – LE SANG DES MARTYRS.
[« Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un vase de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs, et avec lequel ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »]
« Oui, c’est vrai, il y aura encore de cruels martyres et des temps durs. Pour l’Église de Rome, pour l’Église de Moscou.
« Tant que notre très chéri Père Céleste voudra que dure le marché d’amour que je passai avec mon Fils, pour que soit accomplie toute Justice. De mes larmes mêlées aux larmes et sang de toutes les âmes vouées à mon Cœur Immaculé, je plaiderai Miséricorde pour les âmes qui s’approchent de Dieu : le Sang des martyrs est semence de chrétiens.
« Mon Cœur Immaculé triomphera, comme le veut mon Fils. Un temps de paix sera donné au monde revenu à son Dieu, Et il y aura encore des foules pèlerines se rendant à Jérusalem, à la Trinité Saint-Serge, à Rome, à Fatima !
« Tel est mon message, tout de mon inspiration qui guida la plume de ma fidèle messagère. »
[Lorsqu’elle rédigea le “ troisième secret ” en 1944.]
« Tel est le message de frère Georges de Jésus-Marie, car l’onction odorante de l’Esprit-Saint blesse son cœur d’un amour infini pour le Cœur de Jésus-Cœur de Marie tout unis, et pour ses martyrs d’Orient et d’Occident.
« Que nous dit-il ?
« Aimez le Cœur Immaculé de Marie ! Aimez ce qu’Il aime !
« Frère Georges de Jésus-Marie, 15 juillet 2000. »
JÉSUS-CARITAS
Déjà, sœur Marie de Saint-Pierre, du carmel de Tours, avait entendu, en avril 1843, une “ voix intérieure ” lui dire : « Reviens à la maison de ton Père, qui n’est autre que mon Cœur. » Puis, s’étant rendue à l’oraison et s’étant unie à Notre-Seigneur au Saint-Sacrement, elle entendit ces paroles :
« Appliquez-vous à honorer mon Cœur et celui de ma Mère, ne les séparez point ; priez-les pour vous et pour les pécheurs. »
Le 26 du mois d’août de la même année, « il y eut un terrible orage ; je n’ai jamais senti la justice d’un Dieu irrité comme dans ce moment ».
Et elle entendit ces paroles : « “ Mon Nom est partout blasphémé, jusqu’aux enfants qui blasphèment. ” Alors, Il m’a fait voir combien cet affreux péché blessait douloureusement son divin Cœur plus que tous les autres. Par le blasphème, le pécheur le maudit en face, l’attaque ouvertement, anéantit sa Rédemption et prononce lui-même sa condamnation et son jugement. Il me fit envisager le blasphème comme une flèche empoisonnée qui blessait continuellement son divin Cœur ; alors Il me fit entendre qu’Il voulait me donner “ une flèche d’or ” pour le blesser délicieusement ou pour cicatriser les blessures de la malice que lui font les pécheurs.
« Voici la louange que Notre-Seigneur me dicta malgré ma grande indignité pour la réparation des blasphèmes de son Saint Nom et qu’Il me donna comme une flèche d’or, me disant que chaque fois que je la dirai, je blesserai son Cœur d’une blessure d’amour. »
FLÈCHE D’OR
« Qu’à jamais soit loué, béni, aimé, glorifié, le très Saint, très Sacré, très suradorable, très inconnu, très inexprimable Nom de Dieu, au Ciel, sur la terre et dans les enfers, par toutes les créatures sorties des mains de Dieu et par le Sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ au très Saint-Sacrement de l’autel. »
« Comme je sentais en mon âme un certain étonnement de ce que Notre-Seigneur me disait “ dans les enfers ”, Il eut la bonté de me faire comprendre que sa justice y était glorifiée. »
Que le président Macron proclame la “ liberté de blasphémer ” en France dans son discours du 2 octobre 2020 n’est pas surprenant. Il y a longtemps que ses prédécesseurs ont montré l’exemple depuis la chute de Charles X, dans une persécution sacrilège de notre culte catholique et français toujours ! qui nous fait chanter : « Vive le Cœur Sacré de Notre-Seigneur Jésus-Christ et le Cœur Immaculé de Marie, Roi et Reine de France. »
Mais le scandale est surtout dans le silence des évêques de France. Ne récitent-ils donc plus le Notre Père ? « Notre-Seigneur m’a fait participer au désir qu’Il a de voir le Nom de son divin Père glorifié, confiait sœur Marie de Saint-Pierre, dans une lettre à sa supérieure en 1843. Et il me semble que, de même que les anges qui, sans cesse chantent Sanctus, il fallait que je m’applique à glorifier son saint Nom ; qu’en faisant cet exercice, j’accomplirais l’ordre qu’il m’avait donné d’honorer son divin Cœur et celui de sa sainte Mère, car ils étaient également blessés par le blasphème. » Comme le manifestera par ses larmes Notre-Dame à La Salette, en 1846.
Espérons que le “ pèlerinage ” de Notre-Dame de Paris en Italie la consolera de nos ingratitudes et des blasphèmes provoqués par notre Président. Et que Notre Saint-Père le Pape achèvera cet “ envoi en mission ” de la Mère de Dieu par la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé afin que le monde entier éprouvé par le “ châtiment ”, oui ! de son impiété, et l’Église celui de son Apostasie, par les souffrances de la pandémie et par la pauvreté, cessent de la blasphémer et recommencent à dire, avec l’Ange du Portugal : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime, et je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui ne vous adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne vous aiment pas. » C’est notre “ Flèche d’or ” qui « blesse » le Cœur Très Unique de Jésus-Marie d’une « blessure d’amour » en réparation des blasphèmes et de nos ingratitudes.
Frère Bruno de Jésus-Marie