Grâce d’élection

JE ne dis pas : « grâce électorale » ! S’il est une élection qui nous tienne à cœur, c’est celle de l’Immaculée Conception, avant tous les siècles et, par suite, celle de notre Père, mis à part pour publier et défendre ses gloires. Notre grâce d’élection, à nous ses disciples, est d’appartenir à la Phalange de l’Immaculée, ou même d’avoir entendu l’appel à la vie parfaite. La dernière en date est notre petite sœur Quitterie, entrée au postulat de la maison Sainte-Marie le 1^er octobre : sans nul doute envoyée en renfort par notre sœur Kateri, en cette veille de Congrès !

CINQUANTE-DEUXIÈME CONGRÈS

C’est avec empressement que nos amis rallièrent la maison Saint-Joseph, les 2 et 3 octobre : joie des retrouvailles après deux ans de séparation ! Joie, surtout, de ressentir notre unanimité phalangiste.

Après l’échange des “nouvelles de la famille” et le visionnage de l’oratorio de frère Henry sur la mission jésuite en Nouvelle-France, ils écoutèrent avec avidité notre frère préciser notre position CRC sur les questions difficiles de l’actualité.

L’oraison du dimanche matin permit à frère Bruno de définir la grâce de la vie religieuse à l’école de notre Père : « Les vœux religieux sont le super-sacrement d’un super-mariage. » Enseignement de contre-réforme – à écouter dans les logia ! – à l’heure où dans le sillage d’un concile qui a prétendu abolir la supériorité des états de perfection, le pape François s’acharne à détruire les ordres religieux.

La matinée permit à notre frère de donner un magistral exposé de géopolitique sur l’Afghanistan. Le faisceau des analyses politiques et économiques, diplomatiques et militaires, ethniques, historiques et surtout religieuses, met en lumière les causes et les conséquences de la tragique victoire des talibans, de l’islam le plus arriéré, sur l’Occident. Ce serait accablant si la Russie ne veillait pas...

L’après-midi, frère Bruno compléta son analyse du motu proprio Traditionis Custodes (voir supra, p. 1-6) par une admirable conférence sur le Saint-Sacrifice de la messe. C’est devenu un sujet de débat : les opinions sont divisées, mais l’ignorance est générale ! Notre Père est le seul théologien à savoir en exprimer le mystère total : l’Action de Jésus-Christ lui-même, réellement présent, réitérant le Sacrifice de la Croix pour renouveler son Alliance avec l’Église et s’unir à chacun des fidèles.

Lors de la messe de Notre-Dame du très saint Rosaire, frère Bruno reçut l’allégeance de nouveaux phalangistes, selon la formule solennelle qui achève le Manifeste de la Communion Phalangiste :

« Je promets sur les saints Livres de l’Église et sur la sainte Croix du Christ, mon Seigneur et mon Roi, fidélité à la doctrine, aux sentiments et aux pratiques de la Communion Phalangiste, catholique, royale, communautaire, de contre-réforme et de contre-révolution française, dans laquelle je suis reçu à ma libre demande, et ce pour autant de temps que j’en demeurerai membre, résolu d’y persévérer toujours si Dieu notre Père du Ciel m’en donne la grâce et vous-même, notre Frère, m’y autorisez, avec votre bénédiction. »

RETRAITE DE COMMUNAUTÉ

Du 10 au 17 octobre, nos maisons Saint-Joseph et Sainte-Marie ont fermé portes et fenêtres pour refaire leurs forces en écoutant frère Bruno leur raconter la merveilleuse histoire d’amour de notre Père, l’abbé de Nantes, pour la Sainte Vierge.

Georges de Nantes la connaît et l’aime depuis l’âge le plus tendre, car il est enfant de l’Église : par ses parents, par ses maîtres, la meilleure dévotion mariale a transfusé dans son âme. Dès le séminaire ses premiers écrits sur la Sainte Vierge révèlent une intelligence si précoce des mystères, qu’on pressent une vocation exceptionnelle. Jeune prêtre, rejeté de droite, de gauche, il saisit toutes les occasions de célébrer les grandeurs de Notre-Dame et de recommander son culte. Déjà, elle est pour lui la clef des mystères de l’Incarnation et de la Rédemption, le fil d’or de toute la Révélation biblique !

Mais notre Père a soif de l’aimer davantage. Devenu curé de Villemaur, il s’attache au sanctuaire voisin de Notre-Dame de la Sainte Espérance. Lors de sa retraite sacerdotale de 1959, Notre-Seigneur lui fait comprendre que c’est à Nazareth qu’il trouvera sa Mère. Il en fait donc le rendez-vous de nombreuses méditations, publiées dans ses Lettres à mes amis, d’une piété pénétrante et d’une admirable délicatesse psychologique.

Au même moment, l’abbé de Nantes engage le fer contre le progressisme : le voilà pris dans une lutte à mort. Le mal s’étend à la faveur du concile Vatican II. Bientôt il lance ce cri d’alarme : « L’hérésie est au Concile ! » Or, ce combat pour la vérité et la Sainte Église est le combat de la Sainte Vierge elle-même, méprisée par les “minimalistes” de tout poil, progressistes, modernistes et œcuménistes ; c’est le combat de Notre-Dame de Fatima, la Madone politique, la Vierge de l’anticommunisme. L’opposition entre Vatican II et Fatima est totale ! C’est ainsi que notre nouveau saint Georges devint le chevalier servant de Notre-Dame, “Reine des batailles en Chrétienté perdue”.

En 1981, l’étude approfondie qu’il accomplit enfin sur Fatima constitua un tournant dans sa vie : cette Vierge qu’il voulait connaître et aimer, qu’il défendait sur tous les fronts, voilà qu’elle avait révélé, en 1917, la volonté de Dieu pour les derniers temps, d’accorder toutes ses grâces par son Cœur Immaculé !

Face à la forfaiture romaine, c’est dorénavant par la défense et illustration de Fatima que notre Père poursuivra son combat pour l’Église. Sa résolution d’y conduire la Phalange en pèlerinage le 13 octobre 1996 marquera l’ouverture d’une véritable Croisade, eucharistique et mariale, pour le salut de l’Église et du monde.

Dans ces années 1990, notre Père touche enfin la récompense de tant d’années passées à chercher l’amour de Marie et à combattre pour son honneur. Désormais, sa dévotion est jaillissante, jubilante... encombrante ! attisant non seulement la ferveur de nos cœurs mais la fureur de l’enfer, mais qu’importe ! La Vierge Marie est la Colombe du Saint- Esprit, et son âme fut créée dès l’origine des temps. C’est évident ! Et comment la saluer autrement que par un ardent « Je vous aime, ô Marie » ? Au Calvaire, à la Messe et jusque dans la communion, elle est inséparable de son Fils, ne faisant avec lui qu’une seule Hostie, un seul Cœur, eucharistique.

Ce Cœur à cœur amoureux se fait colloque de compassion. Notre-Dame des Douleurs était la grande dévotion de notre Père et le message de Fatima ne fit qu’accroître son souci de consoler le Cœur de sa Mère. Et la Vierge Marie, en retour, lui apprit à goûter les croix de plus en plus pesantes qui s’abattirent sur lui et qui culminèrent dans son exil à Hauterive. C’est le chapelet qui le sauva alors du désespoir et, de l’abîme de sa déréliction, sortit l’œuvre polémique la plus salutaire du siècle : Vatican II, Autodafé. Quelle victoire de l’Immaculée !

Au Canada, le 20 août 1997, le regard “vivant” de la statue de Notre-Dame de Fatima achève la conquête de son cœur et il lui promet de persévérer toujours dans sa dévotion “exagérée”. Le Père “déménage”, dans le Cœur de Marie ! Découvrant alors les intuitions de saint Maximilien-Marie Kolbe, leur concordance avec sa propre doctrine de la circumincessante charité divine, trinitaire et mariale, l’enthousiasme. Le 8 décembre, il consacre la Phalange à l’Immaculée Conception et lui “passe la main” le 1^er janvier 1998.

Désormais, notre Père vivra tout absorbé dans la nuée de gloire du mystère de l’Immaculée Conception, sur lequel il recevra des lumières ineffables, mais qu’il ne nous communiquera que par bribes. Les dernières lui viendront de la révélation de la troisième partie du Secret de Notre-Dame, le 26 juin 2000. Après quoi, il s’enfoncera dans les ténèbres d’une nuit des sens et de l’esprit, la nuit d’une espérance humiliée, mais invincible, dans le triomphe prochain du Cœur Immaculé de Marie.

Sa vie hors du commun trace un sillon de lumière vers le Ciel, vers l’Immaculée. Arrivé au but, il nous fait signe de l’y rejoindre, par le même chemin d’une dévotion “exagérée” à la Vierge Marie ! Ces conférences, méditées tout au long des retraites mensuelles du premier samedi dans nos ermitages, seront le démarreur pour nous mettre en route !

frère Guy de la Miséricorde.