Il est ressuscité !
N° 233 – Juin 2022
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
CAMP NOTRE-DAME DE FATIMA 2021
Géopolitique et orthodromie catholique :
la géopolitique de la Sainte Vierge sur la Russie
LE 13 juillet 1917, à Fatima, Notre-Dame montra l’enfer à Lucie, François et Jacinthe. « Nous vîmes comme un océan de feu », écrira plus tard Lucie dans ses mémoires. « Plongés dans ce feu nous voyions les démons et les âmes (des damnés). Celles-ci étaient comme des braises transparentes, noires ou bronzées, ayant formes humaines. Elles flottaient dans cet incendie, soulevées par les flammes qui sortaient d’elles-mêmes, avec des nuages de fumée. Elles retombaient de tous côtés, comme les étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur (c’est à la vue de ce spectacle que j’ai dû pousser ce cri : “ Aïe ! ” que l’on dit avoir entendu de moi). Les démons se distinguaient (des âmes des damnés) par des formes horribles et répugnantes d’animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme de noirs charbons embrasés. »
Et pour endiguer le flot des âmes des pauvres pécheurs qui tombent en masse en enfer, Dieu donna au monde par la voix de sa Très Sainte Mère une ultime grâce de miséricorde : « Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix. La guerre va finir. Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, en commencera une autre pire. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père. »
Mais redoutant d’avance l’endurcissement des hommes demeurant sourds à cet appel pressant à la conversion et à la pénitence, voilà que Notre-Dame semble ajouter ses demandes à Elle, des demandes bien simples, mais bien faites, si elles sont écoutées, à émouvoir le Cœur du Bon Dieu pourtant trop offensé, des demandes bien petites, mais suffisantes pour sceller les clauses d’une Alliance entre Dieu et sa pauvre et pécheresse créature, et capables de modifier radicalement l’ordre géopolitique d’un monde qui court pourtant droit à sa perte sans que plus rien ne puisse apparemment l’arrêter dans sa course folle : « Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. »
Mais une espérance inconfusible demeure : « À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. »
À peine Notre-Dame eut-elle prononcé ces paroles, que celles-ci devaient commencer à s’accomplir à la lettre. En octobre, la Russie entrait en possession d’un régime satanique sous l’effet d’une violente révolution communiste qui aussitôt renversa l’ordre traditionnel d’une nation, certes prisonnière de son infirmité grecque schismatique, mais qui n’en était pas moins – comme aujourd’hui d’ailleurs – profondément chrétienne.
Relevant d’un athéisme féroce, le communisme de Lénine puis de Staline « s’accompagne d’une fureur permanente, illimitée, contre tout ce qui n’est pas lui, qui existait avant lui et qui s’essaie à survivre à côté de lui, sans lui, malgré lui. C’est la terreur jacobine radicalisée, universalisée, éternisée (...) », explique l’abbé de Nantes, notre Père, en décembre 1982 dans le numéro spécial n° 184 de la Contre-Réforme catholique consacré à la Russie. « Radicalement différent de tout État normal, de toute pensée politique humaniste, de toute sensibilité nationale, même russe ! de toute civilisation, le communisme est d’abord et uniquement destructeur. »
Cette œuvre de destruction antichrist, après l’avoir entreprise contre le tsar, contre l’Église orthodoxe, contre son armée, contre ses populations paysannes à l’intérieur de ses frontières, au prix de millions de morts, la Russie devenue l’Union des républiques socialistes soviétiques s’apprêtait à l’étendre au monde entier, lorsque le 13 juin 1929 Notre-Dame, ainsi qu’elle l’avait annoncé le 13 juillet 1917 à Fatima, fit savoir à sa messagère, sœur Lucie se trouvant alors au noviciat des sœurs Dorothées installé à Tuy : « Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen. »
Et parce que, durant quatre-vingt-treize années, les papes ne daignèrent pas accéder docilement à cette demande, à cet ordre venu du Ciel, aussi simple qu’impérieux, la Russie ne se convertit pas et eut toute liberté pour répandre avec fureur ses erreurs dans le monde entier. Il est aisé de suivre, de comprendre, d’interpréter l’enchaînement des grands événements géopolitiques qui se sont déroulés tout au long du vingtième siècle comme la chronique de malheurs annoncés par la Sainte Vierge en personne à la Cova da Iria en 1917. Il est plus aisé encore de faire ce parallèle saisissant entre Fatima et l’histoire du siècle passé en lisant le remarquable article de notre frère Guy de la Miséricorde intitulé : “ Le siècle des erreurs de la Russie (1917-1991) ” (cf. Il est ressuscité n° 232, mai 2022, p. 14 à 28).
La Russie de Staline fut l’acteur majeur et le grand vainqueur de la Seconde Guerre mondiale qui scinda l’Europe en deux camps dressés l’un contre l’autre, comme l’avait annoncé Notre-Dame à Fatima. La Russie soviétique joua un rôle déterminant pour arracher à l’Europe catholique ses colonies, renverser les gouvernements dits de sécurité nationale pour rallier toutes ces populations, vivant jusqu’alors dans l’ordre et la paix, dans le camp de la révolution avec à la clef, certes, leur prétendue “ libération ”, mais au prix de guerres, de désordres, de servitudes, de persécutions, de pauvretés, de famines... comme l’avait annoncé Notre-Dame à Fatima.
Avec la passivité, la complicité, la collusion des démocraties libérales et même du Pape, l’URSS remporta des succès considérables. Elle contribua à l’instauration d’un régime communiste en Chine. Elle noua des relations de quasi-alliance avec certains pays arabes influents. Elle établit un partenariat étroit avec l’Inde. Elle soutint le régime de Fidel Castro à Cuba. En Afrique, elle profita de la décolonisation, notamment en Angola et au Mozambique, pour prendre pied dans une région stratégiquement essentielle. Elle consolida et étendit sa présence dans la Corne de l’Afrique en soutenant le nouveau régime éthiopien. En Asie, elle consolida ses positions au Vietnam en soutenant l’intervention de ce pays au Cambodge. Elle envahit même militairement l’Afghanistan.
« À la fin des années 70, écrit Anne de Tinguy (“ L’effondrement de l’Empire soviétique ”, éd. Bruylant, p. 33), l’URSS est présente un peu partout dans le monde et elle a montré qu’elle était en mesure de peser sur de nombreuses situations. Elle paraît avoir réussi à améliorer le fameux rapport de forces en faveur du socialisme et rien ne semble pouvoir arrêter son expansion », comme l’avait annoncé Notre-Dame à Fatima. L’année 1983 devait être, aurait dû être une échéance décisive avec l’invasion générale de l’Europe occidentale par les troupes soviétiques, comme le prévoyait avec clairvoyance l’abbé de Nantes notre Père qui engagea nos amis à réciter, à faire réciter par leurs enfants le chapelet pour toucher le Cœur du Bon Dieu et échapper une fois encore à sa juste colère.. Et il en fut ainsi et même plus, car le danger que représentait l’URSS sembla s’évanouir, disparaître même des horizons géopolitiques.
En effet, à partir de novembre 1982 l’URSS connut une série noire d’événements qui lui imposa le report de l’invasion de l’Europe de l’Ouest. Puis à partir de l’année 1985, le pays sembla perdre ses ambitions, ses velléités de conquêtes et de domination. Et surtout à partir de 1989, les pays d’Europe de l’Est, comme par enchantement, se libérèrent les uns après les autres du régime communiste qui les tenait en servage et du même coup de l’emprise de l’URSS. Et deux ans plus tard, contre toute attente, contre toute prévision politique, sans heurt, sans révolution, sans morts, mais aussi sans consécration au Cœur Immaculé de Marie ni conversion de quiconque, le régime communiste soviétique s’effondrait entraînant dans sa chute l’Empire soviétique et laissant derrière lui une Russie exsangue, circonscrite dans ses frontières du dix-huitième siècle et entamant à son tour un nouveau cycle qui aurait dû la conduire, immanquablement, vers un effondrement général tant politique qu’économique avec à la clé de nouvelles sécessions.
Tandis que les pays d’Occident emmenés par des États-Unis enivrés par cette victoire sans combat sur un bloc communiste qui semblait jusqu’alors invincible, mus irrésistiblement par leur messianisme démocratique satanique et ruisselant de dollars, animés plus que jamais d’une haine profonde de Jésus-Christ Notre-Seigneur et de sa Très Sainte Mère, réchappaient “ miraculeusement ” à un châtiment amplement mérité et que devait lui asséner cet empire russe que Dieu avait pourtant choisi comme « verge de sa colère »... comme l’avait annoncé Notre-Dame à Fatima.
Et notre frère Guy, parvenu à l’année 1991 de son étude, année d’un déclin apparemment irrémédiable, au terme d’un siècle de continuels triomphes d’une Russie invincible dans sa fureur à répandre ses erreurs dans le monde entier, de laisser ses lecteurs, en guise de conclusion provisoire, sur cette analyse sans illusions de notre Père : « L’abbé de Nantes, écrit-il, ne cria pas à la fin du châtiment pour autant : il prévoyait que la fin du goulag précipiterait la Russie, et l’Occident par contrecoup, dans une corruption sociale et morale effroyable. Surtout, l’URSS disparue, les “ erreurs de la Russie ” demeuraient néanmoins, répandues dans le monde entier jusque dans l’Église, pour la ruine des sociétés et la perte des âmes.
« Au moment de “ l’Échéance 83 ”, notre Père expliquait déjà : “ L’apostasie immanente pénètre jusqu’au dernier carré des fidèles. Si la guerre tarde, c’est que notre châtiment est celui des âmes, plus redoutable que celui des corps ; celui de l’aveuglement, de la corruption et de la damnation éternelle, bien pire que la guerre et l’occupation russe avec leur cortège de maux temporels. Et cela durera tant que le monde ne cessera d’offenser Dieu, tant que l’Église ne répondra aux demandes de Notre-Dame de Fatima que par des mépris et des faux semblants. ” (La Contre-Réforme catholique n° 181, septembre 1982, p. 13) » (ibid. p. 28)
Nous sommes donc bien avertis par notre Père de ce qui nous attend, de ce qui attend les nations d’Occident en général, en pleine apostasie de leur foi chrétienne, la France en particulier, en plein reniement du baptême de Clovis, toutes révolutionnaires, réformatrices, fières de leur “ foi en l’homme ”, corrompues, « sujets, aveugles volontaires, d’une infestation diabolique », du moins tant que le Saint-Père n’aura pas accédé aux demandes de Notre-Dame de Fatima, y compris la recommandation de pratiquer la dévotion des premiers samedis du mois en réparation des outrages infligés au Cœur Immaculé de Marie.
Mais quel est le rôle désormais de la Russie dans ce plan divin ? Et d’abord, pourquoi cette attention particulière de la Sainte Vierge pour la Russie ? Tout simplement parce que le Cœur Immaculé de Marie aime cette nation et depuis ses origines. « En effet, dans la Russie kiévienne (...) la Mère de Dieu est reine, explique notre frère Bruno de Jésus-Marie. Ainsi le grand prince Vladimir dédia la première cathédrale de sa capitale à l’Assomption de la Vierge Marie. Il y déposa les reliques du pape martyr saint Clément de Rome, qu’il avait rapportées de Chersonèse, en Crimée, conquise sur les Byzantins. En 1034, son fils Jaroslav le Sage, au faîte de sa puissance, bâtit une nouvelle cathédrale, Sainte-Sophie de Kiev, l’un des plus grands édifices de l’Orient chrétien.
« Or, tandis qu’à Byzance, le vocable de Sainte Sophie désignait le Verbe éternel, deuxième Personne de la Sainte Trinité, les Russes de Kiev invoquaient sous ce Nom divin la Très Sainte Vierge, et célébraient la dédicace de leur cathédrale le 8 septembre en la fête de la Nativité de Marie.
« De même, la cathédrale Sainte-Sophie de Novgorod, construite au milieu du onzième siècle, était placée sous le patronage de l’Assomption de Marie, fêtée le 15 août. Une monumentale représentation de la Vierge orante, les mains levées vers le Ciel, domine le chœur du sanctuaire. Et Dieu ? Il faut se tordre le cou pour le découvrir sous les traits du Christ Pantocrator au sommet de la coupole principale. C’est donc par la médiation de l’Immaculée qu’on peut l’atteindre !
« Comment des barbares, à peine christianisés depuis cinquante ans, ont-ils pu comprendre le secret marial de notre sainte religion, sinon par une grâce spéciale de Notre-Dame ? » (Il est ressuscité n° 193, décembre 2018, p. 11)
Mais qu’en est-il aujourd’hui de la Russie, hier verge de la colère de Dieu, désormais consacrée au Cœur Immaculé de Marie à la parole du Saint-Père prononcée le 25 mars dernier en union avec l’ensemble des évêques ? Quelle est sa place dans le monde, notamment face à la Chine, aux États-Unis et l’Europe ? Quel rôle géopolitique tient-elle désormais dans l’orthodromie divine ?
Nous allons tenter de dégager quelques éléments de réponses, à partir des enseignements de notre bienheureux Père qui suivait, commentait l’actualité des événements du monde, en se plaçant toujours dans les perspectives du Bon Dieu pour nourrir l’intelligence et la foi de ceux qui voulaient bien le lire et l’écouter. Mais pour cela, il faut commencer par revenir sur les circonstances de la dislocation de l’Empire soviétique pour bien en comprendre les raisons... et les conséquences.
PREMIÈRE PARTIE
L’EFFONDREMENT ET LE RELÈVEMENT
PROVIDENTIELS DE LA RUSSIE
L’ABANDON PAR LA RUSSIE DE SON EMPIRE (1985 – 1991).
Le responsable de la dislocation de l’Empire soviétique est incontestablement Mikhaïl Gorbatchev.
Le dernier secrétaire général du parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) est apparu d’emblée, au jugement de notre Père, comme « un homme d’une extraordinaire intelligence », comme l’un des plus grands chefs d’État du moment, le plus fort, le plus charismatique. C’était un léniniste convaincu, c’est-à-dire que le fond de sa doctrine était la possession de la terre, la libération des peuples opprimés dans le monde entier et par tous les moyens, que ce soit par la guerre ou par la paix.
Avec les mots magiques de glasnost (transparence) et de perestroïka (restructuration), Gorbatchev fit ouvertement état de la ruine économique du pays, ce qui était vrai, et tous les pays riches de s’empresser de venir au secours de la Russie. Mais Victor Kouznetsov, économiste à l’Académie des sciences de Russie, fait remarquer qu’ « il s’agissait de renforcer le régime politique et idéologique, ainsi que les positions stratégiques de l’URSS dans le monde ».
Sur le plan international, Gorbatchev engagea une « flamboyante et conquérante » politique étrangère dans le dessein d’assurer une réconciliation universelle, dépassant l’affrontement entre les deux blocs grâce à un socialisme rénové, démocratisé et intégré à l’économie mondiale, mais sans les défauts d’un collectivisme et d’une planification imposés par l’État-parti. Bref, Mikhaïl Gorbatchev prenait de court le monde entier en prenant la tête avec élégance, autorité et intelligence d’une sorte de mouvement d’animation socialiste de la démocratie universelle.
Mais à force d’annoncer le désarmement et la paix pour le monde entier, de donner le sentiment très net que l’étau soviétique se desserrait, la machine finit par s’emballer et se retourner contre l’URSS. C’est dans ce contexte que des changements politiques commencèrent à s’opérer en 1989 en Pologne, en Hongrie et même en Allemagne de l’Est avec l’effondrement du mur de Berlin suivi de la réunification des deux Allemagne que le chancelier Helmut Kohl annonça le 28 novembre 1989, prenant le monde entier au dépourvu, à commencer par Gorbatchev. Mais il fut bien remarqué que ce dernier ne put ni ne voulut faire intervenir les blindés de l’Armée rouge. Après la répression du soulèvement de Budapest, en 1956 et celui de Prague en 1968, quel signe... troublant !
Tout s’enchaîna alors très vite. Le rideau de fer se déchira totalement. Les peuples asservis d’Europe de l’Est proclamèrent partout leur indépendance. Et ce mouvement finit par gagner le territoire soviétique au moment précis où les réformes intérieures engagées par Mikhaïl Gorbatchev au nom de la perestroïka commençaient à donner les signes inquiétants d’un désastre inéluctable.
Désastre d’abord économique. Les mesures censées remédier aux graves inconvénients du collectivisme et de la planification ne firent qu’achever la désarticulation complète de l’économie soviétique avec l’apparition d’un marché parallèle de type capitaliste très lucratif, mais sans règle et qui, dans les faits, se révéla un système de détournement de biens publics. C’est sous la perestroïka que les Berezvoski, Khodorkovski et autres commencèrent à constituer leurs fortunes.
Désastre surtout politique. « La démocratie, c’est le mal, la démocratie c’est la mort », disait Charles Maurras. Ce fut celle de l’URSS. En effet, la vingt-et-unième Conférence du Parti communiste qui se déroula en juin 1988 ébranla l’édifice institutionnel et politique en décidant la pluralité des candidatures aux élections. C’était une révolution, le premier coup porté au Parti communiste de l’Union soviétique. Un deuxième lui fut asséné le 14 mars 1990 avec la loi abolissant le rôle dirigeant du Parti communiste. Or le Parti, le « Vatican du diable », comme disait notre Père, était tout à la fois la tête, la colonne vertébrale, le fondement fédérateur du régime soviétique. Y porter atteinte, c’était détruire l’État central. Et, de fait, la loi à peine promulguée, aussitôt se constituèrent en toute impunité dans les républiques des fronts populaires revendiquant autonomie et indépendance vis-à-vis de Moscou.
Mais le plus incroyable survint le 12 juin 1990. Le Soviet suprême de la République soviétique de Russie, présidé par un certain Boris Eltsine, un ancien du Parti, brillamment élu à la faveur de cette réforme politique, contre le candidat communiste désigné par Gorbatchev, fit voter une déclaration de souveraineté par laquelle la République se reconnaissait le droit de se désengager librement de l’URSS et par laquelle elle affirmait la primauté de ses lois sur la législation soviétique.
Aussitôt votée, cette décision russe provoqua une cascade de démarches semblables dans les onze Républiques tandis que le Parti communiste continuait à perdre au fil des mois sa prééminence sur les institutions soviétiques tout en se divisant en composantes nationales.
Le système se fissurait, la cohésion et même l’existence de l’URSS étaient directement menacées. Pour y parer, mais en s’abstenant d’actionner l’Armée rouge, Gorbatchev qui ne parvenait pas à remettre au pas les trois républiques Baltes qui avaient devancé toutes les autres en proclamant leur indépendance, tenta plutôt de redéfinir les relations fédérales entre les neuf républiques qui acceptaient encore de rester dans l’Union. Il prépara un projet de nouveau traité fédéral fondé sur la souveraineté des républiques et dans lequel le gouvernement fédéral se voyait attribuer un rôle désormais secondaire.
Mais la réunion du Soviet suprême fut empêchée par un coup d’État tenté la veille, le 19 août. Celui-ci tourna court au bout de trois jours, Gorbatchev reprit les rênes du pouvoir, mais son autorité était sérieusement ébranlée tandis que les chancelleries portaient leurs regards avec de plus en plus d’insistance vers ce Boris Eltsine, élu président de la République soviétique de Russie, qui se faisait fort d’instaurer tout à la fois la démocratie et l’économie de marché avec ou sans l’empire. En présence d’un pouvoir central fragilisé, d’un Boris Eltsine déterminé plus que jamais à intégrer la Russie à l’économie mondiale capitaliste et donc pressé de la libérer du carcan des institutions soviétiques en la dégageant de tout l’empire qu’elle avait acquis au cours des siècles passés, les douze républiques restantes de l’URSS ne se contentèrent plus de proclamer simplement leur souveraineté, mais elles réclamèrent leur indépendance.
Le 8 décembre 1991, les présidents de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie déclarèrent que « l’URSS en tant que sujet de droit international et réalité géopolitique a cessé d’exister ». Et le 25 décembre, constatant la fin de l’Union soviétique par le retrait de toutes les républiques qui la composaient, Gorbatchev, successeur de Lénine, Staline, Khrouchtchev, Brejnev, Andropov et Tchernenko, démissionnait de la présidence de l’URSS qui disparaissait en fait et en droit le même jour à minuit.
Commentant ces événements qui le stupéfiaient, sur le moment même où ils se déroulaient, notre Père en tira une leçon politique magistrale doublée d’une analyse clairvoyante sur ce qui attendait la Russie durant la décennie à venir :
« À mon humble avis, c’est une erreur politique et une faute morale grave de se réjouir de toute décomposition sociale et de toute anarchie chez le voisin, chez l’ennemi même. Le risque de guerre n’en est pas moins grand si même il n’en devient pas plus instant, et l’ébullition des passions passe les frontières pourrissant le monde. C’est pourquoi d’un instinct sûr, je fais des vœux depuis le 19 août pour la restauration de l’Union des républiques socialistes soviétiques et pour son président Mikhaïl Gorbatchev tandis que je n’éprouve que répulsion et horreur en présence de Boris Eltsine, cet histrion, ce tsar de carnaval en lequel on pourrait soudain trouver un nouveau Staline ou un Khrouchtchev. J’espère le retour de Gorbatchev plus encore que je ne le prévois, et la poursuite de son grand dessein, d’une ampleur et d’un génie presque inégalés. » (La Contre-Réforme catholique n° 278, décembre 1991, p. 23)
Oui, mais la Sainte Vierge, elle, sait très bien où elle veut conduire la Russie. Elle lui est confiée. Et dans son plan, Mikhaïl Gorbatchev a bien joué son rôle et aussi incroyable que cela puisse paraître, c’était au tour de cet ivrogne de Boris Eltsine de jouer le sien pour ouvrir durablement les voies d’un vrai et profond relèvement politique et moral de la Russie.
LE TEMPS DES TROUBLES (1991-1999).
À la fin de l’année 1991, en l’espace de quelques heures seulement, la Russie perdit 23 % de son territoire national, 48 % de sa population, 41 % de son produit intérieur brut (PIB), 40 % de son potentiel industriel, 44 % de ses capacités militaires. La Russie retrouvait les frontières qui étaient à peu près les siennes à la mort de Catherine II en 1796. Durant la nuit, vingt-cinq millions de Russes se retrouvèrent hors frontières, dans un pays qui n’était plus le leur. Sans compter le fractionnement brutal d’une économie nationale intégrée, les différends territoriaux entre nouveaux États devenus étrangers les uns aux autres, sans la moindre préparation à une telle scission.
Mais l’effondrement de la Russie viendra surtout de Boris Eltsine. Dès le 1er janvier 1992, il mit en œuvre un programme économique ultralibéral avec libéralisation quasi complète des prix et une privatisation en masse, dans une totale opacité des moyens de production. S’ensuivit une inflation exponentielle qui ruina les épargnants et plongea le pays dans une grande pauvreté. Les directeurs d’entreprise s’attribuèrent illégalement leurs entreprises ou bien leurs moyens de production tandis que des conglomérats industriels purent se constituer à vils prix autour d’une poignée d’hommes d’affaires qui purent ainsi se constituer des empires industriels, médiatiques et financiers. Et pour remédier au déficit budgétaire abyssal, Anatolie Tchoubaïs mit en place une politique de bons d’État qui se révéla un désastre sur le plan monétaire et financier, entraînant une crise généralisée des paiements et l’émergence de toute une économie parallèle illégale. En août 1998, la Russie se retrouva en cessation des paiements, c’est-à-dire incapable de rembourser ses dettes arrivées à échéance.
Le sommet du pillage en règle de l’économie du pays fut atteint lors de l’élection présidentielle de 1996, lorsque Boris Eltsine accepta le financement massif de sa campagne pour contrer celle du candidat communiste Guennadi Zougianov. Le “ tsar de carnaval ” achevait ainsi de livrer l’État et l’économie russes à sept hommes d’affaires formant entre eux une véritable oligarchie, disposant à leur usage personnel, dans leur seul intérêt, de certains leviers du pouvoir politique.
Dans un tel contexte, tant les forces armées que la diplomatie russes subirent de plein fouet la ruine financière et morale d’un pays humilié.
Dans la région du Caucase, l’armée fut incapable de mater la rébellion de la petite république de Tchétchénie et dut même se résoudre à signer le 31 août 1996 un accord prévoyant son retrait du territoire tchétchène et l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination de la république en 2001. Pour celle qui avait été la toute première armée du monde à peine dix ans auparavant, ce fut une humiliation totale.
Sur le plan international, les États-Unis adoptèrent à partir de l’année 1993 une position plus offensive face à la Russie avec l’élargissement de l’OTAN en direction des pays d’Europe de l’Est, en particulier la Hongrie, la Pologne et la République tchèque. La voix de la Russie n’était guère plus écoutée dans les négociations sur les armes stratégiques.
Il faut mentionner la dramatique affaire du Kosovo, cette province du sud de la Serbie orthodoxe, peuplée majoritairement par des Albanais musulmans et indépendantistes. Au cours de l’année 1995, l’UCK, le FLN albanais du Kosovo, intensifie ses actes de terrorisme et oblige l’armée serbe à intervenir pour garantir la souveraineté de l’État sur ce territoire et protéger la minorité serbe. Mais les États-Unis prirent le parti des Albanais indépendantistes. Le 24 mars 1999, malgré les protestations de la Russie, l’OTAN lança des frappes aériennes sur la Serbie qui, sous la violence qui lui était infligée, dut signer le 9 juin un accord dans lequel elle s’engageait à retirer ses forces armées du Kosovo.
Ainsi, au lieu de la prospérité promise, la Russie était ruinée, affamée, la situation du pays devenait catastrophique, l’échec des réformes politiques et économiques était patent et les ravages qu’elles occasionnèrent soulevèrent un mouvement unanime de rejet de la part de tout le pays réel. Ainsi que le constate Marlène Laruelle, « le terme de démocrate devient peu à peu négatif, voire insultant, dans l’opinion publique, définissant les hommes politiques qui refusent de reconnaître le pillage des richesses du pays par les oligarques. La référence à l’évidence européenne s’atténue, la démocratie est assimilée aux ravages du capitalisme et les droits politiques sont considérés comme secondaires » face à la grandeur de la Russie à restaurer, face aux nécessités matérielles que le pays réel a été contraint d’affronter du fait de sa pauvreté qui dans le dessein de Dieu et de la Sainte Vierge fut providentielle.
En suscitant par une pauvreté salvatrice la méfiance du peuple russe à l’égard des erreurs d’un Occident se complaisant, en pleine apostasie de sa foi chrétienne, tout à la fois en la religion de la démocratie libérale et des Droits de l’Homme et en un capitalisme sauvage pour mieux jouir et toujours plus des biens matériels de ce monde, la Sainte Vierge prépara ainsi le peuple russe qui lui est confié à se rendre digne de la divine surprise d’août 1999 dont Boris Eltsine, contre toute attente, fut le docile instrument et bien malgré lui. Très affaibli sur le plan physique, mais très conscient de la situation dramatique dans lequel se trouvait le pays et dont il se savait être le premier responsable, il recherchait désespérément un Premier ministre capable d’inspirer confiance et de prendre les mesures énergiques qui s’imposaient. Il désigna d’abord Evgueny Primakov le 1er septembre 1998, personnage politique dont notre Père avait une grande estime. Puis Sergueï Stepachine qu’il remplaça brutalement le 9 août par Vladimir Poutine, un homme jusque-là inconnu du grand public et des chancelleries, mais qui, en quelques semaines, allait changer le destin de la Russie.
LE RELÈVEMENT MIRACULEUX DE LA RUSSIE.
Alexandre Orlov, ancien ambassadeur de Russie en France, se pose cette question dans ses mémoires : « Pourquoi Boris Eltsine vieillissant a-t-il choisi Vladimir Poutine pour lui succéder ? Il avait autour de lui beaucoup d’autres hommes politiques qui avaient de l’expérience et de la notoriété. Plus j’y pense et plus j’en viens à la conclusion que ce choix a été providentiel : c’est le Bon Dieu qui a voulu sauver la Russie du chaos, de l’effondrement politique, économique et moral qui a suivi la disparition de l’Union soviétique. » Et de fait, à peine installé dans le fauteuil de Premier ministre, Vladimir Poutine a pris des mesures qui ont détourné le pays de l’abîme sans retour vers lequel il allait tout droit et assuré le redressement spectaculaire qu’il est impossible de nier.
Premier volet de ces mesures : la victoire en Tchétchénie. Vladimir Poutine comprit que l’objectif des terroristes qui sévissaient dans la petite république sécessionniste était de détacher de la Russie l’ensemble du Caucase du Nord et même d’autres régions de la Fédération afin de former un califat islamique. Il savait également que ces terroristes recevaient le soutien actif de pays occidentaux. Il engagea dès le 1er octobre la seconde guerre de Tchétchénie et mit en œuvre tous les moyens nécessaires pour venir à bout des terroristes, mater la révolte avant qu’elle ne s’étende à d’autres régions et faire revenir l’ordre et la paix. Bref, Poutine a fait avec la république de Tchétchénie ce que nous Français aurions dû faire en Algérie. Et les Russes comprirent aussitôt qu’ils avaient à leur tête un chef. Il le reste d’ailleurs après vingt-deux années et peut-être encore jusqu’en 2036.
Deuxième volet : Poutine stoppa le mouvement général et systématique de délitement des liens entre les sujets de la Fédération et le pouvoir central. En effet, sous la présidence de Boris Eltsine, les provinces avaient pris l’habitude de négocier et conclure avec Moscou des traités bilatéraux leur permettant de se ménager un fédéralisme “ à la carte ”. L’unité, l’existence même du pays étaient menacées.
Troisième volet des réformes : l’anéantissement du pouvoir oligarchique d’une poignée d’hommes d’affaires qui avait profité de l’absence de règle lors des mouvements de privatisation pour se constituer une puissance financière et industrielle gigantesque et prétendre à ce titre participer aux décisions politiques intéressant le pays. Dès juillet 2000, Vladimir Poutine leur signifia la fin de leur pouvoir oligarchique. Sans remettre rétroactivement en cause ce qui avait été fait et décidé sous Boris Eltsine, Poutine leur indiqua clairement que leurs activités devaient se limiter à gérer leurs empires financiers dans l’intérêt du pays sans les utiliser comme leviers politiques.
Quatrième volet : le rétablissement de la sphère économique.
Après une décennie au cours de laquelle « jamais dans l’histoire on n’aura vu une telle destruction économique en temps de paix », Vladimir Poutine sut préserver la Russie d’une faillite totale. Tout en profitant de la hausse des cours mondiaux des produits pétroliers et miniers, il sut reconstituer un système de production industrielle que la dissolution à la hâte de l’URSS et que les privatisations anarchiques avaient totalement désorganisé et laissé se délabrer.
Autre ambition, tout à fait propre à la Russie : assurer sa souveraineté économique afin de garantir son indépendance politique. Cela impliqua le remboursement anticipé par l’État de l’ensemble de ses dettes et le maintien à des niveaux très faibles de son endettement. Et pour remédier aux désordres des années 1990 consécutifs au bradage des gisements et des actifs productifs les plus sensibles du pays, les autorités ont entrepris dès le début des années 2000 – et jusqu’à nos jours – une reconquête du secteur pétrogazier qui a abouti à l’éviction sélective d’investisseurs privés russes et étrangers.
À compter de l’année 2014, la Russie dut faire face à une guerre économique menée par les États-Unis et leurs alliés sous forme de sanctions. Non seulement, la Russie n’a pas cédé à ce chantage, quitte à demeurer plus pauvre, mais elle a su tirer parti de cette attaque pour renforcer sa puissance dans le domaine agricole...
... et dans le domaine militaire également, cinquième et dernier volet de ce gigantesque effort de redressement politique. À partir de l’année 2011, la Russie lança une profonde réforme de son outil militaire avec les objectifs de doter la Russie d’une armée mobile et réactive, capable de se projeter, de se déployer rapidement et efficacement aux quatre coins de l’immense territoire et même au-delà, de préserver, moderniser, renforcer la puissance de l’armement en général et de l’armement stratégique, en particulier, et de valoriser la carrière militaire, le prestige de l’armée. Mais cette réforme, certes considérable, n’est pas achevée. De grands progrès restent à faire dans l’équipement des forces de l’armée de terre, dans leur organisation et celle de la chaîne de commandement, dans le domaine des drones... pour ne citer que les points principaux des faiblesses que les combats qui se déroulent actuellement en Ukraine ont bien mis en évidence (cf. infra, p. 26).
La force d’un peuple, la souveraineté d’un État, l’indépendance d’une nation reposent d’abord sur les sacrifices que tous doivent consentir au bien commun de la patrie déterminé par son chef et donc à ses armées qui le défend en premier lieu. Pour nous Français qui vivons dans une opulence effrénée et préférons sacrifier le budget de nos forces armées quitte à nous surendetter contre toute prudence pour pouvoir financer les retraites et les traitements de notre “ armée ” de fonctionnaires, quelle leçon politique !
Une fois bien soulignée la force de la Russie à l’intérieur de ses frontières, son relèvement aussi providentiel qu’inattendu, franchissons les dites frontières pour tenter de comprendre quelle place pourrait bien être celle de la Russie dans le monde selon les desseins du Bon Dieu et de la Sainte Vierge.
SECONDE PARTIE
LA PLACE DE LA RUSSIE DANS LE DESSEIN
GÉOPOLITIQUE DE LA SAINTE VIERGE
Avec ses 37 650 kilomètres de côtes la Russie est, quoi qu’on en dise, une puissance maritime, mais il est vrai très obérée par deux contraintes majeures. L’essentiel des bordures de mer est pris dans les glaces durant tout l’hiver et même une partie des mois les plus chauds. Par ailleurs, sur la façade européenne, pour gagner “ l’océan mondial ”, les navires russes doivent franchir des détroits sous contrôle de pays étrangers : la Suède et le Danemark en mer Baltique, la Turquie, en mer Noire.
Mais avec ses dix-sept millions de kilomètres carrés, la Russie détient le territoire national le plus vaste de la planète, loin, très loin devant le Canada avec ses dix millions de kilomètres carrés, les États-Unis et même la Chine. Donc par la seule force de son étendue, la Russie s’impose au monde et constitue une puissance qui se suffit à elle-même par la richesse et la diversité de ses ressources agricoles, minières et en hydrocarbures... mais avec de grandes contraintes liées aux distances continentales et aux rigueurs climatiques très rudes. Immense pays qui « devrait avoir au moins 500 millions d’habitants », comme le déclara Vladimir Poutine le 8 juillet 2000, mais qui ne compte que 146 millions d’âmes concentrées essentiellement dans la partie occidentale du territoire.
Petite, trop petite population pour un pareil territoire, mais peuple demeuré « profondément chrétien », notre Père en était convaincu, lui qui sut donner une description de l’âme russe « faite de radicalisme évangélique, d’un sens violent du péché et d’un élan égal vers la sainteté ; et son désir obsédant de purification et de transfiguration allant jusqu’à la hantise d’une rédemption universelle et même cosmique. Le nœud de ce mysticisme est assurément cette pitié viscérale que le Russe, si souvent tenté par le vertige de la cruauté inutile, éprouve pour la “ souffrance innocente ”, pour le “ juste persécuté ”. Qu’y a-t-il de plus évangélique qu’un tel sentiment, si profondément imprimé dans l’âme slave devenue chrétienne ? » demande notre Père (La Contre-Réforme catholique n° 184, décembre 1982, p. 17). « Ajoutez à cela, non point inspirés par l’immensité des plaines et leur monotonie, mais par la méditation évangélique, ces autres caractères fondamentaux du mysticisme russe populaire, le sens communautaire, le détachement des biens terrestres satisfait par les pèlerinages des pauvres gens, pérégrinations sans fin d’un monastère à un autre, et l’éblouissement des âmes dans l’exubérance de la liturgie byzantine et le flamboiement des iconostases, et vous connaîtrez, vous aimerez l’âme russe », comme l’aime la Sainte Vierge qui connaît aussi sa tare du schisme dont elle veut la convertir.
Mais quelle est la place de la Russie dans le monde ? Eh bien, prenons notre carte et suivons les 22 622 kilomètres de frontières terrestres qui séparent la Russie de ses quatorze pays voisins immédiats : la Norvège, la Finlande, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne (compte tenu de l’enclave de Kaliningrad), la Biélorussie, l’Ukraine, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, la Mongolie, la Chine et la Corée du Nord. Mais commençons par la région d’Asie du Nord-Est.
LA RÉGION D’ASIE DU NORD-EST.
Les Russes ont commencé à conquérir les terres de Sibérie au seizième siècle, mais ce n’est qu’au dix-neuvième siècle que Saint-Pétersbourg s’est sérieusement intéressée au développement de ces immenses territoires, en particulier avec la fondation de Vladivostok en 1859 et l’achèvement du chantier gigantesque du Transsibérien en 1916. La partie orientale de la Sibérie représente un enjeu stratégique avec d’importantes ressources minières et d’hydrocarbures, mais avec une densité de population encore très faible.
Si dans cette partie du monde, la Russie représente un poids économique assez modeste, elle n’en demeure pas moins un acteur clé dans le “ grand jeu ” des relations internationales.
Face à la base navale de Vladivostok, l’archipel du Japon, vainqueur de la Russie lors de la terrible bataille navale de Tsushima en mai 1905, mais qui s’est vu ravir en 1945 par l’URSS les îles Kouriles. Et depuis, quatre d’entre elles, les plus méridionales, demeurent au cœur d’un différend territorial entre Moscou et Tokyo. Ces îles occupent une place géostratégique importante. Elles permettent notamment le contrôle de l’accès à la mer d’Okhotsk dédiée traditionnellement aux forces stratégiques russes et elles sont le siège d’installations militaires sensibles, participant au dispositif de protection et de déni d’accès du littoral Nord qui court autour de l’Arctique, c’est-à-dire de la péninsule de Kola aux Kouriles. Et un accord aujourd’hui ne semble guère envisageable, le Japon ne pouvant garantir, en cas de rétrocession partielle ou totale des quatre îles, que les États-Unis, déjà bien implantés sur leur propre territoire ainsi qu’en Corée du Sud, n’en profitent pour y installer une nouvelle base.
Pourtant, le Japon, comme la Corée du Sud, d’ailleurs, entretient somme toute de bonnes relations avec la Russie – du moins jusqu’au début de l’offensive militaire en Ukraine du 24 février 2022... – même si les échanges économiques demeurent limités, ce qui pourrait bien changer un jour, car l’Extrême-Orient russe semble géographiquement mieux positionné que le Moyen-Orient pour approvisionner en pétrole et en gaz un Japon et une Corée du Sud qui en sont dépourvus, pour alimenter leurs industries. Certes les sanctions américaines auxquelles se sont ralliés avec fureur Tokyo et Séoul pour contrer les exportations russes pleuvent dru au moment d’écrire ces lignes, mais jusqu’à quand ? Et il n’est certainement pas dans le pouvoir des États-Unis de faire disparaître les réalités géopolitiques de la région.
Or ce qui rapproche les deux alliés traditionnels des États-Unis avec la Russie et même si leurs analyses quant aux solutions diplomatiques diffèrent, c’est le danger commun que représente l’arme nucléaire détenue par la Corée du Nord avec à sa tête un régime communiste parfaitement imprévisible. Tokyo plaide en faveur d’une attitude ferme contre ce dangereux pays. La Russie, qui partage 19 km de frontières avec ce “ turbulent ” voisin, prône la voie de la négociation en coordination étroite avec Pékin devenu grand rival de Tokyo et Séoul, placés dans la nécessité de reconnaître un intérêt supplémentaire à s’appuyer sur Moscou pour assurer un prudent rééquilibrage des rapports de force dans la région.
À l’Est de la Mongolie, la Russie partage avec l’empire du Milieu 4195 km de frontières qui furent par le passé à l’origine de nombreux litiges territoriaux entre les deux pays. Mais la différence de densité démographique de part et d’autre de cette frontière est colossale : un habitant au kilomètre carré du côté russe contre cent du côté chinois. On comprend que le peuplement par des Russes ou des russophones... de la Sibérie fasse partie des grandes priorités des politiques menées par le gouvernement russe. Il n’empêche que ce voisinage, la politique étrangère des États-Unis et de leurs alliés les poussent, c’est une évidence, à un partenariat de plus en plus étroit, mais qui demeure de circonstance. Comme le note justement Emmanuel Lincot, chercheur associé à l’IRIS, « la rivalité entre Pékin et Moscou existe ». Et rien n’est moins sûr que les combats qui se déroulent actuellement en Ukraine modifient sensiblement la nature des relations entre les deux puissances.
Les échanges économiques entre les deux pays ont beaucoup augmenté, ces dernières années, en partie du fait des sanctions infligées par les États-Unis et leurs satellites à la Russie. Mais ils demeurent très déséquilibrés. « La Russie constitue pour la Chine un fournisseur important de matières premières et d’énergie, avec notamment la mise en œuvre de projets d’exploitation de gaz en Sibérie », écrit Valérie Niquet. « En 2018, la Russie est devenue le premier fournisseur de pétrole de la Chine, devant l’Arabie Saoudite et l’Angola, avec une augmentation de plus de 61 %. » Mais les différences dans les échanges économiques entre les deux pays sont flagrantes : si la Chine est le premier partenaire économique de la Russie, cette dernière n’est que le dixième partenaire économique de la première, loin derrière l’Union européenne, les États-Unis, la Corée du Sud ou le Japon.
Au niveau stratégique, la coopération entre les deux pays semble apparemment très active. « La Chine et la Russie sont opposées à ce qu’elles dénoncent comme la politique d’ingérence des États-Unis et du monde occidental. Depuis 2014, la Russie a repris ses fournitures d’armes à la Chine, en lui vendant des systèmes sophistiqués que Moscou avait longtemps hésité à vendre à Pékin. Des exercices militaires conjoints régulièrement organisés entre les deux puissances. En 2017, les ventes d’armes russes à la Chine, dont les avions Su-35 et les systèmes de défense antimissiles ont atteint 15 milliards de dollars, ce qui représente 6 % du total des exportations d’armes russes. » Mais les deux puissances se gardent bien de soutenir pleinement leurs revendications territoriales respectives, celles sur la Crimée, sur la région du Donbass et toute la partie sud de l’Ukraine du côté russe, celles sur la mer de Chine méridionale du côté chinois, et elles sont en concurrence dans la région d’Asie centrale.
L’ASIE CENTRALE.
La dissolution de l’URSS a donné naissance à cinq États indépendants dans cette région : le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan. Ces États à forte prédominance musulmane représentent trois enjeux stratégiques. Ils sont très riches en ressources gazières, pétrolières et minières pour lesquelles la Chine est très active en réalisant des investissements significatifs. Par ailleurs l’Asie centrale constitue une zone de transit idéale entre l’Asie et l’Europe. Elle se trouve donc au cœur du projet pharaonique chinois des fameuses routes de la soie.
Mais la Russie retrouve pleinement sa position dans son rôle stabilisateur, pacificateur de la région notamment dans le cadre de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire conclue en 2003 entre la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, l’Arménie et la Biélorussie rejoints par l’Ouzbékistan en 2005. La Russie reste le seul acteur capable de maîtriser toutes les sphères de coopération militaire, position renforcée par le retrait militaire américain de la région. Les États-Unis ont évacué les bases de Karchi-Khanabad en Ouzbékistan et de Manas au Kirghizstan et surtout ils viennent de mettre un terme aux opérations de la coalition en Afghanistan.
« Le départ précipité a eu pour effet de dégrader la situation sécuritaire du pays », a commenté récemment Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe. « La mission américaine a échoué, et nous ne souhaitons pas l’arrivée d’un chaos qui menacerait nos partenaires dans la région. »
Une nouvelle fois, la Russie doit prendre, en quelque sorte, le relais des États-Unis pour assurer l’ordre et la paix dans cette région comme dans le Caucase.
LE CAUCASE.
D’abord le cas particulier de la Géorgie qui nourrit une grande hostilité envers la Russie au point d’avoir contraint celle-ci, en 2008, à intervenir militairement en Ossétie du Sud, cette région rattachée de force par Staline à la République soviétique de Géorgie et qui a fait sécession en 1991 lors de la dissolution de l’URSS avec le soutien de Moscou, et que Tbilissi voulait remettre au pas manu militari. La situation est aujourd’hui stabilisée. Les velléités de la Géorgie d’intégrer l’OTAN ont été barrées par cette guerre de quelques jours qui fut indirectement un signal clair lancé à l’attention de la “ pieuvre yankee ”, sans doute invinciblement attirée par l’immense réseau de transit des produits pétroliers et gaziers en provenance des gisements de la Caspienne, pour l’avertir que la Russie a des intérêts et des populations à défendre dans cette région et qu’elle sait le faire au besoin par la force.
Mais la situation respective des autres pays de la région est encore plus complexe et il faut tout le doigté diplomatique et la dextérité militaire de la Russie pour parvenir à tenir d’une main de maître les deux bouts de la chaîne sans la briser.
À l’ouest la Turquie sunnite dont les désirs d’expansion, de fédération des musulmans au sein d’un califat, sont bien connus et avec laquelle la Russie joue un jeu diplomatique très serré pour notamment la sortir quelque peu de l’orbite de l’OTAN dont elle est membre et donc de celle des États-Unis. Par exemple en prévenant le “ sultan ” Erdogan, en juillet 2016, de l’imminence d’un coup d’État préparé sans doute à l’instigation des Américains, et en vendant, en juillet 2019, des batteries de son fameux système de défense antiaérien S400 ; en travaillant avec Ankara sur le projet de gazoduc Turkish Stream inauguré en janvier 2020. Bref des accords à long terme pour mieux contrôler la versatilité d’une Turquie prête à s’implanter partout, à mettre le désordre partout, au nom de l’islam, que ce soit en Méditerranée, au Moyen-Orient... dans le Caucase et même en Asie centrale, pour réaliser ce rêve de restauration d’un califat sur les ruines d’un Empire ottoman démantelé à l’issue de la Première Guerre mondiale.
À l’est, l’Azerbaïdjan, turcophone, chiite, grand exportateur de produits pétroliers et gaziers. De là à réaliser un axe turcophone Ankara-Bakou qui établirait une continuité territoriale avec l’Asie centrale tout aussi turcophone, pour former un vaste Turkestan... Voilà de quoi inquiéter l’Iran chiite au sud et de quoi donner matière à surveiller à la Russie au Nord.
Mais c’est sans compter sur l’Arménie chrétienne, au centre, qui fait obstacle à cette continuité et qui est l’objet d’une hostilité ancestrale de la part de la Turquie et de l’Azerbaïdjan. Le point focal des tensions : la très ancienne terre chrétienne du Haut-Karabakh, située en plein territoire azéri et peuplée d’Arméniens, défendant jalousement son indépendance. Cette terre chrétienne vient d’être le théâtre d’un nouveau conflit et si l’Azerbaïdjan, aidé de la Turquie, n’a pu la conquérir totalement, c’est grâce à la Russie qui a pu in extremis et avec une grande rapidité dépêcher des troupes d’interposition et imposer aux deux parties un accord de cessez-le-feu. C’est en définitive la Russie qui sort renforcée de ce conflit en imposant son autorité dans le Caucase du Sud au moment où tous les commentateurs annonçaient son délitement dans son “ étranger proche ”. Elle est la garante de la stabilité et de la paix dans cette région, avec une force armée faisant la preuve de sa capacité à se projeter, à se déployer rapidement et efficacement à la périphérie de son immense territoire... comme elle l’a fait en Syrie, au Moyen-Orient.
LE MOYEN-ORIENT.
Ainsi que l’explique très bien Andreï Kortounov, directeur du Conseil russe pour les affaires internationales, « contrairement à d’autres acteurs internationaux, la Russie a été capable de maintenir des relations constructives avec presque toutes les parties des conflits du Moyen-Orient : avec les Israéliens et les Palestiniens, avec les sunnites et les chiites, avec les Turcs et les Kurdes, avec l’Iran et les monarchies arabes du golfe Persique ». (cf. Questions internationales n° 101, janvier-février 2020, p. 71)
Et ce même auteur d’ajouter : « Le grand succès diplomatique et militaire de la Russie dans la région demeure la Syrie. L’accord d’Astana conclu en mai 2017 par Moscou, Téhéran et Ankara avait permis de créer dans le pays des zones dites de “ désescalade ”, alors que piétinaient les négociations politiques de Genève, menées sous l’égide de l’ONU entre l’opposition et le gouvernement syrien. Ces initiatives dont les pays occidentaux furent exclus permirent à la Russie de s’imposer comme l’arbitre du conflit syrien et de se présenter en médiatrice de paix. La diplomatie russe a vu ses efforts couronnés de succès après le retrait des troupes américaines et le lancement de l’offensive turque au début de l’automne 2019, en obtenant la conclusion d’un accord entre les milices kurdes et le gouvernement syrien. »
De surcroît les États-Unis ont perdu dans cette région beaucoup de crédit par suite des actions unilatérales qu’ils ont menées en Irak, en Libye et même en Syrie au nom de la démocratie et des Droits de l’homme, qui n’ont fait que semer instabilités, violences, chaos, révolutions et terrorismes qui se sont ensuite propagés dans d’autres parties du monde, tout particulièrement en Afrique. La Russie, au contraire, est “ contre-révolutionnaire ” et prône toujours dans les relations internationales le respect de la souveraineté des États et de leurs institutions, car, quelles que puissent être leurs faiblesses, ils sont les premiers garants de toute forme d’ordre dans un pays donné. « Le discours russe est d’autant plus apprécié, écrit Julien Nocetti chercheur à l’Institut français des relations internationales, qu’il ne se double d’aucune exigence en matière de respect des libertés fondamentales, contrairement aux pays occidentaux. » (La Russie dans le monde, CNRS éditions, mars 2019, p. 234)
Mais c’est sur la frontière européenne russe que les Droits de l’homme vont occasionner les plus graves tensions.
L’EUROPE... LES ÉTATS-UNIS... ET L’UKRAINE.
Les relations entre la Russie d’une part et les autres pays de l’Europe et les États-Unis d’autre part sont devenues, au fil des ans, particulièrement conflictuelles. Et, en réponse à l’offensive militaire engagée par Moscou en Ukraine le 24 février dernier, les pays d’Occident ont enclenché un soutien armé de plus en plus massif aux forces militaires ukrainiennes pour justifier et alimenter, en parallèle, une guerre économique totale avec la Russie pour aujourd’hui “ l’enfermer ” dans ses frontières et demain, s’il est possible, la rallier à la Révolution. C’est dire que les relations internationales entre l’Occident et la Russie sont en plein bouleversement... les conséquences géopolitiques du conflit armé qui se déroule actuellement sur le territoire ukrainien sont difficilement prévisibles... mais nous savons qu’au dernier degré de la chaîne de commandement c’est la Sainte Vierge qui conduit les opérations selon sa politique à Elle... et non celle des hommes.
Rappelons que le continent européen est divisé en un peu moins de quarante petits États avec lesquels la Russie entretient d’abord des relations bilatérales. La France, l’Italie et surtout l’Allemagne entretiennent – du moins c’était le cas jusqu’au 24 février 2022 – des relations intenses avec la Russie, en particulier dans le domaine économique et énergétique. D’autres pays entretiennent de bonnes relations notamment la Grèce par solidarité religieuse orthodoxe et la Serbie également par solidarité religieuse, mais également slave. D’autres pays au contraire entretiennent des relations très conflictuelles : les trois pays Baltes, la Suède et surtout la Pologne. Et au milieu l’Ukraine, ancienne république soviétique aujourd’hui partagée, divisée, écartelée s’agissant de ses relations avec la Russie et actuellement théâtre d’un conflit armé de haute intensité.
À un niveau supérieur, une majorité des États européens sont liés les uns aux autres, au sein de l’OTAN par une alliance de défense réciproque, sous l’égide des États-Unis. Créée en 1949 pour faire face à la menace soviétique, cette Alliance a été maintenue après la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991 et même élargie vers l’est pour intégrer par vagues successives, entre 1999 et 2009, quatorze nouveaux membres, dont les trois pays Baltes, anciennes républiques soviétiques. « C’est l’élargissement du bloc vers l’Est commencé lorsque les dirigeants soviétiques ont été convaincus de pouvoir donner leur accord à l’adhésion de l’Allemagne réunifiée à l’OTAN qui est devenu la raison principale de la croissance rapide de la méfiance réciproque en Europe », a écrit Vladimir Poutine dans un article publié en juin 2021 dans le journal allemand Die Zeit. Il poursuit : « On a vite oublié les promesses faites alors en paroles comme quoi “ ceci n’est pas dirigé contre vous ”, “ les frontières du bloc ne se rapprocheront pas de vous ”. »
Dans le numéro d’août 2015 d’Il est ressuscité, faisant le point de la situation internationale, frère Bruno pouvait déjà écrire : « Les États-Unis et les forces de l’OTAN multiplient leurs activités et exercices aux frontières de la Russie, notamment et récemment dans les pays Baltes et en mer Baltique. Surtout, les États-Unis menacent de renforcer leur présence militaire dans plusieurs pays européens en envoyant des armes lourdes y compris des chars, et jusqu’à 5 000 hommes. Le prétexte avancé : celui de contrer une éventuelle agression de la Russie vis-à-vis de l’un de ces pays européens (...).
« Or le rapport des forces en présence exclut d’emblée une telle agression de la part de la Russie quand on sait que le budget militaire américain est supérieur à celui de tous les autres pays pris ensemble et que les dépenses militaires des pays de l’OTAN sont dix fois plus élevées que celles de la Fédération de Russie. En outre cette dernière ne dispose presque plus de bases à l’extérieur de son territoire.
« Dans ces conditions, il est inutile de discuter des intentions réelles ou supposées de la Russie. Il est clair que la “ pieuvre Yankee ”, comme Georges de Nantes désignait les États-Unis, étend ses tentacules sur toute l’Europe avec la complaisance, pour ne pas dire la complicité des pays Baltes et de certains pays de l’Europe de l’Est, en particulier de la Pologne. »
La Pologne, précisément, cette source perpétuelle de désordre au sein de l’Union européenne qu’est ce ramassis d’institutions supranationales, sans État, sans chef, sans âme, impuissantes pour le bien, habiles à tout mal, ennemies des nations qu’elles tiennent en main par les vices de la collégialité et par le pacte qu’elles se sont engagées à respecter au prix d’innombrables abandons de souveraineté pour le triomphe d’un libéralisme économique effréné. Selon notre Père, ce pacte « exige que les États soient complètement dépassés, de telle manière que les productions, distributions et consommations de biens ne subissent aucun barrage étatique et soient simplement l’objet du libre échange préconisé comme l’ultime perfection d’une vie économique délivrée de toute entrave ». Voilà un projet aux antipodes d’un nationalisme russe qui défend indépendance et souveraineté de la nation y compris dans la sphère économique.
En 2009, la Commission européenne alors présidée par le portugais José Manuel Barroso, avec le soutien sans faille de la Pologne, de la Suède et des trois pays Baltes, lança un projet de partenariat oriental à l’adresse de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, de la Biélorussie, de la Géorgie, de la Moldavie... et de l’Ukraine... Ce projet prévoyait la signature d’un accord d’association dont l’objectif était la réalisation d’une zone de libre-échange. D’un point de vue économique, ce contrat d’association, du fait de l’adaptation des normes ukrainiennes qu’il impliquait, était un non-sens économique. Surtout du fait que l’industrie ukrainienne n’avait rien à proposer qui puisse intéresser le riche et immense marché européen. Et le plus grave fut la mise à l’écart de la Russie, alors que Moscou avait dans cette affaire des intérêts légitimes à défendre, des obligations à faire respecter par l’Ukraine encore membre à part entière de la Communauté des États indépendants.
Il était donc trop clair que dans cette affaire l’objectif réellement poursuivi par la Commission européenne avec le soutien actif de certains États membres, la Pologne en tête, et en fait avec celui des États-Unis, était de rompre de force, « quoi qu’il en coûte » les derniers liens entre l’Ukraine et la Russie. C’est ce contrat d’association qui fut la cause immédiate et déterminante des événements dramatiques survenus en Ukraine à compter du 21 novembre 2013, qui ont dégénéré en un coup d’État suivi d’une guerre civile dressant les Ukrainiens pro-Europe contre les Ukrainiens prorusses, le tout attisé par des mouvements révolutionnaires nationalistes très hostiles à la Russie et aidés et financés par des organisations américaines et allemandes. Résultat de ces affrontements sanglants : 15 000 morts, un million et demi de personnes déplacées, des “ dégâts ” dévastateurs sur une économie déjà chancelante d’un pays très endetté, et sécession des provinces de Donetsk et de Lougansk autoproclamées républiques indépendantes, ainsi que celle de la Crimée qui a entre-temps rejoint le giron de la Russie.
Sous l’égide de la Russie, de la France et de l’Allemagne, l’État ukrainien a signé le 12 février 2015 avec les républiques sécessionnistes de Donetsk et de Lougansk les accords dits “ Minsk-2 ” qui prévoyaient notamment le recouvrement par l’Ukraine de sa pleine souveraineté sur l’ensemble de ses frontières avec la Russie, mais à la condition préalable d’un aménagement constitutionnel accordant aux provinces du Donbass une certaine autonomie.
Durant les huit années qui ont suivi, l’Ukraine n’a jamais mis en œuvre cette réforme constitutionnelle nécessaire pour aménager, comme elle s’y était pourtant engagée à le faire, l’autonomie salvatrice aussi bien pour les populations du Donbass que pour la paix dans le pays tout entier et même dans les relations internationales. Au contraire, au fil des années, elle n’a eu de cesse d’intensifier le siège des régions sécessionnistes en infligeant des bombardements meurtriers et il est apparu de plus en plus clairement que les autorités de Kiev se préparaient à mener des opérations militaires de grande envergure pour reprendre manu militari le contrôle des deux régions du Donbass, ainsi d’ailleurs que la Crimée, poussées en ce sens par les milices paramilitaires nationalistes révolutionnaires, vouant une véritable haine à la Russie et aux Russes d’Ukraine.
Pire, « en mars 2021, une nouvelle stratégie militaire a été adoptée en Ukraine, comme l’a expliqué Vladimir Poutine dans un discours du 21 février 2022. Ce document est presque entièrement consacré à la confrontation avec la Russie et fixe l’objectif d’impliquer des États étrangers dans un conflit avec notre pays. La stratégie prévoit l’organisation de ce qui peut être décrit comme un mouvement clandestin terroriste en Crimée russe et dans le Donbass. Elle définit également les contours d’une guerre potentielle, qui devrait se terminer, selon les stratèges de Kiev, “ avec l’aide de la communauté internationale à des conditions favorables pour l’Ukraine ” ainsi que – écoutez bien s’il vous plaît – “ avec un soutien militaire étranger dans la confrontation géopolitique avec la Fédération de Russie ” ce qui n’est rien d’autre que la préparation des hostilités contre notre pays, la Russie. »
Et pour atteindre de tels objectifs, pour s’assurer d’avance le soutien sans faille de la communauté internationale, les autorités de Kiev n’ont pas hésité à vassaliser leur économie, leurs institutions politiques, et même leur territoire... bref la souveraineté du pays tout entier, au profit des États-Unis et de leurs alliés déterminés, quant à eux, à instrumentaliser l’Ukraine y compris sur le plan militaire quitte à anticiper son adhésion à l’OTAN, pour en faire la tête de pont d’une guerre contre une Russie qualifiée ouvertement comme un pays ennemi à combattre ou, à tout le moins, à circonscrire dans ses frontières quant à son rayonnement international aussi bien politique qu’économique, à défaut de pouvoir neutraliser ce qui fait sa grande force : l’unité de son peuple autour de son chef prodigieux qu’est Vladimir Poutine.
C’est dans ces conditions que Moscou en décembre 2021 a présenté, mais en vain, à ses « partenaires occidentaux » deux projets de traité et d’accord entre la Fédération de Russie, les États-Unis d’Amérique et l’OTAN, portant sur des garanties de sécurité et visant trois points essentiels pour la Russie : empêcher toute nouvelle expansion de l’OTAN, interdire de déployer des systèmes d’armes d’assaut à ses frontières et ramener la capacité de l’Alliance en Europe au niveau où elle se trouvait en 1997, lors de la signature de l’acte fondateur OTAN-RUSSIE.
À l’issue de huit années, après celui des négociations, la Russie décidait d’employer le langage de la force pour défendre ses droits, respecter ses engagements et garantir sa souveraineté.
GUERRE EN UKRAINE.
Le 21 février 2022, Vladimir Poutine, au nom de la Russie, constatant l’intention délibérée et obstinée de la partie ukrainienne de ne pas appliquer les accords de Minsk-2, procédait à la reconnaissance pure et simple de l’indépendance et de la souveraineté de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Lougansk et signait aussitôt avec chacune d’elle un traité d’amitié et d’assistance mutuelle. Puis le 24 février, la Russie accordait son assistance militaire à ces deux nouveaux États, dans le cadre d’une action collective de légitime défense face à l’agression militaire des autorités de Kiev, ainsi d’ailleurs que l’article 51 de la Charte des Nations-Unies lui reconnaît ce droit.
Ce fut le début d’une offensive militaire russe de très grande envergure en territoire ukrainien. Offensive pour d’une part neutraliser les milices paramilitaires révolutionnaires nationalistes exerçant une criminelle répression sur les populations russophones de l’Est et du sud de l’Ukraine et une pression constante sur les autorités de Kiev pour faire obstacle aux accords de Minsk-2 et, d’autre part, garantir l’indépendance des deux États de la région du Donbass. Offensive surtout préventive pour démilitariser l’Ukraine et empêcher son asservissement définitif à l’OTAN, ce qui menacerait directement et irrémédiablement la sécurité de la Russie. Les États-Unis et d’autres pays européens tels l’Ukraine et même la Pologne voulaient une guerre dont la Russie n’avait plus le choix. Mais il lui en restait l’initiative et Vladimir Poutine l’a prise à la surprise du monde entier.
Mais ce fut, en parallèle, le déclenchement d’une guerre économique sans précédent, de très haute intensité conduite par les États-Unis, suivis par l’ensemble des pays de l’Union européenne et même de l’ensemble des pays industrialisés. Prétendument pour tarir les ressources financières de l’effort de guerre de la Russie, elle fut en réalité lancée par les Américains pour accélérer le “ débrayage ”, la scission, entre la Russie et le reste de l’Europe dans presque tous les domaines économiques et financiers, afin de réaliser, à leur profit seul, un gigantesque renversement géostratégique dans les sphères énergétique, alimentaire et même militaire. Les États-Unis savent que ce conflit en Ukraine leur ouvre une fenêtre dans cette guerre à mort qu’ils livrent à la Russie depuis un siècle... fenêtre qui se refermera, au moins en partie, lorsque d’une manière ou d’une autre les hostilités en Ukraine prendront fin. D’où la nécessité impérieuse d’alimenter le conflit en livrant massivement des armes à Kiev... non pas pour se porter à son secours, la défendre et encore moins pour lui donner une chimérique victoire, mais simplement pour que les combats se poursuivent quelque en soit le prix à payer par les Ukrainiens, pour faire obstacle à toute forme d’accord entre Kiev et Moscou.
Sans compter cette effroyable propagande contre Moscou que permettent d’alimenter ces combats militaires, comme la prétendue impossibilité dans laquelle ils mettraient actuellement l’Ukraine à exporter ses produits céréaliers, pour mettre d’avance sur le compte de la Russie la responsabilité d’une crise alimentaire mondiale. Il se trouve que l’Ukraine a toute la latitude matérielle pour évacuer ses productions agricoles vers l’étranger par voie de mer ou de terre, la Russie ayant donné de son côté par avance son plein accord à n’opposer aucune difficulté, à ne fixer aucune condition pour le départ de navires à partir des ports ukrainiens actuellement sous son contrôle. Et ils ne le sont pas tous, comme le port d’Odessa.
En tout état de cause, quelles que soient les difficultés des combats, y compris leur “ lenteur ” au demeurant justifiée par la nécessité de ne pas, outre mesure, écraser une Ukraine qui, même parjure, même infidèle, n’en demeure pas moins la “ petite Russie ”, le rapport des forces en présence, de semaine en semaine, plaide en faveur de Moscou du fait de sa supériorité de puissance de feu et de manœuvre dont elle garde seule l’initiative, du moins sur le front du Donbass. Mais l’issue de ce qu’il faut appeler une guerre, mais une guerre juste, une guerre légitime reste très incertaine et pour trois raisons.
Première raison. Cette guerre dépend d’abord des objectifs militaires à atteindre et des garanties à obtenir par la Russie et connus d’elle seule, mais aussi d’une bien hypothétique sagesse de l’Ukraine à reconnaître sa défaite et accepter les conditions russes pour signer un accord de paix. Le président ukrainien Volodymyr Zelinsky est plus digne d’un Charles de Gaulle que d’un maréchal Pétain de juin 1940.
Deuxième raison. Cette guerre régionale concentrée actuellement sur 120 000 km 2 représentant, avant la reconnaissance par la Russie de l’indépendance des républiques du Donbass, 20 % du territoire ukrainien, est pourtant d’une portée mondiale. Mais ce sont les États-Unis et leurs alliés qui en ont décidé ainsi, avec la fourniture massive d’armes de plus en plus lourdes, en particulier dans le domaine de l’artillerie. Dans ces conditions, un risque d’extension du conflit au-delà des frontières de l’Ukraine, sans compter le recours à l’arme nucléaire, ne peut être exclu. Par ailleurs, la politique étrangère américaine particulièrement active, en fait très agressive (cf. infra, p. 30) va conduire inexorablement chaque État à devoir se positionner par rapport à ce conflit, par rapport aux sanctions infligées à la Russie, avec la crainte de se les voir infligées à son tour à titre de représailles.
Par ailleurs, les événements d’Ukraine se déroulent dans un contexte économique mondial – qui les a d’ailleurs précédés, il est important de le souligner – extrêmement tendu. Contexte économique exacerbé aujourd’hui par les seules sanctions économiques massives assenées par les États-Unis et les pays de l’Union européenne et non pas par les opérations militaires proprement dites. La situation économique internationale n’en est donc que plus dangereuse. De quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’une hausse généralisée des prix, en particulier celle des produits énergétiques et alimentaires ayant provoqué par ricochet celle des engrais et donc des produits agricoles avec à la clef une crise alimentaire mondiale. Mais cette situation économique très dangereuse est bien antérieure aux événements d’Ukraine et Vladimir Poutine, au cours d’un entretien accordé le 5 juin dernier à une chaîne de télévision russe, a exposé très clairement les causes et donc les responsables de cette situation.
C’est d’abord une politique monétaire absolument folle, absolument immorale, ainsi que notre frère Bruno l’avait dénoncé lors de sa conférence d’actualités de mars 2021, conduite par Washington et destinée à relancer l’économie américaine au sortir de la crise sanitaire. Cette politique fut une erreur majeure comme l’a reconnu le Secrétaire américain au Trésor. Elle a occasionné une hausse inconsidérée et généralisée des prix au niveau de l’économie mondiale que parasite le dollar, en particulier ceux des produits alimentaires. À l’irresponsabilité des États-Unis s’est ajoutée celle des pays européens et de la Commission européenne qui, tablant avec une bien imprudente précipitation sur la fameuse transition écologique censée organiser l’abandon progressif des énergies dites fossiles, ont occasionné spéculation, chute des investissements dans les activités liées à l’extraction et à l’acheminement des hydrocarbures, entraînant donc par ricochet la hausse généralisée de leurs prix et ceux des engrais. Et si doit survenir une crise alimentaire, elle le sera de la seule responsabilité des États-Unis... et de l’Europe.
L’Europe justement... et pour être plus précis, l’Union européenne, jouissant jusqu’à présent d’une apparente grande prospérité économique, très attractive par ailleurs des grands mouvements migratoires mondiaux, qui prévoit aujourd’hui, sur réquisition des États-Unis, de se priver à plus ou moins brève échéance de toutes les richesses naturelles que lui vend par des contrats à long terme, donc à prix raisonnables, à “ prix d’ami ” si l’on peut dire, une Russie prête par ailleurs à travailler sans compter avec nous, pourrait bien demain être le théâtre de guerres et de famines telles que les a annoncées Notre-Dame à Fatima le 13 juillet 1917, telles que les a vues Jacinthe dans l’une de ses visions prémonitoires.
Troisième et dernière raison. La guerre qui se déroule aujourd’hui en Ukraine est une guerre de civilisation, une guerre de religion, une guerre entre Satan et la Sainte Vierge, comme notre frère Bruno a toujours placé ses analyses des actualités politiques dans lesquelles la Russie occupe une place centrale.
Les États-Unis et leurs alliés n’hésitent pas à placer leur guerre, leur soutien à la résistance “ héroïque ” de l’Ukraine sous la bannière de la Liberté, de la Démocratie et des Droits de l’Homme... bref c’est la Révolution américaine, française et bolchevique qui triomphe à Kiev et qui entend revenir à Moscou. Et notre Père n’a eu de cesse de nous mettre en garde contre ce parti de la Révolution, destructeur de toute civilisation traditionnelle, c’est-à-dire chrétienne, et qui est une religion.
Vladimir Poutine, certes de façon plus intuitive, comprend très bien l’enjeu de cette guerre qui l’oppose aux États-Unis et à leurs alliés : « Les tentatives pour nous utiliser dans leurs propres intérêts n’ont jamais cessé : ils ont cherché à détruire nos valeurs traditionnelles et à nous imposer leurs fausses valeurs qui éroderaient de l’intérieur notre peuple, les attitudes qu’ils ont agressivement imposées à leurs propres pays, des attitudes qui mènent directement à la dégradation et à la dégénérescence, car elles sont contraires à la nature humaine. Cela ne se produira pas. Personne n’a jamais réussi à le faire et ils ne réussiront pas non plus maintenant. »
Et c’est pour avoir refusé cet asservissement moral, pour avoir refusé d’abdiquer sa souveraineté tant sur le plan politique qu’économique, que la Russie joue désormais son destin national. Vladimir Poutine l’explique lui-même : « Leur seul et unique objectif est de freiner le développement de la Russie. Et ils continueront à le faire, comme ils l’ont fait auparavant, même sans prétexte officiel, tout simplement parce que nous existons et que nous ne compromettrons jamais notre souveraineté, nos intérêts nationaux ou nos valeurs. »
Mais pour revenir à l’intérieur des frontières de l’Ukraine et, finalement, celles de la Russie, cette guerre se déroule sur le fond d’une division, d’une scission entre chrétiens, catholiques et orthodoxes confondus. Mais, en définitive, surtout entre orthodoxes, entre ceux qui refusent et ceux qui acceptent cet esprit de Révolution, ce nationalisme révolutionnaire au nom duquel ils veulent acquérir leur indépendance vis-à-vis de la Sainte Russie. Division instrumentalisée par les autorités de Kiev pour soustraire définitivement les fidèles orthodoxes et leur clergé à l’autorité du Patriarcat de Moscou qui, lui, défend une Russie considérée comme le rempart d’une Chrétienté assiégée par un Occident dépravé.
C’est dans ces conditions que l’Église orthodoxe d’Ukraine s’est vu reconnaître en janvier 2019 l’autocéphalie par le patriarche de Constantinople à l’instigation de l’ancien président Petro Porochenko qui déclara alors : « C’est une nouvelle église sans Poutine (...) et sans prière pour l’armée russe » qui marque « la véritable indépendance de l’Ukraine vis-à-vis de Moscou ». Et tout récemment, le 27 mai 2022, l’Église orthodoxe ukrainienne, jusqu’alors rattachée au Patriarcat de Moscou, a signifié « l’autonomie et l’indépendance totale » vis-à-vis de son patriarche Kirill. Le schisme appelle le schisme, c’est normal... et c’est irrémédiable. C’est donc sans solution ?
Apparemment c’est la conclusion qui devrait s’imposer... Mais ce serait oublier que la Sainte Vierge aime la Russie. Elle lui est confiée par le Bon Dieu et elle la sauvera... C’est-à-dire elle sauvera Moscou... et Kiev... dont les destins sont à nouveau liés par leur consécration commune au Cœur Immaculé de Marie prononcée par le pape François le 25 mars 2022.
LA CONVERSION DE LA RUSSIE
La Russie a été « mise à part » par le Bon Dieu et la Sainte Vierge. Mise à part du reste du monde y compris durant les soixante-quatorze années qu’a duré la possession communiste et qui l’a finalement préservée des grandes erreurs de l’Occident.
À l’issue d’une succession providentielle d’événements, pour ne pas dire miraculeuse, la Russie libérée de cette erreur du communisme s’est retrouvée à compter de l’année 1999 en situation de réaliser à l’intérieur comme à l’extérieur de ses immenses frontières une œuvre de restauration politique et morale prodigieuse et qui d’ailleurs continue à la « mettre à part » de cet Occident qui persiste, lui, à se complaire dans cette effroyable religion, aujourd’hui enseignée de la chaire de saint Pierre. Notre Père nous a fait sentir et comprendre toute l’horreur que doit nous inspirer cette religion dont le dogme essentiel peut se définir en quatre mots : culte de l’homme.
Mais le Bon Dieu et la Sainte Vierge ont un autre dessein sur la Russie. Moscou libérée de Byzance « ville pouilleuse et musulmane », ruinée pour son humiliation, ce dessein serait celui de ressusciter, reconquérir, agrandir, au Sud, cette Chrétienté d’Orient à laquelle lui donnent accès les immensités de son territoire.
Mais selon quelle politique ? Selon la politique de la Sainte Vierge passant par la conversion à son Cœur Immaculé de ces innombrables populations notamment musulmanes se trouvant aussi bien sur son propre territoire qu’aux portes de ses infinies frontières et avec lesquelles elle entretient d’ores et déjà avec aisance et de façon très naturelle des relations très apaisées.
Et à l’Ouest ? Se réconcilier avec la Chrétienté d’Occident qui est tout autant à sauver, à restaurer. Et d’abord avec Kiev.... et Rome... et Fatima....
Mais quand cela surviendra-t-il ?
Quand les derniers démons qui le possèdent encore seront extirpés de ce peuple de Russie. « Ceux du schisme et de l’hérésie ! » comme l’écrit notre Père. Mais pour ces démons-là, la Sainte Vierge s’est d’avance attribué à elle-même, à son Cœur Immaculé, toute la gloire d’un pareil miracle. Lorsque le Saint-Père daignera consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie ? Mais il a prononcé cette consécration, de surcroît en se soumettant aux prescriptions données par Notre-Dame elle-même, ce qui est déjà en soi un miracle qu’il doit achever en préconisant, en recommandant la dévotion réparatrice des premiers samedi du mois.
Alors la Russie se convertira. « Ce sera prodigieux écrit notre Père, la Russie par son étonnante conversion sera un objet de stupéfaction et un instrument de salut pour tous les autres peuples, tombés dans l’anarchie, l’immoralité, l’apostasie. » Et alors le monde connaîtra un certain temps de paix, car « la Russie convertie sera médiatrice de paix mondiale », dit notre frère Bruno, car, précise notre Père, « la Russie convertie évangélisera le monde entier ». Prions, prions, prions beaucoup pour le Saint-Père et sans attendre qu’il nous le recommande, embrassons dès à présent, en esprit de réparation, de notre Très Sainte Mère, la dévotion réparatrice à son Cœur Immaculé.
frère Pierre-Julien de la Divine Marie.