Il est ressuscité !

N° 239 – Janvier 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Je vous aime, ô Marie !

Cette photographie que nous avons déjà publiée ne présente pas, contrairement à ce que nous indiquions, la rencontre entre le pape Jean-Paul Ier et le métropolite Nikodim de Leningrad. Elle fut prise en réalité le 7 septembre 1978, soit deux jours après la mort soudaine du métropolite. Le bienheureux Jean-Paul Paul Ier recevait la délégation russe envoyée au Vatican afin de rapatrier le corps de Nikodim. Kirill Gundjajev – aujourd’hui Patriarche de Moscou – faisait partie de cette délégation et c’est lui que l’on voit avec le Pape. Kirill fut le secrétaire personnel du métropolite défunt de 1970 à 1974, et occupait le poste de recteur du séminaire de Leningrad en 1978. Encore aujourd’hui, le Patriarche n’hésite pas à se dire le « fils spirituel » de Nikodim dont il est le successeur à Moscou.

UN frère me fait part de ses réflexions... à « pourpoints déboutonnés ». La première concerne le pape François et sa consécration du 25 mars, qui ne semblent pas faire l’unanimité malgré les explications de vos éditos, m’écrit-il.

Une question légitime exprime bien le malaise : quelle est la différence entre la consécration de François au Cœur Immaculé de Marie et celle de Léon XIII au Sacré-Cœur ?

« Si l’on utilise notre logiciel d’analyse par défaut, le scientifique, le cartésien, la réponse claire et ­distincte ne tardera pas, “ sans inférence ”, comme disait Guérard des Lauriers dans sa dramatique altercation du 21 juillet 1969 avec notre Père... Et donc, pas de différence entre l’une et l’autre consécration : semblable demande du Ciel, semblable exécution apparente de la part de ces deux Papes, semblable résistance intérieure à la volonté de Bon Plaisir de Dieu. Par conséquent semblable non-réponse de Dieu à ces deux consécrations...

« Pas de différence non plus entre les deux Souverains Pontifes : que l’être relationnel de l’un se soit construit en rupture vis-à-vis de ses vrais saints prédécesseurs, tandis que l’être relationnel de l’autre soit très lourdement impacté par sa formation conciliaire et l’exemple de ses prétendus saints prédécesseurs, cela n’entre pas du tout dans le logiciel d’analyse scientifique. Par défaut, celui-ci réduit, isole, objective. Quelqu’un pourra m’écrire : “ François a fait cet acte comme un idolâtre devant une statue, sans penser que Notre-Dame de Fatima a tout pouvoir pour nous sauver, à condition que nous invoquions au moins son Nom ! 

« Donc, on ne se moque pas de Dieu : la grâce est évidemment liée, manière théologique de dire que la volonté de Dieu n’est pas du tout satisfaite. La consécration du 25 mars, c’est nihil ou prope nihil, tout sauf un miracle... On ne peut rien en attendre, et donc la malédiction de Dieu est sur nous, la rupture entre Lui et nous est absolue... »

Il n’y a pas de remède à notre désespoir.

Notre frère réplique : « Mais au fait, qui est Dieu ?... Il me semble que, si l’on ne juge pas de toutes ces choses sacrées, d’Église et de Papes, selon le logiciel relationnel, biblique, orthodromique de notre bienheureux Père, on ne peut qu’éprouver une exaspération primaire, dangereuse parce qu’apparemment rationnelle. Cette exaspération, très légitime à première vue, ne tient pas compte du poids du péché du monde, celui de nos péchés personnels, par conséquent. »

Ici, cette réflexion de notre frère rencontre celle de sœur Lucie écrivant au Père Aparicio après la “ consécration ” prononcée par Pie XII qui ne nommait même pas la Russie ! « Je me réjouis des progrès que la dévotion au Cœur Immaculé de Marie est en train de faire de toutes parts. Elle sera ce qui, dans les temps actuels, nous sauvera.

« Il serait nécessaire d’intensifier beaucoup la prière et le sacrifice pour la conversion de la Russie. Bien que la consécration de cette nation n’ait pas été faite dans les termes demandés par Notre-Dame, nous verrons si nous obtiendrons son retour à Dieu. J’ai de grandes espérances, parce que le Bon Dieu connaît bien les difficultés.

« Là-bas (au Brésil), prie-t-on pour le Saint-Père ? Il est nécessaire de ne pas cesser de prier pour Sa Sainteté. De grands jours d’affliction et de tourmente l’attendent encore. »

C’est l’amour de Dieu qui est entré en lice contre le Démon déchaîné, et qui va vaincre à sa manière, paradoxale. Dans cette lutte finale où l’on voit que les Pasteurs sont frappés, les brebis dispersées, et tous plus ou moins « enfermés dans la désobéissance » par Dieu, « pour faire à tous miséricorde » (Rm 11, 32)...

« Ce qui nous en assure, continue notre frère, c’est la consécration du 25 mars, certes minimaliste, mais qui fut un très sincère cri du cœur, un appel au secours lancé au Cœur Immaculé de Marie, comme aussi un bilan vrai de la situation, dans un langage diplomatique ou imagé, mais accablant pour tous... Enfin, vous avez vraiment tout bien dit sur ce sujet...

« Ce mystère d’iniquité est bien sûr celui de deux religions qui se battent au sein d’une même Église, à condition de préciser que c’est par voie d’autorité, au nom de l’obéissance que le mal d’apostasie, “ une falsification du christianisme ”, “ un autre Évangile ”, s’est répandu dans l’Église et s’est imposé depuis Vatican II... Cela n’excuse pas le pape François, mais explique son attitude... Il est couvert par l’obéissance que Dieu a ordonné d’avoir envers ses ministres : “ Qui vous écoute, m’écoute ”... 2 500 évêques, quatre papes dont deux canonisés, un bienheureux, et le quatrième qui le sera aussi, que voilà un être relationnel bien handicapé, bien malade... Et le seul adversaire, d’ores et déjà victorieux, de ce grand mouvement d’apostasie qui s’est imposée dans l’Église par voie d’autorité, c’est Georges de Nantes, notre Père, en raison de son appel à l’autorité même de Dieu, à l’infaillibilité pontificale, menant une action conjointe et conforme à celle de la Vierge Marie à Fatima... Que tout cela est vertigineux !

« Jeune frère, je m’étonnais souvent de ce que l’on focalise sur la consécration de la Russie et que l’on parle moins de la dévotion réparatrice et de ses attendus... Il me semble mieux comprendre désormais que ce n’était pas seulement à cause de la situation politique mondiale et de l’URSS qui la dominait... Car même chez sœur Lucie on sent cette priorité...

« Maintenant, il me semble comprendre que le Bon Dieu savait bien que des deux demandes, la première, la plus facile finalement, serait réalisée par le Pape, et qu’il n’y aurait pas ainsi totale rupture d’Alliance... François paraît évidemment ressembler à ces astres errants dont parle saint Jude, mais non ! Il a jeté une ancre dans le Ciel, dans le Cœur Immaculé de Marie... Il échappe ainsi, lui et l’Église, au Démon... Les châtiments pourront tomber dru, ils le conduiront à prescrire la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie. Mais cela ne pourra se faire que dans les tumultes et les ­persécutions vus en songe par Jacinthe...

« Depuis que vous nous l’expliquez en y revenant si souvent, il me semble mieux réaliser à quel point la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie est non seulement la contradiction absolue des mises à jour conciliaires, mais qu’elle a rencontré à Rome, depuis Pie XI surtout, une opposition de principe, semblable à celle que rencontra la dévotion des neuf premiers vendredis du mois de Paray-le-­Monial... Et d’ailleurs, je me suis posé cette question : la dévotion des neuf premiers vendredis du mois a-t-elle été encouragée, recommandée par Rome, par le Magistère ? Alors, celle du Cœur Immaculé de Marie, avec les précisions claires et radicales de Jésus et de Notre-Dame de Fatima s’est heurtée au même... prodigieux mystère d’iniquité ! Terrible bras de fer entre l’amour de Dieu, c’est-à-dire entre les saints Cœurs de Jésus et Marie, et leurs ministres ; depuis si longtemps finalement...

« Quand certains voient le Pape avec la Pacha-mama, ou bien affublé de plumes d’Indiens, cela les fait rugir, et moi, cela m’écrase, j’ai pitié de lui... Il me semble qu’il faut faire preuve d’intelligence en dénonçant, en démasquant les erreurs, les sophismes, comme vous avez fait dans votre conférence sur le voyage du Pape au Canada, puis démontrer surtout, creuser et expliciter la cause première de ces actes d’apostasie, autrement dit les faux principes, les désorientations diaboliques qui ne datent pas d’aujourd’hui, mais qui se sont imposées au Concile par la faute du seul Paul VI pour ainsi dire... » sous le règne duquel Bergoglio a reçu sa formation.

« C’est pourquoi il me semble que l’occurrence des soixante ans du Concile, qui seront célébrés jusqu’en 2025, sont l’occasion de rappeler que la “ grande affaire ” de la vie de notre Père, et qui reste la nôtre, n’est pas de démolir le Pape, mais de démolir Vatican II, sachant que l’Immaculée écrasera la tête du Serpent dissimulé sous la lettre des textes conciliaires et du CEC. »

LA RUSSIE CONVERTIRA LE MONDE

Pie XI a déclaré le communisme soviétique, les erreurs de la Russie, intrinsèquement pervers, il aurait dû faire une déclaration analogue à propos de la franc-­maçonnerie et des erreurs de l’Amérique, la nation que cette secte anime depuis son origine. S’il ne l’a pas fait, c’est que cette nation intrinsèquement protestante et maçonnique avait déjà bien avancé son œuvre de désorientation diabolique, de séduction et de dévoiement de la religion catholique, cela, avant comme après la crise de l’américanisme, désorientation, par bien des côtés, analogue à celle de Vatican II (responsabilité de Léon XIII et de tous les autres Papes ensuite à l’exception de saint Pie X).

La conférence remarquablement documentée de notre frère (Il est ressuscité n° 237, oct.-nov. 2022, p. 8-21), nous invite à donner le primat à l’orthodromie catholique, à l’intelligence qu’elle nous donne de la géopolitique, et donc du rôle des États-Unis dans cette lumière du dessein de Dieu dans l’histoire. En cette vue plus panoramique et globale que celle que le titre annonce, on assiste à la montée en puissance d’une nation antichrist ; une démesure comme il n’y en a jamais eu de pareille, pour ainsi dire, dans l’histoire ; et ensuite un déclin face à une contestation grandissante de son hégémonie...

« Échec de l’ambition hégémonique des États-Unis » ? L’ambition en question est celle du messianisme protestant rendant tout à la fois un culte à la morale démocratique et surtout à l’argent... Elle est donc révolutionnaire à Washington et Pékin, et “ réformiste ” à Rome, au Vatican... Notre frère a mis en lumière le déclin de l’empire américain, l’échec de son hégémonie, savamment expliqué dans la dernière partie de son article. Les États-Unis, nation de proie protestante, va “ d’échec cuisant ” en “ échec cinglant ” tout en montant en puissance, et pas n’importe quelle puissance. Puissance “ religieuse ” antichrist qui a défié le Ciel (le Sacré-Cœur en 1898), qui a subjugué tous les Souverains Pontifes depuis Léon XIII, à l’exception de saint Pie X, et point d’orgue avec Vatican II et le rôle prépondérant des théologiens américains pour imposer le droit social à la liberté religieuse... sans oublier Jean-Paul II stipendié par les États-Unis, pour semer la Révolution en Pologne... Puissance culturelle qui a affolé et corrompu la jeunesse du monde entier par son cinéma, son rock’n’roll, sa promotion de l’amour libre, et qui continue de le faire de la plus satanique manière...

Puissance politique et militaire qui a imposé au monde entier son protestantisme matérialiste et révolutionnaire par le biais de ses grandes institutions internationales, avec la complicité des francs-maçons européens, lors du traité de Versailles, puis des accords de Yalta... Puissance, certes contestée, mais puissance qui domine encore aujourd’hui le monde par sa force, mot-clé de la politique totale ; force brute, militaire, force encore économique qui inflige des sanctions à qui elle veut... Puissance révolutionnaire, diabolique qui, à la faveur du conflit en Ukraine fait d’une pierre deux coups. Elle s’attaque à la Russie, au principe d’autorité qu’elle représente, et au christianisme intégral qu’elle incarnera bientôt ; mais elle poursuit surtout ainsi sa vassalisation des nations, jadis catholiques et d’origine divine et mariale, c’est tout comme, de la vieille Europe ; au-delà de la vassalisation, il faudrait parler de ruine économique, morale et politique, à brève échéance, sous le gouvernement d’hommes et d’institutions dirigés par la franc-maçonnerie...

Un esprit supérieur est à la manœuvre. Il poursuit un but qui n’est pas d’aujourd’hui. Or ce personnage se joue des “ échecs ”, plus : il se maintient au pouvoir et progresse d’échec en échec, de président stupide en président naïf et incapable... Maurras est dépassé... La démocratie n’est pas « la maladie sénile des sociétés ». C’est une machine de guerre contrôlée par la franc-­maçonnerie ; elle travaille pour la prospérité des nations protestantes, l’Amérique en tout premier lieu, et elle provoque la décadence et ruine des nations latines, catholiques, et son action dans le reste du monde vise à entretenir un chaos systématique favorable aux intérêts économiques des États-Unis...

C’est la phase ultime d’un combat annoncé par sœur Lucie au siècle dernier : « La très Sainte Vierge ne m’a pas dit que nous sommes dans les derniers temps du monde, mais je l’ai compris pour trois raisons : La première parce qu’elle m’a dit que le démon est en train de livrer une bataille décisive avec la Vierge, et une bataille décisive est une bataille finale où l’on saura de quel côté est la victoire, de quel côté la défaite. Aussi, dès à présent, ou nous sommes à Dieu ou nous sommes au démon ; il n’y a pas de moyen terme. »

frère Bruno de Jésus-Marie