Il est ressuscité !

N° 239 – Janvier 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Épiphanie réparatrice

DANS la nuit de Noël,  à minuit précise, notre frère sacristain illumina la crèche de la chapelle de la maison Saint-Joseph, dans laquelle frère Bruno allait déposer l’Enfant-Jésus. Si les regards des fidèles massés dans la nef obscure convergèrent d’abord vers l’étable lumineuse, ils glissèrent bientôt vers la représentation d’une autre manifestation de la Vierge Immaculée et de son divin Enfant, encore plus brillante, peut-être, sous son baldaquin d’or : l’apparition de Pontevedra, le 10 décembre 1925, épiphanie du Cœur Immaculé de Marie.

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« Toi, du moins, tâche de me consoler », demande Notre-Dame à Lucie... et à nous tous aujourd’hui. C’est le thème de notre crèche et tout notre programme d’année : poursuivre notre “ opération mariale spéciale ”, répandre le plus possible la petite dévotion réparatrice que Dieu veut établir dans le monde, pour faire porter du fruit à la consécration de la Russie miraculeusement accomplie par le pape François le 25 mars dernier.

De Palestine au Portugal, de l’étable de Bethléem à l’humble cellule de Pontevedra, l’orthodromie est sûre ! Frère Bruno nous l’avait expliqué le matin même dans son sermon de la vigile de Noël :

« La Bible est le recueil de la révélation de Dieu, dans tout son déroulement, de la Genèse à l’Apocalypse. Notre Père en décrivait le mouvement comme une sorte de cascade, ou une suite de tuiles, comme le chant grégorien, expression incomparable de ce mystère tout au long de l’année liturgique. C’est comme une suite de tuiles qui se revêtent les unes les autres pour donner une suite sans césure.

« Ce n’est pas une seule alliance, ce ne sont pas deux alliances, il y en a plusieurs qui se succèdent et, d’une alliance à l’autre, le dessein de Dieu prend forme, s’accomplit, nous parle davantage à l’esprit et au cœur. Cela devient une histoire, une histoire sainte. Une histoire sainte dont chaque étape consiste, pour Dieu, à introduire, avec une douceur extrême, la tuile suivante sur les précédentes, de telle manière que nulle ne se perde en route. Aucune de ces alliances successives n’est une révolution par rapport à celle qui la précède, au contraire, c’est une tradition (...).

« Aujourd’hui, nous le savons : “ Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. ” Fatima est l’ultime “ tuile ”, l’ultime renouvellement d’alliance, l’ultime révélation dont sœur Lucie nous a avertis qu’elle était celle des derniers temps. »

En contrebas de Pontevedra, montant à la crèche, une longue procession gravit un sentier escarpé. C’est l’évocation des pèlerinages de réparation organisés par notre Phalange dans tous les sanctuaires de Notre-Dame afin de préparer son “ Retour ” au Royaume des Lys. Des dizaines de petites bannières évoquent ceux déjà réalisés, que nous raconte frère Thomas chaque mois, mais aussi tous ceux qu’il nous reste à accomplir : Lourdes, Pellevoisin, Querrien, Chartres, L’Épine, Rocamadour, Mesnil-Saint-Loup, Ars, La Salette, Le Laus, Marienthal... Liste qui ne demande qu’à être complétée par les nouveaux pèlerinages que vous aurez à cœur de préparer pour consoler l’Immaculée !

LA MANIFESTATION DE LA GLOIRE DE DIEU, 
DES PLAINES DE BETHLEEM A LA COVA DA IRIA
(frère Bruno de Jésus-Marie, 25 décembre 2022)

« L’Ange du Seigneur se tint près d’eux » (Lc 2, 9).

Comme à Fatima, deux mille ans plus tard ! L’Ange du Seigneur se tint auprès des enfants de Fatima... qui étaient précisément des bergers, eux aussi. Décidément, Dieu a une prédilection pour les bergers. Et pourquoi donc ? Parce qu’il se fera lui-même le Bon Pasteur de ses brebis. À Fatima, ce sont des brebis gardées par des enfants, sanctifiés par deux mille ans de christianisme. À Bethléem, aux jours de la Nativité, ce sont de pauvres gens que ces bergers, qui vivent solitaires, ne sont pas très estimés. Ils sont souvent de très mauvaises mœurs et le Bon Dieu a pitié d’eux. Mais à Fatima, à y regarder de plus près, ce n’est pas brillant non plus, c’est même pire : le Portugal est aux mains des francs-maçons, c’est-à-dire des ennemis de Jésus-Marie, Joseph ! Des complices du lion qui rôde, cherchant qui dévorer !

« L’Ange du Seigneur se tint auprès d’eux et la Gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté. »

Comment peuvent être enveloppés de lumière des bergers ? Au vingtième siècle, il y a des bergers qui ont été pris dans cette présence de Dieu. Ils en ont dit des choses que personne n’avait dites avant eux. Pas même saint Luc ! Et pourtant, saint Joseph et la Sainte Vierge avaient connu les premiers cette emprise de la nuée lumineuse en laquelle on se connaît, on se voit en Dieu, intimement, mieux que dans le plus pur des miroirs. Ainsi que l’ont expérimenté à leur tour Lucie, François et Jacinthe, et qu’ils l’ont raconté.

« La Gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté et ils furent saisis d’une grande crainte. »

Crainte révérencielle, en présence des choses célestes.

PREMIER SAMEDI DU MOIS

Les 7 et 8 janvier, nos amis vinrent célébrer à la maison Saint-Joseph le premier samedi du mois.

Frère Bruno ne trouva pas de meilleure façon, pour tenir compagnie un quart d’heure à notre Mère chérie, que de nous faire visiter la crèche. Méditation savoureuse qui rassemble et illustre merveilleusement tous nos amours et nos soucis du moment. Depuis le matin, elle attirait petits et grands. Tous les caractères trouvent à y rassasier leur curiosité et leur dévotion. Les enfants touchent à tous les santons ! Personne ne s’en retourne sans donner son baiser à l’Enfant-Jésus.

MAGNIFICAT !

En ouvrant ces deux jours de retraite, frère Bruno nous avait proposé une manière particulière de consoler le Bon Dieu et sa divine Mère : en chantant le Magnificat, pour action de grâces de notre communion réparatrice. Le commentaire de ce cantique, que vous retrouverez dans les logia, fut la trame de cette session, nous introduisant dans les sentiments du Cœur de notre Mère.

« La Vierge Marie est une militante de Dieu, qui allie en elle la mystique et la polémique. La mystique, parce qu’elle rend grâce à Dieu de ses œuvres de pure bonté. Les premiers versets du Magnificat que chante la Vierge Marie pour le mystère de l’Incarnation en elle-même, nous les disons aussi à cause de la communion, de la présence de Dieu en nos âmes.

« Quand nous en arrivons à la deuxième partie, nous nous sentons dans l’Église militante, et nous savons que la Vierge Marie est à notre tête, dans ce grand combat que nous livrons à la puissance des ténèbres, ce grand combat engagé par Abraham et qui va jusqu’à l’Apocalypse, jusqu’au Jugement dernier. Nous nous sentons comme Marie, un maillon de cette chaîne qui nous mène à la victoire. »

VIE DE LA TRES SAINTE VIERGE

L’après-midi, nos amis reprirent le fil des conférences de notre dernière retraite d’automne (S 174). Elles nous firent découvrir en Jésus, Marie et Joseph les modèles d’une tendre dévotion réparatrice.

4. VIE CACHEE A NAZARETH.

Après les merveilles de la Nativité, les Évangiles ne trouvent presque rien à nous dire des trente années de vie cachée de la Sainte Famille à Nazareth. Trente années apparemment inutiles, afin de nous enseigner que la terre n’est rien.

Ce fut, au-dedans, une vie bienheureuse de prière, de silence, de travail, sous la gouverne de saint Joseph ; au-dehors, une vie humiliée, méprisée, parmi les pécheurs. La dévotion réparatrice que le Ciel nous demande aujourd’hui trouve ainsi son modèle à Nazareth, dans la compassion de saint Joseph pour les avanies endurées par Jésus et Marie. Comprenant la vocation douloureuse du Messie rédempteur, il acceptait ces souffrances et pardonnait, entrant ainsi par avance dans le mystère de la Rédemption.

À l’âge de douze ans, lors du Recouvrement au Temple, Jésus révéla soudain à ses parents son intimité avec son Père. De ce jour, il les instruisit cœur à cœur, leur révélant pleinement son mystère.

Finalement, le soir de la mort de saint Joseph, Jésus annonça à sa Mère son départ : pour la vie publique, les persécutions et la croix. Cette séparation achève d’introduire la Vierge Marie dans ses mystères douloureux, pour que le monde entier connaisse et aime comme Elle Jésus.

5. À CANA, DEBUT DE LA VIE PUBLIQUE.

Durant sa vie publique, Jésus rompt avec sa famille charnelle. Marie s’efface donc. La Mère et le Fils font le sacrifice de leur affection pour nous révéler la splendeur de l’adoption filiale, pour nous introduire tous dans leur famille spirituelle, l’Église. Tel est le « secret de leur commun renoncement » que nous dévoile notre Père.

Néanmoins, par touches délicates, les Évangélistes laissent entrevoir le rôle suréminent de Marie dans le ministère de Jésus. Cette conférence nous fit méditer les premières manifestations publiques de Notre-Seigneur, que la liturgie de l’Épiphanie associe à la visite des Mages : déjà secrètement présente lors du baptême de Jésus, sous l’emprise du Saint-Esprit et par cette mystérieuse forme de colombe, c’est surtout à Cana que se manifeste sa mission de Médiatrice, toute-puissante sur le Cœur de son Fils. Il ne peut rien lui refuser !

À Naïm, la seule vue d’une veuve pleurant son enfant mort suffit à le bouleverser et le pousse à faire un miracle, par compassion pour sa propre Mère. Jésus a commencé par éprouver lui-même pour le Cœur de sa Très Sainte Mère cette compassion qu’il nous a recommandée à Pontevedra !

POUR VOS ÉTRENNES...

Ma bien chère Mère,

J’ai lu et relu le dernier livre, Il était une fois... Georges de Nantes, avec grande satisfaction et aimant tous les choix que vous avez faits pour élaborer une ligne très pure d’une vie toute donnée à Jésus et Marie, dans l’innocence d’une enfance très protégée dans une société choisie, enfance pure, aimante, sans tous les problèmes d’aujourd’hui, préservée, puis d’une adolescence elle aussi gardée des dangers existants par une famille et des institutions, plurielles ! dans une société encore chrétienne ; un adolescent donc préservé, gardé, obéissant à ces différentes institutions, donc suivant la légitimité du Maréchal, sans problème de conscience, puis le séminaire dans la logique d’une vocation ancrée dans le choix de Dieu à son baptême, et toute tournée vers le service de l’Église et de la Patrie, selon l’exemple du Père de Foucauld, la vision d’une escadre rentrant en grand pavois dans le port de Brest et des Chantiers de jeunesse.

C’est dans cette même ligne qu’il se trouve amené à s’opposer aux ennemis de cette Chrétienté : en Algérie, lors du Concile, pour défendre ses amours.

Ce qui frappe, c’est la simplicité – on dirait maintenant l’évidence – d’une telle vie. On n’y voit pas de constructions humaines, personnelles, complexes. Non, c’est toujours le même petit garçon qui aimait Jésus et Marie dans et par ses parents et maîtres. Le dessin de son ordination le montre bien. Aucune construction orgueilleuse...

Je vous livre en vrac les réflexions qui me viennent : dans une époque extrêmement complexe, cette vie, bahutée de ci, de là, est cependant simple parce que chaque fois guidée par des amours supérieurs – pas des devoirs. Pour des enfants, ce livre présente une vie remplie d’amours, à tous les âges : c’est donc attrayant et c’est une pédagogie. Pas par la raison raisonnante, mais par des amours concrets, charnels, qu’on ne s’invente pas mais que Dieu très bon a placés autour de nous, et pour nous. Il s’agit ensuite d’accepter les événements découlant de ces amours premiers, pour les honorer. Amour de Dieu et amour du prochain sont bien liés. Évidemment, cela plaide pour une société chrétienne, qui soutient, aide, corrige la vertu.

Que voilà une religion aimable, dont le Dieu aime et aide ses enfants, de ses mystères joyeux aux mystères glorieux, dans l’obéissance. Serait-ce idyllique ? La courbe de cette vie s’achevant dans l’humiliation et l’abjection contredit l’objection. L’idylle, c’est de suivre au plus près les désirs du Cœur de Jésus et Marie qui, alors, n’abandonnent jamais leur élu, surtout dans la croix, qui sera sa gloire : quelle leçon pour les phalangistes !

Que voilà un beau livre, agréable déjà à regarder, d’une impression attrayante pour les enfants... et les autres. De là-haut, le Père doit être très fier de ses filles et de leur vaillante Mère. votre fille C.

Récapitulation pour nos enfants : Suivre le Père, c’est aimer ardemment Jésus et Marie, obéir aux autorités tutélaires, puis servir, défendre nos amours attaqués. Beau programme !

6. VIE PUBLIQUE : GRANDES CONTROVERSES.

La conférence suivante, regardée le lendemain matin, tourna déjà nos regards vers la Passion.

À mesure que se noue le drame qui mènera Jésus à la Croix, l’union de son Cœur et du Cœur de sa Mère se resserre ; à mesure que croissent les douleurs du Rédempteur, la compassion de la Vierge corédemptrice devient plus poignante. Notre dévotion réparatrice s’enracine dans la tendresse du Cœur Immaculé de Marie envers le Cœur de Jésus brisé de peines dans ses combats et dans sa Passion.

La Vierge Marie avait rejoint le groupe des saintes Femmes au moment où la situation de Jésus devenait tragique. Elle assista en silence à ses grandes controverses avec les pharisiens orgueilleux et perfides, frémissant d’angoisse à leurs injures, leur haine homicide, souffrant de la pusillanimité des Apôtres, de la trahison de Judas qu’elle devinait. Mais elle admirait immensément son Jésus, se nourrissant de tous les sentiments qui paraissaient sur sa Face !

Après le dernier repas, au cours duquel elle pressentit tout ce qui allait advenir, après avoir communié au Corps de son Fils, elle accepta de le laisser partir seul pour endurer seul son effroyable agonie, sa Passion douloureuse, ignominieuse. Son Cœur compatissant et maternel, mystérieusement renseigné par le Saint-­Esprit des états de son Fils, l’accompagna tout au long de ces heures terribles, souffrant comme Lui, avec Lui, pour sauver les pécheurs.

Voilà qui renouvelle notre méditation des mystères du Rosaire, et nous encourage à multiplier nos chapelets quotidiens !

La messe de l’Épiphanie, dans une église de la région, fut emblématique de “ l’ecclésialité ” de la CRC. Les paroissiens furent ravis d’entendre leurs chants soutenus par notre foule unanime et de voir leur église remplie par des dizaines de familles nombreuses dont les enfants envahirent la nef, les bas-côtés et bientôt même le chœur, lorsque quelques garçons, habillés en hâte à la sacristie par une paroissienne, rejoignirent Monsieur le Curé avec encensoir, cierges, clochettes et croix de procession. Quelle belle messe !

De retour à la maison Saint-Joseph, après avoir tiré les rois, nos amis assistèrent à la conférence d’actualités de frère Bruno.

À PROPOS DU FILM “ RESTE UN PEU ”...

Cher frère Thomas,

Suite à votre demande, voici ce que très modestement je peux dire du film Reste un peu de Gad Elmaleh.

Celui-ci est un juif d’origine marocaine né en 1971, qui depuis pas mal d’années connaît un vif succès en France en tant qu’humoriste, acteur et réalisateur ; il est même très connu à l’échelle internationale (Canada et États-Unis notamment). À la surprise générale, cette star, qui n’échappe pas aux frasques souvent liées à l’univers du spectacle, vient de réaliser en cette année 2022 un film dans lequel il met en scène sa conversion au catholicisme et joue son propre rôle. Un film autobiographique, si l’on peut dire. Bon nombre de catholiques de tendance “ traditionnelle ” s’en sont émus et ne tarissent pas d’éloges sur cette conversion d’une vedette de confession juive à notre religion. Curieux, nous sommes allés voir ce film et voici ce que nous y avons relevé.

Gad Elmaleh insiste beaucoup sur le rôle de la Sainte Vierge dans sa conversion. En effet, il nous présente cette conversion comme une réponse à une sorte d’appel, de voix intérieure peut-être, qu’il semble percevoir chaque fois qu’il se tourne vers une représentation – statue ou image – de la Vierge Marie qui, avoue-t-il, le hante depuis de nombreuses années, alors que pourtant ses parents l’ont élevé dans une stricte foi juive, très hostile aux autres religions, à commencer par le catholicisme : par exemple, ferme interdiction, depuis son enfance à Casablanca, d’entrer dans une église, comme si c’était un lieu de perdition diabolique.

Reste un peu nous présente le parcours de Gad (l’acteur, l’humoriste, présenté comme tel dans le film) dans son cheminement vers le baptême. Tandis qu’il se recueille devant une statue de la Vierge dans une église parisienne, il est très charitablement abordé par une jeune fille à la foi apparemment ardente et sincère, qui a tout d’une jeune charismatique ; le voici présenté au jeune prêtre de la paroisse, un sympathique curé charismatico-­progressiste, qui l’accueille chaleureusement. Gad est alors bien reçu dans le groupe des paroissiens, mais c’est pour lui le commencement de l’hostilité familiale : son père, sa mère, son frère, sa sœur... Une famille très unie, où l’affection est partagée, mais où n’est pas tolérée cette « trahison », de surcroît pour ce qui est à leurs yeux la pire des religions ! Le film fait ressortir non sans humour (ce qu’un « goy », un non-juif n’aurait jamais pu se permettre), à travers les personnages du père et de la mère, et de deux rabbins, certains défauts des juifs, notamment le formalisme à l’excès, les jugements à l’emporte-pièce et ce qui pourrait apparaître comme un “ orgueil de race ”.

Face à cela, d’une part le désarroi de Gad, tiraillé, qui ne cesse de penser à la Sainte Vierge, et d’autre part le libéralisme souriant et bon enfant de nos braves cathos, qui surtout ne veulent rien bousculer et semblent croire en la vertu séductrice de leurs chants syncopés aux paroles niaises, et à leurs trémoussements rythmés. Tout l’argumentaire de ceux que rencontre notre jeune converti repose sur la tolérance chrétienne et l’idée que la religion juive est la racine profonde du christianisme : être chrétien, ce n’est donc pas renoncer au judaïsme ! À l’appui, le concile Vatican II, le pape Jean-Paul II et surtout le cardinal Jean-­Marie Aaron Lustiger, qui explique qu’il peut être chrétien sans renoncer à sa foi juive. Bref, ce qui ressort de ce film, c’est que notre religion se présente comme le contraire d’un enfermement dans un cadre rituel et théologique ; seulement, de tels arguments pèsent moins lourd que la foi sans concession de ses parents (et son touchant attachement à sa mère), et au bout du compte notre pauvre Gad finit par renoncer au baptême, le jour même de la cérémonie ! – Mais attention, le film ne semble pas se terminer sur un renoncement définitif : Gad, de toute évidence, est toujours “ remué ” par la Vierge Marie, et manifestement le réalisateur fait en sorte qu’un spectateur à la fois attentif et plein d’espérance puisse se demander si le père et la mère ne commencent pas à être ébranlés eux aussi...

Annonce d’une suite ? En tout cas, ce que nous voyons clairement dans ce film, c’est, à l’appel de la Sainte Vierge, une sincère volonté de cheminement vers le baptême, volonté contrariée, entravée par ce que Vatican II, Jean-Paul II et le cardinal Lustiger nous ont donné à retenir. Mais ça, nulle part les catholiques “ tradis ” ne le disent. Ils en restent, ébahis, à ce mouvement de conversion de leur cher Gad, preuve suffisante selon eux de la haute valeur de notre religion, sans voir la soif inapaisée d’un pauvre homme victime de bergers brasseurs de vent.

Voici donc, cher frère Thomas, quelques impressions émises un peu à la hâte, mais qui tendraient à montrer une fois de plus que décidément, entre l’Immaculée et le Concile, il faut choisir !

C. P.

LE TRIOMPHE DU CŒUR IMMACULÉ,
PROMIS A CEUX QUI L’AIMENT, EST PROCHE

Le nœud des actualités, politiques et religieuses, c’est la guerre meurtrière qui se livre en Ukraine.

Qui n’a pas été ému, le 8 décembre dernier, par le spectacle du pape François pleurant sur l’Ukraine au pied de la statue de l’Immaculée Conception, place d’Espagne ? Hélas ! ses larmes n’ont rien d’un appel à la conversion. Quant à son « acte de vénération à l’Immaculée », il est dépourvu de toute intention “ réparatrice ”, sans aucune mention de son privilège d’Immaculée Conception. Ni la moindre allusion à la consécration prononcée dix mois auparavant à son Cœur Immaculé. Tant que le Pape persiste dans son aveuglement, le châtiment suit son cours...

En revanche, frère Bruno rappelle l’enjeu réel de cette guerre. Les déclarations de l’Otan et de son secrétaire général, Jens Stoltenberg, suffisent pour comprendre que Poutine a déclenché, en février 2022, une véritable Croisade de la Chrétienté contre l’enfer déchaîné. De révolutions en guerre civile, des lobbies innommables, soutenus par l’Otan, ont transformé l’Ukraine en un effroyable pandémonium, dressé contre la Russie.

Or les nouvelles qui parviennent du front nous révèlent que non seulement la Russie tient tête aux assauts conjugués de ses ennemis, dans des combats urbains difficiles, mais qu’elle s’est emparée de l’initiative de la bataille. En dépit de l’obstination des États-Unis qui profitent de la guerre pour affaiblir l’Europe ; malgré l’acharnement des démocraties européennes, qui mettent la haine de la Chrétienté au-dessus de leurs intérêts vitaux, la Russie mène cette guerre avec une sagesse et une prudence telles, qu’elle semble pouvoir en supporter le coût longtemps encore !

Surtout, engagée dans une lutte contre « le satanisme », la Russie est sur la voie de la conversion. Cette guerre stimule en effet la foi du peuple russe et de ses soldats. Plus de mille bannières de la Sainte Face, de la Mère de Dieu, de saint Georges ou de saint Michel ont déjà été envoyées sur le front ! Une bannière verte, à l’effigie du grand-duc Michel Romanov, qui commandait la cavalerie caucasienne pendant la Première Guerre mondiale, a été remise aux combattants Tchétchènes musulmans. Au revers figure une image de la Mère de Dieu ! Leur chef, Ramzan Kadyrov, s’est même fait le héraut de la trêve de Noël, rejetée par Kiev.

Néanmoins, l’esprit schismatique induré des orthodoxes russes fait obstacle aux desseins du Cœur Immaculé de Marie. Le seul livre sur Fatima publié avec la bénédiction du patriarcat de Moscou, Les Apparitions de la Vierge de Fatima – une consolation pour la Russie, de Marie Stachowitsch, suscita une vive controverse. C’est que les orthodoxes comprennent très bien la portée du message de Fatima et de la consécration de la Russie demandée par Notre-Dame : croire en Fatima implique de reconnaître la Primauté romaine ! Par orgueil schismatique, l’Église orthodoxe russe a donc rejeté officiellement ces apparitions, en 2011, comme une manifestation de l’Antéchrist et une campagne menée par le Vatican ! Sans que l’Église catholique ne réponde à ces accusations. Et pour cause ! Depuis Vatican II, l’Église romaine est tout aussi opposée à la Vierge Marie.

« L’action de Fatima menée depuis cent ans, résume frère Bruno, constitue donc une tentative non pas “ de Rome ”, mais du Ciel, afin de soumettre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique conciliaire elle-même à la vérité de la foi romaine inchangée, inchangeable pour cause de perfection divine ! »

Or la mort du pape émérite Benoît XVI délivre l’Église du principal opposant à Fatima. Disciple du Père Dhanis qui s’était acharné à calomnier sœur Lucie, le cardinal Ratzinger fut l’auteur du “ commentaire théologique ” du Secret de Fatima, qu’il présentait comme des « projections du monde intérieur » des voyants. L’interprétation officielle imposa que le troisième Secret ne concernait qu’une époque révolue.

Devenu pape, dans son encyclique Spe salvi, Benoît XVI s’attaqua au principe même de la dévotion réparatrice : un développement tortueux, emblématique de son “ herméneutique de la continuité ”, discrédite l’offrande de petits sacrifices comme une dévotion « exagérée » et « malsaine », tout en semblant les admettre « de quelque manière », pour enrichir « le trésor de compassion dont le genre humain a besoin ». Mais en excluant toute notion de réparation et de consolation de Dieu !

Voilà qui nous excite à redoubler nos prières de réparation, pour la conversion de la Russie et du pape François libéré de cette influence néfaste : le retour des schismatiques à Rome va de pair avec le retour de Rome... à l’orthodoxie !

frère Guy de la Miséricorde.