Il est ressuscité !

N° 244 – Juin 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Contre-offensive

LORSQUE, dans quelques  décennies, les historiens retraceront le combat des derniers temps, ils remarqueront peut-être la directive stratégique d’un officier aux derniers défenseurs de la grande ville à moitié en ruines : « Que devons-nous faire pour le monde qui se perd, pour les apostats, les athées, les révoltés ? Une Croisade militaire, une polémique intellectuelle ? Un apostolat ? Oh ! alors, comme nous nous sentirions impuissants, faibles, désarmés ! Mais non, le Ciel entend partager le travail avec la terre dans ces temps difficiles. À nous de prier et de demander pardon. Le reste, le Cœur Immaculé de Marie le fera. À une condition : quand nous nous consacrerons vraiment à Elle et mettrons en œuvre notre consécration par la dévotion réparatrice. »

C’était à Saint-Parres, “ dans un coin de tranchée où l’on se bat encore ”, le soir du 12 mai 2023, avant de partir en procession derrière le brancard de Notre-Dame de Fatima, en ouverture d’un nouveau cycle de célébration des apparitions de 1917.

JOURNÉES FLAMANDES.

Le lendemain, fête liturgique de Notre-Dame de Fatima, des fiançailles franco-belges furent bénies dans notre chapelle, par un prêtre venu d’outre-Manche. Les fiancés, leurs parents et plusieurs ménages firent ensuite allégeance à la Phalange de l’Immaculée. Puis le sermon fut prononcé par un bon ami prêtre, en français, à l’exception d’un paragraphe en néerlandais destiné au premier communiant, Robrecht. La Phalange est catholique ! Nos amis belges doivent sans doute la grâce de cette belle journée phalangiste aux cinquante années de prières et de sacrifices de mère Godelieve, entrée à la maison Sainte-Marie en 1973 !

PROFESSIONS DE FOI.

Une semaine plus tard, le dimanche 21 mai, nos amis ne furent pas moins de deux cents à venir entourer douze grands communiants. Auxquels s’ajoutent les sept qui firent leur profession de foi à Magé.

L’innocence qui paraissait sur leurs visages, la pureté de leurs regards nous ont ravis. Ils sont pourtant immergés dans un monde d’une corruption inouïe... Mais les temps sont si durs que le Bon Dieu a pitié des enfants de Marie qui sont résolus à lui être fidèles et Il multiplie pour eux ses grâces. Or, l’examen de catéchisme auquel sont soumis les enfants avant d’être admis à leur communion solennelle avait démontré à mère Lucie, qui en corrige chaque année les copies, que leur profession de foi serait éclairée, réfléchie et ferme. D’ailleurs, la conviction du ton de leurs voix nous en persuada tous. Avec la grâce de l’Immaculée, c’est de la graine de martyrs ! Ce n’est pas en vain que frère Bruno leur avait donné pour modèles Lucie, François et Jacinthe le 13 août 1917, inébranlables face aux menaces de mort de l’administrateur franc-maçon de Vila Nova de Ourem.

EXPOSITION À PARIS.

Le lundi 22 mai, la Permanence parisienne s’est rendue au musée Jacquemart-André qui accueille, jusqu’au 17 juillet, une remarquable exposition sur le peintre vénitien Giovanni Bellini (1435-1516). À la confluence des influences gothique et byzantine, ses œuvres, presque exclusivement religieuses, s’affranchissent du hiératisme médiéval, sans céder encore aux excès humanistes de la Renaissance. La peinture de Bellini invite à la méditation religieuse, dans l’esprit de la devotio moderna, cette piété cordiale et tendre pour les mystères de l’Incarnation, de la Passion, de la Vierge Marie, selon les enseignements et les exemples de saint Bernard, sainte Gertrude ou saint François d’Assise. L’ambition de frère François était d’encourager ainsi les jeunes gens de la Permanence à pratiquer l’oraison phalangiste, gage de leur fidélité. Car au-delà du plaisir esthétique, cette belle exposition nourrit notre piété et notre contemplation.

SESSION DE LA PHALANGE

Samedi 27 mai, vigile de la Pentecôte, deux cents jeunes avaient rallié la maison Saint-Joseph. Dès le sermon d’ouverture, ils furent empoignés par le Père :

« Saint Benoît, patriarche des moines d’Occident, disait que le monastère, c’est la  Scola servitii Dei ”. De même, il me semble que la Phalange, c’est d’abord, pour vous qui êtes si jeunes, l’école du service de Dieu. Mais ensuite, ce sera la  militia Christi  : après le temps d’école militaire, le moment vient de recevoir ses galons, puis de servir, de combattre. Et donc, la Phalange vous mobilise. La Phalange est une armée pacifique au service du Christ. »

Ici, pas de marches “ pêchues ” ni d’enthousiasme de masse, mais de la doctrine et de la piété, tout au long des conférences éblouissantes de l’abbé de Nantes et des splendides offices liturgiques de la Pentecôte. En entendant nos jeunes chanter le grégorien de tout leur cœur, on se croirait au Mesnil-Saint-Loup, aux beaux temps du Père Emmanuel !

Nous avons achevé l’étude, commencée à la Toussaint, de la Nouvelle morale phalangiste, prêchée par notre Père en 1989. C’est une vraie cure de désintoxication : « Envoyez-nous vos enfants ! En trois jours, je me charge de démolir ce qu’on leur a appris dans l’année, contre toute morale et toute vérité, dans leurs sales écoles publiques, mixtes, etc. »

Pour l’abbé de Nantes, la priorité est de nous enraciner dans la vie mystique, dans la familiarité des trois Personnes divines et de la Vierge Marie, source de toutes les vertus. C’est alors qu’il peut allumer dans l’âme de ses auditeurs la flamme de l’enthousiasme pour leur vocation phalangiste : vaincre la chair, le monde et Satan, et conquérir le Ciel par leur dévouement envers leur famille, la Patrie et l’Église.

Les principes du Père sont fermes, ses recommandations, d’une admirable prudence, et sa riche expérience est une source inépuisable d’exemples édifiants ou amusants, toujours instructifs. Tous ces conseils sont si sages qu’il est facile de les appliquer aux situations nouvelles d’un monde de plus en plus mauvais.

En cratère, le film Maria Chapdelaine (Sébastien Pilote, 2021) illustra admirablement ces enseignements par la mise en scène de la vie évangélique des familles de colons canadiens-français au début du siècle dernier.

Lors de la grand-messe de la Pentecôte, une douzaine de jeunes promit fidélité à la Phalange de l’Immaculée, pour être encouragés dans la voie du salut et y aider à leur tour leurs frères. En toute connaissance de cause, car le Père n’élude aucune difficulté et ne dissimule pas la croix qui se dresse sur l’horizon du chrétien, comme un poteau indicateur sur le chemin du Ciel.

ACTUALITES : LE « COMBAT DÉCISIF ».

Ayant beaucoup parlé de la famille, il restait à traiter des actualités politiques et religieuses pour faire partager à nos jeunes amis tous les soucis de la Phalange. Dimanche après-midi, frère Bruno commença par donner les dernières nouvelles du front ukrainien où, malgré les propagandes, la force de la Russie est indéniable. Mais le combat décisif dont dépend le sort du monde se livre aussi à Moscou, qui souffre encore des « erreurs de la Russie » (cf. supra, p. 1-4) et surtout à Rome, où la révolution conciliaire amorce son sprint final sur le Chemin synodal, selon un « paradigme ecclésial de déconstruction » (Document de travail pour l’Étape Continentale, 2022). Se réclamant d’un « “ aggiornamento permanent, précieux héritage du concile Vatican II », le Pape entend modifier la constitution divine de l’Église, explique frère Bruno, et substituer à une Église de droit divin une Église synodale, “ constitutionnelle ” pourrait-on dire. On pense à Louis XVI convoquant les États généraux qui le renverseraient de son trône et le mèneraient à la guillotine.

Pour l’heure, synodalité signifie inclusion, œcuménisme, féminisation, déclergification, coresponsabilité... Il ne reste plus de l’Église qu’un masdu, tout juste bon pour participer, en la personne du cardinal Nichols, au couronnement œcuménique du roi d’Angleterre.

Frère Bruno acheva cette conférence accablante en battant le rappel de ses troupes, désignant les prochains objectifs de notre “ Opération mariale spéciale ”. Nous pouvons désormais compter avec le renfort de la Phalange canadienne, montée en ligne à son tour, lors de ses premiers pèlerinages de réparation, à Québec et au Cap-de-la-Madeleine. Quant aux progrès de la dévotion réparatrice dans nos paroisses – la place nous manque pour les raconter –, ils témoignent du zèle de nos amis, manifestement aidés par la grâce. Les fruits de conversion sont immédiats, pour la plus grande consolation du clergé et du Cœur Immaculé de Marie !

frère Guy de la Miséricorde.