Il est ressuscité !

N° 245 – Juillet 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Ascension

MISE AU TOMBEAU DE CHAOURCE,

sculptée au début du seizième siècle, quelques années après que le Saint Suaire a séjourné non loin de Chaource, dans la collégiale de Lirey, où il avait été rapporté d’Orient.

Émile Mâle, notre grand spécialiste de l’art médiéval, n’hésitait pas à placer cette œuvre magnifique au premier rang des Mises au tombeau :

« Après l’horreur de la Passion, les vociférations et les outrages de la foule, Jésus reposa enfin dans la paix et le demi-jour, entouré de ceux qui l’aiment... Pas une femme ne fait un geste. On ne voit pas autre chose que des visages doucement inclinés et des yeux baissés. Jamais on n’exprima plus simplement émotion plus profonde. »

Le visage de la Vierge Marie contemplant celui de son Fils est d’une intensité particulièrement poignante ! Il exprime une douleur profonde, intime, mais offerte en communion avec le Sacrifice de son Fils.

« Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; je vais vous préparer une place. » (Jn 14, 2)

Notre Père a montré, dans son commentaire de l’Évangile de saint Jean, que ces paroles de Jésus convenaient aussi bien au jour de l’Ascension, avant de s’élever dans le ciel, qu’à la veille de sa Passion où saint Jean les place dans son Évangile. Au moment de quitter ses disciples, Jésus affermit leur foi et leur espérance par cette merveilleuse promesse qui, depuis, remplit le cœur de l’Église d’une attente inconfusible :

« Et quand je m’en serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi afin que, là où je suis, vous aussi vous soyez. »

En montant au Ciel, par un déplacement local, sous les yeux de ses disciples, Jésus « nous prépare une place », c’est-à-dire crée un lieu autre que la terre dont il vient. La Sainte Vierge le rejoindra corps et âme le jour de l’Assomption. Et de là-haut ils reviendront pour que les disciples aillent les rejoindre où ils sont.

Sans quitter le Père, cependant, auprès duquel ils ont leur séjour permanent, Jésus et Marie reviennent parmi les leurs pour les « prendre » près d’eux.

Pour suivre Jésus et Marie dans la maison du Père, il faut lui plaire. Le déplacement local doit être préparé, mérité, anticipé par un déplacement spirituel. Il faut vivre déjà en Dieu. Et le chemin pour vivre en Dieu, c’est Jésus : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jn 14, 6)

La « Voie », ou le « Chemin », c’est l’accès au Père que « nul n’a jamais vu » (Jn 1, 18) mais que lui, Jésus, connaît parce qu’il vient d’auprès de lui et qu’il retourne auprès de lui (Jn 13, 3). À Fatima, la Vierge Marie a promis à Lucie : « Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. » (13 juin 1917) Parce que son Cœur Immaculé ne fait qu’un seul « chemin » vers le Père avec le Cœur Sacré de Jésus.

Pour aller au Père, il faut passer par Jésus et Marie, entrer dans leur Cœur eucharistique très unique. Par la dévotion réparatrice instituée par Notre-Dame de Fatima, le 13 juin 1917, lorsqu’elle a dit à Lucie, François et Jacinthe :

« Jésus veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut ; ces âmes seront chéries de Dieu, comme des fleurs placées par moi pour orner son trône. »

Quelles paroles stupéfiantes ! Une incroyable facilité nous est offerte pour être sauvés : il nous suffit d’adopter la prédilection du Cœur de Jésus pour la Vierge Immaculée, et de le lui prouver en accomplissant ses « petites demandes ».

Par ces paroles, Notre-Dame nous révèle le Cœur de Dieu et ce que ce Cœur a de plus cher : le Cœur Immaculé de sa Mère. Dieu veut que ce Cœur Immaculé règne afin que lui-même, Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, Dieu trois fois saint, soit “ glorifié ”, c’est-à-dire satisfait dans son amour majeur. Il aime Marie plus que tout, éternellement, d’un amour de prédilection sans égal, et Il veut qu’elle soit glorifiée, honorée, aimée, servie par toutes ses autres créatures. C’est de cet amour premier, infini, pour la Vierge Marie, l’Immaculée Conception, que découle sa volonté absolue de faire d’elle la Médiatrice universelle du salut de nos âmes.

De quel “ salut ” s’agit-il ? Il s’agit d’échapper à l’Enfer et d’aller au Ciel. L’Enfer existe et nous pouvons y tomber si nous cédons à la désorientation diabolique qui a assiégé sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus elle-même au cours de sa dernière maladie : « Il me semble que les ténèbres, empruntant la voix des pécheurs, me disent en se moquant de moi : Tu rêves la lumière, une patrie embaumée des plus suaves parfums, tu rêves la possession éternelle du Créateur de toutes ces merveilles, tu crois sortir un jour des brouillards qui t’environnent ! Avance, avance, réjouis-toi de la mort qui te donnera, non ce que tu espères, mais une nuit plus profonde encore, la nuit du néant. ” » (Histoire d’une âme, Manuscrit C folio 6, vo)

On peut dire que la “ Convention citoyenne sur la fin de vie ”, convoquée par Emmanuel Macron à l’automne 2022, a remis ses « recommandations » à l’Élysée, le dimanche 2 avril 2023, sur “ la fin de vie ”, dans les mêmes termes que la « voix des pécheurs » entendue par Thérèse, laissant paraître le même objectif : tenter les âmes sur le point de paraître devant leur Dieu, avec la “ bénédiction ” d’une loi républicaine, de commettre l’acte ultime de désespoir que constitue un suicide, doublé d’un crime commis par ceux qui procéderaient intentionnellement à une injection létale, car l’euthanasie est un meurtre dont l’intention est de fermer les portes du Ciel aux âmes et les conduire en douceur, sans souffrance, en toute inconscience dans les voies larges de l’Enfer.

C’est pourquoi vouloir rassembler une majorité pour empêcher la légalisation de l’euthanasie, ou toute autre forme de mort “ assistée ”, est non seulement une illusion, mais une faute. Car accepter de participer à une discussion démocratique sur un pareil sujet au nom de sa seule conscience personnelle est déjà faire le jeu de Satan à l’exemple de nos premiers parents, Adam et Ève qui voulaient être « comme Dieu ». La seule chose à faire est d’en appeler à la bénie Immaculée qui écrase la tête du Serpent maudit.

frère Bruno de Jésus-Marie