Il est ressuscité !

N° 245 – Juillet 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

La Ligue : “Toquade”

UNE de plus... Il y avait  eu saint Louis-­Marie Grignion de Montfort, saint Maximilien-Marie Kolbe, saint Jean Bosco, sainte Louise de Marillac et quelques autres encore, tous serviteurs, apôtres, prophètes ou précurseurs de Marie Immaculée. Or, voici que nous sommes de nouveau en train de prendre feu et flamme pour l’un de ses chevaliers servants, champion de sa Médiation universelle et le héraut de la Croisade eucharistique.

En fait, cela couvait depuis longtemps et un observateur familier de nos communautés aurait pu deviner que l’incendie prendrait un jour ou l’autre. L’étincelle qui l’a déclenché fut notre pèlerinage de réparation à Anvers, le mois dernier, qui fut l’occasion de replacer sous le feu des projecteurs notre cher abbé Édouard Poppe (1890-1924). Aussi, lorsque nous avons célébré sa mémoire liturgique, le 10 juin, frère Bruno n’y a plus tenu. Pour que tous les abonnés de logia puissent partager notre “ toquade ” et attiser au contact de ce prêtre flamand cœur de flamme leur amour du Cœur eucharistique de Jésus et Marie, il nous raconta en lecture spirituelle son apostolat populaire auprès des enfants, en paroisse ouvrière, à Gand, puis, lorsque la maladie le retint dans sa chambre, par ses articles dans le bulletin de la Croisade eucharistique flamande :

« Chers Croisés, d’emblée je vous appelle de votre nom. Soldats de la Croisade, soldats de Jésus-Christ.

« Lorsque les Allemands attaquèrent notre roi, cent mille garçons se sont mobilisés et sont morts pour lui. Le démon, les hommes méchants, les mauvais enfants attaquent Jésus ; qu’allez-vous faire ? Ne voulez-vous pas devenir soldats de Jésus et combattre pour Lui ? Presque personne sur terre ne L’aime. Aimez-Le, vous croisés, aimez-Le pour deux. Devenez les pages, devenez les épouses du Saint-Sacrement. Dieu le veut ! Oui, amis, Dieu le veut ! En avant ! » (2 mai 1920)

En attendant que notre frère Edward écrive une biographie complète de son saint patron, nous pouvons vous renvoyer aux merveilleuses conférences de frère Pierre qui nous montrent dans ce saint prêtre un véritable précurseur de notre Père l’abbé de Nantes (sur la VOD, Le bienheureux Édouard Poppe, N 29).

FETE-DIEU.

À l’école de ce saint, nous étions bien préparés à célébrer avec ferveur la solennité du Saint-Sacrement, le lendemain 11 juin. Après une messe en paroisse, que notre présence et nos voix contribuèrent à rendre plus solennelle – pour la plus grande joie du célébrant et de l’assistance –, nous retournâmes à la maison Saint-Joseph pour porter en triomphe Jésus-Hostie à travers le parc. Avant de partir en procession, frère Bruno nous adressa quelques mots tout empreints du savoureux réalisme eucharistique du bienheureux Édouard Poppe, si semblable à celui de notre Père :

« Jésus dans l’ostensoir, c’est Jésus qui sort de son silence, de son tabernacle et qui nous redit son amour qu’Il nous a dit ce matin en nous donnant son baiser par la communion et en demeurant dans notre cœur. »

Or, chez des disciples de l’abbé de Nantes comme pour l’abbé Poppe, la dévotion conduit à la Croisade, eucharistique et mariale : « Qu’allons-nous faire ? interroge frère Bruno. Partir en campagne... Partir en guerre ? Mais oui ! À la manière de l’armée de Jeanne d’Arc. Au bout de notre chemin, il ne nous sera pas demandé de donner l’assaut avec des armes de guerre, mais seulement avec notre chapelet en main. »

Ainsi, nous étions bien en union avec nos pèlerins du Mont-Saint-Michel, qui imploraient au même moment le secours du Prince des phalanges célestes contre les ennemis de l’Église et de la Patrie.

DEUXIÈME APPARITION DE NOTRE-DAME DE FATIMA.

Précisément, le lendemain soir, frère Bruno fit écho à l’exhortation adressée par frère Benoît aux pèlerins de l’Archange, nous rappelant les grandes intentions qui nous précipitent aux pieds de la Reine des Anges : menace de guerre nucléaire, au moment où les États-Unis craignent la perte de leur suprématie mondiale ; danger de l’expansion des erreurs de la Russie, par une Chine plus forte que jamais, mais aussi par une Russie qui n’en est pas encore bien convertie ; péril, surtout, d’une Église à moitié en ruine, menacée d’une destruction totale, synodale.

Ce soir-là, dans tous nos ermitages comme dans son sanctuaire de la Cova da Iria, c’était au tour de la statue de la Vierge de Fatima de parcourir ses domaines du haut de son brancard, parmi les cierges et les bannières, sous les acclamations et les chants de ses enfants. Toute la journée du 13, elle trôna au milieu du chœur de notre chapelle, en souveraine. Et le soir, avant de lui dire adieu, frère Bruno revint avec insistance sur la nécessité de nous consacrer au Cœur Immaculé de Marie, d’embrasser la dévotion réparatrice pour obtenir le don divin de la paix : « Nous ne pouvons prendre de repos tant que nous n’aurons pas réussi à arracher cette grâce au Cœur de Dieu par l’entremise du Cœur Immaculé de Marie », s’écriait déjà sœur Lucie le 19 juin 1967, au moment de la guerre des Six Jours.

SOLENNITÉ DU SACRÉ-CŒUR.

Le dimanche suivant, nous devions accomplir notre troisième procession en huit jours. Sans compter les marches de nos pèlerins de Notre-Dame du Dimanche et de Notre-Dame d’Ars !

Nous avons profité du zèle d’un bon prêtre qui n’hésita pas, entre ses messes paroissiales du matin et du soir, à faire près de cinq cents kilomètres pour célébrer à la maison Saint-­Joseph la grand-messe du Sacré-Cœur et donner pour la première fois Jésus à sept petits cœurs tout purs. C’était déjà le grand souci de l’abbé Poppe, disciple de saint Pie X, comme nous le rappela frère Bruno dans son sermon de l’après-midi : « Ces petits, dit l’abbé, Jésus les aime passionnément. Ils sont ses préférés et c’est pourquoi nous devons les amener à Lui avant qu’un seul germe de vice ait pu prendre racine dans leur cœur. »

Comment nos enfants pouvaient-ils mieux répondre à son amour, ensuite, qu’en lui jetant des fleurs tout au long des allées du parc ? Il ne fallut pas moins d’une vingtaine de nos sœurs pour canaliser leur dévotion ! Et comment mieux réveiller la grâce de la communion du matin, ou l’anticiper pour les plus jeunes, qu’en donnant leur plus tendre baiser à Jésus-Hostie dans l’ostensoir, à l’issue du Salut du Saint-Sacrement ?

Frère Bruno avait achevé son sermon en comparant la soumission héroïque à l’autorité épiscopale, même injuste, de l’abbé Poppe et de l’abbé de Nantes : « Je préfère le moindre acte d’obéissance à mon évêque à toutes les bonnes œuvres du monde », déclara le premier alors que ses œuvres apostoliques lui étaient arrachées ; « C’est le bon chemin de la Croix. Obedientia in dilectione », nous recommanda le second, en 1996, en partant en exil selon le diktat de Mgr Daucourt.

« Quand notre bien-aimé Père nous a quittés définitivement, pour le Ciel, nous avons beaucoup pleuré, conclut notre frère. Mais la consigne est toujours la même, plus que jamais, avec notre Père maintenant en bonne place auprès du trône de Dieu pour y accomplir sa vocation de louange de gloire en intercédant pour nous, ses enfants. »

Quelques jours plus tôt, le 14 juin, il y avait été rejoint par notre ami le chanoine Henri Bachelet. Lui-même a pratiqué tout au long de sa vie centenaire cette obéissance à l’Église dans une charité souriante : Obedientia in dilectione.

Ses longues années de retraite ont été remplies par son dévouement auprès de nos communautés et de nos familles phalangistes. Prises d’habit et vœux perpétuels, premières communions, professions de foi et fiançailles... Peu à peu, il en était venu à nous adopter tous pour ses neveux, petits et arrière-­petits-neveux, lui qui en comptait déjà tant !

 Monsieur le Chanoine ” est demeuré auprès de nous, pendant près de vingt ans, le garant de la sollicitude maternelle de l’Église et de notre attachement à sa hiérarchie. Nous reviendrons dans le prochain numéro sur l’itinéraire exemplaire de ce serviteur de l’Église dévoué et modeste. Frère Bruno a tenu à ce que nous contribuions de tout notre possible à embellir la cérémonie de ses funérailles, le jeudi 22 juin. Aux côtés de sa famille, la Permanence Charles de Foucauld fut au rendez-vous, témoignant du rayonnement de ce bon prêtre. Ce fut un petit triomphe, pour le plus grand réconfort de ses confrères du clergé parisien !

Notre cher “ tonton Henri ” a été si souvent l’aumônier de nos camps que nous comptons sur son aide pour organiser ceux de cet été, spécialement pour permettre à nos enfants d’assister à la messe quotidiennement. Dans le désert spirituel français, ce privilège devient rare ! Quant à nourrir les intelligences et les corps, toutes les communautés s’y préparent, motivées par cette résolution de l’abbé Poppe que nous a indiquée frère Bruno : « Je travaille pour Jésus et Marie et ne pense pas plus loin. Je veux que Jésus règne, que les enfants de Marie deviennent de plus en plus nombreux, serais-je moi-même son esclave le plus abject. »

Cette résolution pourrait aussi servir de lumière pour les retraitants qui suivront les exercices spirituels de saint Ignace prêchés par notre Père, à la maison Saint-Joseph, du 10 au 15 juillet. C’est le moyen de conversion le plus efficace que nous offre l’Église pour nous engager sur le chemin du Ciel, chacun selon sa vocation et avec l’aide de l’Immaculée.

frère Guy de la Miséricorde.