Il est ressuscité !

N° 250 – Décembre 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Le plan de Dieu

Analyse orthodromique de l’actualité

PRÉSENTEMENT, l’Église est comme un troupeau  sans pasteur. À Rome même. Et dans le monde, comme un troupeau livré aux loups. Au début du XXe siècle, l’Église a eu saint Pie X pour dénoncer « les funestes conditions de l’humanité à l’heure présente », l’apostasie grandissante qui appelle le châtiment de Dieu, signe de l’entrée dans les derniers temps (e supremi apostolatus, 1903). Depuis, il n’y a plus personne pour dire cette vérité avec autorité, mais sœur Lucie, en même temps que notre Père, nous prévenait : « N’attendons pas que vienne de Rome un appel à la pénitence de la part du Saint-Père pour le monde entier. » Nous sommes donc livrés à nous-mêmes, mais avec Notre-Dame de Fatima comme Pastourelle, et notre Père comme Docteur de l’orthodromie divine, nous avons de quoi comprendre le dessein de Dieu pour notre temps, dans quel but Il conduit les événements de « l’heure présente », et « commencer chacun notre propre réforme spirituelle, afin de sauver notre âme, mais aussi toutes les âmes que Dieu a placées sur notre chemin » (entretien de sœur Lucie avec le Père Fuentes, 1957).

LA MALÉDICTION D’ISRAËL.

Le conflit israélo-palestinien n’est pas une simple lutte territoriale entre deux peuples insignifiants : c’est la suite de l’Histoire sainte, et la criante manifestation de la révolte des hommes contre Dieu. Le rappel de cette histoire d’Israël éclaire toute notre actualité.

En effet, pour comprendre les causes profondes de cette guerre, il faut remonter au troisième millénaire avant Notre-Seigneur, quand Dieu a élu un homme du nom d’Abraham pour donner au monde le Sauveur promis à Adam et Ève, nos premiers parents qui, par leur désobéissance, avaient rompu leur Alliance avec Dieu leur Créateur. Dans ce but, Yahweh a d’abord sauvé la descendance d’Abraham, son ami, le peuple hébreu sorti de ses reins, en le délivrant du pays d’Égypte où il était réduit en esclavage ; Il lui a donné victoire sur les nations, et Il l’a établi dans la Terre promise, notre Palestine actuelle. À ce peuple objet de sa miséricorde, Dieu a donné le roi David, pour conquérir Jérusalem, et Salomon, pour y bâtir son Temple.

Mais les héritiers d’Abraham, qui forment le peuple d’Israël et de Juda, regimbent contre Dieu, s’enorgueillissent de leurs privilèges, s’infatuent de leur réussite humaine et bafouent le Seigneur qui en est l’Auteur, violent leurs engagements, se prostituent aux idoles, persécutent et martyrisent les vrais prophètes, applaudissent les faux... « Peuple à la nuque raide », sans cesse infidèle, que Yahweh doit châtier pour le maintenir dans la voie droite, et dont seulement un “ petit reste ” sera sauvé. Au sein de ce peuple indocile et littéralement perfide, c’est-à-dire traître à sa propre fidélité jurée, et menteur dans sa propre foi, seuls les Anawim, les “ Pauvres d’Israël ”, conserveront la grâce et maintiendront l’Alliance jusqu’aux jours du Christ.

Bénédictions et malédictions de Moïse dans le Deutéronome, et des Prophètes (Ez 16 et 23), révèlent le mystère d’iniquité de la révolte d’Israël. Mais la Promesse demeure, inconditionnelle, de l’avènement du Messie Sauveur qui doit naître de la race d’Abraham, de la tribu de Juda, de la maison royale de David, qui créera, à partir du “ reste ” fidèle, un peuple nouveau et saint, unique, universel, éternel : la Sainte Église catholique, jusqu’à nos jours.

Or, quand vient le temps du Salut, Jérusalem est gouvernée par les pires. Les autorités sacerdotales ignominieusement corrompues, Hérodiens et Sadducéens sans foi, sans vertu, sont pourris par l’argent. Les scribes et les pharisiens sont hérétiques et ne cherchent dans la Loi de Moïse que prétexte à jactance et à domination.

Cependant, Jean-Baptiste est venu, reconnu par tous comme un vrai et grand prophète. Mais les chefs du peuple l’ont méprisé. Jésus ne devait pas être mieux reçu. Seuls, les “ Pauvres d’Israël ” l’aiment, le suivent, petit troupeau fidèle, véritable Israël de Dieu. Les foules l’acclament comme le Messie et sont transportées d’enthousiasme à la vue de ses miracles, mais avec des sentiments d’ambition terrestre et de cupidité matérielle. Dès que Jésus révèle les exigences spirituelles du Royaume, elles l’abandonnent (Jn 6).

Les prêtres et le Sanhédrin qui observent attentivement les moindres mouvements populaires, prennent immédiatement en filature Jésus de Nazareth. Ils auront connaissance de tous ses miracles, de ses enseignements, de sa revendication du titre de Messie Sauveur et bientôt de Fils de Dieu. Mais ils le refusent, prennent Jésus en haine et décident de le mettre à mort, mettant ainsi le comble à l’iniquité de leurs Pères. Car le Fils de Dieu fait homme sait de quelles infidélités à la Loi mosaïque provient cette exécration. Depuis longtemps, ces prétendus guides du peuple ne sont plus enfants d’Abraham ni de Moïse, mais du diable ! (Jn 8, 44)

Il suffit de relire les altercations des derniers mois de la vie publique, en saint Jean, chapitres 7 à 11, de méditer les grandes paraboles des derniers temps, en particulier celle des vignerons homicides (Lc 20), pour comprendre que ces prêtres et ces intellectuels, scribes et pharisiens, ne défendaient pas leur foi, “ leur religion ”, ni « leur nation » contre un “ blasphémateur ” et un dangereux “ séditieux ”. Ils défendaient leur hérésie et leur secte contre Moïse et les Prophètes, contre le Christ et Seigneur, contre leur Dieu.

Le procès, dans ce contexte qui forme indéniablement la trame des quatre Évangiles, ne fut, après le guet-apens de l’arrestation, qu’une parodie de jugement et, de la part des autorités juives, un déni de justice.

Jésus se proclame Messie et Fils de Dieu (Lc 22, 69-70). Au lieu d’examiner ses titres, les signes de sa mission, les preuves qu’il en a fournies, ses juges le traitent aussitôt de blasphémateur et le condamnent à mort sans autre enquête !

La veille, Jésus disait : « Qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux des œuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient pas de péché, mais maintenant, ils ont vu et ils nous haïssent, moi et mon Père. Mais c’est pour que s’accomplisse la parole écrite dans leur Loi : ils m’ont haï sans cause. » (Jn 15, 23-25)

C’est pourquoi le châtiment inexorable tombera sur cette génération. Sur le chemin de Croix, Jésus en prévient déjà les femmes de Jérusalem en larmes, afin qu’elles se convertissent : « Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants... » Et Jésus, tandis qu’on le crucifie, implore le pardon du Père pour ses bourreaux. Quand le grand signe de la résurrection leur est donné et que les Apôtres prêchent l’Évangile avec la puissance de l’Esprit-Saint, avec abondance de miracles et de prophéties, les juifs peuvent encore se convertir et ils le peuvent toujours, encore aujourd’hui. Ceux qui croiront se désolidariseront des “ déicides ”, confesseront la faute de leurs pères et formeront un “ petit reste ”, héritier des Promesses et noyau du nouveau Peuple de Dieu, l’Église. Eux et les païens qui les rejoindront sont désormais les fils d’Abraham et l’Israël spirituel, selon saint Paul. Et saint Jean osera les désigner comme les vrais juifs, à jamais séparés de « la Synagogue de Satan » (Ap 2, 9) !

Car, déicides par aveuglement du cœur le Vendredi saint, hérodiens et pharisiens le demeurent avec malice et opiniâtreté quand les gardes, revenant du sépulcre, leur annoncent la résurrection prédite et d’ailleurs prévue par eux ! Leur obstination haineuse se déchaîne contre la prédication des Apôtres. La persécution s’étend alors à tout le bassin méditerranéen. Le récit de ce témoignage remplit les Actes sous la plume de saint Luc, et les Épîtres de saint Pierre et saint Paul, de Jean, et de son Apocalypse, et de saint Jude.

C’est pourquoi, après quarante années de longanimité, Dieu Notre-Seigneur a manifesté sa malédiction par un terrible châtiment : l’invasion de la Palestine, en l’an 70 après la naissance de Jésus-Christ, par les armées romaines : Jérusalem dévastée, le Temple incendié, les israélites dispersés ou tués. Les bienfaits, fruits de l’Alliance conclue par Yahweh avec leurs pères leur sont retirés : ils sont chassés de la Terre promise, le Royaume des Cieux est instauré sans eux parmi les nations païennes. L’Ancienne Alliance avait pour seul but l’avènement du Messie : sa mise à mort par ceux qui devaient l’accueillir a mis fin au privilège du peuple juif ; sa prédestination collective et héréditaire est donc désormais sans objet, à moins qu’ils se convertissent ! Le seul événement qui puisse changer en bénédiction cette malédiction héréditaire est la conversion au Christ-Roi proclamé “ Roi des Juifs ” par Pilate (Jn 19, 14), et qui leur tend les bras depuis bientôt deux mille ans (Rm 10, 21).

Mais, jusqu’à nos jours, les fils d’Israël sont restés sourds et aveugles à ce “ signe des temps ” qu’est l’Église. Leurs rabbins et leurs scribes se sont endurcis dans leur révolte en forgeant une nouvelle religion, en corrompant l’héritage de l’Ancien Testament. Le judaïsme mishnique et talmudique essentiellement antichrist, tourne à l’exaltation exclusive du peuple juif et de son orgueil racial.

En 1947, après deux mille ans d’exil ! les juifs, particulièrement leur “ noyau dur ”, “ sioniste ”, c’est-à-dire partisan d’une restauration de Jérusalem, l’antique Sion, se sont trouvés assez puissants pour obtenir de retourner en Palestine, de réoccuper cette terre dont Dieu les avait chassés. C’est le comble de leur révolte : la terre sainte leur avait été miraculeusement donnée à condition qu’ils soient fidèles à l’Alliance, Dieu les en a chassés pour leur perfidie, et maintenant ils y retournent, non plus par la force de Dieu, comme au temps de Josué, mais mus par un orgueil satanique, par le feu et le sang, en exterminant les Palestiniens, arabes majoritairement musulmans, qui ont eux-mêmes occupé cette terre à partir du septième siècle. Cette invasion de l’Islam était d’ailleurs aussi un châtiment, mais cette fois à l’encontre des chrétiens byzantins à la foi corrompue.

Donc cette guerre, qui dure depuis soixante-dix ans en Palestine entre les juifs perfides et les musulmans, est inexpiable, sans issue, parce que cette terre a été le lieu de la manifestation du Christ-Roi. Celui-ci ne lui accordera la paix qu’à une condition : lorsque ses habitants se soumettront à sa Vérité, et à son Église. La “ solution au conflit israélo-palestinien ” n’interviendra qu’avec la reprise de la Croisade de Saint Louis, et l’œuvre de colonisation et de civilisation du Royaume Franc de Jérusalem, à l’heure du triomphe du Cœur Immaculé de Marie.

L’ATTAQUE DU HAMAS : UN SIGNE DE DIEU POUR SON ÉGLISE

En attendant, l’Ange que les enfants de Fatima ont vu le 13 juillet 1917, enflamme la terre de son épée de feu, afin que nous entendions son cri : Pénitence, pénitence, pénitence ! Et, pour l’heure, il semble incendier de préférence cette terre qui fut autrefois l’objet des prédilections de Dieu.

Le dernier épisode est l’attaque meurtrière du Hamas lancée de Gaza contre des colons juifs, le 7 octobre dernier. La frontière la mieux gardée du monde a été transpercée, et Tzahal, l’armée israélienne réputée invincible, est intervenue beaucoup trop tard. Le traitement cruel et inhumain des Palestiniens chassés de “ leur ” terre depuis 1947, comme les Cananéens au temps de Josué, devait tôt ou tard provoquer une telle réaction. L’abbé de Nantes, notre Père, l’avait prévue au lendemain de la “ guerre des Six Jours ” qui avait conduit les avant-gardes de l’armée israélienne au canal de Suez et à la pointe Sud du désert du Sinaï, à Jéricho et le long du Jourdain, au Nord jusqu’aux faubourgs de Damas, portant au paroxysme l’orgueil du peuple d’Israël après l’angoisse du péril, la fièvre des combats et l’incroyable victoire.

Notre Père écrivait : « Les augures de la politique et de la presse n’avaient pas cru à la guerre. Ils l’ont vue tout de suite terminée. À les entendre, les négociations en cours, si difficiles qu’elles soient, doivent aboutir nécessairement à l’organisation d’une nouvelle paix mondiale. Les Arabes, raisonnés par leur protecteur russe (soviétique), surmonteront leur rancœur et les Israéliens leur victoire. Au politique, on préconise une fédération israélo-arabe, mélange détonant s’il en fut ! Au religieux, l’internationalisation des Lieux saints, également chers aux trois “ religions du Livre ”, aux trois “ monothéismes des fils d’Abraham ”. Nos théologiens chrétiens, selon l’esprit nouveau, vont beaucoup plus loin et interprètent “ les signes des temps ” comme l’annonce de grandes et divines merveilles. Demain le troisième Temple pourra être bâti à Jérusalem par un Judaïsme qui aura su, lui aussi, faire son aggiornamento (sic !). Jérusalem deviendra la Métropole religieuse de tous les vrais croyants : “ À l’heure où le mouvement œcuménique et les documents conciliaires visent à rapprocher plus qu’à opposer les différentes spiritualités (sic), en un moment où aucune formule ne peut encore nous réunir dans la prière, pourquoi ne pas faire de l’esplanade du Temple, le lieu par excellence de cette prière œcuménique, mais dans un silence commun ?... Même ceux qui ne partagent pas la foi des trois religions du Temple (sic) pourraient, en ce cas, s’associer à cette supplication, etc., etc. ” (La Croix, 12 juillet). » (Lettre à mes amis no 249, 13 juillet 1967)

Le pape François, rempli de cet esprit progressiste, nourrit toujours les mêmes illusions.

Mais au lendemain de ce 13 mai 1967 où Paul VI prétendait avoir reçu du Ciel, à Fatima dont il était venu célébrer le cinquantenaire à la Cova da Iria, l’assurance que « la paix était une fin réalisable », elle cessait de l’être, du fait de l’attaque israélienne clouant au sol l’aviation égyptienne. Eh bien ! comme en 1967, la guerre rallumée aujourd’hui en Palestine est un démenti criant aux « rêves » du pape François, un signe du Ciel pour qu’il se détourne de cette voie de perdition, de son grand dessein maçonnique d’une fraternité universelle qu’il prétend faire aboutir sans Jésus-Christ.

L’analyse de la situation qui en résultait à l’époque, au lendemain de la guerre des Six Jours, est aujourd’hui d’une criante actualité :

« De périphérique et local au Vietnam [... en Ukraine aujourd’hui] le conflit devenait au Moyen-Orient central, vital, idéologique. Ici, le racisme et le fanatisme religieux engrènent sur la rivalité sourde des deux grands impérialismes de l’Est et de l’Ouest, sans s’y soumettre entièrement. L’allumette arabe ou israélienne, qui mettra le feu à la poudrière mondiale, n’est entre les mains de personne [du moins sur la terre !] et peut flamber demain.

« Les instances internationales n’ont pas l’autorité nécessaire, c’est flagrant, pour imposer une solution juste et raisonnable. D’ailleurs il n’y a pas de  solution juste et raisonnable ”. Elles ne seront, comme d’habitude, que le conservatoire du désordre. Nous voilà donc engagés dans une affaire semblable à celle du  couloir de Dantzig  d’où sortit la Deuxième Guerre mondiale. La troisième est là maintenant, à portée de fusil. Je sais, personne n’y croit. Parce que personne n’a réfléchi à la différence essentielle de cet affrontement d’avec les conflits des vingt dernières années où l’Occident restait maître de ses Alliés. Et toujours il négociait et reculait, pour éviter l’incendie général. Ici, c’est autre chose. Israël n’hésitera pas, attaquant ou attaqué, à entraîner le monde dans sa guerre. [Déjà les Américains ont déployé un porte-avion en Méditerranée pour défendre Israël.]

« Nous referons la guerre  pour les Juifs ”. Je n’hésite pas à dire que ce sera pour être demeurés aveugles, endurcis, aux véritables  signes des temps  que nous donnait à comprendre notre Foi chrétienne. Mais l’apostasie des gens d’Église aura fait son œuvre suicidaire. » (ibid.)

LES AVERTISSEMENTS DU CIEL.

Voilà ce que notre Père écrivait en 1967. Il a su discerner dans les événements politiques et religieux ces « véritables signes des temps », qui sont en fait les signes que nous sommes dans les “ derniers temps ”.

Sœur Lucie en eut révélation le 3 janvier 1944, après avoir reçu de Mgr da Silva l’ordre de rédiger le troisième Secret, ordre qui la plongea dans une éprouvante agonie, à cause de la défense que lui avait faite Notre-Dame, « de ne le dire à personne ». Agenouillée à l’heure de sa visite au Saint-Sacrement devant le Tabernacle, en proie à cette impuissance et pourtant bien certaine que l’ordre de l’évêque était l’expression de la volonté de Dieu, je la cite : « Perplexe, à moitié absorbée, sous le poids d’une nuée obscure qui semblait planer au-dessus de moi, le visage dans les mains, j’attendais, sans savoir comment, une réponse. Je sentis alors une main amie, tendre et maternelle, me toucher l’épaule ; je levai les yeux et je vis ma chère Mère du Ciel.

« “ Ne crains pas, Dieu a voulu éprouver ton obéissance, ta foi et ton humilité ; sois en paix et écris ce qu’ils te demandent, mais pas ce qu’il t’a été donné de comprendre de sa signification. Après l’avoir écrit, mets-le dans une enveloppe, ferme-la et cachette-la, et écris à l’extérieur qu’elle ne pourra être ouverte qu’en 1960, par le cardinal patriarche de Lisbonne ou par Mgr l’évêque de Leiria. ” »

Elle a donc écrit ce qu’elle avait vu le 13 juillet 1917, avec François et Jacinthe :

« Nous vîmes à gauche de Notre-Dame, un peu plus haut, un Ange avec une épée de feu à la main gauche ; elle scintillait, émettait des flammes qui paraissaient devoir incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de l’éclat que, de sa main droite, Notre-Dame faisait jaillir vers lui : l’Ange, désignant la terre de sa main droite, dit d’une voix forte :

 PÉNITENCE, PÉNITENCE, PÉNITENCE !  »

Remarquez le déroulement des opérations : les flammes paraissent devoir incendier le monde ; c’est la menace du châtiment, mais écartée par l’intervention de Notre-Dame, qui nous obtient une rémission. Et ensuite, l’Ange crie son appel à la pénitence, qui doit obtenir cette miséricorde. Pour 1960, où cette vision devait être révélée, le châtiment est encore conditionnel. Cela rejoint tout à fait les analyses politiques que faisait notre Père : il n’a cessé d’annoncer le châtiment de Dieu qui doit venir, à cause de l’iniquité de notre monde.

« Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable à l’image que renvoie un miroir quand une personne passe devant ” : un Évêque vêtu de Blanc. “ Nous eûmes le pressentiment que c’était le Saint-Père. ” »

Après avoir vu « les choses du ciel », comme disait Notre-Seigneur (Jn 3, 12), c’est-à-dire l’Ange et Notre-Dame, sœur Lucie a vu « les choses de la terre », c’est-à-dire la vie de l’Église, telle que le Cœur Immaculé de Marie a voulu nous la montrer, telle qu’elle se présentera à partir de 1960. L’Évêque vêtu de blanc, dont les enfants comprennent qu’il s’agit du Saint-Père, bien qu’il n’en ait pas les ornements ! annonce le reniement de Paul VI déposant la tiare pontificale.

« Plusieurs autres évêques, prêtres, religieux et religieuses gravissaient une montagne escarpée, au sommet de laquelle était une grande Croix de troncs bruts comme si elle était en chêne-liège avec l’écorce. Le Saint-Père, avant d’y arriver, traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de douleur et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin. »

C’est l’exacte description de l’état présent de l’Église. Au physique comme au spirituel, le Saint-Père est vacillant ; l’Église, la « Jérusalem céleste » est dévastée, à moitié en ruine. Et le Pape, sourd au cri de l’Ange, ne prie pas pour que ses brebis fassent pénitence, mais il est uniquement préoccupé par les victimes des maux terrestres.

« Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui lui tirèrent plusieurs coups et des flèches. Et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, prêtres, religieux et religieuses, et divers laïcs, des messieurs et des dames de rangs et de conditions différentes.

« Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un vase de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs, et avec lequel ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »

Le Saint-Père doit donc parvenir au sommet de la montagne, se prosterner au pied de la Croix, et y mourir martyr ? Ces figures nous parlent de sa conversion, et des persécutions qu’il lui faudra subir en conséquence. Notre-Dame, et les voyants après elle, n’ont-ils pas maintes fois annoncé qu’il aurait beaucoup à souffrir ?

Une foule marche sur le même chemin... et subit le même sort. Telle est donc la vocation des âmes fidèles dans l’Église aujourd’hui : le martyre, unique espérance pour le salut des âmes et de la Chrétienté. Notre-Dame nous montre une grande Croix dressée devant nous, vers laquelle il faut marcher, à la suite de Jésus, notre Modèle Unique, en portant cette croix tous les jours, c’est-à-dire en supportant tous les coups et les flèches quotidiens, en vue de la grande épreuve de notre mort, de la main des ennemis de la foi, si Dieu le veult. Plus que jamais, les avertissements de l’Évangile sont d’actualité : « Qui veut sauver sa vie perdra son âme, et qui perdra sa vie à cause de Moi la sauvera. » (Mc 8, 35) Mais l’offrande de ces sacrifices sera source de grâce et de miséricorde pour les âmes qui s’approchent de Dieu.

C’est ainsi que s’achève la vision du 13 juillet 1917, que Notre-Dame a ordonné de faire connaître en 1960.

Et en 1944, Elle a donné à sa Messagère une nouvelle révélation, qui actualise cet avertissement. Sœur Lucie raconte :

« Je sentis mon esprit inondé par une mystérieuse lumière qui est Dieu, et en Lui je vis et j’entendis – la pointe d’une lance comme une flamme qui se dégage, touche l’axe de la terre – celle-ci tremble : montagnes, villes, bourgs et villages avec leurs habitants sont ensevelis. La mer, les fleuves et les nuages sortent de leurs frontières, débordent, inondent et emportent avec eux dans un tourbillon maisons et gens en nombre incalculable ; c’est la purification du monde pour le péché dans lequel il est plongé. La haine, l’ambition provoquent la guerre destructrice ! »

C’est la pointe d’une lance, comme une flamme, qui ébranle l’axe de la terre. C’est donc que l’Ange exterminateur frappe, et que cette fois, Notre-Dame ne peut plus nous préserver du châtiment, parce que la terre n’a pas fait pénitence : c’est la purification du monde pour le péché dans lequel il est plongé, et dont il ne s’est pas converti. Il est terrible de comprendre que le Saint-Père en est le premier responsable, parce qu’il refuse de faire usage du moyen que le Ciel lui donne pour obtenir la conversion du monde : la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie.

Sœur Lucie a eu cette vision le 3 janvier 1944, avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui fut horrible, horrible, comme elle l’avait prophétisé. Et nous rappelons ce qu’écrivait notre Père en 1967 au sujet d’Israël : « Nous voici donc engagés dans une affaire semblable à celle du “ couloir de Dantzig ” d’où sortit la Deuxième Guerre mondiale. La troisième est là maintenant, à portée de fusil » (cf. supra). Depuis 1967, il semble que Notre-Dame ait encore éteint les flammes de l’épée de l’Ange, mais aujourd’hui, nous voyons les prémices de la réalisation de cette vision : maisons et gens sont dévastés en nombre incalculable, la haine et l’ambition provoquent la guerre destructrice. Sœur Lucie continue :

« Puis je sentis, parmi les battements accélérés de mon cœur et dans mon esprit, l’écho d’une voix douce qui disait : Dans le temps, une seule foi, un seul baptême, une seule Église, sainte, catholique, apostolique. Dans l’éternité, le Ciel !  Ce mot Ciel remplit mon âme de paix et de bonheur, de telle sorte que presque sans m’en rendre compte, je restai à répéter longtemps : Le Ciel ! Le Ciel ! ” »

Voilà ce qui demeure inébranlable, encore et toujours notre unique espérance. Sœur Lucie a eu la grâce d’en être transportée de joie, en 1944, sous Pie XII. Mais ces paroles prononcées par la douce voix de Notre-Dame, sont d’une prodigieuse actualité, après un Concile qui a ravalé l’unique foi catholique au niveau de toutes les opinions, “ religions ” et superstitions sataniques, en promouvant la liberté religieuse ; qui a dévasté l’Église en prétendant la réformer, et qui a détourné les âmes de l’unique but de nos travaux, le Ciel.

Plus actuel encore, dans “ l’Église synodale ” dont rêve le pape François, la Foi devient un objet de discussion, prétendument “ dans l’Esprit ” : c’est l’ouverture à toutes les hérésies et aberrations modernes. Ils ne supportent plus que l’Église soit sainte, c’est-à-dire séparée du monde, mais elle doit se mettre à son service. Il est trop peu qu’elle soit catholique, au regard de la fraternité universelle qu’elle doit animer, et il ne faut pas que, sous prétexte que l’Église est apostolique, les évêques monopolisent les pouvoirs que les laïcs sont dignes d’exercer.

Cette petite phrase de Notre-Dame rappelle le dogme de la foi, et suffit pour condamner les hérésies qui font de notre Église une cité à moitié en ruine.

De plus, venant après la vision du châtiment de la terre, ces mots de Notre-Dame nous conduisent à comprendre l’attaque du Hamas sur les colons israéliens, le 7 octobre dernier, comme la réponse du Ciel à la prétention du Synode sur la synodalité d’établir dans le monde une fraternité universelle. Cette sanglante reprise de la guerre israélo-palestinienne, tandis que se tenait la première session romaine de ce Synode, anéantit cette prétention et laisse Notre-Dame du Rosaire seule capable d’établir la paix, par la dévotion à son Cœur Immaculé. « On ne se moque pas de Dieu. » (Gal 6, 7) Il ne peut supporter que cette réforme outrageusement hérétique, ruineuse de la Foi et de la morale, soit promue en lieu et place de Sa propre Volonté de voir son Église embrasser la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie : Il frappe, car, comme Il l’a dit à sœur Lucie en 1943, si sa Justice n’est pas apaisée par les moyens qu’Il a demandés, elle le sera par le sang des martyrs.

Pour nous, nous devons absolument refuser de participer aux réunions synodales qui vont se multiplier dans toute l’Église, même dans nos paroisses, à la demande de nos curés. Ce n’est pas là le service de l’Église ; c’est très précisément le péché contre le Saint-Esprit.

« JE VOUS AI PRÉVENUS DE TOUT » (Mc 13, 23)

Plus profondément, quelle leçon devons-nous tirer de ces signes des temps ?

Il nous faut relire la grandiose prophétie de l’histoire universelle que Notre-Seigneur a prononcée le mardi 4 avril de l’an 30, la veille de sa Passion, en réponse à ses Apôtres qui l’interrogeaient sur la fin des temps. Il parle de deux événements qui sont unis dans sa pensée, et qui seront précédés par les mêmes circonstances : la ruine de Jérusalem en châtiment de son refus du Christ, et un temps de tribulation qui doit précéder son retour glorieux, qui sera l’heure du Jugement dernier.

Il disait : « Prenez garde d’être induit en erreur. Car plusieurs viendront sous mon Nom, en disant c’est moi ”, et le temps est proche ”. Ne vous mettez pas à leur suite. » (Lc 21, 8) « Ils induiront beaucoup de monde en erreur. » (Mc 13, 6)

Avertissement à nous méfier de ceux qui prétendent parler au Nom de Dieu, dans son Esprit, pour annoncer des temps nouveaux. Ces paroles sont graves, pressantes, il faut prendre garde de ne pas nous laisser entraîner.

« Lorsque vous entendrez parler de guerres et de révolutions, ne vous effrayez pas ; car il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas de sitôt la fin. Alors il leur disait : On se dressera nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, par endroits, des pestes et des famines ; il y aura aussi des phénomènes terribles et, venant du ciel, de grands signes. ” » (Lc 21, 9-11)

Tous ces mots nous évoquent de récents événements de notre actualité, y compris les grands signes venant du Ciel, vus par soixante-dix mille personnes le 13 octobre 1917 à la Cova da Iria.

« Or tout cela sera le commencement des douleurs. » (Mt 24, 8)

Le mot évoque les douleurs de l’enfantement, comme Notre-Seigneur l’expliquera à ses Apôtres après la Cène : « La femme, sur le point d’enfanter, s’attriste parce que son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus des douleurs, dans la joie qu’un homme soit venu au monde. » (Jn 16, 21) Donc, de ce temps de souffrance et d’épreuve va naître une ère nouvelle, qui nous consolera de toutes nos épreuves actuelles.

« Mais, avant tout cela, on portera les mains sur vous, on vous persécutera, on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous traduira devant des rois et des gouverneurs à cause de mon Nom, et cela aboutira pour vous au témoignage. » (Lc 21, 12-13)

C’est-à-dire au martyre. C’est bien le sort des évêques, prêtres, religieux et religieuses, et divers laïcs, des messieurs et des dames de rangs et de conditions différentes tués au pied de la grande Croix de tronc brut. L’avertissement de Notre-Dame appuie, et actualise celui de son Divin Fils : il faut nous préparer à ces persécutions. C’est, en ce moment même le sort des chrétiens en pays communiste et en terre d’Islam.

« Mettez-vous donc bien dans l’esprit que vous n’avez pas à préparer d’avance votre défense : car moi je vous donnerai un langage et une sagesse, à quoi nul de vos adversaires ne pourra résister ni contredire. Vous serez livrés même par vos père et mère, vos frères, vos proches et vos amis ; on fera mourir plusieurs d’entre vous, et vous serez haïs de tous à cause de mon nom. » (Lc 21, 14-17)

« Et alors beaucoup succomberont ; ce seront des trahisons et des haines intestines. De faux prophètes surgiront nombreux et abuseront bien des gens. Par suite de l’iniquité croissante, l’amour se refroidira chez le grand nombre. » (Mt 24, 10-12)

Plus que jamais, en nos temps de molle apostasie, l’amour se refroidit, dans tous les “ partis ” de notre pauvre Église : progressistes, traditionalistes, ou charismatiques. Même les meilleurs, les quelques opposants au pape François et à son synode, se montraient peu soucieux de l’Amour des Saints Cœurs de Jésus et Marie outragés, et de l’amour des âmes passant de l’hérésie à l’apostasie, quand Jean-Paul II et Benoît XVI parvenaient à voiler leurs hérésies sous les apparences de la vraie religion catholique. En conséquence, ils ne comprennent rien à la situation actuelle. Il n’y a que notre Père, qui a fait un parcours parfait, cohérent durant toute sa vie, parce qu’il a toujours brûlé d’Amour pour Jésus et Marie, qu’il a été attentif à leurs volontés, et sans peur ni reproche pour défendre leur Vérité. Mais pour ce qui est du grand nombre, partout l’Amour se refroidit.

« Car en ces jours-là il y aura une tribulation telle qu’il n’y en a pas eu de pareille depuis le commencement de la création qu’a créée Dieu jusqu’à ce jour, et qu’il n’y en aura jamais plus. Et si le Seigneur n’avait abrégé ces jours, nul n’aurait eu la vie sauve ; mais à cause des élus qu’il a choisis, il a abrégé ces jours. Alors si quelqu’un vous dit : Voici : le Christ est ici ! Voici : il est là ! ”, n’en croyez rien. Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes qui opéreront des signes et des prodiges pour abuser, s’il était possible, les élus. Pour vous, soyez en garde : je vous ai prévenus de tout. » (Mc 13, 19-23)

Puisque nous voyons s’accomplir aujourd’hui ces prophéties, nous prenons pour nous ces avertissements, qui en deviennent très réconfortants. C’est par une miséricorde toute spéciale pour nous, pauvres fidèles des derniers temps, « survivants attardés du divin royaume », comme dit Marie Noël, c’est pour nous que Notre-Seigneur a parlé, afin que nous ne soyons pas désorientés, scandalisés, par la violence des assauts de Satan, et la ruine de son Église, mais que nous Lui fassions confiance, à Lui le Roi des siècles, que nous restions fidèles à sa Vérité et à sa Volonté.

« Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche ! [...] Or prenez garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie [...]. Veillez donc et priez en tout temps, afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. » (Lc 21, 28-36)

Nous sommes donc prévenus : le retour triomphant de Notre-Seigneur doit être précédé d’un temps d’épreuve, d’apostasie, de guerre et de persécution telle que personne n’en réchapperait, si le Seigneur n’avait abrégé ces jours. Il y a cent ans, Notre-Dame de Fatima a annoncé ces châtiments, sœur Lucie, sa porte-parole, l’a dit explicitement, de même que notre Père : nous sommes bien dans ces derniers temps.

LE PLAN DE DIEU

Une question se pose alors. Pourquoi Dieu Notre-Seigneur a-t-il voulu, dans son Bon Plaisir, qu’avant son retour la terre soit ravagée par la haine et la guerre, lui qui pourtant doit réconcilier tous les êtres en Lui et pour Lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, par le sang de sa Croix ? (Col 1, 20) Comment peut-il permettre cette horrible apostasie, laisser son Église se corrompre, son Royaume anéanti ? Se plaît-Il à trouver, à son retour, une terre outrageusement révoltée contre Lui ?

SON PREMIER ET ÉTERNEL CHAGRIN.

Tirant la leçon de siècles d’Histoire sainte, à la Lumière de la Révélation, il faut dire que la première cause de tous nos maux, religieux et politiques, de l’apostasie de l’Église, de la corruption de notre société, et de la guerre mondiale en préparation, est d’abord l’horrible péché de l’homme, particulièrement contre le Saint-Esprit.

À commencer par l’orgueil et l’ingratitude de nos rois et de nos pontifes refusant d’obéir aux ordres du Ciel, ainsi que le libéralisme, l’esprit de tolérance de ceux qui devraient lutter contre le mal, la tiédeur et la lâcheté des âmes, qui causent cette lente consomption de l’Église depuis des siècles, et le recul de la Chrétienté. Les interventions de Dieu sont étouffées, les saints qu’Il nous envoie ne sont pas écoutés : si nous refusons les moyens de salut qu’il nous offre, il n’est pas question qu’Il nous sauve ! Nous en sommes venus, par une constante décadence, à l’apostasie actuelle qui représente une masse incalculable d’outrages à la Sainteté de Dieu. C’est l’horrible péché du monde, auquel nous participons tous plus ou moins, mystère d’iniquité, profondeur de Satan où l’humanité est plongée depuis le péché originel, cause de tous nos maux : la haine et l’ambition provoquent la guerre destructrice. Il est des choses que Notre-Seigneur ne peut supporter, après avoir épuisé tous les recours pour faire miséricorde, comme dit sœur Lucie, Il châtie : c’est la purification du monde pour le péché dans lequel il est plongé.

Il en est ainsi du peuple juif, qui porte encore manifestement la malédiction de son Dieu. Telle est la grande leçon de l’Histoire sainte : quand son peuple se détourne de ses commandements, Dieu le laisse à sa folie, à sa malice, comme proie du démon, et l’enfer commence sur la terre.

Voilà ce que doit nous faire comprendre l’ignoble spectacle de notre monde, dont nous souffrons tous les jours : la “ dignité intrinsèque de la personne humaine ” est un mensonge de Satan pour la damnation des âmes. L’humanité, sans la grâce, n’est qu’un foyer de péché, objet de la colère de Dieu, selon saint Paul (Rm 1, 18). La sévérité de son châtiment doit nous faire comprendre l’horreur de notre péché.

« ILS REGARDERONT VERS CELUI QU’ILS ONT TRANSPERCÉ. »

« Avant la ruine, le cœur de l’homme s’élève, mais l’humilité précède la gloire » (Pr 18, 12). L’homme ne fait pas obstacle à Dieu, le Maître de tout : si le soleil se lève encore chaque jour sur nous autres pécheurs, c’est que notre Père du Ciel a un plan, que les Saints Cœurs de Jésus et Marie ont un dessein de miséricorde dont notre dur quotidien n’est qu’une étape.

Saint Paul écrivait : « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire à tous miséricorde » (Rm 11, 32). Il écrivait cela des juifs et des païens, tous objets de la colère de Dieu, mais tous rachetés par le Sang du Christ Jésus.

En effet, il a fallu que les juifs perfides crucifient le Fils de Dieu pour que les hommes comprennent l’ampleur de leur péché, et surtout l’infinie Miséricorde de Dieu, sa puissance pour nous convertir et nous sanctifier. Jésus Crucifié révèle l’abîme de notre péché, et surtout l’Amour dont Il nous aime, au point de répondre à la haine par la douceur et le pardon, pour nous offrir la miséricorde et la vie éternelle.

Et combien de fois notre Père a-t-il dit que notre génération commet un crime plus grave encore que les sanhédrites qui ont crucifié Notre-Seigneur ! C’est comme une nouvelle mise à mort du Christ en son Église, son Corps mystique, qui est lacéré, exsangue, donnant à peine quelques signes de vie.

Et pourtant... à Pontevedra, Il ne se plaint pas Lui-même, mais il montre le Cœur de sa Mère : « Aie compassion du Cœur de ta très sainte Mère, couvert des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à chaque instant, sans qu’il y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer. »

Donc, aujourd’hui, c’est la peine de notre Mère du Ciel qui doit nous faire mesurer l’abîme de notre iniquité, nous pousser à la contrition, à la conversion, en lui demandant pardon et Miséricorde à Elle, confiants que le salut est promis à ceux qui embrassent la dévotion à son Cœur Immaculé, selon ses propres paroles.

Car, et c’est la clef de notre présente actualité, nous sommes entrés en 1917 dans le temps d’une Nouvelle Alliance. Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, dévotion qui doit se manifester par certaines pratiques, oh ! si petites, si faciles, mais qui nous obtiendront la Miséricorde de notre Père du Ciel.

Mais nos Pontifes ne daignent pas, pour le moment, se soumettre à cette Volonté de Dieu, de sorte que le Cœur Immaculé de Marie en est déchiré de peine et d’angoisse, parce que les âmes de ses enfants marchent à l’enfer.

La promesse demeure pourtant, promesse de son triomphe, à la fin, triomphe qui manifestera sa Puissance et sa Miséricorde maternelle pour nous tous qui l’avons offensée. Dieu Notre-Seigneur nous laisse aller au fond de l’abîme, il permet le déchaînement de Satan, l’enfer commencé sur la terre, pour que nous soyons dégoûtés de notre misère, de la laideur de notre révolte, et que nous nous tournions résolument vers la Toute-Pure, l’Immaculée Conception, pleine de Grâce, notre Mère à tous, à jamais ! Son triomphe sera la manifestation glorieuse de sa Puissance, de sa Bonté, la révélation du secret contenu dans son Nom : je suis l’Immaculée Conception.

Notre Père disait que ce Nom même, qui reste enveloppé de tant de mystère, est l’arme secrète du Bon Dieu. Quand l’Église découvrira ce mystère de l’Immaculée Conception, le monde entier se convertira. Lui-même, notre Père, en a dévoilé une facette en expliquant la parole de l’ange Gabriel : gratia plena, Dominus tecum. Le Seigneur est avec vous, cela désigne le Saint-Esprit, qui est, c’est l’infinie existence divine, qui est avec la Vierge Marie. Ils sont inséparables : Elle-même est divinisée par cette habitation parfaite de l’Esprit-Saint, au point d’être pleine de Sa Grâce, tandis que Lui se plaît à demeurer dans son Cœur Immaculé, c’est en Elle qu’Il réside, et veut agir, se manifester.

Au pied de la Croix, l’Immaculée Conception a reçu sa vocation de Mère universelle, qui découle de sa Maternité Divine, et depuis son Assomption, son Corps, son âme, tout son être est transfiguré, glorifié, par l’opération du Saint-Esprit, afin d’assurer ce rôle de Médiatrice universelle de toutes les grâces, en tout temps et en tout lieu.

C’est donc en Elle que le Saint-Esprit agit pour renouveler la face de la terre, c’est à Elle qu’il appartient de la purifier, de la sanctifier, afin qu’Elle-même soit aimée, chantée, remerciée, sur la terre comme au Ciel. Tel est l’éternel dessein de la Sainte Trinité, le plan de Dieu pour notre humanité : nous unir à son propre Amour pour sa Conception Immaculée, pour y trouver comme Lui notre joie, et d’abord notre salut, pour la louange de sa Gloire.

Mais pour que les hommes tarés par le péché soient attentifs à cette révélation, pour que nous mettions vraiment tout notre amour et toute notre confiance en Elle, il faut que nous soyons vraiment embourbés au fond de l’abîme, et qu’Elle nous en sauve. Comme le disait notre Père : Dieu permet tant d’horreur, de péché et de souffrance sur la terre, afin de faire éclater la splendeur et la puissance du Cœur Immaculé de Marie.

Nous sommes aujourd’hui au Vendredi saint de la Nouvelle Alliance dans le Cœur Immaculé de Marie, mais nous avons la promesse d’une Résurrection, l’espérance d’une nouvelle Pentecôte qui touchera les cœurs, un don de la grâce qui nous tournera vers ce Cœur maternel, selon le mot de l’Écriture : « Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé. » (Za 12, 10)

Telle est la révélation de Fatima, et l’alpha et l’oméga de la Sainte Écriture, depuis la Femme promise à nos premiers parents pour les délivrer de l’empire de Satan (Gn 3, 15), jusqu’à Celle que vit saint Jean, revêtue de soleil, couronnée de douze étoiles, affrontée à ce même ennemi (Ap 12, 1). Elle remplit toute la Bible, de la première à la dernière page.

« HEUREUX CES SERVITEURS QUE LE MAÎTRE TROUVERA VEILLANT. »

Conclusion : il nous faut maintenir ferme la certitude que ce que nous faisons pour obéir à Notre-Dame ; le chapelet, les premiers samedis, toutes ces petites pratiques, qui peuvent nous paraître disproportionnées à la masse des iniquités de notre monde, sont en fait de grandes choses, parce que le seul vrai remède à tous nos maux, non pas à cause de nos mérites, mais de par la puissance de l’Immaculée Conception, et la souveraine Volonté de Dieu qui veut nous sauver par le dévouement de ce Cœur Immaculé de notre Mère. Donc persévérer, et progresser dans notre dévotion, dans l’intention réparatrice, en multiplier les actes.

Ensuite, il nous faut prendre la résolution que nous donnait notre Père : « Nous allons accepter chacune de nos croix, les épreuves que je vais rencontrer dès ce soir, ou demain, et chacun des périls et des drames de l’humanité, nous allons les accepter dans la pensée qu’ils sont là pour manifester la puissance du Cœur Immaculé de Marie qui nous sauvera. » Ainsi, « la Vierge Marie va grandir à nos yeux », tout le temps que durera le châtiment de Dieu. Car Elle voit tous nos maux, Elle y compatit, et Elle a dans son Cœur la grâce nécessaire pour notre salut, notre consolation, ou notre persévérance dans l’épreuve ; mais il faut la lui demander.

Offrir ainsi toutes les souffrances qu’Elle nous enverra, afin de la consoler, et pour le salut des âmes, de tant d’âmes qui, sans cela, vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifient et prient pour elles.

Telle est notre vocation : nous joindre à la foule des évêques, prêtres, religieux et religieuses, et divers laïcs, des messieurs et des dames de rangs et de conditions différentes qui marchent vers la grande Croix de troncs bruts, afin d’y verser leur sang, pour le salut des âmes qui s’approchent de Dieu.

Pourtant, sœur Lucie elle-même n’a pas obtenu de mourir en témoignage de sa foi. Mais elle écrivait : « Dieu m’a réservé un autre martyre, parfois, pas plus facile : c’est le lent martèlement du renoncement qui crucifie et immole, comme le frottement continuel d’une lime sourde qui détruit la vie que j’ai offerte pour toujours. Et je redis :  ce que tu voudras, mon Dieu et mon Seigneur ”. »

Puissions-nous la suivre dans cette voie, afin que se déploie la puissance du Cœur Immaculé de Marie, comme elle l’écrivait au lendemain du voyage de Paul VI à Fatima, tandis que déjà la guerre faisait rage en Palestine : « Lorsque tout semblera perdu, c’est alors qu’on verra le miracle. Avant, on l’attribuerait à l’intervention des hommes. »

Car c’est la Vierge Marie « qui détient la puissance, disait notre Père, et elle nous fait savoir que c’est Elle, c’est son Cœur Immaculé qui triomphera de tous ses ennemis. Il faudrait que nous soyons capables d’imaginer ce rayonnement de splendeur, cette énergie formidable qui émane d’Elle, qui est une énergie puisée en Dieu, une énergie capable de terrasser l’ennemi, aussi bien les hommes mauvais et leurs armées envahissantes, que les armées du démon. »

« Elle est terrible comme une armée rangée en bataille, oui, mais aussi rangée pour le défilé au jour de la victoire, en face de Dieu pour lequel Elle a combattu, plaidant pour la décoration de tous ses enfants valeureux auprès du Roi et Seigneur des seigneurs. »

« C’est Elle qui est la bien-aimée du Seigneur depuis le commencement du monde. Donc, le Seigneur veut que, à la fin des temps, ce soit Elle qui ouvre son propre Royaume à Elle, qui sauve l’humanité in extremis, pour ensuite offrir à son Fils Jésus-Christ ce beau cadeau d’une humanité réconciliée avec Lui. »

Et ce sera l’Heure de son couronnement au Ciel par son Fils, sous les regards du Père, à la gloire du Saint-Esprit, en présence des saints et des anges exultants. Nous le verrons “ de nos œils ”, comme disait Bernadette, si nous sommes fidèles. C’est l’objet du dernier mystère de notre Rosaire, dont notre Père disait : « Heureusement que nous avons ce dernier mystère, ce couronnement de la très Sainte Vierge, parce que nous avons absolument besoin de savoir qu’à la fin, Jésus-Christ sera vainqueur par le couronnement de sa Sainte Mère. À l’heure actuelle, c’est la déconfiture, l’Église est en train de mourir, nous savons que les temps vont être très durs, mais la victoire, le Couronnement de la Vierge est devant nous. Chaque fois que j’arrive à ce cinquième mystère, je dis : ouf ! un jour nous serons vainqueurs. »

frère Bruno de Jésus-Marie.