Il est ressuscité !

N° 259 – Octobre 2024

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


« L’Esprit de vérité »

« Il y a quelque chose d’un séminaire d’entreprise dans ce Synode qui s’ouvre à Rome... a commenté La Croix, ajoutant tout de même :... le spirituel en plus. » (article du 2 octobre)

DANS le chaos apocalyptique des événements  mondiaux, l’ouverture d’une nouvelle phase du “ Chemin synodal ”, le 2 octobre dernier, n’a pas suscité un grand intérêt, médiatique ni populaire. Ceux-là seuls qui savent les enjeux d’une telle entreprise s’en préoccupent.

Fait significatif : cette assemblée est officiellement amalgamée au “ synode des évêques ”, bien qu’elle comporte, en plus des 272 successeurs des Apôtres convoqués, quatre-vingt-seize autres participants dont cinquante-trois femmes, qui réfléchissent, discutent et partagent à égalité, autour de petites tables rondes dans la salle “ saint ” Paul VI, dans le but de parvenir à une “ conversion synodale de l’Église ”.

Il est significatif que parmi les cinquante-trois femmes, la Sainte Vierge, Médiatrice de toute grâce, n’ait pas voix au chapitre...

D’autant plus que cette nouvelle phase a pourtant été précédée d’une « retraite spirituelle » de deux jours, prêchée par le dominicain Radcliffe, connu pour ses théories morales licencieuses, qui vient d’obtenir le chapeau de cardinal.

Au terme de la retraite, dans la soirée du 1er octobre, le pape François a présidé une “ veillée pénitentielle ” ; il a voulu que sept cardinaux lisent chacun une confession publique de sa plume, « parce qu’il était nécessaire de nommer nos principaux péchés.

« Nous sommes ici accablés par l’énormité de notre péché. Et nous ne voulons pas que ce fardeau ralentisse la marche du royaume de Dieu dans l’histoire », a-t-il dit dans son homélie. Il s’agit donc de bien autre chose que de convertir les « pauvres pécheurs » qui tombent en enfer parce que personne ne prie pour eux, angoisse du Cœur Immaculé de Marie.

LES PÉCHÉS DE L’ÉGLISE... 
D’AVANT VATICAN II

Le pape François a demandé pardon pour les péchés de l’Église – d’avant Vatican II – contre la paix, contre la création, contre la dignité des femmes et des jeunes et contre le projet d’une Église synodale... Celui qui nous concerne certainement est le péché d’avoir « endoctriné l’Évangile, en risquant de le réduire à un tas de pierres à jeter sur les autres ». Les journalistes ont parlé du « nouveau péché de la doctrine utilisée comme des pierres à jeter ».

En nous souvenant que le pape François a canonisé la petite Jacinthe de Fatima, nous comprenons qu’il a retenu la prophétie de cette enfant privilégiée du Cœur Immaculé de Marie mais en omettant la fin de cette vision qui l’invite lui-même à une vraie conversion :

« J’ai vu le Saint-Père dans une très grande maison, agenouillé devant une table, la tête dans les mains et pleurant. Au-dehors, il y avait beaucoup de gens et certains lui jetaient des pierres. »

Une seconde vision précise le sens de la première :

« Ils étaient tous trois prosternés sur le sol et récitaient les prières enseignées par l’Ange. Soudain, Jacinthe se redressa et s’écria :

« “ Oh ! Lucie ! Ne vois-tu pas tant de routes, tant de chemins et de champs pleins de gens morts, perdant leur sang, et d’autres gens qui pleurent de faim et n’ont rien à manger ? Et le Saint-Père, dans une église, priant devant le Cœur Immaculé de Marie ? Et tant de monde qui prie avec lui ? ” »

Loin de pleurer les erreurs du concile Vatican II et de tomber à genoux aux pieds de Notre-Dame, il aggrave les maux dont souffre l’Église, en refusant d’obéir aux supplications de ce Cœur Immaculé qui demande d’établir dans le monde la dévotion réparatrice à son Cœur Immaculé pour arracher à l’Enfer les âmes désorientées par ce funeste Concile.

Ah ! Prions pour qu’un jour, terrassé par la grâce, il verse de vraies larmes de contrition en examinant sérieusement les trois livres d’accusations portés par notre Père contre Paul VI, Jean-Paul II et le CEC, véritables pierres de fronde jetées par notre David contre le Goliath-Masdu !

Le Masdu, la fraternité universelle : c’est le but de tous les travaux du Saint-Père, son unique désir. Il est prêt à y sacrifier tout ce qui entrave l’accomplissement de ce grand dessein, jusqu’à la Vérité révélée par Notre-Seigneur, la Religion unique instaurée par Lui.

À Singapour, le 13 septembre, il a dit que « toutes les religions sont un chemin vers Dieu. Elles sont comme des langues différentes, des idiomes différents pour y parvenir ».

Ajoutez à cela le Nihil obstat accordé aux apparitions diaboliques de Medjugorge, immense mystification, outrage au Cœur Immaculé de Marie qui va détourner de Fatima et de son message salutaire des foules de pèlerins, et les désorienter encore davantage.

LE SYNODE SANS LE CHRIST 
ET LA GUERRE

Ce sont là les causes profondes de la guerre qui embrase le monde, mais surtout les motifs de la tristesse de notre Mère du Ciel, « vaste comme la mer » (Lm 2, 13), de son angoisse pour tant de ses enfants qui marchent à l’enfer.

Nous vivons, à n’en pas douter, la grande apostasie que saint Paul annonçait à ses Thessaloniciens. Tout ce qui « retenait » l’Antichrist est « écarté », à savoir les institutions, les dogmes et les Lois de l’Église, qui formaient la muraille de la Cité sainte depuis deux mille ans.

« Sa venue à lui, l’Impie, aura été marquée, par l’influence de Satan, de toutes espèces d’œuvres de puissances, de signes et de prodiges mensongers, comme de toutes les tromperies du mal, à l’adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n’avoir pas accueilli l’amour de la vérité qui leur aurait valu d’être sauvés. Voilà pourquoi Dieu leur envoie une influence qui les égare, qui les pousse à croire le mensonge, en sorte que soient condamnés tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal. » (2 Th 2, 9-12)

LES “ SIGNES DES TEMPS ”.

Dans son discours d’ouverture de la nouvelle assemblée synodale, François a cité Gaudium et spes : l’Église doit être « sensible à interpréter les signes des temps ».

Il y a juste un an, en pleine assemblée synodale, déjà ! la “ poudrière ” du Moyen-Orient avait été mise à feu une nouvelle fois. J’écrivais alors :

« La vision de la troisième partie du Secret de Fatima nous conduit à comprendre l’attaque du Hamas sur les colons israéliens, le 7 octobre dernier, comme la réponse du Ciel à la prétention du Synode sur la synodalité d’établir dans le monde une fraternité universelle sans le Christ. Cette sanglante reprise de la guerre israélo-palestinienne, tandis que se tenait la première session romaine de ce Synode, anéantit cette prétention et laisse Notre-Dame du Rosaire seule capable d’établir la paix, par la dévotion à son Cœur Immaculé. » (Il est ressuscité no 250, décembre 2023)

Malgré un an de tueries israéliennes à Gaza, le Saint-Père persévère dans son aveuglement. Le 1er octobre, le jour de la retraite préparatoire au synode ! Tsahal lançait ses premières attaques terrestres au Liban contre le Hezbollah. Dans cette guerre inexpiable entre juifs et musulmans, ce sont maintenant des chrétiens, en grand nombre, qui souffrent la guerre, l’exil, la pauvreté.

« Elle a du prix au regard du Seigneur, la mort de ses saints » (Ps 115 selon la Vulgate). Ce sont leurs souffrances dont notre Mère du Ciel veut recevoir le sacrifice, afin de pouvoir en reverser le mérite sur “ les âmes qui s’approchent de Dieu ”. Elle est auprès d’eux la Colombe du Saint-Esprit, qui leur offre le don de force, pour témoigner de leur foi.

LE PARACLET « QUE LE MONDE NE PEUT PAS RECEVOIR » (Jn 14, 17)

La fin poursuivie par l’assemblée synodale est le dialogue, “ l’écoute ” de toutes et tous, afin « de discerner ensemble la voix de Dieu qui parle à l’Église », de se « laisser conduire par la brise de l’Esprit », vers « l’harmonie que Lui seul peut créer ». Cette harmonie consiste en l’accueil de tous, tous, tous, gratuitement, miséricordieusement, pour que l’Église soit véritablement le signe de l’unité du genre humain ». Tandis « qu’un cœur fermé sur ses propres convictions ne relève pas de l’Esprit du Seigneur » (Homélie et discours d’ouverture du synode, le 2 octobre dernier).

Sous couvert d’illuminisme charismatique, c’est la soviétisation de l’Église, selon le sens littéral qu’a pris le mot soviet depuis le bolchevisme : un conseil caractérisé par son “ unanimité ” constante, et qui donne à ses décisions une autorité absolue. Notre-Dame nous en avait prévenus :

« La Russie répandra ses erreurs »...

En fait de “ discernement ”, le pape François semble avoir une idée très précise des volontés de “ l’Esprit ” : une Église ouverte à tous, qui renonce à toute forme de lutte, comme à tout exercice de l’autorité que lui a conférée son Divin Fondateur, et qui entrave la fraternité universelle. Il s’agit de mener à leur terme les réformes entreprises lors de Vatican II (cf. Illuminisme synodal, Il est ressuscité no 248, octobre 2023).

Que les évêques et les prêtres n’en imposent pas aux laïcs, et qu’on ne parle plus de dogme ni d’obligation morale ! Soixante-dix-neuf « théologiens experts », véritables “ commissaires politiques ”, sont chargés « d’accompagner les débats » au Synode, (La Croix du 22 octobre). Lors d’un “ forum théologique ”, ils ont « exhorté les évêques présents à changer d’attitude, à  être des frères ”, à partager les responsabilités ». À la fin, ils rédigeront le Document final de l’assemblée, avec la charge de « préciser et développer les intuitions exprimées, en les reformulant, afin de rendre opératoire ce grand désir un peu flou de synodalité » !

EST-CE LÀ, VRAIMENT L’ŒUVRE DE L’ESPRIT-SAINT ?

« Le Paraclet établira la culpabilité du monde en fait de péché, en fait de justice et en fait de jugement », parole du Seigneur (Jn 16, 8) !

Telle est la mission de l’Esprit-Saint, le Paraclet, c’est-à-dire celui que l’on appelle à son secours dans un procès, ici le grand procès que le monde intente à Notre-Seigneur. Dans les âmes des fidèles de l’Église catholique, dans le cœur des enfants de Marie sa Sainte Colombe, l’Esprit-Saint qui procède du Père et du Fils se dresse en accusateur des ennemis de Jésus-Christ, Fils de Dieu.

« En fait de péché, parce qu’ils ne croient pas en moi. » (Jn 16, 9) Le péché du monde, qui était déjà celui des juifs ennemis de Notre-Seigneur, est de ne pas croire en Lui. Le Paraclet inspire à ses fidèles une fermeté d’acier, jusqu’à l’héroïsme du martyre, pour dénoncer le péché d’apostasie de notre génération et garder une foi inébranlable en Jésus-Christ, seul Sauveur du monde, et en sa Divine Mère, sa Médiatrice entre Lui et nous.

« En fait de justice, parce que je vais vers le Père et que vous ne me verrez plus. » (Jn 16, 10)

Jésus-Christ est le seul juste, Lui seul règne auprès de son Père, qui lui donne les nations en héritage (Ps 2), après qu’Il a souffert en expiation pour nos péchés. Les dieux des païens, des “ sikhs, des musulmans et des hindous ”, qu’à Singapour le Pape a prétendu mettre à égalité avec Lui, sont des démons (Ps 96, 5).

« En fait de jugement, parce que le Prince de ce monde est déjà jugé. » (Jn 16, 11)

Jésus l’a jeté dehors par sa Croix (Jn 12, 31), et sa Sainte Mère lui écrasera la tête (Gn 3, 15). Le Saint-Esprit donne aux enfants de Jésus et Marie la force de cette inconfusible espérance : Satan, qui se déchaîne de plus en plus ostensiblement aujourd’hui, sera bientôt écrasé. Si saint Paul annonçait à ses Thessaloniciens la grande apostasie des derniers temps, c’était pour affermir leur espérance en la victoire du Seigneur de Gloire :

« L’Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche. » (2 Th 2, 8)

LA MISSION DE L’ESPRIT-SAINT DANS LES DERNIERS TEMPS.

« Le Paraclet, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon Nom, vous enseignera et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14, 26)

L’Esprit-Saint travaille donc à faire comprendre et mettre en pratique la Parole dont Notre-Seigneur a confié le dépôt à son Église, depuis le premier verset de la Bible jusqu’au message dont il a confié la transmission à sa Divine Mère : « Jésus veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. »

« Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour. » (Jn 15, 10)

Cet amour est le don parfait de l’Esprit-Saint, comme l’écrivait saint Paul : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 5) Il s’agit de notre amour envers Dieu, qui l’infuse Lui-même dans le cœur de ses enfants, ainsi que de son propre amour à Lui envers nous. Quel est l’objet premier de cet amour ? Sainte Jacinthe disait : « Le Cœur de Jésus veut que l’on vénère avec lui le Cœur Immaculé de Marie. »

C’est l’œuvre du Saint-Esprit que de nous donner part à l’amour du Père et du Fils pour l’Immaculée Conception, comme l’annonçait saint Louis-Marie Grignion de Montfort pour les derniers temps : « Marie doit être connue et révélée par le Saint-Esprit afin de faire par Elle connaître, aimer et servir Jésus-Christ. » (Traité de la vraie dévotion, no 49)

C’est ainsi que, parallèlement aux grandes apparitions de la Sainte Vierge des deux derniers siècles, le Saint-Esprit a inspiré à ses saints, tels le bienheureux Edward Poppe ou saint Maximilien-Marie Kolbe, une immense dévotion envers Elle ainsi qu’une compréhension nouvelle de son mystère. Et notre Père a recueilli leur héritage et prolongé leur enseignement : sa thèse de la préexistence de l’Immaculée Conception avant tous les siècles, « dès l’éternité » (Pr 8, 22), paraît bien être l’une de ces merveilleuses inspirations de l’Esprit-Saint pour les derniers temps.

NOUS IRONS ESSUYER LES LARMES DE NOTRE MÈRE

Le Synode en cours est absolument étranger à cette orthodromie divine. C’est pourquoi nous n’irons pas chercher le Saint-Esprit à Rome, ni même, finalement, à Pontevedra, comme nous l’avions projeté. Nous ne pouvons, matériellement, engager une telle dépense avec toute la Phalange. C’est un signe, la Sainte Vierge veut que nous demeurions en France, son Royaume.

Nous irons donc solenniser le centenaire de la demande de la dévotion réparatrice à son Cœur Immaculé à La Salette, en supplication pour que l’Église, enfin, se soumette à ces divines volontés.

Sur la montagne de La Salette, notre Mère du Ciel et Reine de France est apparue en larmes, la tête dans les mains et les coudes sur les genoux, comme « une maman que ses enfants auraient battue et qui se serait ensauvée dans la montagne pour pleurer à son aise », disait Maximin.

Tel est bien son message, sa « grande nouvelle », où paraît toute l’amertume de son Cœur maternel brisé de douleur et d’angoisse à cause de nos ingratitudes :

« Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si lourd et si pesant que je ne puis plus le retenir. Depuis le temps que je souffre pour vous ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse pour vous ; et vous autres, vous n’en faites pas cas ! Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous ! »

« Depuis le temps que je souffre pour vous », et combien plus depuis cent ans, depuis qu’Elle nous a révélé la nouvelle Alliance dans son Cœur Immaculé offerte pour le salut du monde, à laquelle les hommes d’Église n’ont pas voulu se soumettre, pour la damnation éternelle de « tant d’âmes qui vont en enfer, parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles ».

Ce message contient précisément les vérités élémentaires de notre foi qui font défaut au pape François : la crainte du châtiment mérité par nos péchés, l’esprit de réparation, l’horreur du blasphème, la Corédemption et la Souveraineté de Notre-Dame.

Nous irons donc à ses pieds pleurer nos péchés et ceux de notre génération, dans l’espérance de toucher son Cœur et par lui, Celui de son Divin Fils, en vue de leur Règne universel « à la fin », les suppliant de nous garder fidèles dans les périls de l’heure, avec tous ceux que nous aimons.

frère Bruno de Jésus-Marie.

« Depuis le temps que je souffre pour vous ! »
Statue de bronze de Notre-Dame de La Salette, au lieu même de son apparition le 19 septembre 1846.