Il est ressuscité !

N° 259 – Octobre 2024

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Cœur couronné d’épines

DU 13 au 20 octobre,  nos communautés de Saint-Parres ont fait retraite en suivant la prédication de notre Père en 1985 sur Le Secret de Paray-le-Monial. Les révélations de Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie nous sont d’autant plus chères, à nous, Petits frères et Petites sœurs qui portons le nom et l’emblème du Sacré-Cœur, que nous avons embrassé avec un zèle égal la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie, enseignée par Notre-Dame de Fatima en s’appropriant le message de Paray-le-Monial et, en particulier, en reprenant le symbole de la couronne d’épines enserrant son Cœur et signifiant nos péchés.

Un jour, Jésus offrit à sa confidente ce cruel diadème dont la pensée la tourmentait déjà tant, pour qu’il devienne sa propre « précieuse couronne » : « Reçois, ma fille, cette couronne en signe de celle que je te donnerai bientôt par conformité avec moi. »

La sainte visitandine subit peu après trois accidents à la tête et éprouva d’atroces douleurs : il lui semblait que tout son crâne était entouré d’épines qui s’y enfonçaient. Elle accueillit avec reconnaissance cette souffrance qui ne la laissait plus oublier son bien-aimé, disant même que ces maux lui faisaient passer les nuits « délicieusement dans la compagnie de mon Jésus souffrant par amour ».

À sa pauvre mesure, il en va de même de toute âme touchée de compassion pour le Cœur de Jésus navré d’amour, pour le Cœur Immaculé de Marie réclamant réparation. Ainsi de notre Phalange. Quelles que soient nos activités, elles nous ramènent immanquablement à l’œuvre primordiale exigée par le Ciel : consoler le Cœur Immaculé de Marie.

Il faut mentionner d’abord nos réunions du premier samedi du mois, inaugurées cette année à Magé dès septembre. À partir de décembre, nos amis profiteront à leur tour dans nos ermitages des conférences de cette retraite d’automne 1985, jetant une lumière nouvelle sur le mystère de l’union du Sacré-Cœur avec sainte Marguerite-Marie.

Le samedi 14 septembre, les cercles champenois et parisien se retrouvèrent à Sens pour ouvrir la nouvelle année scolaire. Dans cette ville qui fut jadis le siège métropolitain de Paris et de Troyes, frère Bernard leur rappela comment Saint Louis y accueillit solennellement la sainte Couronne d’épines en 1239, relique dont ils purent vénérer un fragment important dans le trésor de la cathédrale. Certes, ce pèlerinage était de circonstance, dans l’élan de l’oratorio sur Saint Louis roi et croisé. Mais de plus, l’ardeur du Capétien à honorer la Couronne du Christ avive notre propre ferveur pour réparer et retirer les épines que les pécheurs enfoncent à chaque instant dans le Cœur Immaculé de Marie.

Le lendemain, le cercle de Lyon rejoignit les communautés de Fons dans le petit sanctuaire ardéchois de Notre-Dame d’Ay, qui connut une renaissance remarquable après la Révolution et durant tout le dix-­neuvième siècle. « La dévotion réparatrice était l’objet principal de ce pèlerinage qui nous parle de temps troublés, de persécutions et de triomphe du Cœur Immaculé de Marie. Quelle espérance ! » nous écrit l’un des participants.

Une semaine plus tard, les amis du Sud-Ouest, autour de frère Thomas, accomplirent leur rentrée à Garaison, sanctuaire du seizième siècle, dont le rayonnement fut quelque peu éclipsé par Lourdes, mais où Notre-Dame agit toujours avec puissance.

Pendant ce temps, frère Bruno s’en était allé à la maison Sainte-Thérèse. Pendant deux semaines, du 4 au 18 septembre, il y parla inlassablement de la Sainte Vierge, afin de donner à nos communautés et à notre Phalange canadienne une intelligence toujours plus profonde et un goût plus vif de la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie.

Malgré tout le plaisir que frère Bruno éprouve à visiter ses enfants de Nouvelle-France, il lui fallut bien rentrer à la maison Saint-­Joseph pour le 55e Congrès CRC qu’il ouvrit, le 5 octobre, en accueillant deux postulants. Notre frère prieur leur précisa ce qu’ils étaient venus chercher dans notre monastère : la présence de Dieu. Et pour guider leurs premiers pas dans la vie religieuse, il leur raconta les apparitions de l’Ange de Fatima en 1916, qui furent précisément pour Lucie, François et Jacinthe une première révélation du mystère ineffable de Dieu, de la Sainte Trinité, formulé dans des prières d’une richesse inépuisable, appelées à devenir la trame de notre vie spirituelle à tous comme elles firent celle de sœur Lucie : « “ Très Sainte Trinité... Cette prière fut pour moi le grand lien de mon union à Dieu ; ce lien me saisit, m’étreint. Cette prière est indissolublement gravée dans mon cœur. »

Nos amis étaient venus très nombreux, battant une nouvelle fois le record d’affluence pour un Congrès. C’est dire quel réconfort ils trouvent dans l’amitié phalangiste, alors rendue si sensible, et tout autant dans le compendium offert par frère Bruno et frère Michel des intentions, dévotions et instructions qui ont gouverné l’année écoulée et orienteront la nouvelle.

Frère Bruno leur commenta dans ses sermons le texte d’une prière du matin destinée à nous engager plus avant, au commencement de chaque journée, dans la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Cette prière pourra devenir l’expression quotidienne de notre consécration totale au service de notre Reine et le moyen de la conversion intime qu’Elle attend de chacun de nous, à entreprendre ou à renouveler, pour qu’Elle se serve de nous comme Elle le désire. En ce sens, l’année de préparation au centenaire des apparitions de Pontevedra sera une véritable Croisade.

De cette Croisade, le roi Saint Louis, dont frère Bruno présenta l’oratorio composé par frère Henry, nous offre un figuratif. Mais l’exemple de notre Père, “ martyr de l’obéissance de la foi  (voir supra, p. 5 à 32), nous dicte mieux encore notre ordre de bataille, pour frapper à la tête l’hydre de l’Antichrist, sans blesser pour autant le corps de notre Mère, la sainte Église, qu’il retient en ses griffes.

Enfin, le dimanche après-midi, en la solennité de Notre-Dame du Saint-Rosaire, reine des batailles de la Chrétienté, frère Michel analysa les Actualités, tirant le bilan d’un été où le diable s’est déchaîné à visage découvert. Que d’outrages pour Notre-Dame, dans une France où s’étale l’esprit de blasphème, où les églises brûlent impunément, où la République, en proie à des convulsions démocratiques, trouve toujours la force de faire la guerre à l’enseignement catholique, à tout ce qui échappe encore à sa tyrannie laïque.

La Sainte Vierge n’est malheureusement pas mieux traitée dans l’Église. Les pèlerinages de Pellevoisin et de Medjugorje ont été tous les deux reconnus par le dicastère pour la doctrine de la Foi comme des lieux où agit l’Esprit. Marie et Satan sont confondus dans le magma des “ expériences spirituelles authentiques ” et des faits surnaturels « présumés » !

Mais le pire est encore l’interreligion éhontée que prêche le Pape lui-même au fil de ses voyages, et l’illuminisme trouble qui gouverne les travaux du synode sur la synodalité (voir supra, p. 1 à 4).

Peut-être la guerre qui embrase le monde dissipera-­t-elle enfin toutes nos funestes illusions ? La Nouvelle-­Calédonie, terre française et terre mariale, est de nouveau en flammes, résultat logique de l’incurie démocratique ; en Ukraine, il semble que le sang n’ait pas encore suffisamment coulé pour que l’Otan vienne à composition avec la Russie ; le Proche-Orient est à feu et à sang, à Gaza, en Cisjordanie et au Sud-Liban où les chrétiens catholiques pâtissent cruellement une nouvelle fois.

Parmi tant de calamités, nous serions nous-mêmes déroutés si notre Père n’avait pas dénoncé dans les Actes mêmes du concile Vatican II l’origine de la désorientation qui porte tous ses fruits de mort aujourd’hui :

« “ Tout protestant fut pape une Bible à la main , raillait Boileau. Le protestantisme conciliaire fait mieux. Il laisse tomber la Bible. Pourquoi ce livre quand l’Esprit inspire à chacun la Tradition de demain ? et pourquoi l’Église puisque tout homme est prophète par illumination intérieure ? Tous sont appelés désormais à lire dans leur journal – ou dans leur cœur – les  signes des temps  pour délivrer leur message !

« Quand on en viendra à étudier sans préjugé cette époque insensée, on devra convenir que la base de l’Évangélisme conciliaire, c’est l’Illuminisme, venin de la Constitution sur la Révélation. En est résulté un Démocratisme, collégial puis collectiviste ou communautaire, venin de la Constitution sur l’Église Peuple de dieux. Pour aboutir à un Humanisme universaliste, négateur de toute révélation et de tout culte particulier, venin de la Déclaration sur la Liberté religieuse et de la Constitution sur l’Église dans le Monde de ce temps. » (CRC n° 50, nov. 1971, “ Demain Vatican III ”)

Le mal est diagnostiqué, les voies du salut sont bien repérées, il n’est plus que d’implorer le secours de Notre-Dame dont le récit que nous fit frère Michel de deux miracles éclatants, tout récents, en son sanctuaire de Garaison, nous assure que son bras n’est pas raccourci !

    frère Guy de la Miséricorde.