Il est ressuscité !
N° 268 – Juillet-août 2025
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
Allons à Lourdes
LE 8 décembre 1854, le bienheureux pape Pie IX proclama solennellement le dogme de l’Immaculée Conception. Si la diffusion prodigieuse de la Médaille miraculeuse à travers le monde entier y avait préparé les esprits et les cœurs, l’apparition de Lourdes en fut la céleste confirmation.
Pourquoi Lourdes ?
Mais parce que la chapelle des apparitions de la rue du Bac n’était toujours pas ouverte, et le message intégral de la « Vierge au globe » était occulté.
Sainte Catherine Labouré s’en désolait. On a retrouvé dans ses papiers, après sa mort, ce petit mot qui en dit long sur sa détresse intime : « Ma bonne Mère, jusqu’ici on ne veut pas faire ce que vous voulez, manifestez-vous ailleurs. » C’était en janvier 1858...
Le mois suivant, l’Immaculée apparaissait à Lourdes, qui devenait ainsi « la Ville Sainte, là-bas dans ses montagnes, où il y avait toute la place voulue et des supérieurs ecclésiastiques pour autoriser les déploiements des foules en procession » (CRC n° 321, p. 2).
La Vierge laissa donc le cœur de Paris, puisqu’on ne voulait pas d’Elle, pour les montagnes perdues de La Salette et de Lourdes : c’était comme le début d’un long exil. Ce n’est pas notre interprétation, mais c’était la Sainte Vierge elle-même qui nous le signifiait, en choisissant d’apparaître au milieu des bois, dans la « fente du rocher » de Massabielle. Cette « fente du rocher » est présente dans le Cantique des cantiques, c’est le refuge de la bien-aimée, son doux lieu d’exil où elle retrouve son Bien-aimé qui lui adresse cette prière : « L’hiver a disparu : levez-vous, ma bien-aimée, ma colombe, et venez vous cacher dans la fente du rocher. » (Ct 2, 14)
Dans le sens littéral, cette colombe, c’est Israël fidèle, exilée dans les montagnes du Liban, alors que Jérusalem est aux mains des impies. Ici, c’est Paris qui est sous le régime impie de Napoléon III, et la colombe, c’est l’Immaculée, la Bien-aimée du Seigneur, réfugiée dans les montagnes des Pyrénées, en attendant de revenir un jour à Paris, mais en Reine cette fois !
LA GRANDE RÉVÉLATION
Qu’allait-elle donc nous révéler de décisif ?
Du 11 février au 16 juillet 1858, la Sainte Vierge exhorta Bernadette à la prière et à la pénitence, « pour les pécheurs », par des pratiques et des exercices individuels, mais aussi communautaires et hiérarchiques, menés par le clergé : « Que les prêtres me construisent une chapelle et fassent des processions. » Le 25 février, une source jaillit et, dès lors, les miracles se multiplièrent ainsi que les grâces de conversion, et les foules se précipitèrent à la Grotte pour chanter les gloires de l’Immaculée ! Un mois plus tard, c’était la grande révélation de Lourdes.
Au petit matin du 25 mars 1858, en la fête de l’Annonciation, « la Dame, raconte sainte Bernadette, se tenait debout au-dessus de l’églantier, et se montrait comme elle se montre dans la Médaille miraculeuse. À ma troisième demande [de me dire son Nom], elle prit un air grave et parut s’humilier. Elle joignit ensuite ses mains et les porta sur le haut de sa poitrine, comme pour réprimer les battements de son Cœur. » Enfin, elle regarda le Ciel, et laissant trembler sa voix, elle dit : « Que soy era immaculada concepciou ; Je suis l’Immaculée Conception. »
Lorsqu’elle rapporta ces dernières paroles, Bernadette baissa la tête et reproduisit le geste de la Dame. Aussitôt, la nouvelle vola de bouche en bouche et du milieu de la foule s’éleva l’invocation populaire : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ! » Les fidèles reconnaissaient l’image de la Médaille : c’était bien la Sainte Vierge qui revenait au secours de son peuple ! Sainte Catherine Labouré la reconnut dès qu’elle en apprit le récit : « Vous voyez, c’est bien la nôtre ! » et de laisser échapper une plainte au sujet des miracles qui se multipliaient à Lourdes : « Dire que ces miracles devraient avoir lieu dans notre chapelle ! »
Ce fut la révélation de son Nom, l’Immaculée Conception, qui emporta l’adhésion enthousiaste du curé de Lourdes, l’abbé Peyramale. De ce jour, il se fit son parfait instrument, défendant vigoureusement Bernadette et la cause de l’Apparition, contre les menées odieuses de certains fonctionnaires, que l’on croit généralement anticléricaux. En réalité, c’était des libéraux-catholiques, ces « mauvais catholiques » dont parlera plus tard sainte Bernadette, qu’elle craignait davantage que les Prussiens ! Ce n’est donc pas un hasard si la Sainte Vierge a choisi pour curé un ardent légitimiste.
La sagesse et la persévérance de cet admirable curé, soutenu et suivi par son évêque, Mgr Laurence, et surtout la puissance de l’Immaculée Conception qui multipliait les miracles à la Grotte, vinrent à bout des premières oppositions.
UNE RECONNAISSANCE ÉPISCOPALE EXEMPLAIRE
Le mandement épiscopal de la reconnaissance des apparitions, promulgué en 1862, est un modèle du genre. Mgr Laurence, évêque de Tarbes, rappelait d’abord avec lyrisme que les vraies apparitions et les signes miraculeux éclatants jalonnent l’histoire, comme autant d’interventions certaines de Dieu ainsi que de sa très Sainte Mère, toutes empreintes de vérité, de beauté, de sainteté et de miséricordieuse tendresse :
« À toutes les époques de l’humanité, de merveilleuses communications se sont établies entre le Ciel et la terre. Dès l’origine du monde, le Seigneur apparut à nos premiers parents, pour leur reprocher le crime de leur désobéissance. Dans les siècles suivants, nous le voyons converser avec les patriarches et les prophètes ; et l’Ancien Testament est l’histoire des célestes apparitions dont furent favorisés les enfants d’Israël.
« Ces divines faveurs ne devaient pas cesser avec la loi mosaïque ; au contraire, elles devaient être, sous la loi de grâce, et plus nombreuses et plus éclatantes.
« Dès le berceau de l’Église, dans ces temps de persécution sanglante, les chrétiens recevaient la visite de Jésus-Christ ou des Anges, qui venaient tantôt leur révéler les secrets de l’avenir, tantôt les délivrer de leurs chaînes, tantôt les fortifier dans les combats [...].
« Ces manifestations surnaturelles ne furent pas le partage exclusif des premiers siècles du christianisme. L’histoire atteste qu’elles se sont perpétuées d’âge en âge, pour la gloire de la religion et l’éducation des fidèles.
« Parmi les célestes apparitions, celles de la très Sainte Vierge occupent une large place, et elles ont été, pour le monde, une source abondante de bénédictions. En parcourant l’univers catholique, le voyageur rencontre, placés de distance en distance, des temples consacrés à la Mère de Dieu ; et plusieurs de ces monuments doivent leur origine à l’apparition de la Reine du Ciel. »
Après avoir rapporté les résultats de l’enquête canonique, l’évêque concluait à l’authenticité des faits surnaturels, en toute clarté et fermeté : « Nous jugeons que l’Immaculée Marie, Mère de Dieu, est réellement apparue à Bernadette Soubirous, le 11 février 1858 et les jours suivants, au nombre de dix-huit fois, dans la grotte de Massabielle, près de la ville de Lourdes : que cette apparition revêt tous les caractères de la vérité et que les fidèles sont fondés à la croire certaine. » C’était l’article premier de son jugement. Par le deuxième, il autorisait « le culte de Notre-Dame de la Grotte de Lourdes ».
L’évêque déclarait ensuite sa ferme résolution d’obéir à la demande de l’Immaculée : « Pour nous conformer à la volonté de la Sainte Vierge, plusieurs fois exprimée lors de l’apparition, nous nous proposons de bâtir un sanctuaire sur le terrain de la Grotte. »
Le gigantesque chantier de la basilique commença tambour battant, sous la direction de l’abbé Peyramale, avec derrière lui, discrètement, sainte Bernadette, qu’une sainte amitié lia si profondément à son cher curé.
« L’IMMACULÉE DOIT TUER LA RÉVOLUTION. »
Pour entraîner les foules aux pieds de la Grotte, il manquait encore un missionnaire intrépide. Dès l’été 1858, arriva à Lourdes un capucin de Toulouse, le Père Marie-Antoine, qui comprit d’emblée l’importance de ces apparitions dans le combat apocalyptique de la Vierge et du démon. Il se lia d’une indéfectible amitié à l’abbé Peyramale, et se voua désormais, pendant près de cinquante ans, à prêcher les foules dans tout le Midi : c’est lui qui organisa les premiers pèlerinages de paroisse, les processions aux flambeaux le soir à la Grotte, et celles du Saint-Sacrement passant au milieu des malades, opérant les mêmes miracles que Jésus dans l’Évangile ! Pour toutes ses œuvres, sainte Bernadette devint comme sa petite sœur d’apostolat, et parce qu’il aimait tant la Sainte Vierge, il déployait une vigueur extraordinaire pour combattre les erreurs modernes. Il disait aux pèlerins : « C’est l’Immaculée Conception de Pie IX et de la Grotte de Lourdes qui doit tuer la Révolution et sauver le monde. » Cette dévotion se transformait en Croisade, sous la bannière de l’Immaculée ! Il prenait ainsi le contre-pied du vice libéral qui cherche à s’accommoder de la Révolution : « Luther a commencé la Révolution dans les esprits, 1789 l’a commencée dans les faits. Mais Lourdes vaincra la Révolution. » Et l’on vit les foules envahir Lourdes par milliers et centaine de milliers pour implorer la libération de Pie IX, le Pape prisonnier de la révolution, et le rétablissement sur le trône de France du comte de Chambord, héritier de Charles X. C’est précisément ce que notre Père appelait les « exigences vitales du Règne de l’Immaculée », à savoir le catholicisme intégral et le légitimisme monarchiste : Dieu et le Roi, au plus loin des tentatives des libéraux de se concilier les bonnes grâces de Napoléon III.
Enfin, en 1869, parut l’histoire de Notre-Dame de Lourdes, par le légitimiste Henri Lasserre, lui-même miraculé de l’eau de la Grotte. Cette œuvre historique, la première, fut l’ouvrage le plus vendu au dix-neuvième siècle, et contribua au rayonnement mondial des apparitions, avec l’enthousiaste approbation du bienheureux Pie IX.
Une apparition de la Sainte Vierge, confirmée par l’autorité ecclésiastique, des saints pour la promouvoir et entraîner les foules enthousiastes, des miracles stupéfiants et innombrables... bref, tout paraissait bien agencé pour obtenir le triomphe de l’Immaculée. Comment se fait-il alors qu’il ait été retardé jusqu’à... nos jours ?
LA TRAHISON DES LIBÉRAUX-CATHOLIQUES
En 1866, l’abbé Peyramale, impuissant à suffire seul à sa tâche immense, et qui ne cessait de grandir, demanda des auxiliaires à son évêque. Hélas ! il vit arriver non des auxiliaires, mais des successeurs. Ce furent les Missionnaires de Garaison, sous l’autorité du Père Sempé, prêtre libéral qui va rapidement écarter l’abbé Peyramale du pèlerinage, pour en modifier à son aise l’esprit, avec notamment l’introduction du commerce à la Grotte, ce que redoutait sainte Bernadette plus que tout, et qui fit tant souffrir le curé de Lourdes, mis de côté jusqu’à sa mort, le 8 septembre 1877.
Les libéraux ne s’arrêtèrent pas là. En 1878, le nouvel évêque de Lourdes, Mgr Jourdan, avec l’approbation du pape Léon XIII, entreprit de faire écrire une nouvelle histoire des événements, une « histoire dépassionnée », comme disait Léon XIII, destinée à supplanter l’ouvrage de Lasserre. Cette histoire officielle, qui écartait délibérément l’abbé Peyramale, trop légitimiste, deviendra la référence presque exclusive des historiens modernes.
Enfin, au plus fort des grands pèlerinages nationaux, ce fut le Père Marie-Antoine lui-même qui se vit interdire un temps l’accès du sanctuaire !
En raison de ces menées perfides des libéraux-catholiques qui seront encore plus virulents contre les demandes de l’Apparition de Pellevoisin, la Sainte Vierge confia à Estelle Faguette le 15 septembre 1876 : « La France, que n’ai-je pas fait pour elle ? Que d’avertissements, et pourtant elle refuse encore d’entendre. »
DE LA GROTTE AU CHÊNE VERT
C’est une des raisons qui conduisit la Vierge Marie à quitter la France pour révéler le grand dessein divin de grâces et de miséricorde pour la fin des temps, non pas dans notre pays, mais au Portugal, que l’on pourrait qualifier de nation “ fille de la nôtre ”, étant donné les circonstances de sa fondation.
L’histoire de cette nation est une histoire sainte, ce qui la prédisposa à prendre la suite de la France pour recevoir les révélations célestes définissant les clauses d’une nouvelle alliance en Marie. La croyance en l’Immaculée Conception de Marie et son culte y étaient très répandus : par exemple, à Coïmbre, la fête de l’Immaculée Conception était célébrée liturgiquement, depuis le quatorzième siècle.
Au dix-neuvième siècle, la définition du dogme par Pie IX fut reçue avec un merveilleux enthousiasme par les Portugais qui se distinguèrent ensuite par une vraie dévotion pour Notre-Dame de Lourdes, se rendant jusqu’à la Grotte, malgré les difficultés du voyage. Lors du grand pèlerinage de mai 1878, deux Portugais furent guéris miraculeusement.
Le chanoine Manuel Formigao, avant de connaître Fatima, voulait propager au Portugal le culte de Notre-Dame de Lourdes. Il en avait eu l’idée en 1909. Comme il revenait dans sa patrie, après avoir obtenu à Rome son doctorat en théologie et en droit canon, il avait prévu de s’arrêter trois jours au sanctuaire pyrénéen. « À Lourdes, raconte-t-il, je fus enthousiasmé par tout ce que je vis et j’entendis. J’écoutai une homélie de l’évêque de Valence affirmant que la rechristianisation de la France sera le fruit des pèlerinages diocésains à la cité de l’Immaculée. Ces paroles, qui me parurent la révélation d’un grand secret, m’ont tellement impressionné que je résolus de prolonger mon séjour. Je demeurais donc un mois entier comme infirmier à l’hôpital des Sept-Douleurs. Avant de partir, je promis fermement à la Sainte Vierge de consacrer ma vie à répandre son culte dans mon pays, en particulier par l’organisation de pèlerinages diocésains à la Grotte.
« Nommé professeur au grand séminaire de Santarem, l’étude de certaines matières, nouvelles pour moi, m’empêcha de tenir aussitôt ma promesse. Hélas ! l’année suivante survenait la révolution persécutrice, et les pèlerinages devinrent impossibles.
« J’attendais avec impatience le moment où je pourrais accomplir ma promesse lorsque, en 1917, j’entendis parler des apparitions de Fatima. Tout d’abord, j’y fus incrédule, et lorsque j’y vins pour la première fois, le 13 septembre, c’était dans le dessein de trouver le moyen de faire cesser cette “ imposture ”. Je parlai avec les voyants, leurs parents, les gens du pays. Je fus convaincu que les enfants ne mentaient pas, qu’ils étaient parfaitement normaux et sincères, et que, de surcroît, personne de leur entourage ne les poussait à raconter ce qu’ils disaient.
« La vision du “ signe de Dieu ”, le 13 octobre 1917, me confirma dans ma croyance aux apparitions. Et je commençai à me demander si ma mission était toujours de conduire les Portugais à Lourdes ou bien de leur faire connaître et aimer Notre-Dame de Fatima. »
Le chanoine Formigao se voua, de fait, à cette nouvelle mission : il fut, avec zèle et bonté, le directeur spirituel des voyants, mais il devint aussi le premier historien des apparitions de Fatima, artisan efficace de leur reconnaissance officielle, ainsi qu’un apôtre de la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois.
ADMIRABLE PERSÉVÉRANCE DES PORTUGAIS
Après les apparitions de Fatima et le développement extraordinaire du pèlerinage, les Portugais n’ont pas oublié Notre-Dame de Lourdes.
L’évêque de Leiria, Mgr da Silva, vénérait dans la chapelle de sa maison de famille une belle statue de la Vierge de Lourdes, placée juste au-dessus de l’autel. Avant son élévation à l’épiscopat en 1920, il s’était déjà rendu douze fois au sanctuaire pyrénéen, dont quatre fois comme directeur d’un pèlerinage. Par la suite, l’évêque y retournera encore, tant que ses infirmités le lui permettront.
Ce n’est qu’après un pèlerinage à Lourdes que le professeur Oliveira Salazar entrera définitivement au gouvernement comme ministre des Finances. Nous le savons grâce au témoignage d’un servite portugais du sanctuaire pyrénéen, José Gomes Pereira da Silva. Il racontait qu’un matin d’août 1927, un Français s’approcha de lui pour l’interroger sur les cinq pèlerins qui, à genoux, priaient à la Grotte : « Vous qui êtes portugais, connaissez-vous ces hommes ?
– Oui, je les connais tous. Il y a le député Dinis da Fonseca, le “ saint ” Père Cruz, le Dr Tomas de Gamboa, directeur du journal catholique, et les professeurs Oliveira Salazar et Gonçalves Cerejeira, de l’université de Coïmbre. Mais pourquoi me posez-vous cette question ?
– C’est que ces messieurs ont passé la nuit entière à genoux, à prier pour le Portugal. Et l’on aurait dit qu’ils pleuraient plus qu’ils ne priaient. »
En 1954, pour le centenaire de la définition dogmatique de l’Immaculée Conception, le cardinal Cerejeira conduisit à Lourdes plus d’un millier de Portugais. Dans son homélie du 22 août, il montra comment Fatima est un événement mondial dont le message prolonge et complète celui de Paray-le-Monial et celui de Lourdes : « À Fatima, la conversion de la Russie a été prédite par la très Sainte Vierge qui a prédit aussi la guerre, cette guerre “ horrible, horrible ”, dont vous, les Français, vous avez tant souffert. Fatima apporte une grande espérance pour le monde entier : la paix. Demandons-la avec ferveur au Cœur Immaculé de Marie. Comme disait la petite Jacinthe, c’est à lui que Dieu l’a remise. Et soyons sûrs qu’à la fin, le Cœur Immaculé de Marie triomphera. »
Le centenaire des apparitions de Lourdes fut solennellement célébré à Fatima par un triduum du 10 au 12 mai 1958. Puis le 13, le jeune évêque de Fatima, Mgr Venancio, recommanda au demi-million de pèlerins de prier particulièrement pour la France. Quelques heures plus tard, à Alger, le soulèvement populaire appelait l’armée au pouvoir pour sauver l’Algérie française. Certes, ce sursaut patriotique fut finalement trahi...
Mais personne ne l’avait placé sous votre patronage, ô Vous, notre Mère, qui êtes descendue à Lourdes et à Fatima pour nous inviter instamment à nous amender et pour révéler la puissance que Dieu a donnée à votre Cœur Immaculé.
« Sans doute on prie, notait notre Père, mais pas comme Dieu veut. On prie en France pour que Dieu donne la paix mais sans que nous renoncions à nos erreurs et à nos funestes passions. On veut la fin du cauchemar mais sans regretter les folles opinions politiques qui en sont directement cause ni renoncer à rien de notre confort. »
PÈLERINS DE LOURDES
POUR SÉCHER SES LARMES
Dieu, dans son amour paternel, est pressé de nous secourir ; il le fera, soyons-en assurés, dès que nous l’y autoriserons par notre vraie conversion, donc, en premier lieu par notre foi pure de toutes les erreurs, déviations et hérésies qui ont envahi l’Église depuis le concile Vatican II. Car l’Immaculée n’a pas abandonné la France après les apparitions de Fatima, de Pontevedra et de Tuy, elle y est déjà revenue en 1947, pour la préserver de tomber dans une dictature communiste, et elle y reviendra, du moins si nous touchons son Cœur par notre foi et par nos amoureuses pratiques de la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis.
Assurément, si nous nous rendons en pèlerinage à Lourdes en octobre prochain pour commémorer le centenaire des apparitions de Pontevedra, ce sera pour sécher ses larmes et obtenir en retour un flot de grâces pour faire barrage à la vague de désorientation diabolique qui submerge notre pays. L’Immaculée peut l’obtenir en raison de l’amour de complaisance de la Sainte Trinité envers elle.
Nous y serons, comme l’écrivait notre Père, « les envoyés de notre peuple dans les fers, Gallia poenitens et devota, la France aimante, pénitente et invinciblement attachée à sa Reine ! » (“ La Grotte de Massabielle ”, CRC n° 321, p. 4)
Par ailleurs, nous n’oublions pas l’élection de Léon XIV au souverain pontificat, et, à Lourdes, nous supplierons l’Immaculée qu’elle lui accorde les lumières et la force nécessaire pour approuver et recommander la dévotion réparatrice.
Après soixante années de réformisme conciliaire, les demandes de la Vierge de Fatima explicitées à Pontevedra apparaissent étonnamment prophétiques.
BLASPHÈMES CONTRE L’IMMACULÉE CONCEPTION
Les Actes de Vatican II ne contiennent pas même une mention du nom par lequel la Vierge Marie a révélé son mystère à Lourdes : « L’Immaculée Conception. »
Commentant ce qui était annoncé dans la constitution Sacrosanctum Concilium pour réformer l’année liturgique, l’abbé de Nantes écrivait : « Puisqu’on démolit le culte marial d’hyperdulie, on fait à Marie un éloge parfaitement hypocrite, puisque “ la sainte Église ” dont ils parlent, ce sont les mafiosi de cette réforme. Alors, leur “ particulier amour ” ! pour “ la bienheureuse Marie ”, remarquez l’omission de son titre de “ Vierge ”, “ le fruit le plus excellent de la Rédemption ”, selon la formule chère à tous les ennemis du dogme de l’Immaculée Conception, ne va pas jusqu’à la dire, avec les Orientaux, “ Toute-Sainte ” ! mais non, le diable, quand il doit baiser, mord encore ! » (Autodafé, p. 117)
Que de fois depuis le Concile le diable l’a atteinte au talon !
Nous avons encore dans l’oreille les blasphèmes de la prétendue théologienne, sœur Luca Maria Ritsuko Oka, lors du vingt-quatrième congrès de l’Académie pontificale mariale internationale, qui se déroula à Fatima en septembre 2016. Religieuse japonaise, ayant poursuivi ses études à Rome, à l’université pontificale Marianum, elle a eu comme professeur de théologie le Père Salvatore M. Perrella, o. s. m. président du Marianum, qui écrivait de sa plume dans l’Osservatore romano du 2-3 juin 2008 : « Les croyants sont invités à ne pas oublier un fait important, à savoir que même la Mère du Sauveur a été marquée par le péché originel (è stata segnata dal peccato originale). » (Il est ressuscité n° 73, sept. 2008, p. 1) Ayant assimilé les enseignements hérétiques de son maître, sœur Oka en est venue elle aussi à perdre la foi en l’Immaculée Conception. À Fatima, en présence de tous les représentants de l’Académie pontificale mariale, elle osa affirmer : « Le message de Fatima est véritablement celui de l’Évangile de Jésus, qui exige la conversion radicale du cœur. Conversion dont, d’une façon unique et pleine, témoigne la personne de Marie, Mère de Jésus. » ((Il est ressuscité n° 168, oct. 2016, p. 19) Si l’Immaculée Conception a dû se convertir, c’est qu’Elle n’était pas parfaite dès sa Conception ! Elle n’avait pas une vertu innée et infuse, donc Elle n’est pas l’Immaculée Conception, et encore moins « du Ciel » (Notre-Dame de Fatima, 13 mai 1917).
Nous avons aussitôt relevé et dénoncé le blasphème.
La religieuse japonaise travestissait la dévotion au Cœur Immaculé de Marie en une « invitation à devenir pur de cœur, comme Marie... avec Marie », donc à suivre Marie dans sa conversion, « pour la pleine réalisation de “ l’homme nouveau ” ». Il s’agissait de devenir « comme Marie (la sœur universelle), capable de tresser avec tous, au-delà de la religion (sic), de la culture, de l’ethnie, de la condition sociale, des rapports sincères de fraternité ».
Lorsqu’on constate à quel point l’Immaculée est outragée au sein même de l’Église, depuis le concile Vatican II, on comprend pourquoi, lors de ses apparitions à Pontevedra, Notre-Seigneur a demandé avec tant d’insistance la pratique de la dévotion réparatrice ; on ne s’étonne plus de la vigueur de ses plaintes et de sa volonté de voir les âmes ferventes consoler le Cœur de la plus tendre des mères.
Notre pèlerinage de Lourdes sera donc un pèlerinage de réparation pour tant d’outrages, de blasphèmes et d’indifférence à l’égard de l’Immaculée Conception, qui ont si cruellement blessé son très Saint Cœur, au cours des soixante dernières années, soixante années de réforme conciliaire.
LA DÉVOTION RÉPARATRICE RECOMMANDÉE
Le pape Léon XIV approuvera-t-il la dévotion réparatrice, au mois de décembre, lors du centenaire de Pontevedra ?
Il est probable qu’il a reçu ou qu’il recevra prochainement une requête à ce sujet de l’Apostolat mondial de Fatima.
Déjà, pour préparer le centenaire, des évêques et même une Conférence épiscopale ont recommandé la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis.
Mgr John Keenan, évêque de Paisley, élu président de la Conférence des évêques catholiques d’Écosse en 2024, prêche depuis plusieurs années en faveur du chapelet quotidien et de la dévotion réparatrice. Actuellement, il en dirige lui-même les exercices dans sa cathédrale. Il cite sœur Lucie : « La guerre ou la paix dans le monde dépend de la pratique de cette dévotion (les premiers samedis), jointe à la consécration au Cœur Immaculé de Marie. C’est pourquoi je voudrais qu’elle se répande, et surtout parce que c’est le désir de notre bon Seigneur et de notre si chère Mère du Ciel. » (19 mars 1939)
Par ailleurs, les évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles se sont réunis pour leur Assemblée plénière à l’abbaye de Buckfast, dans le Devon, du 5 au 8 mai 2025. Au cours de cette réunion, ils ont adopté plusieurs résolutions, dont la suivante :
« Les évêques d’Angleterre et du Pays de Galles expriment leur reconnaissance envers l’équipe du Mouvement mondial de Fatima (WAF) pour l’organisation de la visite des deux statues nationales pèlerines ainsi que des reliques des saints Jacinthe et François dans toutes les cathédrales et sanctuaires catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles entre mai 2025 et octobre 2026. En cette Année jubilaire de l’Espérance, les évêques reconnaissent les profondes invitations à la paix, à la prière et à la pénitence contenues dans les apparitions de Notre-Dame à Fatima. Ils encouragent tous les catholiques à un renouveau dans la foi, notamment dans leur amour de l’Eucharistie et des sacrements, et recommandent la dévotion des cinq premiers samedis comme un moyen fécond d’entrer dans ce renouveau. »
Il est bien précisé qu’il s’agit de « commémorer l’apparition à sœur Lucie, l’aînée des voyants de Fatima, qui eut lieu en décembre 1925 alors qu’elle était postulante chez les Sœurs de Sainte-Dorothée à Pontevedra, en Espagne. Lors de cette apparition, la Sainte Vierge, accompagnée de l’Enfant-Jésus, a révélé davantage de détails sur la dévotion réparatrice qui avait été mentionnée pour la première fois lors de l’apparition de juillet 1917 à Fatima.
« En pratiquant la dévotion des cinq premiers samedis, nous répondons tout d’abord au désir de Jésus d’établir la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, tel que Notre-Dame l’a révélé lors de sa deuxième apparition, le 13 juin 1917. Elle déclara ensuite : “ Je promets le salut à ceux qui l’embrassent, et ces âmes seront chéries de Dieu, comme des fleurs placées par moi pour orner son trône. ”
« Lorsque nous remplissons les conditions de cette dévotion, telles que Notre-Dame les a révélées le 10 décembre 1925, nous faisons réparation pour les épines des blasphèmes et de l’ingratitude qui offensent et transpercent le Cœur Immaculé de Marie. Notre-Dame promet alors aux âmes qui pratiquent cette dévotion de les assister “ à l’heure de la mort, avec les grâces nécessaires au salut. ”
« En accomplissant cette dévotion, nous contribuons à répondre à la demande faite par Notre-Dame le 13 juillet 1917, qui entraînera la conversion de la Russie et la paix “ si mes demandes sont écoutées ”.
« Notre-Seigneur expliqua également que la Communion réparatrice devait être faite durant cinq premiers samedis en réparation de cinq sortes d’offenses et de blasphèmes proférés contre Notre-Dame, à savoir les blasphèmes contre l’Immaculée Conception, contre la virginité perpétuelle de Marie, contre sa maternité divine et le refus de la reconnaître comme Mère des hommes, les blasphèmes de ceux qui cherchent à détourner les enfants d’elle, et enfin en réparation pour ceux qui outragent Notre-Dame dans ses saintes images.
« Il n’y a pas eu encore d’approbation et de recommandation officielles de la dévotion des cinq premiers samedis par le Pape. C’est donc une intention pour laquelle nous devons tous prier. »
Assurément, le Pape approuvera cette dévotion. On ne peut en douter. Mais quand donc ?
« Il y faudra d’abord et surtout une lassitude de Dieu, répond notre Père, une compassion de Jésus-Christ, une grâce de l’Esprit-Saint d’amour créateur, à la prière du Cœur Immaculé de Marie, sainte Colombe de la paix. Donc, à la question : “ Enfin, Dieu aura pitié de qui ? ” La vraie réponse est celle-ci : “ De l’Immaculée Conception, et, à cause d’elle, il sauvera le monde. ” » (“ Cet adorable Secret ”, CRC n° 279, p. 6)
frère François de Marie des Anges.