L'accusation capitale
IL est certain que durant les dix ans de votre Pontificat nous trouvons des multitudes de discours édifiants et de décisions tout à fait conformes à la gloire de Dieu et au bien des âmes. Si nous n'en faisons pas mention, cependant nous ne les ignorons pas. Ces paroles et ces actes sollicitent notre esprit critique d'interpréter en bonne part, dans le sens le plus catholique, ce qui de prime abord nous paraîtrait suspect.
Et pourtant, à l'issue d'une étude attentive, la certitude s'impose que la nouveauté l'emporte sur la tradition et que vos actions comme vos paroles témoignent de manière irrécusable d'un esprit irréductible au véritable esprit chrétien de l'Église. Cela paraît tout d'abord comme une sorte de ligne de conduite plus pratique que doctrinale, plus empirique que théorique, et c'est ce que j'ose appeler votre « hétéropraxie 1Le mot rejoint le néologisme de Schillebeeckx: orthopraxie; cf. CRC 36 p. 5, 40-41, 26 p. 13 ». Mais, quand bien même cette pratique ne se formulerait pas dans votre esprit en termes de doctrine, elle provoque dans la pensée de l'Église une mutation doctrinale et elle s'exprime dans vos propos eux-mêmes comme une nouveauté et une altération de la foi, de l'intelligence de la foi. Nous serons conduits à la caractériser finalement comme une véritable « hétérodoxie ».
Tant il est vrai qu'un Pontife ne peut agir autrement qu'il ne pense sans que bientôt il n'en vienne à penser comme il agit.