Le jugement
TRÈS Saint Père, à travers mon inexistante personne, l'Église, l'Église sainte, notre Mère, l'Église catholique, apostolique et romaine de toujours accuse votre nouveauté et sa corruptrice influence sur la foi, sur les mœurs et sur l'ordre du monde. Mais il est une Personne qui vous juge, oui ! de la part de Dieu, dans la Gloire de qui elle trône et va faire justice à son peuple, c'est la très Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu.
Elle est descendue du Ciel, à de nombreuses et diverses reprises, en ce XXe siècle et toutes ses paroles, tous ses miracles, tous ses gestes et volontés vous sont contraires, ce qui déjà juge suffisamment de tout, dans l'attente d'une sentence infaillible de l'Église militante qui ne saurait certes y contrevenir.
Je sais bien que vos théologiens à qui mieux mieux déclarent que le Ciel n'a pas à intervenir dans le gouvernement de l'Église — faut-il qu'il leur soit contraire ! — Elle est fondée sur Jésus-Christ, disent-ils, elle a reçu toute la plénitude de la Révélation des Apôtres, et l'Esprit-Saint maintenant l'assiste dans sa hiérarchie, comme aussi par le laïcat charismatique... Aussi les “ révélations privées ” ne peuvent-elles avoir d'utilité que d'exciter la piété des fidèles. Elles ne s'imposent pas aux théologiens, et encore moins peuvent-elles prétendre dicter sa conduite au Pape ! au Collège des évêques !
Ainsi ignorent-ils et veulent-ils ignorer Celle que par ailleurs ils saluent du titre novateur de Mère de l'Église ! Ainsi veulent-ils que le Pape et les évêques en Concile se laissent mener par un Esprit qui leur parle, qui se fait sentir à eux et qui s'inscrit hardiment en faux contre les révélations et les ordres du Trône de la Sagesse et du Temple incomparable de l'Esprit-Saint qui est de Dieu, Dieu Lui-même !
VOUS IGNOREZ LE GRAND SIGNE QUI NOUS EST DONNÉ DE DIEU,
LE SIGNE APOCALYPTIQUE DE FATIMA
Vous qui êtes à l'affût des “ signes des temps ”, vous ignoriez jusqu'à la date du 13 mai 1981, aussi étonnant que cela soit, cette ouverture du ciel, cette intervention du Ciel dans les affaires des hommes, dans l'histoire du monde, la venue de la Très Sainte Vierge à Fatima. Et pourtant, comme dans l'Évangile, c'est par des miracles inouïs que Dieu manifeste sa volonté d'être cru et entendu. Jamais depuis le commencement du monde, on n'avait vu nulle part miracle si étonnant, signe si terrifiant que la chute du soleil ! Les Pharisiens demandaient un signe dans le ciel, nous l'avons et les Pharisiens de l'Église n'en font aucun cas ? « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles... Les puissances des cieux seront ébranlées. 1Lc 21,25. » Mais vos théologiens modernistes ne croyant plus à la vérité littérale de l'Évangile, comment sauraient-ils lire “ les signes des temps ” qui le réalisent aujourd'hui ? Ce miracle inouï, prédit trois mois à l'avance, comme la preuve certaine et la garantie céleste de l'ensemble des apparitions et des paroles de la Vierge, est ponctuellement survenu le 13 octobre 1917 en plein midi et à la vue de quelque soixante-dix mille personnes...2Toute la vérité sur Fatima, tome 1, “La science et les faits”, par frère Michel de la Sainte Trinité, Maison Saint-Joseph, 1983, p. 317-355. Ne parlons pas des autres bien doux et consolants miracles cosmiques. Parlons de cette lumière aurorale dans la nuit du 25 au 26 janvier 1938, annoncée par la Vierge Marie, signe avant coureur de la guerre que la Russie bolchevique ferait au monde entier après l'avoir menée contre elle-même. À Fatima, comme il est de règle, le miracle et la prophétie, ordonnés l'un à l'autre, prouvent l'autorité divine de la Mère de Dieu qui y apparaît, intervenant en Souveraine dans l'Église et pour le monde entier, en Souveraine qui doit être écoutée, crue et obéie par tous... et d'abord, je pense, par les Papes ! Or, Vous qui vous dites « tout à Elle », vous ignoriez Fatima ? Vous qui voyagiez dans le monde entier dès avant d'être pape et depuis, vous n'y étiez jamais allé ? à l'inverse de votre saint et bien-aimé prédécesseur Jean-Paul Ier. Il a fallu cet horrible attentat. Lorsque vous demandâtes à la clinique Gemelli des documents sur Fatima, que sans doute les mensonges du P. Dhanis devenus hélas ! vérité officielle du Vatican postconciliaire vous avaient porté à mépriser et dédaigner, vous avouâtes en ignorer tout.
Pire ! Ce même 13 mai, Fatima fêtant le cinquantième anniversaire de la première consécration du Portugal au Cœur Immaculé de Marie, reçut de Vous ce message évidemment anodin, ou plutôt sceptique et destructeur, d'ailleurs humaniste et insolent :
« Spirituellement présent, le Saint Père désire s'unir avec tous à Notre-Dame, mère de notre confiance et mère de l'Église, pour aller vers le Christ, maître de l'histoire des hommes, et demander que descende sur l'Église l'Esprit-Saint. Que de plus en plus Marie soit proche de tous les hommes et de chacun d'eux, pour les amener à se rencontrer avec le Christ rédempteur, et à se tourner vers Dieu, riche en miséricorde. Comme gage des grâces divines, il envoie à tous sa bénédiction apostolique. 3Cf. Les voyants de Fatima, mai-août 1981, p. 8. »
La réponse à ces paroles dédaigneuses, outrecuidantes, comme si vous vouliez marquer votre opiniâtreté à ne pas vous départir, même en face de la Vierge Marie, de votre égolâtrie, ce ne fut pas le “ miracle ” de la main maternelle détournant les balles et les conduisant à travers votre abdomen, selon Vous et votre Frossard : « Si son entourage, à la clinique, hésitait à parler ouvertement de miracle, il l'ose, lui, tranquillement : “ Une main a tiré, me dit-il ce jour-là, une autre a guidé la balle. ” La protection qui l'a sauvé de ce pas mortel, pour lui, n'est pas douteuse, et le miracle authentifié par sa date : au jour anniversaire de la première apparition de Fatima. 4N'ayez pas peur, p. 373. » Non, la réponse, ce fut cet avertissement de la Vierge Marie à ne pas devoir la mépriser, mais déjà à la craindre.
Car cela même ne vous a pas converti. Les “ Documents ” du Père A. M. Martins vous ont été aussitôt remis. Or, un an plus tard, nous lisons dans l'Homme nouveau, journal qui vous est tout dévoué, que « le 18 mars, à certains évêques français qui l'interrogeaient au sujet des suppliques émanant de leurs diocésains et concernant la consécration de la Russie, conjointement avec les évêques du monde, il répondit qu'il faisait faire des recherches pour établir l'authenticité de ce point du message de Fatima. 5Homme nouveau, 6 juin 1982. »
Et lors de votre passage à Fatima entre le 12 et le 13 mai 1982, vous avez témoigné, dans votre Discours 6DC, 6 juin 1982, no 1831., je ne dis pas de la même incrédulité mais de la même répulsion à croire et à entendre le Signe et les Paroles célestes de Fatima. L'événement lui-même y est minimisé, défiguré et incompris ou plutôt méconnu. Les preuves ? Elles montrent malice plus qu'ignorance. — Fatima est un sanctuaire parmi d'autres. Comme Lourdes, Jasna Gora, bien sûr ! et « tant d'autres sanctuaires mariaux dispersés de par le monde » ! — Les événements historiques sont réduits à presque rien. Ce n'est pas réellement la Très Sainte Vierge qui est apparue, toutes vos expressions bizarres le laissent entendre : « Les paroles du message ont été adressées... Dans les paroles de Fatima.... La Dame du Message, la Dame de Fatima... » Un incrédule hypocrite, un moderniste, ne parlerait pas autrement. Un dévot de Marie ? Jamais ! Il dirait plutôt carrément : Je n'y crois pas ! Mais, croyant, il aurait un autre langage ! — Le message rendu impersonnel perd, sur vos lèvres, toute autorité et toute urgence, pour devenir d'une sinistre, oui, banalité : « Il invite à la pénitence. Il avertit. Il appelle à la prière. Il recommande le Rosaire », etc.
Pas une seule phrase de Notre-Dame n'est citée par vous littéralement et complètement. Vous ne faites aucune allusion aux apparitions de l'Ange, de fort vagues à celles de la Vierge Marie, mais aucune aux nouvelles et si importantes apparitions de Tuy et de Pontevedra 7Vous insistez: «Le message de Fatima commença à résonner dans le monde depuis le 13 mai 1917 et se prolongea pendant cinq mois, jusqu'au 13 octobre de la même année.» Donc, rien avant, rien après ! DC 6 juin 1982, no 1831.. Vous négligez la sainteté des petits voyants qui sont au Ciel, Jacinthe et François. Et pas un mot de la “ Danse du soleil ”, ni des prophéties qu'elle authentifie, sinon cette misérable échappatoire : « La Dame du message semble lire avec une perspicacité spéciale les signes des temps, les signes de notre temps. »
VOUS HAÏSSEZ LA RELIGION, LE MESSAGE ET LE SECRET,
LA RÉVÉLATION DE FATIMA
La Très Sainte Vierge Marie, notre Reine et Souveraine, à qui est confié le Jugement de Dieu sur nous, dans la carence opiniâtre des juges ecclésiastiques et du Juge romain, nous a révélé le 13 juillet 1917 tout ce qui était nécessaire aux âmes pour leur salut éternel, aux nations pour leur salut temporel, à l'Église pour sa victoire sur les enfers déchaînés. Pour tout cela, dont vous n'avez pas fait cas, vous n'avez ressenti que mépris, horreur et haine. Car ces trois vérités et justices vous accusent et vous terrassent.
LA RELIGION DU CIEL ET DE L'ENFER
D'abord, à ces trois tout jeunes enfants, la Sainte Vierge a montré l'Enfer. Je vous défie bien de lire cette description de l'enfer dans quelqu'un de vos solennels discours. Car elle pulvérise tout votre optimisme humaniste et en montre le venin pour les âmes ! Car en voici la conclusion : « Cette vision ne dura qu'un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui, à la première apparition, nous avait promis de nous emmener au Ciel. Sans quoi, je crois que nous serions morts d'épouvante et de peur. Effrayés, et comme pour demander secours, nous levâmes les yeux vers Notre-Dame qui nous dit avec bonté et tristesse : “ Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs ”. 8Mémoires de soeur Lucie. VicePostulaçao, Fatima, 1980. »
La petite Jacinthe disait, et c'est sœur Lucie qui nous rapporte ce propos : « Il y a tant d'âmes qui vont en enfer. » Elle-même, sœur Lucie, disait au Père Lombardi : « Nombreux sont ceux qui se damnent... Beaucoup se perdront. 9Cf. J. M. Alonso, La vérité sur le secret de Fatima, p. 89, Téqui 1979. » Et, plus récemment : « C'est une vérité qu'il est nécessaire de rappeler dans les temps présents parce qu'on l'oublie : c'est en tourbillon que les âmes tombent en enfer. 10A. Martins, Cartas da Irma Lucia, p. 122, Porto 1979. — Sur tout cela, Frère Michel, les trois tomes de Toute la vérité sur Fatima. »
Et la chose est de première, de souveraine importance, puisque cette fidèle voyante de Fatima et confidente ensuite de la Vierge Marie dira, et ce sont ses paroles authentiques au Père Fuentès, attestées par le Père Alonso : « Voilà pourquoi, Père, ma mission n'est pas d'indiquer au monde les châtiments matériels qui arriveront certainement si le monde ne prie pas et ne fait pas pénitence. Non, ma mission est d'indiquer à tous l'imminent danger où nous sommes de perdre notre âme à jamais si nous restons obstinés dans le péché. 11J. M. Alonso, Op. cit., p. 92. »
Si cela est vrai, le Souverain Pontife doit mettre à l'Index comme très périlleux pour le salut éternel des âmes, de millions d'âmes : Le Signe de contradiction, œuvre du cardinal Karol Wojtyla, à cause de son enseignement trompeur sur l'Enfer, dans son chapitre XX, La gloire de Dieu est l'homme vivant. De même, l'ouvrage N'ayez pas peur, André Frossard dialogue avec Jean-Paul II, pour sa négation pratique du danger de l'enfer, et ses erreurs sur le Jugement, aux pages 100 à 108 du chapitre intitulé “ La Foi ”. Et de même, la Constitution Lumen Gentium du Concile Vatican II, invoquée dans le susdit ouvrage à l'appui de ses thèses hérétiques, pour son paragraphe 48.
Vous ne croyez à l'enfer que d'une foi théorique, vous ne le craignez pas, vous ne voulez pas le donner à craindre. Et donc vous ne voulez pas autoriser et répandre la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, donnée par la Vierge Elle-même comme la seule et unique voie du salut pour les âmes... Volonté divine, Très Saint Père, sur laquelle vos théologiens seraient mal venus d'ergoter. Paroles de notre “ Emperière et maîtresse ” : « Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes se sauveront et l'on aura la paix. »
Cette dévotion est réparatrice. Encore une notion que vous ignorez habituellement, et donc que vous méprisez, puisque cette ignorance ne peut être qu'affectée. La prière de l'Ange commence bien comme vous l'avez Vous-même citée — je ne dis pas “ récitée ” — lors de votre pèlerinage : « Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je vous aime », mais elle continue, et c'est plus important encore, et caractéristique de la religion catholique ré-enseignée à Fatima pour notre siècle « ... Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas, qui ne vous aiment pas. »
Expiation qui va contre votre culte de l'homme, votre foi en l'homme, votre éloge de l'agnosticisme, de l'athéisme... Ici, ce seraient tous vos ouvrages et la plupart de vos homélies, encycliques même, qui seraient, qui seront à mettre à l'Index comme contraires aux dogmes catholiques réaffirmés par la Vierge révélatrice.
Ainsi l'Ange, son précurseur, insiste comme insistait sur la nécessité de la pénitence le Précurseur de Jésus. « De tout ce que vous pouvez, offrez à Dieu le sacrifice en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. 12Mémoires de soeur Lucie, p. 158. »
Et la Vierge Immaculée elle-même : « Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites souvent, surtout lorsque vous ferez un sacrifice : “ Ô Jésus, c'est pour votre amour, pour la conversion des pécheurs et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie ”. 13Ibid., p. 172. » Oh, Très Saint Père, je laisse les défis qu'impose la controverse... Je vous supplie de dire, de répéter souvent cette Prière dans vos homélies, vos prières à la Vierge ! Je vous en supplie en témoignage de notre foi commune et pour le salut des âmes !
Comme je ne vous défie pas, mais je vous supplie d'autoriser et de rendre officielle dans l'Église la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois, « en réparation au Cœur Immaculé de Marie », demandée par Elle-même le 10 décembre 1925 à Lucie, lors de son apparition à Pontevedra, pour le salut des âmes et la paix du monde. Ne lui redira-t-elle pas, avec une insistance digne de notre plus grande attention et obéissance : « Les âmes que la justice de Dieu condamne pour les péchés commis contre moi sont si nombreuses, que je viens demander réparation : sacrifie-toi à cette intention et prie. 14Ibid., p. 206. »
Mais de cette terreur de l'enfer, ultime remède au péché qui dévore le monde, réveil salutaire de la crainte de Dieu assoupie dans les âmes, totalement absente de la prédication de l'Église conciliaire, de cette dévotion au Cœur Immaculé de Marie, volonté du bon plaisir divin pour notre siècle, de la réparation à ce Cœur outragé exigée par Dieu avant que de nous pardonner, Très Saint Père vous ne parlez jamais, et d'abord vous n'en avez pas parlé à Fatima.
Vous n'avez pas réveillé un seul instant la terreur de l'enfer dans votre discours, et pas davantage, par conséquent, le désir du Ciel. Car, disais-je, la loi générale se vérifie : Qui ne parle pas de l'enfer, c'est qu'il ne se soucie pas plus du Ciel 15CRC 178, juin 1982, L'imposture suprême, p. 1.. Et si toutefois, vous avez prononcé le mot de damnation, en passant, ce fut de manière hypothétique et comme un cas improbable pour ne pas dire irréel : « Si le refus de la part de l'homme devient définitif, il mène logiquement au refus de l'homme de la part de Dieu (Cf. Mt 7,23 ; 10,33), à la damnation. 16DC, 6 juin, no 1831. » Je laisse aux vrais théologiens le soin de dégager le caractère hérétique de votre conception du jugement, que l'homme se fait de lui-même et que Dieu doit se contenter de sanctionner. Mais tout votre discours, ici et toujours, tend à montrer que la Rédemption est universelle. Donc à corrompre les âmes par la présomption, vice égal au péché de désespoir.
Les mots mêmes de “ Cœur Immaculé ” reviennent plusieurs fois dans votre discours, mais jamais la phrase qui résume tout Fatima, ni rien d'équivalent : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé », et ceci qui l'explique : « Il faut que les hommes se corrigent, qu'ils demandent pardon de leurs péchés, qu'ils n'offensent plus Dieu Notre-Seigneur qui est déjà trop offensé. »
S'il y a une “ révélation évangélique ” faite au monde précisément pour notre temps, c'est cela et ce n'est pas autre chose. Mais n'est-ce pas la pure et simple négation et contradiction de ce « grand message messianique sur l'homme », cette « révélation à l'homme de la vérité totale sur lui-même et sur sa vocation dans le Christ » que vous annoncez partout, en invoquant “ Joie et Espoir ”, Gaudium et Spes, de Vatican II 17Discours à Issy-Ies-Moulineaux, Centurion. p. 154-155. ? C'est la nuit et le jour. Fatima, c'est le jour du plein midi du Soleil de Dieu, c'est la Lumière. Alors, Vatican II, et Vous ?
LE MESSAGE DE GUERRE OU DE PAIX MONDIALE
À partir de cette contradiction fondamentale, sur l'Absolu, sur la religion divine, tout diverge. La Vierge Marie, toujours triste et angoissée, aggrave et actualise les oracles des prophètes de l'Ancien Testament, ainsi que ceux de notre divin Maître et de ses Apôtres, alors que Vous et votre Concile n'annoncez que prospérité, paix et liberté. Dès lors, l'incompréhension est totale, l'hostilité paraît humainement incurable.
C'est la deuxième partie du “ Secret ” de Fatima, révélé par Marie le 13 juillet 1917, ne l'oublions pas : « La guerre va finir. Mais si l'on ne cesse d'offenser Dieu, sous le règne de Pie XI en commencera une autre pire... » Vous le savez enfin, depuis le 13 mai 1981, ce terrible secret, mais vous paraissez ne pas en avoir été du tout frappé, au point de l'avoir oublié. Aussi j'en poursuis la citation :
« Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne qu'il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l'Église et le Saint Père. Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l'on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l'on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. »
Les voilà les “ signes des temps ” ! Voilà tracé à l'Église son chemin, et bien plus la voilà avertie de ce qui la menace, de ce dont elle doit se préserver, ou se repentir, de ce qu'elle est invitée à faire par le Ciel Lui-même. Oh ! Merci, mon Dieu, merci ! Merci, Vierge bénie, merci !
L'ANNONCE DU CHÂTIMENT DISSIMULÉE
L'apparition de Tuy, le 13 juin 1929, achevait de tout révéler des desseins, des volontés de Dieu, du mystère de son Bon plaisir en ce siècle. « Le dessein de Dieu, rappelai-je au lendemain de votre pèlerinage à Fatima, est de faire éclater la gloire et le mérite du Cœur Immaculé de sa Sainte Mère. Il veut forcer l'humanité à exalter ce Cœur à l'égal du Sien propre et à proclamer leur toute-puissance associée. Pour cela, il a monté un grand drame, le drame universel de ce siècle : En punition de la mauvaise foi et de la mauvaise vie des gens d'église et de ceux qu'ils entraînent à leur suite, surgira de Russie le fléau dévastateur, le communisme donc, aussi effroyable pour les corps que pour les âmes, esclavagiste et persécuteur. Quoi que l'on veuille ou ne veuille pas, il faudra bien en venir à crier vers Dieu pitié pour en être préservés ou délivrés.
« Or, voici le seul remède, l'unique et l'ultime recours. C'est là le goulet, le resserrement par lequel il faut passer pour être sauvés : “ Que le Pape daigne [sic] faire un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie [non pas du monde, non pas des peuples qui, et que...] aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie, et qu'il ordonne [non qu'il invite ou exhorte, ou qu'il suppose et présume leur accord...], qu'il ordonne à tous les évêques du monde catholique de faire cette consécration de la Russie avec lui ”. 18CRC 178, juin 1982. »
D'abord timides, puis insouciants, puis lâches et de là incrédules, finalement hostiles, les Pasteurs de l'Église ont de plus en plus divergé de la voie tracée par le Ciel. Le 29 août 1931, sœur Lucie note ce nouvel et instant message du Ciel :
« Fais savoir à mes ministres, étant donné qu'ils suivent l'exemple du roi de France, en retardant l'exécution de ma demande, qu'ils le suivront dans le malheur. Jamais (cependant) il ne sera trop tard pour recourir à Jésus et à Marie... » Eh bien ! cinquante ans ont passé, cinquante ans d'effroyables souffrances, cinquante nouveaux millions de morts en Union soviétique. Et l'Église n'a rien fait ? Autre avertissement de la même période : « Ils n'ont pas voulu écouter ma demande ! Comme le roi de France ils s'en repentiront et ils le feront, mais ce sera bien tard... » À l'heure qu'il est ce n'est toujours pas fait. « La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Le Saint Père aura beaucoup à souffrir. »
Alors, le 18 mai 1936, Lucie s'émeut et s'enhardit. « Je demandais à Notre-Seigneur pourquoi il ne convertirait pas la Russie sans que Sa Sainteté fasse cette consécration. — Parce que je veux que toute l'Église reconnaisse cette consécration comme un triomphe du Cœur Immaculé de Marie, afin d'étendre ensuite son culte et de placer, à côté de la dévotion à mon divin Cœur, la dévotion à ce Cœur Immaculé. — Mais, mon Dieu (dis-je), le Saint Père ne me croira pas, si vous-même ne le mouvez par une inspiration spéciale. — Oh ! le Saint Père ! Priez beaucoup pour le Saint Père. Il la fera, mais ce sera bien tard. Cependant le Cœur Immaculé de Marie sauvera la Russie, elle lui est confiée. 19Cf. J. M. Alonso, Fatima et le Coeur Immaculé de Marie, dans Marie sous le symbole du coeur, p. 42, 50. »
L'IMMINENCE D'UNE NOUVELLE “ APOCALYPSE ” DÉMENTIE
Tout cela est donc arrivé. La Deuxième Guerre mondiale, pour les habitants du Ciel, c'est la guerre que l'Union soviétique fait au monde. « Je pense, déclarait sœur Lucie au Père Jongen en 1946, que s'accomplissent maintenant les paroles de Notre-Dame : “ Si on ne le fait pas, la Russie répandra ses erreurs à travers le monde ”. 20De Marchi, Témoignages sur les apparitions de Fatima, 1979, p. 347. »
Voilà donc la charnière entre le passé et le futur, l'Aujourd'hui du monde. Aujourd'hui encore, le peuple que Dieu a choisi pour “ verge de sa colère ” et châtier l'Occident apostat, c'est la Russie. Tant que les Papes successifs et les évêques ne se seront pas convertis et rendus aux désirs de Dieu, qui sont des ordres pour eux ! « les erreurs de la Russie se propageront dans le monde », on sait par quelles violences et quels carnages, et on a encore beaucoup à apprendre sur ce chapitre. Mais enfin, demande W.TH. Walsh à sœur Lucie de Fatima, « à votre avis, cela signifie-t-il que tous les pays sans exception seront conquis par le communisme ? — Oui. » (15 juillet 1946).
Tout cela est terrible ! terrible ! terrible ! Le signe de la “ nuit illuminée ” a eu lieu, la guerre que la Russie bolchevique mène au monde s'est déclenchée sous Pie XI et elle continue de plus belle depuis donc la quarante cinq ans. Et jamais vous ne parlez de cela. Vous parlez de paix là où il n'y a pas de paix, comme les faux prophètes, et de la guerre comme un « phénomène » incompréhensible, inhumain, absurde, insensé, criminel. Mais jamais comme d'un châtiment mérité, et d'autant plus mérité et interminable qu'il a été annoncé et que les conditions de sa fin ne sont pas (encore) acceptées et réalisées par Ceux qui le peuvent et le doivent. C'est cela qui est inhumain, criminel, absurde, insensé ! des Papes qui savent et ne disent pas, qui peuvent et ne veulent pas.
Bien plus, mais c'est “ l'Imposture suprême ” que je dénonçai au lendemain de votre passage à Fatima. Je me cite 21CRC 178, juin 1982., pardonnez-le-moi :
« En une journée tout était fait. Puis, aussi vite qu'il était venu, il repartit. À ses adultères. Oubliant tout ce qu'il avait dû dire et faire, ce 13 mai à Fatima. Deux jours après, à cinquante kilomètres de là, à Coïmbre, il déclarait aux “ intellectuels et hommes de la culture portugaise ” :
« “ La situation peut paraître désespérée, et laisser présager une nouvelle apocalypse. Mais en réalité, il n'en est rien [sic]. Pour l'humanité de l'an 2000 il existe assurément une issue et bien des motifs d'espérance. Il suffit [sic] que tous les hommes de bonne volonté, ceux qui professent la foi dans le Christ, s'engagent dans une profonde rénovation de la culture, à la lumière d'une saine anthropologie et des principes de l'Évangile. ” 22DC 6 juin 1982, no 1831. »
« Oublié le message de Fatima, la Vierge replacée dans sa niche folklorique, voici le retour au Masdu œcuménique, humaniste, socialiste. Mais à Fatima même le message du Ciel était déjà trahi, interprété selon l'herméneutique du Père Dhanis, le contempteur de Fatima, mort sans repentance. Le Pape a feint de croire à ce qu'on lui a présenté comme des affabulations de sœur Lucie. Il n'y est pas entré.
« Finita la commèdia. Jean-Paul II, tournant le dos, a rejoint les musulmans et les juifs, les communistes et les libéraux, les anglicans et les orthodoxes, dans sa chimère d'un monde où les religions ne formeraient plus qu'un seul “ Mouvement d'Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle ”, un grand MASDU franc-maçon, socialiste et chrétien unifié. Il met au service de cette Bête de l'Apocalypse (13,11) son immense séduction sur les foules et les élus eux-mêmes (Mc 13,22). L'Église est ainsi livrée à l'hérésie, au schisme, à la corruption. C'est une apostasie générale, irrésistible, accélérée, qui vide le Monde libre de toute force surnaturelle, donc de toute force morale, politique et militaire. »
Et le châtiment de Dieu est sur nous, et sans doute par la faute de tous les pécheurs, au rang desquels je suis, très Saint Père, et je ne l'oublie pas. Mais par votre faute à Vous, de Chef et de Pasteur suprême qui personnellement refusez d'accéder aux demandes qui sont pour la terre des exigences de la Miséricorde divine, et qui en détournez les cœurs en opposant aux esprits inquiets vos dénégations rassurantes. « Il n'y aura pas d'Apocalypse », avez-vous affirmé aux intellectuels de Coïmbre. Voilà un mot dont vous vous repentirez.
LA CONSÉCRATION DE LA RUSSIE REFUSÉE
Il était donc hors de vos pensées et de vos volontés d'en passer par les volontés du Ciel, qui relèvent d'une “ Weltanschauung ” totalement contradictoire à la vôtre, depuis l'interprétation “ herméneutique ” des Écritures et des dogmes de la foi, jusqu'à la sélection et la compréhension “ évolutionniste ” des signes des temps. Aussi, hypocritement, avez-vous paru satisfaire aux demandes du Ciel, pour tromper les dévots de Fatima. Horrible accusation que j'ai aussitôt faite, pour détromper les fidèles abusés par vous, et que j'ai prouvée.
Quelle était, quelle est la demande précise de la Vierge, à l'exécution de laquelle est subordonné le salut terrestre de l'humanité ? Voici :
« Si le Saint Père daigne [sic] faire, et ordonne à tous les évêques du monde catholique de faire un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie... le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie [ah, merveille ! oh, alors, vite...] et si Sa Sainteté promet, par le moyen de la fin de cette persécution, d'approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice que Dieu lui-même et la T. S. Vierge ont daigné demander en 1925. » (29 mai 1930)
Voici ce que j'en disais :
« LA RUSSIE. N'étant pas sûr (sic) que le mot ait été prononcé par la Vierge, mais peut-être imaginé par la voyante enfiévrée, Jean-Paul II a furtivement nommé ce pays, à propos des consécrations faites par Pie XII. En circonlocutions diplomatiques. Faisant taire ainsi les revendications des épiscopats anticommunistes. Mais de telle manière qu'il ne paraisse nullement que la Russie soit la puissance maléfique de ce siècle, et que Fatima est la dénonciation de l'énorme complicité des gens d'église avec le communisme intrinsèquement pervers, satanique dans son essence.
« TOUS LES ÉVÊQUES. Jean-Paul II a fait écrire par le cardinal Casaroli (!), une lettre aux évêques les invitant à “ s'unir spirituellement ” à sa démarche le 13 mai. J'ai cette lettre sous les yeux, elle ne vaut même pas la peine d'être publiée. Cette invitation flasque et vague devait permettre au Pape de présumer l'accord du Collège épiscopal avec lui dans sa consécration du monde. C'était se moquer, je trouve, de la Sainte Vierge et de Dieu, car ils ont dit : “ Ordonner ” à “ tous les évêques du monde catholique ”. Dans cet affreux épiscopat d'aujourd'hui, gangrené par l'incrédulité et le communisme, il n'y a même pas eu un simulacre d'accord. 23Ibid. CRC 178, juin 1982. »
Cette triste analyse, après les faux bruits répandus par les mystificateurs inconditionnels, sœur Lucie la confirmait sans la connaître évidemment, déclarant dès le lendemain que la consécration de la Russie n'avait pas été faite encore ni par vous ni par aucun de vos prédécesseurs conformément aux volontés du Ciel. Ayant rédigé un rapport à votre intention, elle a affirmé derechef, le 19 mars 1983, au nonce apostolique à Lisbonne, en présence de deux experts portugais, « La consécration de la Russie n'est pas faite comme Notre-Dame l'a demandée. » Je ne cite pas mes auteurs car vous les connaissez.
Ainsi la Vérité se fraie un étroit chemin parmi les ténèbres qui cherchent à l'étouffer. Mais il suffit d'écouter votre discours du 13 mai pour comprendre l'abîme qui sépare vos œuvres de celles que demande le Ciel, et qui Vous sépare, Très Saint Père, de notre Mère Immaculée, Notre-Dame de Fatima !
« Le successeur de Pierre se présente ici également comme témoin des immenses souffrances de l'homme, comme témoin des menaces quasi apocalyptiques qui pèsent sur les nations et sur l'humanité. Ces souffrances, il veut les embrasser avec son faible cœur humain, tandis qu'il se tient devant le mystère du Cœur de la Mère, du Cœur immaculé de Marie.
« Au nom de ces souffrances — et avec une pleine conscience du mal qui s'étend dans le monde et menace l'homme, les nations, l'humanité —, le successeur de Pierre se présente ici avec une foi plus grande dans la rédemption du monde, dans cet Amour sauveur qui est toujours plus fort, toujours plus puissant que tout mal.
« Or, si le cœur se serre à la vue du péché dans le monde, des menaces de toutes sortes qui se concentrent sur l'humanité, ce même cœur humain se dilate dans l'espérance au moment d'accomplir une fois encore ce que mes prédécesseurs ont déjà fait : confier le monde au Cœur de la Mère, lui confier spécialement les peuples qui en ont particulièrement besoin. Cet acte veut dire que le monde est confié à Celui qui est la Sainteté infinie. Cette Sainteté signifie rédemption, elle signifie amour plus puissant que le mal. Jamais aucun “ péché du monde ” ne pourra surpasser cet Amour...
« En elle se trouve le Cœur de l'Épouse et de la Mère, Marie, paré du joyau de la conception immaculée : le Cœur de l'Épouse et de la Mère que la parole du Fils sur la croix a ouvert à un nouvel et grand amour de l'homme et du monde ; le Cœur de l'Épouse et de la Mère qui connaît toutes les souffrances des hommes et des sociétés de cette terre. 24DC, 6 juin 1982, no 1831. »
Votre défiguration du Dieu de colère en un Dieu d'amour inconditionnel, de la Vierge Marie en “ la Mère ” (sic) inconditionnelle de tous les peuples, de l'Homme en malheureux trop cruellement éprouvé par des forces auxquelles il est naturellement soumis, et comme malgré Dieu ! malgré ses propres mérites et vertus, dans ce style gnostique qui vous est coutumier, achève de faire de vous un ennemi de la Sainte Vierge. Qui la blesse au talon.
Vous acheviez de contredire et d'enterrer le message pressant de Fatima, le 2 mars 1983, à Lisbonne, en partance pour l'Amérique centrale, votre dernier voyage : « En écho à la “ Dame du Message ”, je répétais à Fatima même, que la rédemption surpasse infiniment toute espèce de mal qui soit dans l'Homme et dans le Monde. » Que voulez-vous que je vous dise ! Ce sont des paroles d'antichrist. De luthérien, de quiétiste, de moderniste... d'humaniste wojtylien, qui décroche la terre humaine du Ciel de Dieu, qui rompt le lien des affections humaines avec les Volontés et les œuvres de Dieu, qui fait l'impasse sur la nécessaire conversion, expiation, dévotion de l'Église à Dieu et spécialement à la Vierge, pour obtenir de leur divin Cœur la grâce de la paix. Alors, ce sera le châtiment !
LE SECRET DES SECRETS : LE MESSAGE CONCERNANT L'APOSTASIE DE L'ÉGLISE
25Sur tout cela, Frère Michel de la Sainte Trinité, Toute la vérité sur Fatima, t. III, Le Troisième Secret, 1960-1983. Mais le scalpel du médecin qui veut nous guérir va jusqu'au fond de la plaie, au mal principal qui infecte tout le corps. Telle est certainement la partie secrète de ce Secret du 13 juillet 1917, celle qui affole ceux qui le connaissent et suscite un tel déploiement de mensonges impudents et d'ingénieuses manœuvres pour en distraire le peuple fidèle ! Ce faisant, comment ne le voient-ils pas ! eux-mêmes, ces imposteurs et ces faussaires, réalisent par le fait même ce texte qu'ils refusent !
Nous savons que sœur Lucie l'a rédigé au début de janvier 1943, après une terrible agonie de deux mois. Je n'en retrace pas toute l'histoire, que Vous connaissez. Toujours est-il que ce Secret appartient à l'Église entière depuis 1960, et non pas à l'un de ses huit cents millions de membres, Karol Wojtyla. Il pouvait être divulgué par l'évêque de Leiria, ou par l'archevêque de Lisbonne ou par le Pape, dès avant 1960. Mais il devait être « lu au monde » en 1960, ou dès la mort de sœur Lucie, si elle survenait avant cette date. Depuis 1960, le Secret de Marie, Mère de Dieu, est injustement retenu par les Papes, au plus grand détriment, certainement, des âmes, et de l'Église et du monde !
Pourquoi 1960 ? « Parce que la Sainte Vierge le veut ainsi », dit sœur Lucie au chanoine Barthas. « Parce qu'alors, il apparaîtra plus clair », avait-elle répondu au cardinal Ottaviani en 1955. Le secret est donc en évidente relation avec la rupture de tradition survenue à Rome à la mort de Pie XII en 1958 et avec l'annonce de la tenue d'un grand Concile œcuménique... Que voyez-vous d'autre dans les annales de l'Église à cette époque, qui soit de même importance ?
LE SECRET DISCERNÉ
Le Père J. M. Alonso, expert officiel de Fatima, dont on attend avec une légitime impatience la publication posthume de l'œuvre monumentale en quatorze volumes, assurément décisive, a déjà dit sa pensée sur ce Secret dans son précieux petit livre, La vérité sur le Secret de Fatima 26Téqui, 1979. :
« Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi », c'est un précieux élément de la partie déjà révélée du grand secret, qui peut nous indiquer quelque peu le contenu de ce qui ne nous est pas encore accessible. « Si au Portugal on conservera toujours le dogme de la foi, ainsi raisonne-t-il, il appert en toute clarté qu'en d'autres pays ces dogmes vont ou bien s'obscurcir, ou bien même se perdre. 27Op. cit., p. 65. » Et de là à conclure avec lui il n'y a qu'un pas, que nous franchissons sans hésitation : « Il serait donc tout à fait possible que ce texte fasse des allusions concrètes à la crise de la foi de l'Église et à la négligence des pasteurs eux-mêmes. » La plupart des experts portugais se sont ralliés à l'interprétation du Père Alonso, leur maître à tous.
Que pouvais-je faire d'autre que de consentir à cette théorie solidement fondée, qui renforçait immensément nos convictions d'opposants à la Réforme et à la Révolution conciliaires ? J'écrivais : « Le “ Troisième Secret ”, caché, décrié, haï, concerne... non une hypothétique Troisième Guerre mondiale quand la guerre communiste n'a pas cessé, mais l'aveuglement, mais l'endurcissement, mais l'apostasie et la damnation éternelle des pasteurs de l'Église entraînant des foules dans la perdition, parce qu'ils auront bafoué, ridiculisé, contredit ou superbement ignoré les volontés et blessé le Cœur Immaculé de Marie, la faute que Dieu ne peut supporter, ce qui est pour Lui le péché irrémissible, celui qui le frappe au Cœur : l'insulte à sa Mère. 28CRC 178, juin 1982, p. 1. »
Ne m'en veuillez pas, Très Saint Père, d'évoquer comme chose certaine la damnation des Pasteurs. Je suis fidèle à cette conception fort peu aristocratique du Moyen Âge, selon laquelle les mauvais pasteurs précèdent leur troupeau ou le suivent en enfer... Il n'y a pas de Nomenklatura qui dure toujours !
LE SECRET BIEN GARDÉ !
Il doit être bien terrible, ce Secret. C'est assurément le plus grand secret de toute l'histoire. Il paraît que sœur Lucie a l'interdiction formelle de parler de tout ce mystère de Fatima sans autorisation spéciale du Saint-Siège. Cela prouve déjà que ce Secret ne lui est pas favorable. Paul VI avait manœuvré pour en distraire les foules, lors de son pèlerinage quasi obligé, pour le cinquantenaire des Apparitions, le 13 mai 1967 29Lettres à mes amis 246, 247.. Vous avez suivi l'exemple de votre Père. J'écrivais après votre passage à Fatima :
« LE SECRET. Jean-Paul II l'a lu. Il a même, avant son voyage, consulté un prêtre portugais de Rome pour qu'il le lui traduise, je le cite lui-même, “ avec toutes les nuances de la langue ”. Je le sais de source directe. Mais il n'y a pas cru. Et à Fatima, il l'a enterré en s'en moquant : “ Voulez-vous que je vous enseigne un secret... ? C'est simple, et ce n'est plus un secret : priez beaucoup, priez en disant le chapelet tous les jours. ” (discours du 12 mai, La Croix, 13 mai). C'est dire : Ce troisième Secret que vous me réclamez, ce n'est rien d'autre, mises à part les élucubrations de Lucie. Il n'y a rien à savoir de plus. N'en parlons plus. »
Vous avez cependant laissé échapper un mot, qui ressemble fort à un lapsus freudien, révélateur d'une obsession sans cesse refoulée mais en vain, à moins que ce ne soit une allusion voulue, calculée : le mot d'“ apostasie ”.
« Ce message est adressé à tout homme. L'amour de la Mère du Sauveur rejoint tout ce que touche l'œuvre du salut. L'objet de ses soins, c'est tous les hommes de notre époque, et en même temps les sociétés (voulez-vous y inclure l'Église catholique ? l'Église de Rome ?), les nations et les peuples. Les sociétés (mais oui, vous pensez à l'Église de Rome !) menacées par l'apostasie, menacées par la dégradation morale. L'écroulement de la moralité entraîne avec lui l'écroulement des sociétés. »
Mais cela, dit en passant, contredit par tout le flot de paroles antécédentes et subséquentes, ne retint l'attention, encore moins l'inquiétude de personne. Et tout continue. Quoi ? Eh bien, l'apostasie provoquant la dégradation morale qui entraîne avec elle l'écroulement des sociétés. Avouez que pour un homme de cœur, pour un guide de l'humanité, pour un Prince des prêtres, cela aurait valu d'être davantage souligné.
VOUS VOYEZ VENIR VOTRE CONDAMNATION ET VOUS NE FAITES RIEN ?
Pour ma part, il me semble que je n'aurais jamais eu la lumière et la force nécessaires à mon combat actuel contre les puissances d'apostasie en œuvre dans l'Église et depuis bien longtemps, si la religion, le message et le secret de Fatima n'avaient été mon secours et ma consolation. Il est curieux que dans votre discours du 13 mai vous ayez passé sous silence la fin déjà connue du Secret, ou plutôt que vous ayez substitué de grandiloquentes paroles sur la Jérusalem céleste descendant du ciel sur la terre, pastichant l'Apocalypse, à ces paroles qui soutiennent l'espérance actuelle de toute l'Église :
« À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. »
Le désespoir guette tant des nôtres ! Cette promesse solennelle qui ne peut faillir venant de la Mère de Dieu, paroles prouvées par la Danse du soleil ! cette promesse sûre et certaine nous garde l'espérance pour ce qui est du temporel. Pour ce qui est du spirituel et qui concerne le salut éternel de nos âmes, c'est le Secret qu'il faudrait connaître assurément pour ne pas désespérer de l'Église, ou pour résister au courant de l'apostasie générale. Car comment reviendrait-t-on, me disent les meilleurs catholiques, ceux qui vous sont soumis et ceux qui ne peuvent l'être, comment l'Église si fort engagée et compromise depuis ce maudit Concile, depuis trois ou quatre papes, avec l'hérésie et la révolution, pourrait-elle revenir en arrière ? Cela fait maintenant partie de sa tradition, il faut s'y résigner ! Soit pour l'abandonner comme une mère traîtresse et adultère, pour l'honneur et à regret. Soit pour s'abêtir avec le monde moderne et se rallier pour lui demeurer fidèle, et après, Dieu jugera !
Tel est l'épouvantable état d'âme des meilleurs prêtres et des fidèles. Eh bien ! À cette formidable objection qui nous est faite depuis le commencement de notre ligue de Contre-Réforme Catholique, c'est par Fatima que nous discernons la voie étroite, héroïque et sainte de la restauration soudaine de l'Église. Tout se fera par la grâce de l'Immaculée. Quelques humbles paroles d'Elle suffiront à chasser de l'Église, puis de la terre entière les fumées de Satan, les ténèbres de l'enfer vaincu.
Je répondrai, je réponds encore aujourd'hui, et à Vous-même, Très Saint Père, souffrez que je réponde enfin : « Fatima, c'est la religion de toujours faisant son instant reproche à l'Église du jour pour son infidélité, la menaçant de la guerre et de la domination de la Russie en châtiment de son impiété et de son immoralité. Fatima, c'est aussi le petit Secret de vingt lignes, capable, lui seul, d'effacer de l'histoire de l'Église les vingt ans d'apostasie que nous vivons. Quel que soit l'avenir immédiat, expansion mondiale du communisme, apostasie immanente de l'Église moderne, une chose est sûre : “ À la fin mon Cœur Immaculé triomphera, le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. ”
« L'avenir est à la Vierge Immaculée. Elle vaincra en ce siècle les forces de l'enfer, elle écrasera la tête du serpent, elle redonnera le monde à Jésus-Christ, et Lui-même l'offrira à son Père. 30Ibid., CRC 178, p. 2. »
Ce secret est entre vos mains. Vous êtes sans doute le Pape de ce secret Jean XXIII pensait que cela ne le concernait pas. Il se croyait avant la chute annoncée, « dans la nuit qui s'épaissit », disait-il au moment où tous s'excitaient à la pensée du renouveau conciliaire à venir. Le temps a coulé, les choses sont allées leur cours catastrophique. Il est certainement beaucoup question d'un pape dans ce bref secret, d'un pape crucifié certainement mais aussi d'un pape apostat, serait-ce le même ? serait-ce... Vous ? Je ne sais, je ne demande pas à savoir. Mais il est tard, bien tard, pour procurer à l'Église de Dieu la Vérité de Fatima qui la libérera.
Très Saint Père, publiez ce Secret de Notre-Dame, et je dirai : “ Maria seu Roma locuta est, Causa finita. Oui, Marie et Rome, c'est tout un, a parlé, le Procès est conclu, plaise à Dieu que l'erreur finisse de même ” 31Cf. Saint Augustin, sermon 131; cf. CRC 91, avril 1975, p. 5. !