25 DÉCEMBRE 2018 - NOËL

L’union singulière de la Vierge Marie et du Saint Enfant-Jésus

« Avant de paraître comme le Maître, le Pasteur, le Roi et le Seigneur de son peuple, Jésus a commencé par germer dans les chastes entrailles de la Vierge Marie », nous disait notre Père, dans son Esquisse d’une mystique trinitaire. « Elle le conçut, elle le mit au monde, elle l’allaita, le baisa et le caressa comme une chair sienne, comme un cœur tout amoureux du sien. »

Là, il est impossible de ne pas évoquer toutes ces tendresses charmantes d’une maman avec son enfant. Avant que l’enfant sache dire “ maman ”, elle le fait sourire en le regardant, et quand il sourit, c’est tout un langage qu’il lui adresse.

Imaginez cela, oui, mais transfiguré, transposé, parce que c’est la Vierge Marie et qu’elle sait que cet enfant qui lui sourit sans lui parler, sans encore dire “ maman ” parce qu’il est trop jeune, mais qui la regarde et qui se met à sourire en voyant son visage, elle sait que c’est le Fils de Dieu, le Sauveur du monde. Imaginez ! C’est Jésus intime. Le Jésus public, on le connaît. Le Jésus intime est révélé aux cœurs purs ou il est révélé à ceux que Dieu a choisis. Du coup, il purifie leurs cœurs, c’est vite fait.

Donc, Jésus est là, l’enfant dans les bras de sa Mère, tout amoureux de sa Mère, et elle, tout amoureuse de lui, une âme toute collée à la sienne. J’ose dire : il en fut déjà l’Époux, parce que c’était l’homme unique de l’unique Vierge Marie. C’était le total de l’amour et toutes les formes de l’amour, toutes les formes permises, légitimes renversant toutes les barrières, accumulant tous les privilèges, toutes les perfections.

Il fut un Époux, en vertu de la loi d’amour conjugal, qu’il avait lui-même établie à l’origine du monde, avant même la création, la loi de cette différence des sexes, afin que l’un soit la moitié de l’autre, qu’elle lui soit une compagne semblable à lui et la Vierge Marie est bien la compagne semblable à Jésus.

Semblables, ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau, puisque lui vient d’elle dans la totalité de son adn, pour parler scientifiquement, c’est son Fils à elle toute seule, et donc, pour ce qui est de l’humanité, rien, jamais, aucun jumeau n’a ressemblé à son jumeau comme Jésus a ressemblé à la Vierge. Pour ainsi dire, ils sont de vrais jumeaux, pas de faux, ils ont le même adn, le même message héréditaire. Il est vraiment son héritier ; et quant à l’esprit et la divinité, elle est remplie de l’Esprit-Saint, elle est remplie de la Sagesse de Dieu, et donc, ils sont faits l’un pour l’autre, comme jamais aucune femme n’a été faite pour un homme ni aucun homme pour aucune femme. »

La Vierge Marie, Fille de Dieu, Mère toujours Vierge du Fils de Dieu, Dieu lui-même, assume donc, une relation tout à fait singulière avec son Enfant, sachant que cet Enfant est le Fils de Dieu, le Messie, le Roi d’Israël. Au jour de l’Annonciation, elle a reçu dans ses entrailles cette âme neuve pour lui façonner un corps d’homme qui est le corps de son Fils, qui est en même temps son Sauveur, comme son Nom l’indique : Jésus, Yahweh sauve. Elle le nourrit de son sang pendant neuf mois, et elle continue après sa naissance, en l’allaitant... et adorant en même temps ! Donc, entre elle et lui, il y a une union absolument insurpassable, incomparable. Même l’union des époux est évidemment tout à fait pauvre et imparfaite, grossière, comparée à l’union de cette Mère et de cet Enfant.

Il est son tout sur la terre. Évidemment, saint Joseph est toujours son époux à elle, mais c’est un époux de cœur, en même temps qu’il est, pour Jésus et pour Marie, l’image du Père du Ciel, vers lequel sans cesse leurs âmes s’élèvent dans l’action de grâces. Quant à saint Joseph, il se met tellement au-dessous d’Elle et de Lui, comme un petit enfant, comme un ravi qui regarde un spectacle, et qui se sent si peu le père de Jésus du point de vue physique, il comprend bien qu’il est l’objet d’une grâce qui l’a élevé sur un trône qu’il ne mérite pas de lui-même, donc sa disposition est plutôt celle d’un enfant qui est ravi de ce qu’il voit et de ce qu’il adore.

Jésus est leur tout sur la terre, comme le Père de Jésus est leur tout à eux trois dans le Ciel. Ainsi est-elle la Fille de Dieu. À la crèche, elle regarde cet enfant qui vient de sortir de son sein très pur, et elle sait qu’il est son Créateur. Dans son Cœur Immaculé chante l’oracle d’Isaïe : “ Ton Époux, c’est ton Créateur. ”

ET NOUS ? QUELLE EST NOTRE PLACE DANS CE MYSTÈRE ?

Jésus lui-même, Fils de Dieu, a voulu être enfant pour nous donner le goût, le désir de le redevenir, nous aussi, afin d’aller au Ciel. Un jour, « Jésus demanda aux Apôtres : “ Sur quoi discutiez-vous en chemin ? ” Mais eux gardaient le silence, car sur la route, ils avaient discuté pour savoir qui d’entre eux était le plus grand.

« Jésus s’assit et il les appela auprès de lui : “ Si quelqu’un veut être le premier, qu’il se fasse le dernier de tous et le serviteur de tous. ” Puis, prenant un enfant et l’ayant embrassé, il leur dit : “ Quiconque reçoit l’un de ces enfants à cause de mon Nom, me reçoit, et qui me reçoit, ce n’est pas moi qu’il reçoit, mais Celui qui m’a envoyé. ” » (Mc 9, 33-37)

frère Bruno de Jésus-Marie
Extraits du sermon du 3 janvier 2010