16 DÉCEMBRE 2018
Raisons et moyens pour garder la joie chrétienne
Ô mon Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore avec les sentiments de l’allégresse la plus grande, selon le conseil de saint Paul : « réjouissez-vous, mes frères, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche »
Comment pourrais-je me laisser dominer par la tristesse, l’inquiétude, la douleur et tous les autres sentiments qui attristent l’âme de ceux qui n’ont pas d’espérance, quand l’heure de mon salut est proche, quand déjà Noël s’annonce, quand je me prépare encore ce matin à recevoir mon Sauveur, en sa chair et son Corps, son Âme, sa Divinité et son Sang précieux dans la sainte Communion ?
Comme je vous remercie, mon Dieu, de m’avoir donné, en même temps que votre grâce, le sentiment de cette joie perpétuelle qui doit animer le chrétien, afin d’en vivre moi-même et d’en consoler et exhorter les autres. Ô Esprit-Saint, par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie et des saints Apôtres, donnez-moi de faire triompher cette joie en moi et dans ceux dont j’ai la charge, sur toute tristesse, toute inquiétude, tout scrupule, tout abattement, jusque dans l’agonie des pires tentations, des pires détresses.
Qu’il soit bien entendu, avec la même certitude, la même clarté divine de la foi, que la joie est indissociable de l’Évangile, qu’elle est, en nous, en nos cœurs, une force souveraine toute jaillissante de la grâce sanctifiante, qui est la vie divine en nous. Et si j’ai la vie divine en moi, si j’ai l’amour de Dieu, qui sera contre moi ? Quels motifs de tristesse pourrais-je jamais trouver dans la vie que Dieu me donne, ni dans le passé, ni dans le présent, ni dans l’avenir, ni dans le Ciel, ni sur la terre, ni dans les enfers ? Tout est joie dans la foi. Toute la force de Dieu que représente en nous la grâce resplendit de paix et de joie.
C’était bien à l’apôtre saint Paul de nous le répéter, lui-même nous ayant donné cet exemple de la joie parfaite et continuelle, se réjouissant même de ces tribulations pour ce qu’elles apportent de gloire au Christ et de réconfort au Corps mystique. Quel homme ! Quel chrétien ! Quel apôtre ! Quel saint !
Je compte sur l’intercession de la Vierge Marie qui est dans ce bonheur infini du Ciel pour toujours, je compte sur tous les saints pour bannir de mon cœur toute inquiétude, toute tristesse, tout pessimisme, qui me concerne ou qui concerne les autres, qui concerne le présent, l’avenir ou le passé. « Réjouissez-vous mes frères, je vous le dis encore, réjouissez-vous, le Seigneur est proche. »
- La première résolution de cette oraison sera de conclure très fermement que j’ai toujours tort d’être triste, que le commandement de l’Apôtre émane directement d’un commandement divin, qui est de vivre dans l’action de grâces pour les richesses infinies, les trésors inépuisables de sa miséricorde et pour les splendeurs infinies, absolues de sa gloire, en lui-même et dans la création, gloire qui se manifestera dans toute sa plénitude au jour du jugement dernier et de l’instauration de la vie éternelle.
- La deuxième résolution sera de voir dans ces sentiments de tristesse que mon orgueil et mon égoïsme, sans aucune beauté ni vérité ni bonté, mais laideur, mais erreur, mais malheur. Oh ! quelle victoire de Jésus-Christ et de la Vierge Marie que cette victoire de leur joie sur ma déprime, sur mon aigreur et sur leur maquillage en vertu, alors que ce ne sont que les fruits de mes vices.
- Troisième résolution : Suis-je triste de mes péchés ? Il ne me reste qu’à les haïr et à m’en dégager. Suis-je triste de mes tentations ? Je dois me réjouir du mérite que j’aurai à les vaincre et les repousser. Suis-je triste par scrupule, par manie de m’inquiéter de moi-même et de me raconter des histoires ? Je n’aurai qu’à me dégager de moi-même, prier, lire, m’occuper d’autre chose que de moi. Suis-je triste de la solitude de mon cœur ? J’ai Jésus et Marie et tous les saints qui m’attendent pour me combler de félicité spirituelle. Suis-je triste des douleurs des autres ? Je penserai que le meilleur remède est de leur apporter ma joie. Suis-je triste des grands périls que court l’humanité ? Je saurai que Jésus nous a dit, quand ils surviendraient, de redresser la tête et de savoir que notre délivrance est proche.
Ainsi, d’une chose à l’autre, je me laisserai conduire par l’Esprit-Saint, qui est un Esprit de paix, de joie, de sérénité, de modération, de charité, de patience, et non pas un esprit de contention, de dispute, de tristesse, de dénigrement, de pessimisme, de désespoir. « Réjouissez-vous, mes frères, je vous le dis encore, réjouissez-vous, votre salut est proche. » Le Seigneur est proche et c’est bientôt Noël.
Et ainsi, ayant chassé les raisons de tristesse de mon esprit, luttant violemment contre les mouvements de tristesse de ma volonté, substituant régulièrement et constamment les sentiments de joie et d’allégresse chrétiennes à mes sentiments de morosité, ô mon Dieu, je serai comme le fils sur le sein de son père qui repose tranquillement, comme l’enfant sur le sein de sa mère, qui n’a nulle crainte, qui est heureux, qui jouit de cette intimité. Je serai comme l’épouse dans les bras de son époux, oubliant tout tracas, enivrée d’un bonheur qui ne finira pas puisqu’il y a entre lui et elle une alliance éternelle. Je serai un vrai chrétien qui depuis le baptême, est le temple de l’Esprit-Saint, Esprit de lumière, de force, de chaleur, de joie, d’allégresse, ivresse spirituelle. Je laisserai paraître sur mon visage et dans mes paroles cette allégresse, cette paix dont les autres ont besoin, qui est la charité fraternelle, la manifestation de l’Évangile à toute créature. Et je vous serai humblement fidèle, ô Marie, qui êtes la Cause de notre joie.
Abbé Georges de Nantes
Extraits de l’oraison du dimanche 11 décembre 1983