18 AOÛT 2018
Le chrétien est-il pacifique ou pacifiste ?
AUJOURD’HUI, Jésus nous surprend par la violence de sa parole : « Pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix sur la terre ? Non !" » Cette parole est encore plus radicale en saint Matthieu : « N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. » Nous sommes tellement conditionnés depuis le Concile Vatican II à penser que toute guerre est mauvaise, interdite et que la paix est un idéal à poursuivre, quel qu’en soit le prix, que cet évangile nous choque. À tort ou à raison ? Quelle est la doctrine de l’Église sur la guerre ? Quelle est la doctrine de l’Église sur la guerre ?
Au Paradis terrestre, il n’y avait pas de guerre. Adam et Ève étaient dans un état de justice et de sainteté originelle. Et s’ils ne s’étaient pas révoltés contre Dieu, s’ils n’avaient pas désobéi, leurs descendants l’auraient été aussi. Il n’y aurait pas eu de drame ni d’attentat fratricide d’Abel par Caïn, il y aurait eu la paix. La guerre est donc un mal qui nous est venu par le péché originel et donc sous l’instigation du démon.
Le Royaume du Christ qui trouvera son accomplissement au Ciel s’instaure par l’Église dès ici-bas. L’enseignement de saint Pie X est à ce sujet très optimiste et très sage. Il disait tout simplement que lorsque tous les hommes, toutes les nations pratiqueront la Religion Catholique, la Paix mondiale sera possible. C’est cette paix universelle que Notre-Dame de Fatima est venue apporter au monde, moyennant quelques petites conditions que l’on n’a pas voulu satisfaire. C’est pourquoi la guerre continue de ravager le monde...
La guerre est l’état naturel des peuples à cause du péché originel. La guerre peut donc survenir entre les hommes à tous les niveaux et tout le temps ; mais le chrétien est prêt à se battre pour se défendre, défendre les siens et établir un ordre plus vertueux. Les chrétiens dans un monde mauvais, frappé par le péché originel, ont le devoir de se défendre. Cela se comprend tout seul.
Dans notre condition présente de fils d’Adam, la violence est omniprésente. Le grand progrès de la civilisation chrétienne a été de limiter ces conflits en construisant des sociétés hiérarchiques. Lorsque, par exemple, un roi ou un gouvernement de quelque ordre qu’il soit, gère son pays avec une autorité suffisante, il arbitre les conflits par sa justice et les empêche de dégénérer par sa police. Tel est l’immense progrès de la civilisation chrétienne, et il faut dire que Jésus-Christ a réussi son œuvre. Il est vraiment le Prince pacifique, parce que dans les sociétés vraiment catholiques bien ordonnées, les conflits locaux, les conflits familiaux, les conflits de classes sont aisément résolus par la justice que distribue l’État légitime, chrétien.
Il est dans l’ordre des choses voulu par Dieu que les États fassent régner la paix à l’intérieur des frontières avec une autorité, une souveraineté indiscutable, car elle leur vient de Dieu. Mais chaque État doit aussi se méfier des autres États qui peuvent être jaloux de sa prospérité, jaloux de sa richesse, jaloux de son territoire, et venir les attaquer. Chaque État doit anticiper cette menace et donc depuis les origines jusqu’à la fin des temps, il faut que nos pays catholiques aient une armée. Cette armée ne doit pas être considérée comme un instrument de violence, de mort, d’injustice, de torture et de châtiment de Dieu, mais comme la prunelle de l’œil de la Nation, comme le bras de la Nation, comme la protection de toutes ses familles.
L’armée possède une tradition militaire qui est la tradition de la force au service du pays, de l’indépendance nationale, de ce pré carré qu’il faut défendre contre l’envahisseur ; c’est clair et c’est pour cela que l’Armée obéit au Chef de l’État. Telle est la noblesse de l’armée française, la noblesse des armées chrétiennes. La guerre et le service de l’armée ne sont qu’un moyen pour atteindre une fin qui est la paix.
Or, force est de constater qu’aujourd’hui cette doctrine traditionnelle n’a plus cours. L’atmosphère que nous respirons actuellement dans notre Église postconciliaire est une atmosphère pacifiste où la guerre est considérée comme un mal intrinsèque ; c’est intrinsèquement mauvais de faire la guerre, de la préparer même, parce que celui qui la prépare se met sur le chemin de la guerre et finalement la provoque.
Avec de tels sophismes et équivoques, il est certain qu’aujourd’hui au nom du Christ et de l’Église, on veut que nous soyons pacifistes, c’est-à-dire que nous disions que toute guerre est mauvaise, toute guerre est interdite. Mais c’est différent de ce que nous lisons dans l’Évangile, car l’Évangile dit : “ Bienheureux les pacifiques ” et non pas “ les pacifistes ”. Le pacifiste, c’est celui qui veut que toutes les guerres s’arrêtent, « plus jamais la guerre », disait Paul VI. Cela n’existe pas, car il y aura toujours quelqu’un qui continuera à la faire jusqu’à ce que l’on en l’empêche. Le pacifiste est un homme dangereux, qu’heureusement l’Évangile de Notre-Seigneur qui est la Sagesse divine même, contredit. Nous devons être des artisans de paix, c’est différent.
Si nous écoutons l’Évangile à la lumière de l’Ancien Testament, éclairé par 2000 ans d’histoire de l’Église, nous savons que le pacifique peut être aussi bien soldat, car le soldat chrétien est celui qui a voué toute sa vie à la légitime défense de ses proches et de sa cité, de sa patrie et même d’autres pays qu’il faudrait secourir. C’est un idéal chrétien, évangélique, et voilà pourquoi ni Jésus, ni les Apôtres, en particulier Saint Paul, n’ont jamais eu aucun mépris pour aucun soldat romain, aucun centurion et l’Église pas davantage, jusqu’au Concile Vatican II qui a subverti cette doctrine traditionnelle qui a toujours été la doctrine de l’Église sur la guerre.
Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 11 novembre 1988