27 JANVIER 2019
L’Église est le corps du Christ
LE Christ est la cause de l’unité de l’Église. Et si l’Église est le corps du Christ, dans une première acception, c’est parce que Jésus-Christ assume, intègre, unit les hommes qui ont foi en lui. Il les redistribue selon ses ministères et charismes, Il aplanit leurs différences naturelles et sociales pour leur conférer son unité, les hiérarchiser au sein des divers ministères qui sont nécessaires à la vie et à la croissance de son Église.
D’où vient la définition de l’Église comme Corps du Christ ? Cela vient principalement de l’apparition du chemin de Damas et de cette révélation qui est faite à Saul, alors persécuteur des chrétiens : « Je suis Jésus que tu persécutes. » Il ne lui dit pas : tu fais souffrir mes amis. Il lui dit : Tu me persécutes, moi ! Voilà ! Ce « moi » qui vise les chrétiens et Jésus comme ne faisant qu’un, est le fondement pour saint Paul d’une méditation qui va le conduire à identifier Jésus et les chrétiens, mais non pas seulement d’une manière morale ou de substitution. Il y a deux étapes dans notre démonstration :
1) L’Église est le Corps du Christ.
2) L’Église est comme un corps biologiquement organisé. Dans les premières grandes épîtres, saint Paul nous explique d’une manière qui est très connue des philosophes, très connue déjà du temps d’Aristote, qu’une société bien unie et bien organisée est comme un corps où chacun a sa responsabilité :
1 Co. 12 : Il s’agit de mettre de l’ordre dans cette Église où chacun se mêle de tout et de rien. Il va leur expliquer que chacun a sa place.
« Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit ; diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur ; diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. » (4-6)
Voilà le principe de l’unité : c’est le même Seigneur, le même Esprit, le même Dieu. Vous avez remarqué que c’est une formule trinitaire. Le même Esprit, c’est le Saint-Esprit ; le même Seigneur, c’est Jésus-Christ et le même Dieu, c’est Dieu le Père. C’est ce même Dieu, trois Personnes, qui opère l’unité et la diversité dans l’Église.
Plus loin, il juge nécessaire de s’expliquer (12) :
« De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. » Curieux ! Il ne dit pas : « Ainsi en est-il de l’Église ». Non, là, il appelle l’Église « Christ ».
« Aussi bien est-ce en un seul Esprit, que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit. » (13) Cela veut dire que c’est le Baptême et l’Eucharistie qui constituent cette unité comme d’un corps, parce que nous avons tous reçu la même vie. Mais il continue, pour bien montrer que ce qui fait l’unité d’un corps, c’est lorsque chaque organe sert aux autres, et qu’ils sont tous en mutuelle dépendance et organisation :
« Aussi bien le corps n’est-il pas un seul membre, mais plusieurs. Si le pied disait : “ Parce que je ne suis pas la main, je ne suis pas du corps ”, il n’en serait pas moins du corps pour cela. Et si l’oreille disait : “ Parce que je ne suis pas l’œil, je ne suis pas du corps ”, elle n’en serait pas moins du corps pour cela. Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? Si tout était oreille, où serait l’odorat ? » (14-17)
Il s’amuse, on a compris ! Non, il insiste ! Pourquoi ? Parce qu’il veut faire comprendre aux chrétiens de Corinthe que c’est exactement la même chose dans l’Église. Chacun de nous par l’Esprit qui nous habite – et c’est l’Esprit du Christ – reçoit de l’âme une fonction. L’un est un organe aussi différent que l’oreille et un autre, aussi différent que la vue. Si l’oreille veut être œil, il n’y aura plus que des yeux, il n’y a plus d’oreille, ni de genou, ni de pied, ni de jambe, cela ne marchera pas.
« Mais, de fait, Dieu a placé les membres, et chacun d’eux dans le corps, selon qu’il a voulu. » (18)
Dieu créant l’être humain l’a fait d’une multitude d’organes qui travaillent bien ensemble.
« Si le tout était un seul membre, où serait le corps ? » (19)
Donc, le corps, ce n’est pas un seul membre, même le membre le plus parfait. Si tout le monde veut être le membre le plus parfait, il n’y a plus de corps, il n’y a plus qu’une collection d’yeux qu’on ne peut plus ranger que dans un bocal ou sur l’étagère !
« Mais, de fait, il y a plusieurs membres, et cependant un seul corps. » (20)
Ce qui, d’ailleurs, est extrêmement mystérieux ! Et qui suffit à affirmer aux philosophes ou aux savants biologistes que s’il y a un corps organisé de milliards de cellules qui, toutes, travaillent à la croissance de l’être organique total, il faut qu’il y ait une âme, une force invisible qui travaille là.
« Un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur ? Tous les membres se réjouissent avec lui. »
Et il applique cela à l’Église :
« Or vous êtes, vous, le corps du Christ, et membre chacun pour sa part. Et ceux que Dieu a établis dans l’Église sont premièrement les apôtres... »
Et donc, rendez-vous compte que vous êtes faits, les uns pour les autres, différents, afin de vous assurer les uns aux autres un service plus grand. Cette unité diverse, complémentaire, c’est le « Christ ». Et donc, nous nous devons les uns aux autres une mutuelle sollicitude, puisque, dit-il, « vous êtes le corps du Christ et membres chacun pour sa part. »
Ainsi, le Christ est la cause de l’unité de l’Église. Et si l’Église est le corps du Christ, dans une première acception, c’est parce que Jésus-Christ assume, intègre, unit les hommes qui ont foi en lui. Il les redistribue selon ses ministères et charismes, Il aplanit leurs différences naturelles et sociales pour leur conférer son unité, les hiérarchiser au sein des divers ministères qui sont nécessaires à la vie et à la croissance de son Église.
Mais ce qui ultimement va animer ce corps hiérarchiquement organisé et en assurer la vie, de génération en génération, c’est la charité. C’est grâce à elle que les membres de l’Église s’aiment et se rendent service les uns les autres. La charité est lien à Jésus-Christ et elle est lien des uns aux autres en Jésus-Christ. Elle est donc divino-humaine ou humano-divine. On comprend qu’elle soit le seul et unique commandement du Seigneur. Cela ne fait qu’un commandement parce qu’il n’y a qu’un objet d’amour : la plénitude qui est déjà et qui est bien avancée, qui est plus considérable au Ciel que sur la terre et qui s’achèvera comme une symphonie d’amour, sainte Église catholique et apostolique.
Abbé Georges de Nantes
Extraits de la retraite de communauté L’Évangile de Paul (S 63)