dimanche 5 janvier
Jésus reconnu par les païens,
rejeté par Jérusalem
LES Mages sont des sages de l’Orient. Ils sont prévenus par cette étoile miraculeuse et saint Matthieu insiste sur cette révélation du Christ au monde. Les Mages vont à Jérusalem conduits par une étoile. Ils arrivent dans cette ville qui paraît aux yeux de l’évangéliste, maléfique, et comme le centre de l’Antéchrist.
Pour Matthieu, Jérusalem, c’est déjà le centre de l’Antéchrist. Les Mages demandent au roi Hérode où est ce roi des juifs qui vient de naître. Et là se noue une nouvelle contradiction. Cette fois, ce sont les païens, ces païens de bonne volonté, venus adorer leur Sauveur, conduits par une étoile, qui se heurtent et affrontent non seulement Hérode, mais tout son entourage : les scribes, les pharisiens, les grands prêtres et les prêtres. Tout Jérusalem nous apparaît dès ce moment-là comme en complot contre cet Enfant qui vient de naître et dont les gens de Jérusalem sont jaloux.
Vous savez la suite : les Mages, les païens de bonne volonté, vont, portant leurs présents, adorer l’Enfant. Avertis, ils repartent par un autre chemin, car au même moment Hérode, par ruse et haine, rassemble des soldats pour aller mettre fin à cet Enfant divin, à cette dynastie royale qui le menace.
Voilà l’opposition de la lumière et des ténèbres. Mais pendant la nuit, prévenu, Joseph prend Marie et l’Enfant et tous s’enfuient en Égypte. Le cruel Hérode et l’esprit diabolique qui l’inspire vont être une première fois vaincus par Jésus qui se rit des obstacles des hommes. La Sainte Famille va trouver refuge en Égypte.
Les Mages venaient de l’Orient et maintenant, c’est à l’Occident, en Égypte, que l’Enfant-Dieu trouve refuge. Voilà les païens qui admettent la Sainte Famille alors que Jérusalem lui ferme ses portes, et Bethléem de même.
Quand, au bout de quelque temps, Joseph est prévenu en songe qu’Hérode est mort, il veut rentrer, ramener l’Enfant-Jésus, encore une fois à Bethléem, à Jérusalem, dans les lieux où doit se passer la révélation du Messie. Mais il est averti par un songe de ne pas y aller, car le fils d’Hérode, Archélaüs, est aussi cruel que son père. Alors, saint Joseph se dirige vers le nord, au septentrion, vers la Galilée.
L’Orient est venu adorer l’Enfant-Jésus. L’Occident, avec l’Égypte, a accueilli l’Enfant-Jésus. Il est revenu de cet Occident, il a fait son exode, il est rentré dans son peuple, il en a été chassé et il redescend dans la Galilée des gentils. Cette Galilée dont Isaïe nous dit que c’est le district des nations qui, après avoir connu l’humiliation, sera la première à connaître la gloire.
Ainsi, vous voyez comment les événements mêmes de la vie du Christ, sondés par un cœur attentif, celui de la Sainte Vierge, sont objets d’une méditation profonde de la part des évangélistes, du Juif Matthieu, du Grec Luc. Tous ces événements nous comblent d’une leçon très profonde : les grandeurs de l’Ancien Testament sont peut-être admirables, mais maintenant, elles sont surpassées par les petitesses du Nouveau Testament. L’orgueil juif étant à son comble va connaître son châtiment, tandis que l’humilité des nations païennes va commencer à être exaltée.
Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 20 janvier 1985