dimanche 26 janvier 2025

L’Évangile de Saint Luc :

un exposé suivi, rigoureusement historique

L’Église va nous donner à méditer tout au long de cette année liturgique l’Évangile de saint Luc. Mettons-nous à l’école de frère Bruno pour faire la connaissance de cet évangéliste et de sa vocation particulière.

Saint Luc« Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole, j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus. »

Saint Luc est un fin lettré ; cette longue phrase, le prologue de son « récit des origines chrétiennes » est magnifique. Pesons bien ses affirmations :

Saint Luc dit que son Évangile est un exposé suivi des événements qui se sont accomplis parmi nous. Il s’applique donc à retrouver l’ordre, la succession des événements. Mais ce mot n’implique pas qu’il ait voulu reconstituer, dans tout son évangile, un ordre chronologique strict, qu’il a pu sacrifier pour une Vérité plus profonde, comme nous allons le voir.

Il s’est résolu à écrire, parce que beaucoup ont déjà entrepris de composer un récit de ces événements. Saint Luc qui s’est informé de tout depuis les origines veut défendre la Vérité par un travail sérieux, rigoureusement fidèle à ce qu’ont transmis ceux qui furent, dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole.

Il s’agit là des Apôtres et de leur Reine, la Vierge Marie, qui fut la première, témoin oculaire de la Parole du Verbe de Dieu, puisque c’est Elle qui l’a mis au monde. Elle est plus que quiconque, sa Servante, la Servante du Seigneur. Ce verset nous paraît surtout faire allusion à l’Apôtre saint Jean. Il est certain que saint Luc, dans de fréquents passages de son évangile, nous transmet le témoignage de Jean, par exemple lors de la Transfiguration ou bien à Gethsémani, où lui seul, a pu voir l’Ange envoyé par le Père pour réconforter Jésus.

Enfin, saint Luc s’adresse à l’excellent Théophile. S’Il s’adresse à une personne particulière, il n’en est pas moins certain qu’il a écrit son évangile pour les chrétiens issus du paganisme. C’est un point important. Car il écrit pour que cet excellent Théophile se rende bien compte de la sûreté des enseignements qu’il a reçus.

C’est qu’il devait y avoir de la contradiction. Saint Luc écrit pour fortifier la foi de ceux qui ont reçu un enseignement qui était, semble-t-il, contredit ou critiqué.

Saint Luc est un compagnon d’apostolat de saint Paul. C’est donc l’enseignement de saint Paul qu’il veut soutenir par ses écrits. Tout de suite, on pense à la grande controverse, le grand drame de la vie de saint Paul et de toute l’Église primitive : la persécution des juifs, aggravée par le mauvais esprit, la trahison des faux frères judéo-chrétiens qui veulent à tout prix conserver les institutions de l’Ancien-Testament. Pour eux, Paul, qui prêche que les rites juifs sont révolus, remplacés par la foi en Jésus Crucifié, est un impie. Dans les Actes des Apôtres, écrits par saint Luc, ces Juifs en viennent à suivre l’Apôtre partout où il évangélise pour répandre leur venin, susciter des émeutes contre lui, jusqu’à le lapider.

Donc, en écrivant pour que Théophile se rende bien compte de la sûreté des enseignements qu’il a reçus, saint Luc veut revenir aux sources de l’Évangile, d’une part pour démontrer encore la véracité de l’enseignement des Apôtres, et d’autre part pour préserver les chrétiens issus du paganisme, évangélisés par saint Paul et ses compagnons, du mauvais esprit et des critiques répandues par « ceux qui veulent bouleverser l’Évangile du Christ » (Ga 1, 7)

Saint Luc l’a fait à sa manière, magnifique et tout en finesse. Il va raconter l’accomplissement historique et orthodromique que le Fils de Dieu est venu opérer sur la terre. Il fait le récit du passage de l’Ancienne à la Nouvelle Alliance.

Cela commence dès ses deux premiers chapitres, qui sont le témoignage de la Vierge Marie transmis par saint Jean, mais qui sont composés de manière à manifester le basculement de l’Ancien Testament au Nouveau : pensez au contraste entre l’incrédulité du prêtre Zacharie offrant l’encens dans le faste du Temple, et la Foi, l’humilité de la Vierge Marie en qui le Verbe se fait Chair, dans sa petite maison de Nazareth. Et déjà, Zacharie dans son Benedictus reconnaît en Jésus le Sauveur qu’attendait tout l’Ancien Testament, en précisant bien qu’il ouvrait le Salut aux Nations païennes.

Ensuite, au commencement de la vie publique, saint Luc raconte comment Notre-Seigneur a commencé sa prédication à Nazareth. Il ouvre le rouleau d’Isaïe, y lit la prophétie de la venue du Messie et du salut qu’il apporte dans son année de grâce, et il dit : « aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles cette prophétie. »

De fait, dans les quatre Évangiles, le récit de la vie publique tient bien en une année, comptée approximativement entre la Pâque de l’an 29 et celle de l’an 30, lors de laquelle Jésus fut crucifié. Dans cet intervalle, tous les événements trouvent leur place, y compris les fêtes liturgiques juives mentionnées par saint Jean.

Saint Luc, dans son Évangile, montre comment Notre-Seigneur s’est manifesté comme le Messie, accomplissant parfaitement les Écritures, comment les juifs l’ont refusé et comment Il a Lui-même annoncé l’ouverture du salut aux païens. Cela s’est déroulé historiquement à Nazareth.

Nous avons bien là la clef de son Évangile : c’est un exposé suivi, rigoureusement historique, écrit pour que Théophile se rende bien compte de la sûreté des enseignements qu’il a reçus de la bouche de l’apôtre Paul, malgré les critiques des faux frères. Et nous, de même, en nos temps d’apostasie qui sont les derniers et où Satan se déchaîne contre le Grand Retour de Notre-Dame à Fatima.

Frère Bruno de Jésus-Marie
Extrait de l’oraison du 6 septembre 2023