Point 102. Une écologie humaniste
La science et l’art de la vie commune familiale, interfamiliale, humaine, s’appellent ou devraient s’appeler l’écologie et l’économie communautaires. Les sages qui firent notre civilisation y sont nos guides.
La loi suprême de la gestion de ce bien familial n’est ni biologique, ni mathématique, ni métaphysique, ni morale, ni religieuse. Elle est spécifique, caractérisant la science écologique. C’est la prudence, vertu naturelle, sagesse pratique, appliquée à la création, à l’extension et à la conservation du patrimoine matériel et spirituel des familles, objet premier, dans l’ordre temporel, du désir des hommes.
1. Notre écologie et notre économie se définissent comme la science spéculative et l’art pratique des conditions idéales et des réalisations possibles de la prospérité des familles, par le moyen de la vertu de prudence, en vue de la vie heureuse des communautés humaines fraternelles.
Une telle définition, très moderne, rejoint celles d’Aristote et de saint Thomas (Sum., IIa-IIæ qu. 50 art. 3 ; cf. ad 2 !). Elle s’oppose aux définitions individualistes ou collectivistes de la réalité sociale et à toute conception matérialiste de la fin recherchée. Elle oppose même son idéal de « prudence familiale » à la conception personnaliste et spiritualiste de l’économie, en vogue dans le catholicisme contemporain.
2. Essentiellement différente du moralisme kantien, la doctrine catholique reconnaît la valeur propre des biens de la vie naturelle. Elle est un humanisme, en ce sens qu’elle admet le principe d’autonomie fondamental, appelé aussi « subsidiarité » : que chacun d’abord s’occupe de lui-même ; chaque famille de sa propre vie, de sa prospérité.
L’Église reconnaît donc l’autonomie naturelle des communautés temporelles, et elle leur reconnaît l’autorité d’en déterminer les fins et les moyens, les droits et les devoirs, par une science et un art relevant de la seule prudence.