Apologétique catholique
L'avenir du monde
Il est beau de savoir que Dieu existe, qu’il nous a envoyé un Sauveur, que ce Sauveur a garanti son origine divine par des miracles et des prophéties, qu’il est mort et ressuscité, qu’il a fondé une Église et que l’Église a engendré une Chrétienté, que celle-ci a réussi à travers les siècles, tant spéculativement que pratiquement, l’accord de la nature et de la grâce, de la raison et de la foi, de la civilisation et de la religion. Tel est bien l’impressionnant ensemble de ce dont nous avons démontré la crédibilité. (…)
Or tout cela aboutit à la question ultime : Mais enfin, si c’est vrai — et c’est vrai ! — pourquoi cela ne réussit-il pas mieux ? (…)
Nous ne comprenons pas ce qui se passe aujourd’hui et qui a tout l’air d’un échec de Dieu, d’une impuissance du Christ, d’une mort de l’Église et d’une affreuse décadence de la Chrétienté érigée sur cette foi. Comment le Tout-Puissant peut-il se laisser insulter et bafouer par des vers de terre impuissants tels que les hommes ? Il est évident que l’humanité est maintenant en révolte contre Dieu et qu’elle contredit ses desseins. Toute notre démonstration apologétique en est atteinte et risque de s’écrouler si nous ne trouvons pas une réponse à cette objection claire, décisive, qui impose le doute aux esprits les mieux disposés. (…)
Alors, les preuves du Christianisme ? (…)
L’AVENIR DÉVOILÉ
Nombreuses sont les Révélations conservées dans les Saintes Écritures qui concernent l’histoire humaine, l’avenir du monde, la fin des temps. C’est là, guidés par la tradition orale et le magistère de l’Église, que nous devons chercher les réponses à toutes nos légitimes interrogations. Si voilées qu’elles soient en vertu de leur genre littéraire, ces visions et ces révélations sont faites pour être comprises par les Pasteurs et enseignées par eux aux fidèles. Car Dieu ne parle pas en vain.
HISTORICISME ET DOGMATISME
Dans l’interprétation des prophéties, des discours eschatologiques et des apocalypses inspirées, nous devons nous garder de deux excès préjudiciables.
Le premier est celui de l’HISTORICISME ÉVÉNEMENTIEL, qui veut trouver dans les prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament des allusions à peine voilées aux événements contemporains. Et on y arrive toujours, à force de torturer les textes et de faire des rapprochements fantaisistes. L’intention est bonne, la méthode est naïve et le résultat est plus qu’incertain, il est toujours faux. (…)
L’excès contraire, auquel j’ai été subitement confronté au Séminaire, est celui du DOGMATISME EXÉGÉTIQUE, qui ne tire des Livres Saints que des enseignements intemporels et doctrinaux mais jamais, en aucun cas, la description précise d’événements futurs que les auteurs inspirés n’auraient pu prévoir humainement. Pour un exégète moderne, sauf exceptions remarquables, il est impensable que l’Écriture comporte une annonce claire d’événements futurs. (…)
LECTURE TRADITIONNELLE
Notre lecture de la Bible en cette matière tentera la combinaison difficile de ces deux méthodes.
1 « D’abord » elle se fondera sur la foi : nous croyons que Dieu a voulu nous révéler dans l’Ancien et surtout dans le Nouveau Testament le secret de l’histoire, tout son dessein sur les siècles, afin que les fidèles serviteurs du Christ dominent leur temps, maîtrisent leur destin, à la différence des juifs aveugles et des païens ignorants qui subissent passivement un drame qu’ils n’entendent pas.
2. En même temps, elle recherchera une pénétration scientifique rigoureuse des textes pour en saisir le sens littéral. Ne prétendant pas à une compétence personnelle suffisante, nous suivrons les meilleurs exégètes anciens et modernes, ceux-ci d’ailleurs résumant souvent les acquisitions heureuses de ceux-là. (…)
3. Notre connaissance historique des siècles passés doit alors contribuer à notre interprétation des Écritures. Nous devons pouvoir y discerner déjà la réalisation de certaines prophéties et de là prendre appui pour interpréter de manière réaliste celles qui visent le présent et l’avenir. Le passé est maintenant pour nous un domaine d’expérimentation de notre méthode, une vérification de notre lecture des prophéties. Nous ne craindrons donc pas d’interpréter ensuite de manière réaliste et non mythique, historique et non seulement doctrinale, les oracles dont l’accomplissement n’est pas encore venu. (…)
RÉVÉLATIONS ESCHATOLOGIQUES
Dans les Évangiles synoptiques, Notre-Seigneur prédit un jour la ruine de Jérusalem. (…) Il découvre à ses Apôtres surpris l’avenir immédiat de la Ville sainte ; il en a la vision prophétique, il en décrit avec précision les détails. Ce sera la ruine de Jérusalem dans d’affreuses péripéties manifestant la colère de Dieu et annonçant la parousie du Seigneur... Puis, là encore comme les prophètes anciens, Jésus, au-delà de ce premier plan, en découvre un autre, ultime. L’épreuve des juifs durera tout le temps que les Nations s’ouvriront à la grâce. Mais enfin à leur tour elles trébucheront, se retourneront contre le Christ, persécuteront ses fidèles. Et alors viendra la fin, le châtiment du monde mauvais et l’avènement du Seigneur de Gloire.
Ce DISCOURS ESCHATOLOGIQUE (Mt 24-25, Mc 13, Lc 17-21) est certes d’une interprétation délicate mais il est clair dans ses grandes lignes. Le premier volet du diptyque est accompli, donnant à la prophétie sa pleine garantie de vérité, le deuxième est encore fermé et ne s’ouvrira que dans les derniers temps du monde... « quand les temps des Gentils seront accomplis » (Lc 21, 31).
L’ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS, chapitre 11, brosse une grande fresque historique apportant une révélation nouvelle, précise, sur le destin d’Israël. Son reniement a été l’occasion pour les païens d’entrer en masses dans l’Église, d’être entés, eux les sauvageons, sur le vieux tronc séculaire de l’olivier franc. Événement en train de s’accomplir au moment où il écrit, et maintenant pleinement vérifié. Saint Paul poursuit en annonçant qu’un jour viendra où, « étant entrée la totalité des païens », la jalousie des juifs en sera excitée, un esprit d’émulation les saisira, qui les précipitera à leur tour en masses dans l’Église. Événement à venir, peut-être proche...
LA 2e AUX THESSALONICIENS (2, 1-11) apporte un ensemble de révélations précises, de portée évidemment historique, sur la grande apostasie qui surviendra dans les derniers temps. Alors, la gentilité s’éloignera de l’Église, elle se révoltera contre Dieu, bien pire, elle sera entraînée dans des chemins de perdition par l’Homme du Péché, l’Impie, l’Antéchrist en personne, qui se fera rendre un culte dans l’Église même à la place du Christ-Dieu ! Cela arrivera quand « ce qui le retient » aura disparu ou relâché sa garde. Mais il sera anéanti par le Seigneur lui-même lors de son Avènement. D’autres fragments d’épîtres (II Tm 3-4, I Pet. 2) évoquent aussi cette Apostasie universelle à laquelle le Christ fit parfois allusion avec une immense tristesse : « Le Fils de l’homme, quand il reviendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? » (Lc 18, 8).
La 1re AUX THESSALONICIENS (4, 13-5, 3) évoque la PAROUSIE, c’est-à-dire l’Avènement du Seigneur Jésus. Il viendra comme un voleur, en pleine nuit, bien des paraboles évangéliques et des conseils de Jésus nous avertissaient déjà de ce retour soudain, imprévisible et imprévu. La 2e ÉPÎTRE DE SAINT PIERRE, chap. 3, encore comme plusieurs paraboles (Lc 12), affirme que ce retour surprendra les hommes qui ne l’attendront plus, la tiédeur, l’insouciance et même la raillerie et le scepticisme s’étant généralisés. Pourtant elle viendra cette fin du monde, nouveau déluge, de feu celui-là ; la terre actuelle et le ciel seront consumés et sur leurs cendres seront édifiés de nouveaux cieux et une nouvelle terre.
Dans le temps de ce cataclysme universel, les morts ressusciteront, les vivants se joindront à leur cortège pour être solennellement jugés, et les saints « iront à la rencontre du Seigneur dans les airs. Ainsi nous serons toujours avec Lui » (I Th 4, 17). La 1re AUX CORINTHIENS, chap. 15, développe cet enseignement sur la résurrection des morts, au terme des temps historiques.
L’APOCALYPSE enfin est entièrement consacrée au dévoilement des événements futurs. Livre difficile à lire, plus encore à interpréter, mais d’une grandeur farouche. Il était nécessaire, au terme de la Révélation, que soient ainsi manifestés la souveraineté absolue de Dieu sur le monde et le Règne du Christ-Roi sur l’histoire présente et future. Les visions de Dieu et du Ciel, de l’Agneau et de ses saints martyrs, des anges et de leurs incessantes missions dans le monde, produisent une impression indicible et sainte. Ne serait-ce que cela, l’édification qu’on en tire justifierait à elle seule la présence de ce Livre dans notre Bible. Mais, pour mystérieuses qu’elles soient, toutes les visions qui évoquent la suite de l’histoire humaine et de ses combats nous livrent un très riche enseignement doctrinal et moral qui illustre admirablement l’Évangile.
Peut-on aller plus loin, jusqu’à percer le mystère de l’avenir et tirer de l’Apocalypse une science des événements futurs ? (…)
Comme Jésus élargissait sa prophétie jusqu’aux limites de l’histoire, de même le voyant de Patmos dévoile l’avenir à longue échéance et aux dimensions de la planète. Au-delà des événements contemporains, il voit le monde païen retrouver plus tard sa puissance agressive, son arrogance, et de nouveau infliger à l’Église des persécutions effroyables tandis que maintes calamités annonceront la fin. Alors, pas plus que de son temps, les chrétiens ne devront perdre courage. Saint Jean parle pour les persécutés de tous les temps, mais sans doute particulièrement pour ceux des derniers temps. Il semble impossible que la prophétie ne soit pas, sur ce point précis encore, historique, événementielle, et déchiffrable. (…)
Il faut donc mettre toutes ces révélations en ordre chronologique et, qui plus est, en faire le repérage dans notre histoire, car (…) une concordance des prophéties avec leurs réalisations doit être établie, pour que la Parole de Dieu soit notre lumière et notre consolation dans les grandes heures que nous sommes appelés à vivre aujourd’hui et demain.
CROISSANCE DIFFICILE DU ROYAUME
CE QUI EST DÉJÀ PASSÉ
Le Christ a prédit LA CHUTE DE JÉRUSALEM. Celle-ci a eu lieu, nous en savons très bien l’histoire. Tout y coïncide très exactement avec les précisions données par Jésus décrivant les persécutions, séditions et guerres qui en seraient l’annonce, puis les horreurs du siège et la destruction finale du Temple dont il ne resterait plus pierre sur pierre. À la lumière de la prophétie, la communauté de Jérusalem dressa parfaitement la chronologie, opéra le repérage des événements, les yeux ouverts par le Christ. Ils quittèrent Jérusalem à temps, juste avant que se referme la souricière sur le peuple réprouvé... au temps marqué, quarante ans après la prophétie. Et le Temple ne serait pas reconstruit, la vie cultuelle serait interrompue à Jérusalem jusqu’à ce que soit accompli le temps des Gentils. De fait, ces signes sont vérifiés sous nos yeux.
Notre-Seigneur annonçait LA PRÉDICATION DE L’ÉVANGILE à toutes les Nations. Il l’a prédite avec tant de calme assurance, comme une chose si certaine que, maintenant que c’est chose faite, pareille prophétie ne nous étonne plus. Pourtant son accomplissement est stupéfiant ! Il y a eu des miracles, des inspirations du Ciel, et les Apôtres ont ouvert le Royaume de Dieu aux païens qui y sont entrés aussitôt en foule. Autre chose, il était dit que cela ne se ferait pas sans persécutions. Or il y en eut, d’abord juives puis romaines. Ces dernières furent endémiques pendant près de trois siècles, avec des temps de recrudescence, si bien qu’on en compte dix depuis celle de Néron jusqu’à celle de Dioclétien en 303. Et pourtant l’Église a tenu, c’est l’Empire qui cédera finalement, avec Constantin, en 313. La prophétie là encore, d’une manière certaine et bienfaisante, a éclairé l’histoire en train de se faire.
L’annonce de la CHUTE DE L’EMPIRE PERSÉCUTEUR par l’Apocalypse éclairera et consolera saint Augustin. C’est là qu’il puisera le courage d’accepter la décadence de Rome obstinée dans son paganisme et les invasions barbares, comme les signes d’une libération de l’Église et les préparations d’une époque de liberté et d’exaltation.
C’est le MILLENIUM annoncé. Le démon est enchaîné. Vaincu dans le Ciel par Michel et ses armées, il est maintenant vaincu aussi sur la terre par le Christ et ses martyrs. Le voilà pour un long temps empêché de nuire. C’est de ce temps que parlait saint Paul en évoquant L’OBSTACLE mystérieux qui retiendrait de paraître l’Antéchrist. Nous pouvons voir dans ce millénaire les siècles où l’Église a régné sans conteste sur le monde civilisé, conquérant les barbares, pourchassant les fausses religions et les hérésies, restaurant l’unité et la sainteté dans l’humanité. (...)
LE PRÉSENT DE L’ÉGLISE DÉVOILÉ
Les mille ans écoulés, le démon sera déchaîné. Cela fait partie de la tradition catholique et nous ne pouvons pas en faire abstraction. Un temps viendra où les Nations chrétiennes feront défection et tourneront à l’apostasie. Ce sera un reniement aussi perfide que fut celui du Christ par les juifs, et ce sera une oppression politique et idéologique analogue à celle que l’Empire romain exerça sur l’Église des premiers siècles. Les Livres saints sont bâtis sur cette analogie des premières épreuves de l’Église et des dernières. Ainsi nous font-ils connaître que ce sera très dur, qu’il y aura un moment terrible où l’Église sera réduite à rien, où les saints, c’est-à-dire les fidèles, seront très fortement tentés de renier le Christ, mais enfin, au moment où tous désespéreraient, Dieu viendrait au secours de son peuple de manière prodigieuse et les délivrerait.
Du Plessis, comptant mille ans depuis l’écroulement de l’Empire romain, situe le commencement de la fin vers le début du XVIe siècle. Ne rions pas trop vite. (…) Je ne sais s’il y a exactement mille ans - l’argument est secondaire - mais ce que je sais avec du Plessis, c’est que l’Apocalypse dans son chapitre XIII donne sous une forme symbolique la description exacte du Péché de la société moderne, depuis la Renaissance et son culte de l’Homme, depuis Luther et sa révolte contre l’Ordre catholique, aussi précise, aussi techniquement exacte que le discours eschatologique du Christ décrivit la ruine de Jérusalem telle qu’elle advint quarante ans plus tard !
Un Dragon, une Bête aidée d’une autre Bête commencent de régner sur le monde, fausse trinité, caricature de la Sainte et Indivisible Trinité divine. LE DRAGON, le démon, est l’antithèse de Dieu le Père. Déchaîné, il suscite des profondeurs de la mer, de l’abîme du mal, du fond de la barbarie, UNE BÊTE, une Puissance humaine qui sera la figure inversée du Verbe Incarné, du Christ : l’Antichrist. Celle-ci réunit, signifiées par des caractères symboliques, la puissance et la malice des grands Empires du passé, babylonien, perse, grec et romain, païens et persécuteurs. Pour atteindre à une domination mondiale totalitaire, cette Puissance, cet État, cet Homme, réclameront d’être adorés comme dieux.
L’AUTRE BÊTE, troisième figure de cette trinité infernale, monte de la terre, du milieu de la Chrétienté, de la Terre Promise, de l’Église. Elle a tout l’air d’un AGNEAU, c’est dire qu’elle a tous les dehors du Christ, mais elle parle comme un dragon, le langage de Satan. Comme « un loup déguisé en agneau » ! C’est un esprit de mensonge et de blasphème, caricature de l’Esprit-Saint. (…) Pour courber les âmes et non plus seulement les corps sous sa domination et obtenir leur adoration, la Puissance politique suscite un Pouvoir religieux tout à son service, c’est ainsi que l’Agneau va devenir le véhicule de l’Erreur. L’Église de l’hérésie, du schisme et du scandale va se faire volontairement l’esclave de la Bête et du Dragon qui l’ont conquise, l’Animatrice Spirituelle de l’Empire de Satan. Elle usera du feu du Ciel, qui est la Parole de Dieu, l’Anathème, pour désarmer ses ennemis et conquérir les chrétiens. C’est qu’alors l’Agneau condamnera ce qui est saint et consacrera ce qui est du Malin. (…)
Alors cette formidable trinité régnera sur toute la terre. Ce sera la résurrection de NÉRON et du paganisme antique. L’antichrist était mort, et le voilà qui a repris vie. C’est « l’HUMANISME LAÏQUE ET PROFANE... dans sa terrible stature ». Il réclame d’être adoré, il défie le Christ et veut lui ravir son royaume. Et l’Agneau à la parole de Dragon exhorte au nom du Christ tous ceux qui le suivent à « avoir, plus que quiconque, le culte de l’homme », à ressentir pour « l’homme qui se fait dieu... une sympathie sans bornes ». (discours de Paul VI clôturant le concile Vatican II, le 7 décembre 1965) (…)
Le démon, l’État persécuteur et la Religion conjurés, n’est-ce pas la stupéfiante description de ce que nous voyons et vivons dans nos temps modernes, subitement accéléré depuis quelque dix ans ? Comment les exégètes peuvent-ils s’aveugler au point de scruter et commenter savamment ces textes criants de vérité et par ailleurs, et ensuite, suivre le courant du monde moderne et applaudir à la Réforme de l’Église qui s’ouvre à lui, qui l’épouse, qui se voue à le servir, lui, ce monde jouisseur et révolté, matérialiste et persécuteur ? Comment ces témoins de la Parole de Dieu peuvent-ils accepter la nouvelle religion de l’Homme qui se fait Dieu ?
Je vois LUCIFER susciter depuis quatre siècles une suite de pouvoirs politiques bien à lui, contre l’Église, contre la Chrétienté. Dans ce dernier siècle, c’est du fond de la barbarie qu’a surgi la plus effroyable Bête de tous les temps, le COMMUNISME persécuteur, annoncé, dénoncé par Notre-Dame de Fatima. Par des guerres étrangères, par les subversions intérieures, avec une habileté, une cohérence, une brutalité sans précédents, ce dernier Empire absorbe nations, races et peuples sans pour autant perdre de sa cohésion et de sa force. Puis, du centre même de la civilisation, du milieu de nos nations catholiques, dans nos familles, a surgi le MODERNISME, antithèse de l’Orthodoxie. Dès son apparition, saint Pie X l’a démasqué et l’a condamné, afin que nul n’ait d’excuse. Esprit de mensonge et de perfidie, dissimulé sous les voiles du catholicisme, il a entrepris de mettre la religion au service de la Puissance ennemie. Et voici que les prêtres, les théologiens, les Pasteurs, Prêtres et Grands Prêtres mettent toute leur vertu, leur éloquence, leur science, leur Pouvoir apostolique en œuvre pour nous enrôler dans la Politique, et non pas celle de la Chrétienté, mais celle de la Franc-maçonnerie, celle de l’ONU, celle du socialisme, finalement, irrésistiblement, celle de l’impérialisme mondial communiste !
« Et ils firent en sorte que fussent mis à mort tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la Bête » (15,15). Voilà le but de cet asservissement de l’Église au Pouvoir Politique et de son idolâtrie de l’Homme, c’est la mise à mort des saints, c’est-à-dire des vrais fidèles. (…)
« Par ses manœuvres, tous petits et grands, riches ou pauvres, libres et esclaves, se feront marquer sur la main droite ou sur le front, et nul ne pourra rien acheter ni vendre s’il n’est marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom » (13,17).(…) C’est ouvertement ce qui se passe à l’Est, c’est, dissimulé sous de minces apparences libérales, ce qui s’installe dans le monde entier. C’est l’ARCHIPEL DU GOULAG. Eh ! bien, tout cela est prédit par l’Apocalypse. (…)
Je remarque que les peuples sont de plus en plus tenus par des organismes internationaux plus ou moins occultes. Tous sont dirigés par les pires ennemis de l’Église. Ces organismes préparent un gouvernement mondial, et Molnar dans son livre sur l’Utopie note bien que c’est le but majeur de l’utopisme moderne : la fin des guerres particulières et la construction de l’unité mondiale. Quand les hommes, chrétiens ou païens, n’auront point d’autre idéal que cette paix dans une servitude totale, quand les catholiques eux-mêmes auront été conduits par leurs Pasteurs à ce mauvais bercail des « loups ravisseurs revêtus de peaux de brebis », alors l’Antéchrist n’aura qu’à paraître. N’y serons-nous pas bientôt ? Homme intelligent et énergique, retors et séduisant, ayant en lui la force de Satan, il réunira l’humanité sous sa domination absolue. Il appellera DÉMOCRATIE sa tyrannie et CULTE DE L’HOMME son adulation par les masses ; à ces mots, tous se rangeront par orgueil et impiété à son esclavage.
L’Église sera trahie, envahie, persécutée. Il semblera qu’elle vive alors ses derniers jours. Au MAÎTRE DE LA TERRE se sera adjoint l’HOMME DE PÉCHÉ. Fils de l’apostasie moderniste, engendré du sein même de l’Église, rempli des lumières de Satan pour égarer s’il se pouvait les élus eux-mêmes, le Faux-Prophète de ce Faux Christ prêchera un Évangile nouveau, falsifié, pour mettre toute l’Église au service du diable et lui faire adorer son homme. Qui pourra résister ?
VENEZ, SEIGNEUR JÉSUS !
L’Écriture nous annonce ces temps difficiles parce que viendront aussitôt après la persévérance des saints, les vengeances de Dieu, la ruine des Puissances infernales, la joie du Ciel, la reconquête de la terre entière par le Christ et ses armées, la conversion des juifs et la reconversion des nations, enfin la résurrection des morts et la vie éternelle.
Quand et comment ? Encore une fois, les prophéties bloquent tous les plans dans un avenir sans profondeur. Toutes ces étapes, sans doute échelonnées dans le temps, nous paraissent simultanées. (…)
Tout cela, que l’Apocalypse annonce dans une suite de tableaux d’une extraordinaire et envahissante allégresse, est de l’ordre du prévisible et ne nous sort pas de notre condition historique, de notre monde humain. Et plus grande sera la part des saints, pasteurs, docteurs, martyrs et confesseurs, vierges et laïcs intrépides, dans cette victoire et cette restauration, plus grande sera la gloire de Dieu. J’espère plus l’héroïsme des saints que les foudres du Ciel dans ce salut de l’Église.
Alors viendra UN TEMPS DE PAIX, « L’ACCALMIE ». (…) « Mais à la fin mon Cœur Immaculé triomphera », disait la Vierge de Fatima. L’orgueil humain abattu ne se relèvera plus. C’en sera fini de tout messianisme et de toute utopie suggérés par Satan, inventés par les hommes pervers pour s’élever à la place de Dieu. Sans doute la longue errance de l’humanité et le drame de son Apostasie demeureront pour toujours une énigme. Secret de la Sagesse inaccessible de Dieu qui permit de si grands maux et fit paraître de si effroyable manière la Colère de sa Justice outragée ? Du moins les cent ou les mille ans qui verront le règne universel du Christ-Roi donneront aux siècles de fer et aux jours d’épouvante leur contrepoids de puissance et de gloire. La Messe perpétuelle nous consolera des jours de l’iniquité. Et les milliards d’hommes enfin réunis en un seul troupeau et un seul Pasteur appelleront de leurs vœux le Retour Glorieux du Christ pour la vie éternelle. Amen !
Abbé Georges de Nantes
Extrait de la CRC n° 83, août 1974, p. 3-14