II. La prière

Le saint Curé d'Ars« Prier, c’est parler à Dieu pour l’adorer, le remercier, lui demander pardon et obtenir ses grâces. » (quest. 169)Avant d’être changé par la connaissance et l’amour de Dieu notre Père et de son Fils Jésus-Christ notre Sauveur, avant d’être rempli par l’Esprit-Saint de la grâce divine et des vertus, il est difficile à l’homme de prier Dieu. Il le fait par une exigence de justice, sous l’empire du besoin ou dans le saint désir de lui plaire et de lui être de plus en plus proche... Mais pour le chrétien dont Dieu-Trinité s’est fait, par le don de la grâce sanctifiante, le Père, le Maître et le Frère, l’Ami intime, rien n’est plus simple, rien n’est plus habituel, rien n’est plus doux, rien n’est plus réconfortant que de prier, de s’entretenir avec son Dieu, même si Celui-ci, comme il est de règle en cette vie d’épreuve, écoute sans Lui-même parler.

On a dit que « la prière est la respiration de l’âme », c’est vrai, à condition que l’âme soit bien vivante, de la vie divine ou “ surnaturelle ” qui lui donne accès spirituel et communion à Dieu, à la Sainte Vierge, aux anges et aux saints du Ciel, comme aussi fraternité et profonde entente avec les saints de la terre.

Les trois leçons du catéchisme d’antan sur la prière (leçons 26, 27, 28)sont exactes et précises, mais un peu sèches. On dit qu’« il faut prier avec attention, humilité, confiance et persévérance ». On aurait pu suggérer aux petits enfants de prier leur Père céleste, Jésus et la Sainte Vierge, aussi avec... amour ! Depuis sa prodigieuse mais invisible élévation à la vie divine, le chrétien se sent appelé à ne faire qu’un seul esprit avec Dieu, comme un fils avec son père, un disciple avec son maître, un ami avec son ami. Et il désire penser tout comme lui, vouloir tout comme lui, agir avec lui et faire tout ce qu’Il veut. Assurément Dieu Tout-Puissant pourrait lui faire don à jet continu de sa grâce sanctifiante et de ses secours passagers en toutes circonstances... Mais il a voulu, pour le bien de sa créature, pour son mérite, en vue d’une plus intime et intense union d’elle à Lui, que ses dons tout gratuits et immérités soient de divines réponses à des demandes humaines : « De­mandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et je vous ouvrirai » (Mtt. 7, 7).

Comme des parents aimants apprennent à leurs enfants, pour leur commun plaisir, à demander ce qu’ils désirent, à remercier, et demander encore, et dire leur joie tout simplement d’avoir de si bons parents, de les aimer, d’en être aimés. Au point qu’enfin ce qui compte ce ne sont plus tellement ces nourritures terrestres, désirées, demandées, reçues et dont on remercie, mais de vivre ensemble dans l’amour et la tendresse. Ainsi des prières du parfait chrétien.

LE PATER NOSTER ET L’AVE MARIA

La prière par excellence est le Notre Père que Jésus-Christ apprit à ses Apôtres. Et le Je vous salue, Marie le suit de près en importance, en fréquence dans la pratique des catholiques, parce que toute grâce nous vient de Dieu par Marie, l’Immaculée Vierge et Sainte Mère de notre doux Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ. Ces deux prières, parallèles, nous apprennent à demander pour Dieu, notre Père à tous, notre Sauveur, notre commun Esprit, qu’Il soit glorifié, que son Église s’étende et triomphe, que sa Volonté soit accomplie sur la terre, comme cela est dans le Ciel des anges et des saints. Puis, selon nos besoins temporels et spirituels, que ce Père Saint nous donne notre pain de chaque jour, celui du corps, celui de l’âme, qu’Il nous pardonne nos offenses comme nous pardonnons (ah ! voilà une condition à laquelle il nous faut bien vite et toujours consentir !) qu’Il nous aide dans les épreuves et les tentations de cette vie pour que nous n’y succombions pas, qu’Il nous délivre du Mal, qu’Il nous garde surtout du Mal suprême, de la damnation éternelle ! Qu’en tout cela, pour tout cela, prie notre sainte Mère du Ciel « maintenant et à l’heure de notre mort. » Ainsi soit-il !

La demande précède toutes les autres prières, le remerciement ou “ action de grâces ” la suit ; il entraîne à son tour des offrandes, des promesses, mais aussi une exultation pour la bonté de Dieu, et de là, pour son amabilité, sa beauté, sa grandeur. Alors commence dans l’âme le cantique de“ louange de la gloire ”divine qui sera sa bienheureuse occupation éternelle dans le Ciel.