Mardi 30 juin
Les pauvres clarisses
QUELQUES années après la signature de l'armistice, une autre guerre fut menée, mais celle-là contre le clergé. Le 17 juin 1924, à la Chambre, le nouveau président du gouvernement manifesta sa détermination d'appliquer à la lettre la “ loi sur les congrégations ”, c'est-à-dire de chasser les religieux. En août, les clarisses d'Alençon furent dispersées, et une menace d'expulsion pesa sur la communauté d'Évian. Apprenant cela, d'autres clarisses prirent leur défense :
« Nous avons, nous, pauvres clarisses exilées en Belgique par les lois injustes de 1901, sauvé la vie à plus de quatre-vingts blessés français restés sur le champ de bataille. Les Allemands nous l'ont dit franchement : “ Si vous ne les recueillez pas, ils vont mourir là. ”
« Comme la ville de D. était complètement pillée et aux trois quarts brûlée, nous avions les plus grandes difficultés pour le ravitaillement : nous sommes restées trois jours sans manger, ne buvant que de l'eau pour donner ce qu'il fallait à nos poilus, et avons dormi, pendant dix à douze nuits, sur la terre nue ou le plancher, la tête appuyée sur une chaise ou une marche d'escalier, quand nous avions un moment de répit. Nous n'avions plus un matelas, plus une paillasse, plus une couverture.
« Les Belges nous apostrophaient : “ Ah ! vos Français qui vous ont chassées, ils sont contents de vous trouver maintenant pour les soigner ! ”
« Nous avons même poussé le patriotisme jusqu'à nous exposer à être fusillées en aidant des prisonniers français évadés à regagner le front par la Hollande. Nous leur procurions des vêtements civils que nous confectionnions la nuit, sans lumière.
« Le gouvernement voudrait-il se couvrir de honte et récompenser notre patriotisme par l'expulsion ? Qu'il sache que nous ne sortirons que par la force ; il pourra, s'il le veut, nous transporter dans la rue de la même manière que nous avons transporté les blessés français du champ de bataille à notre couvent pour les soigner ; comme cela le contraste sera plus frappant ! »
Pour triompher des ennemis de l'Église, Notre-Seigneur a recommandé cette prière :
Père Éternel, je vous offre dans le camp de vos ennemis la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ et tous les instruments de sa sainte Passion, afin que vous mettiez en eux la division car, ainsi que l'a dit votre Fils bien-aimé, tout royaume divisé contre lui-même sera ruiné.
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