Jeudi 25 juin

L'audace de sœur Gabrielle

À Clermont-en-Argonne, le 4 septembre, je me trouvai presque seule avec mes trois sœurs et nos hospitalisés. Vers midi, les obus allemands tombèrent, enlevant quelques toitures et crevant les conduites d'eau. Dans la cave où nous nous étions réfugiés, je rassurai nos vieillards.

Vers 2 h du matin, l'infanterie allemande arrivait dans Clermont.

À 5 h 15, un coup de crosse dans la porte de l'hospice m'annonça leur visite. Je m'avançai pour ouvrir lorsqu'un second coup enfonça la porte et livra passage à trois officiers. Deux avaient le revolver au poing. Le troisième, qui parlait assez correctement notre langue, me dit avec un sourire insolent :

« Hôpital Clermont à Allemagne. Plus à la France !

C'est bien, répondis-je. Nos derniers soldats blessés sont partis hier. Donnez-nous les vôtres, nous les soignerons. Mais, à votre tour, soignez les nôtres qui sont chez vous.

Ya, ya ! » grommela-t-il.

Je lui tendis un billet sur lequel j'avais écrit :

« Hier, on m'a priée de partir. J'ai refusé, donnant pour raison mes vieillards et mes infirmes, que je ne pouvais abandonner. Je les confie à votre magnanimité, ainsi que mes sœurs et ma maison. J'espère que je ne serai pas trompée. »

S'ensuivit un échange au terme duquel j'obtins de l'officier sa parole : « Vous, brave ; respecterons votre maison », que je lui rappelais aussi souvent que nécessaire.

Pensons à tous les outrages, mépris et haines dont le Divin Cœur de Jésus est l'objet de nos jours. Consolons-le par nos actes d'amour et de charité.

« Le temps passé à côté du malade est un temps sacré. C'est une louange à Dieu, qui nous conforme à l'image de son Fils qui n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. » (pape François)

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