Lundi 22 juin
À Kermaria
AU début de leur séjour à l'hôpital Saint-Joseph de Kermaria, les soldats appréciaient la cuisine abondante et soignée, le repos réparateur. Ils ne se doutaient pas que, pour assurer à chacun un matelas, nombreuses étaient les religieuses qui couchaient sur une paillasse...
Ceux qui le pouvaient travaillaient pour soulager et aider la communauté, selon leurs compétences ou leurs goûts : tel jardinier de métier créa, devant la chapelle, un parterre où les plantes inscrivaient l'invitation biblique : “ Allez à Joseph ” ; tel autre se constitua chef de chantier pour la construction d'un nouveau poulailler.
Aux illettrés, les sœurs faisaient la classe. L'un d'eux qui, à son arrivée, ne savait ni a ni b, profita si bien des leçons de l'excellente sœur Marie-Louise de la Conception, que bientôt il écrivit non seulement ses lettres mais celles de ses camarades.
Pour beaucoup, le meilleur souvenir restait celui des leçons de chant sous la conduite des sœurs Agathe et Maria-du-Carmel. Les poilus donnèrent des accents mâles et vigoureux aux offices religieux que la plupart suivaient régulièrement. Dans le chant du Credo de “ du Mont ”, où ils pouvaient donner toute leur voix, ils triomphaient !
Aux fêtes des Mères supérieures et de M. l'aumônier, ils interprétaient des cantates tout en offrant de patriotiques bouquets : canons garnis de fleurs bleues, blanches et rouges, prêts à lancer... une rose sur les assistants !
Soyons reconnaissants envers nos parents qui se privent et se fatiguent pour nous. Sachons les remercier avec gratitude et leur rendre service avec le sourire.
Colorier le jardin de Kermaria avec les poules.