Il est ressuscité !
N° 209 – Mai 2020
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
La sanction divine !
“ L’impatience gagne les prêtres et les fidèles ”. “ Quand les cultes vont-ils reprendre ? ” (Le Figaro du 17 avril) Quels cultes, de quelle religion ? Mais de toutes les religions, voyons ! Le président de la République n’a-t-il pas loué « le sens des responsabilités des religions » et annoncé que ses services allaient reprendre contact « avant la fin avril » pour envisager « la question de la réouverture des lieux de prière ». Lesquels ? Mais les mosquées, les temples bouddhistes, les synagogues...
Et les églises ? Ah ! « Pour l’Église catholique, un rendez-vous téléphonique est fixé prochainement entre les services du Premier ministre et Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France. » C’est vous dire le « sens des responsabilités » qui anime ce dernier !
D’ailleurs, on affirme au plus haut niveau de l’Église de France que les relations avec l’État, en cette période de crise sont « régulières et excellentes ». À bonne heure !
Mais alors, quel est le motif de « l’impatience » des peuples ? Thierry Magnin, secrétaire général de ladite Conférence des évêques de France, précise que c’est « la reprise des messes et sacrements habituels »... envisagée comme une urgence, car « le besoin spirituel est une nécessité ».
« On sent une impatience chez les fidèles et chez les prêtres, note-t-il. Ce n’est pas de la mauvaise humeur, mais de la vitalité ! » Ce que confirme Mgr Bruno Valentin, jeune évêque auxiliaire du diocèse de Versailles : « Cela fait six semaines sans messe ! Une faim d’eucharistie se développe chez les fidèles. La lassitude gagne. » Et chez les prêtres ? Non, il ne semble pas, ni chez les évêques. Suspens a divinis par la volonté du président de la République, ils semblent en avoir pris leur parti.
C’est alors que me revient soudain le souvenir des quarante-quatre ans de suspens a divinis illégale, illégitime, injurieuse, pernicieuse... mais efficace ! imposée par ces mêmes prêtres et évêques, ou leurs prédécesseurs, à l’abbé de Nantes, notre Père, à l’initiative de Mgr Le Couëdic, évêque de Troyes, fulminant cette sanction le 25 août 1966, le jour même du quarantième anniversaire de la campagne diffamatoire qui devait conduire Pie XI à “ condamner ” l’Action française, à excommunier ses abonnés et les membres de cette Ligue, ainsi permettre à la germanophilie et au prosoviétisme de ce Pape, comme à son théodémocratisme, de s’exercer despotiquement jusqu’à ce que mort s’ensuive pour 55 millions de victimes sacrifiées à ses chères idoles par une Deuxième Guerre mondiale, « horrible, horrible », pire que la première, dont Notre-Dame de Fatima avait chargé de le prévenir, dès 1930, sa messagère soeur Lucie.
En 1991, pour le vingt-cinquième anniversaire de cette sanction inique dont il était frappé, notre Père écrivait :
« Ma suspense est infiniment moins cuisante pour moi que la condamnation de l’Action française, mais mille fois pire pour l’Église. Les marottes conciliaires et papales qui en sont les causes premières et permanentes, leur servant de protection avancée, continuent de s’exercer despotiquement sur l’Église jusqu’à ce que mort s’ensuive pour cinq cents millions d’êtres humains, estimation la plus restreinte des victimes à prévoir des châtiments à venir... C’est dire que dans l’excommunication des gens d’A. F., nos propres parents, ce n’était pas leur infamie, illusoire ! qui était l’important mais la dérive de la religion catholique en démocratisme fort peu chrétien malgré son nom de “ démocratie-chrétienne ”, et le désarmement de nos patries excitant l’Allemagne nazie et la Russie communiste à nous faire la guerre et à nous vaincre, comme il arriva. De même, mes vingt-cinq ans de suspense...
« L’infamie dont je suis sali n’est pas l’important ; elle est en elle-même si mince, qu’à l’examiner à la loupe on n’en voit plus rien. Elle n’en a pas moins servi au parti réformiste, vainqueur au Concile, à terroriser ses adversaires et les pousser au schisme ou les contraindre au ralliement. Le crime capital est dans la forfaiture que dissimule mal cette suspense, d’une succession de papes et d’une masse de cardinaux, d’évêques, de théologiens, accusés par nous depuis vingt-cinq ans et sur preuves irrécusables, innombrables ! d’hérésie, de schisme, finalement d’apostasie, qui arguent de cette ridicule sanction disciplinaire et d’une “ disqualification ” romaine, plus dérisoire encore ! jetée sur moi par voie de presse en juillet 1969, pour ne pas juger infailliblement des graves questions dogmatiques et morales qui nous opposent, question de vie ou de mort pour leurs âmes misérables et celles de millions de fidèles que je les accuse de mener à la damnation éternelle.
« Vingt-cinq ans, ce rideau de vapeur débile, pour dissimuler leur forfaiture ! C’est là le scandale, c’est là l’épouvantable. Cette injure, cette infamie autorise, encourage de minables comparses à s’offrir en exécuteurs des basses œuvres du Pape. Ainsi de cette campagne antisecte dont nous sommes la cible principale, dont notre ami Bellanger a souffert littéralement mort et passion. Pour moi, je ne me plains, j’ai des nerfs d’acier et je sais ce qu’il y a dans le cœur des hommes et des femmes de ce temps. Je n’accuse personne, sinon les pasteurs de l’Église, le reste n’est que fretin, dont les hérésies, schismes et gnosticismes divers pourraient passer pour des aberrations ou des faiblesses mentales et morales, mais dont la forfaiture appelle une dénonciation publique et implacable, car elle leur mérite un châtiment éternel, ce dont il est charitable de les avertir et qu’ils seraient bien avisés de craindre. »
Combien de fois avons-nous entendu notre Père murmurer sur un ton angoissé : Où est Mgr Le Couëdic maintenant ?
Aux « cinq cents millions de victimes » qu’auraient faites les “ armes massives ”, le Bon Dieu a préféré condamner toute notre hiérarchie à une suspens a divinis qui est la juste réponse à leur forfaiture, en guise d’avertissement miséricordieux.
Prions pour eux, prions pour qu’ils l’entendent, que le pape François l’entende ! Il y va de son salut éternel et de celui de son troupeau... affamé !
CŒUR EUCHARISTIQUE DE JÉSUS-MARIE.
« En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. » (Jn 6, 53-55)
Ces paroles prononcées par Jésus à Capharnaüm après le miracle de la multiplication des pains donnaient corps et sang à l’antique invitation de la Sagesse personnifiée dans l’Ancien Testament : « Venez, mangez de mon pain, buvez du vin que j’ai préparé. » (Pr 9, 5)
Deux mille ans de civilisation chrétienne l’ont accomplie à la lettre. L’Église a vécu de l’Eucharistie, et le fruit de cette communion quotidienne au Corps de son Époux, à son Sang Précieux, sont les trésors de sainteté, d’art et de science, de vertu et de charité que les ravages de l’apostasie présente sont en train de dissiper, mais qu’une dévotion tendre envers le Sacré-Cœur eucharistique de Jésus et de Marie restaurera demain, brasier d’amour que les grandes eaux ne peuvent éteindre, ni les fleuves submerger (Ct 8, 7).
Nous ne serons sauvés que si nous devenons enfants de Marie compatissante, debout au pied de la Croix, communiant en corédemptrice et médiatrice universelle à toute la tendresse du Sacré-Cœur envers l’humanité pécheresse pour laquelle il donne son Corps et verse son Sang en sacrifice, pour sa rançon.
Acquis par Lui, par Elle auprès de Lui, dans l’Acte sublime, unique, achevé, de sa mort sur la Croix et de la compassion de sa Mère, il ne nous suffit pas de croire en ce Salut acquis pour nous une fois pour toutes, quitte à en faire l’objet de commémoraisons encourageantes, émouvantes... Il nous faut encore nous en nourrir : « Je suis le pain vivant descendu du Ciel ; qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. » (Jn 6, 51)
Incrédules, les juifs ont murmuré : « Celui-là n’est-il pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : Je suis descendu du Ciel ? »
Précisément, sa Mère elle-même pouvait leur répondre : « Quiconque s’est mis à l’écoute du Père et à son école vient à lui. Non que personne ait vu le Père, sinon celui qui vient d’auprès de Dieu : celui-là a vu le Père. » (Jn 6, 45-46) Car, ce qu’il dit de cette relation vitale de tout son être à Dieu son Père, nous pouvons le dire pareillement de cette mystérieuse symbiose qui unissait la Mère et le Fils, comme une sorte de confirmation du témoignage paternel sans cesse invoqué par ce Fils obéissant ; comme s’il avait dit : « Une autre témoigne de moi et je sais, moi, qu’il est de valeur, le témoignage qu’Elle me rend. »
C’est pourquoi Dieu veut établir dans le monde en perdition la dévotion à son Cœur Immaculé, afin que le miracle de la conversion des pauvres pécheurs soit véritablement son œuvre à Elle en même temps que celle du Père, l’un et l’autre agissant en leur unique Fils.
frère Bruno de Jésus-Marie.