Il est ressuscité !
N° 212 – Août 2020
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
LA LIGUE
Les sept étoiles de France
LE 24 juillet dernier, frère Bruno délégua une soixantaine de nos jeunes phalangistes, réunis à Magé et en Vendée pour un “ camp en ligne ” depuis la maison Saint-Joseph, à l’Île d’Yeu sur la tombe du maréchal Philippe Pétain, en hommage de vénération et de réparation pour le crime de sa condamnation à mort, le 15 août 1945. Les sept étoiles qui ornaient sa tombe, en signe de sa dignité et de ses gloires sacrifiées au service de la France, ont été ôtées par la République, nous les avons rajoutées sur la photo, en réparation ! « Dans l’or de tes étoiles, nous voyons luire un Ciel » !
Entre le dépôt d’une gerbe et la sonnerie aux morts, frère Jean Duns de Sainte-Anne lui rendit un vibrant hommage en notre nom à tous. En voici le texte :
Monsieur le Maréchal,
Nous sommes venus jusqu’à vous, en ce jour anniversaire de votre mort, en pèlerinage sur votre tombe, modestes représentants d’une petite phalange de Français catholiques qui vous aiment ardemment, pour prier pour la France.
Elle est en grand danger, vous le voyez bien, du haut du Ciel, monsieur le Maréchal.
Notre pays n’est certes pas menacé par l’invasion étrangère, pas encore. Mais il est en train de perdre son âme.
Nous nous souvenons qu’à plusieurs reprises, lorsque la France était en danger, on fit appel à vous, vous qui n’avez jamais pensé qu’à la servir.
Généralissime de l’armée française en 1918, vous avez mené trois millions d’hommes à la victoire. Si malgré l’honneur des sept étoiles, la République ne vous a pas honoré comme vous l’aviez mérité, le peuple de France vous a aimé, et aujourd’hui encore, en dépit de l’effroyable propagande, certains n’ont pas oublié que vous êtes et resterez pour toujours LE vainqueur de Verdun.
Mais si nous sommes venus ici aujourd’hui, c’est moins pour exalter vos gloires, monsieur le Maréchal, que pour contempler vos mystères douloureux, comprenant que vous vous êtes offert en victime pour notre pays. Durant votre procès, un homme dont on ne prononcera pas le nom a dit que vous étiez pour lui un mystère. Il n’est pas donné à tout le monde de percevoir la lumière aveuglante qui émane de votre vie.
Vous êtes pour nous l’image du sacrifice. Sacrifice d’un mariage d’amour ; sacrifice d’une carrière, préférant la vérité à l’avancement ; sacrifice de votre clairvoyance durant la Grande Guerre, pour sauvegarder la discipline au sein de l’armée, condition indispensable de la victoire ; sacrifice enfin de ne pouvoir achever la guerre comme il eut fallu.
En 1939, alors que des gouvernants indignes avaient rendu le nom français odieux à la catholique Espagne, on fit encore appel à vous pour restaurer une relation qui n’aurait jamais dû être brisée. C’est en cette ambassade que vous avez reçu l’appel à l’aide de la Patrie agonisante, en mai 1940.
Souvenez-vous, monsieur le Maréchal : vous étiez au faîte de votre prestige... Vous saviez bien ce qui vous attendait... Et vous avez accepté de sacrifier votre gloire. Vous avez accepté cette charge que vous étiez pourtant bien libre de refuser. Vous saviez que ce serait une lourde croix. Vous l’avez dit à Mgr Feltin, archevêque de Bordeaux, venu vous saluer à Vichy, le 17 juin 1940 : « Ne me félicitez pas, Monseigneur, priez pour la France et faites beaucoup prier pour moi. J’ignore si, depuis le Golgotha, un pareil sacrifice a été demandé à un homme. » Au général Lafont vous avez dit : « À partir de maintenant, je vais boire le calice jusqu’à la lie. » Et quand le général Hering a voulu vous féliciter, vous avez précisé : « Oui, à titre de martyr, vous verrez. »
Ces paroles, monsieur le Maréchal, révèlent le fond de votre âme. Vous saviez que la destinée des sauveurs de la Patrie est d’être mis à mort par l’être même qu’ils sont venus sauver ! Vous le disiez déjà en 1931, au sujet de sainte Jeanne d’Arc, dont vous présidiez le cinquième centenaire de la mort. Vous déclariez en un raccourci saisissant : « Quel crime a donc commis cette enfant de dix-neuf ans pour avoir mérité [d’être brûlée vive ?] Elle a sauvé la France. »
Quel singulier destin vous a uni à notre douce Pucelle ! Vous avez vraiment marché sur ses traces. De passage à Orléans le 7 mai 1944, vous évoquiez sa victoire éclatante aux Tourelles. Une semaine plus tard, vous étiez à Rouen le jour de sa fête. Vous vous êtes rendu sur la place du marché, et vous vous êtes incliné devant la statue que vous aviez inaugurée treize ans plus tôt. Puis à la sortie de la messe célébrée dans l’église Saint-Ouen, on vous a entendu dire : « À force de me comparer à sainte Jeanne d’Arc on me fera brûler sur quelque bûcher. Tout cela finira mal. »
Non, monsieur le Maréchal, on ne vous a pas fait brûler sur un bûcher ; on vous a enfermé entre quatre murs, faisant de vous le plus vieux prisonnier du monde.
À ce coup, monsieur le Maréchal, vous nous faites invinciblement penser à une autre victime expiatoire. Vous dont un écrivain a pu dire : « Qu’on le veuille ou non, le maréchal Pétain fut notre dernier roi de France », vous avez partagé le sort de notre petit roi Louis XVII. C’était un enfant, vous étiez un vieillard... Mais pour le reste, que de ressemblances...
Un prêtre de France, l’abbé Georges de Nantes, a compris et expliqué le sens de votre destinée. Il a dit pourquoi Dieu vous a laissé pourrir et mourir dans cette Île d’Yeu. « Parce que ce n’est que dans le martyre, nous a-t-il dit, qu’un homme atteint sa véritable stature. Si le maréchal Pétain était mort avec tous les honneurs de la République et avait été enterré au Panthéon, on en ferait fi. Tandis que là, il nous pèse sur le cœur, parce qu’il est mort comme un martyr de son propre peuple. Il n’y a rien de plus tragique, rien de plus infâme, mais rien aussi qui ressemble de plus près au martyre de sainte Jeanne d’Arc et au martyre de Jésus-Christ lui-même. »
Oui, monsieur le Maréchal, vous avez été véritablement configuré à Jésus-Christ, ce Jésus dont le nom signifie Dieu sauve. Vous vous êtes fait le Sauveur de la France au point de vous livrer pour Elle.
Notre Père a écrit aussi de vous, monsieur le Maréchal : « La Révolution nationale demeure exemplaire. Et le sacrifice, le martyre de tant de ses serviteurs, en premier lieu celui de son chef, le plus illustre et le plus ignominieusement traité de tous les Français, le don de leur personne à la France [ayant été] agréé par Dieu, est pour nous une promesse certaine de Résurrection. Un jour, la France châtiée et repentante retrouvera le chemin de sa Révolution nationale et élèvera des statues à Pétain. »
Nous sommes venus aujourd’hui jusqu’à vous, monsieur le Maréchal pour vous implorer – en une douce anticipation – de prendre à nouveau en pitié notre pauvre France, que vous avez toujours voulu servir. Elle ne mérite certes pas votre sollicitude...
Vous ne rencontrez qu’ingratitude et même haine parmi nos compatriotes, qui se solidarisent ainsi avec l’horrible crime de parricide commis par certains de leurs devanciers. Non, la France infidèle ne mérite plus d’être sauvée. Elle vous a rejeté, elle vous a honni, elle vous hait même ! En toute justice, il ne devrait pas y avoir de salut pour la France tant qu’elle ne se sera pas tournée vers vous, pour reconnaître son crime et vous en demander pardon.
Hélas, monsieur le Maréchal, nous en sommes plus loin que jamais ! Même le bon peuple de France a perdu l’amour qu’il vous gardait encore secrètement il n’y a pas si longtemps...
Vous ne pouvez pourtant pas en rester à une stricte justice à l’égard de cette Patrie qui vous a donné le jour et que vous avez tant chérie. La relation qui vous unit à la France n’est-elle pas un mystère d’amour ? Ne vous êtes-vous pas offert pour elle, pour la sauver ?
C’est pourquoi nous sommes venus vous implorer de pardonner à la France. Par le culte légitime que nous vous rendons aujourd’hui, nous vous supplions de détourner le juste châtiment qui pèse sur nous. Que ce sang que des criminels ont appelé jadis sur leur tête retombe maintenant sur nous en gage de miséricorde.
En vertu de l’amour que nous vous portons, nous avons des droits sur vos immenses mérites. Et nous voulons puiser à pleines mains dans le trésor de vos souffrances pour le répandre sur notre pauvre Patrie apostate, en gage de purification et de bénédiction.
Monsieur le Maréchal, nous vous en supplions, intercédez pour la France, comme le font Saint Louis et saint Charlemagne, que sainte Jeanne d’Arc voyait à genoux devant le trône de Dieu, et suppliez-Le pour notre pauvre Patrie.
Souvenez-vous de la France, monsieur le Maréchal !
Rappelez-vous ces bons paysans que vous avez menés à la victoire ! Souvenez-vous de ce bon peuple de France qui, débarrassé de la politicaillerie démocratique, vous avait donné son cœur en 1940 ! Souvenez-vous de vos voyages aux accents de triomphe alors même que l’ennemi était sur notre sol ! Souvenez-vous de tant de bons Français qui vous acclamaient comme leur souverain légitime ! Et voyez dans cette petite phalange rassemblée aujourd’hui devant votre tombeau, l’ambassadrice de ce peuple qui ne demande qu’à vous rendre son cœur.
Et laissez-nous vous redire ce qu’un bon Français avait crié le jour de vos obsèques : « Monsieur le Maréchal, pardonnez à la France ! »
Monsieur le Maréchal, daignez voir en cette sonnerie aux morts la juste reconnaissance que doit un peuple à son Maréchal, et dans ces quelques fleurs l’hommage de nos cœurs et de notre amour, en attendant le jour où la Nation tout entière vous rendra enfin l’hommage mérité, annonçant son retour à Jésus et Marie.
LES LEÇONS DE 1940
L’étude de nos “ camps en ligne ” portait sur « Les Leçons de 1940 » : les causes de la plus grande défaite de notre histoire (mai-juin), mais aussi le redressement spectaculaire qui s’opéra durant l’été, sous l’autorité du Maréchal, dont on ne parle jamais ! mais notre Père en fut pourtant le témoin véridique : « Nous avions l’impression exaltante que la France commençait à revivre, entre Français ! et à se redresser. »
La Phalange a été voulue et fondée dans le même esprit, comme frère Bruno le rappela chaque matin à l’oraison, en revenant sur les origines et l’esprit de la Communion phalangiste. Pour nous défendre contre toutes les forces de l’enfer déchaînées, expliqua-t-il d’emblée en évoquant le bordj de Tamanrasset : « Notre fortin, c’est le Cœur Immaculé de Marie. »
« En 1970, notre Père créa la Ligue afin d’aider nos amis et lecteurs de la Contre-Réforme catholique, à “ garder la foi, défendre la foi vraie, intégrale, et demeurer fils de l’Église, soumis à sa hiérarchie, nourris de ses sacrements ”.
« En 1984, notre Père fondait la Phalange pour tous ceux qui accepteraient de “ ne plus vivre que de Jésus-Christ, d’occuper toutes nos pensées et affections de lui, de régler toute notre vie sur lui ”.
« En 1998, il remit entièrement son œuvre, son ordre et la Phalange entre les mains de la Sainte Vierge. Pour nous, cela fut le commencement d’une nouvelle époque, d’une nouvelle manière de penser, de vivre, d’agir... mettre la Sainte Vierge en première place, comme la Souveraine de la communauté. »
GARDEZ-VOUS DU COVID 1 (78) 9 !
Après cette rétrospective de la Phalange, voici les premières recommandations que notre Père adressait aux premiers phalangistes pour les mettre en garde contre le Renouveau charismatique, qui déjà se réclamait de Medjugorje : « C’est la réplique diabolique de ce que nous sommes inspirés de faire : de ne plus vivre que de Jésus-Christ, d’occuper vraiment toutes nos pensées et nos affections de Lui, de régler toute notre vie sur lui. Telle est la Phalange. Nous n’avons pas d’apparitions nouvelles à faire valoir, mais Fatima pour notre siècle nous suffit. Ni de miracles, ni d’illuminations et de parler en langues, mais la sainteté de l’Église et son miracle perpétuel nous sont meilleurs. Ce que nous faisons paraître, en revanche, ce qui est notre signe, bon signe évangélique ! et notre mérite, c’est la persécution...
« La Phalange, c’est Noël chez nous, c’est l’inverse de 1789 : c’est dans les cœurs, pour être un jour dans les institutions, l’intronisation de notre Roi, de notre Reine, de Jésus et Marie, pour le règne libérateur et le triomphe universel de leur très unique et sacré Cœur ! » (15 décembre 1984)
PETAIN-FOUCAULD
Le 23 juillet, jour anniversaire de la mort du Maréchal Pétain, frère Bruno rappela que notre Père nous l’avait donné pour modèle : « Ce n’est pas un saint, mais c’est l’homme qui nous est le plus proche, parce qu’il a joué ce rôle à force d’obéissance et de discipline militaires, à force d’attachement à la Patrie, uniquement pour le salut, la conservation de la Patrie. C’est alors que se sont conjuguées contre lui toutes les forces de l’anticléricalisme, de l’athéisme... et toutes les forces des chrétiens progressistes ! Sa vie est la tragique histoire d’un homme toujours vainqueur et qui finit, accusé de trahison par son propre pays – pour l’avoir sauvé ! – dans la citadelle de l’île d’Yeu, dans la pourriture, l’humidité, le froid, la solitude. Camarade de Charles de Foucauld à Saint-Cyr, leurs voies divergent, même si c’est le même dévouement jusqu’à la mort. »
« Lorsque la Patrie connaîtra les catastrophes auxquelles nous mènent nos mauvais gouvernements, et qu’une nouvelle fois, comme en 1940, la France se trouvera sans chef, orpheline, malheureuse, nous aurons la doctrine qui sera capable d’éclairer les sauveurs de la Patrie. »
Frère Thomas de Notre-Dame du Perpétuel Secours.