Il est ressuscité !

N° 219 – Mars 2021

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Le patron, c’est Saint joseph !

LE 1er mai 1987, l’abbé de Nantes, notre Père, s’écriait : « Ce que je voudrais du Pape, c’est qu’il dise que saint Joseph est le patron de l’Église, cela veut dire qu’il faut qu’on lui obéisse. »

La lettre apostolique Patris corde de François a exaucé ce souhait. Du moins, sa première partie, car pour ce qui est d’obéir à saint Joseph... Les pensées du Pape sont bien éloignées de celles du chef de la Sainte Famille, qui n’a d’autres volontés que celles du Cœur Immaculé de son épouse.

Voyez plutôt : le 30 janvier dernier, le pape François, s’adressant aux membres du Bureau de catéchèse de la Conférence épiscopale italienne a déclaré faire siennes « les paroles de saint Paul VI :  Nous devons regarder le Concile avec reconnaissance envers Dieu et avec confiance pour l’avenir de l’Église ; il sera le grand catéchisme des temps nouveaux. ” (23 juin 1966) »

Avant d’ajouter : « Le Concile est le magistère de l’Église. Ou tu es avec l’Église et tu suis donc le Concile, ou alors, si tu ne suis pas le Concile et que tu l’interprètes à ta façon, comme tu le veux, tu n’es pas avec l’Église. Nous devons être exigeants sur ce point, sévères. Le Concile ne doit pas être négocié. »

Cette rigueur est d’autant plus inattendue que le Saint-Père venait de rappeler les dispositions du bon catéchiste : « proximité, ouverture au dialogue, patience, accueil cordial qui ne condamne pas ».

Le Pape continue : « Cela me fait beaucoup penser à un groupe d’évêques, un groupe de laïcs, des groupes, qui, après le concile Vatican I, sont partis pour poursuivre la  vraie doctrine qui n’était pas celle du concile Vatican I :  Nous sommes les vrais catholiques ! Aujourd’hui, ils ordonnent des femmes. L’attitude la plus sévère, pour protéger la foi sans le magistère de l’Église, te conduit à la ruine. »

Cette comparaison de l’opposition aux nouveautés de Vatican II avec le schisme des “ vieux-catholiques ” et du théologien allemand Dœllinger nous fait sourire, car François ne fait que reprendre l’accusation portée naguère par le Père Congar, à laquelle notre Père répondit dans une page mémorable ! (cf. “ Lettre ouverte au frère Yves Congar ”, CRC no 113, janv. 1977)

« Tu écris en effet : “ Dœllinger a refusé une définition conciliaire ”, relevait notre Père. Curieusement, tu ne mentionnes pas laquelle : la définition de l’infaillibilité pontificale. Mais tu omets un détail, qui invalide ton raisonnement par analogie, qui brise ton arrogance, remet en cause ton discours et te confond, toi l’accusateur de tes frères, et ce détail, tu ne peux pas ne pas le savoir : Dœllinger a refusé une définition conciliaire revêtue de tous les caractères de l’infaillibilité, de la vérité divine indiscutable, irréformable, nécessaire, en un mot catholique, il a refusé un dogme révélé, devenu par un acte solennel de l’Église un article de foi que nul ne saurait mettre en doute sans hérésie ni refuser sans renier sa foi et faire schisme.

« Or, et cela encore tu le sais parfaitement, aucune ligne, aucun mot de Vatican II ni de Paul VI n’est revêtu de la même autorité infaillible, et donc ne s’impose pareillement à l’assentiment des fidèles, n’ayant point la perfection d’une vérité munie d’une garantie divine intégrale. L’analogie est menteuse, la dissemblance est certaine. »

L’ÉGLISE CATHOLIQUE DEMEURE INFAILLIBLE.

Précisément, le mois dernier, frère François a appliqué nos amis parisiens du cercle Charles de Foucauld à l’étude de ce dogme de l’infaillibilité pontificale, qui est la clef de voûte de l’opposition de notre Père à la religion conciliaire. Le 14 février, notre frère acheva la réunion en laissant son auditoire sur cette interrogation primordiale : Comment se manifeste aujourd’hui dans l’Église son infaillibilité ?

Nous vous laissons imaginer le train des réflexions de nos amis ! Voici, en guise d’échantillon, une proposition de réponse envoyée par l’un d’eux :

Mon cher frère François,

Au cours des dernières décennies du vingtième siècle, au moment où les hérésies du concile Vatican II relayées et amplifiées par les papes Paul VI et Jean-Paul II ont paru submerger la Chrétienté, la publi­cation et le dépôt à Rome des trois Livres d’accusation de l’abbé de Nantes ont mis en lumière l’infaillibilité de l’Église. Contrairement à ce que pensent beaucoup d’observateurs superficiels, ces trois libelles ne constituent pas un jugement, encore moins une condamnation des papes Paul VI et Jean-Paul II. Ils sont une plainte au sens de « porter plainte », une provocation, un défi adressé au Pape de se juger lui-même.

Il faut bien comprendre que ces démarches n’étaient pas juste des barouds d’honneur, encore moins des amusements théologiques ou des provocations gratuites. Les conséquences pratiques ont été très importantes. Premièrement, ces Livres ont été et demeurent une preuve tangible, matérielle, qu’il n’y a pas unanimité dans l’Église sur les nouveautés aberrantes du Concile et postconcile.

Deuxièmement, du fait qu’ils n’ont pas fait l’objet d’un examen détaillé et public de la part de l’autorité ecclésiastique ni d’une condamnation motivée, les Livres d’accusation donnent à tout fidèle la possibilité de refuser les nouveautés hérétiques du Concile tout en restant dans l’Église. Certes, dans l’esprit de nos adversaires, c’est une situation temporaire, une sorte de sursis, mais c’est un sursis qui dure maintenant depuis cinquante ans et dont on peut espérer qu’il durera jusqu’à la grande offensive du Cœur Immaculé de Marie !

Cette protection assurée par les Livres d’accusation, tout phalangiste peut l’expérimenter, par exemple dans sa paroisse :

« Monsieur, Madame, si vous n’acceptez pas le concile Vatican II, vous n’êtes plus dans l’Église !

 Erreur, je ne fais que répercuter les accusations portées à Rome par l’abbé de Nantes dans ses trois Livres d’accusation, qui sont toujours en attente de jugement ! »

Cette incapacité du Pape et des évêques à porter une condamnation motivée des Livres d’accusation au terme d’un procès ecclésiastique régulier est une manifestation de l’infaillibilité de l’Église.

En 1981, frère Bruno a rencontré Mgr Re, alors substitut de la Secrétairerie d’État du Vatican, et lui a demandé quelles étaient les erreurs de l’abbé de Nantes. Mgr Re a répondu qu’il n’y avait « aucune erreur dogmatique, ou doctrinale, ou même simplement théologique. Néanmoins, on peut reprocher à l’abbé de Nantes, d’une manière beaucoup plus générale, une situation ecclésiale erronée. »

Cependant, beaucoup d’hommes d’Église ont adopté une attitude beaucoup plus hostile, surtout depuis les années 2000. Une de leurs manœuvres de diversion a consisté à attaquer les recherches de notre Père sur l’Eucharistie. Ils en font une caricature ignoble et s’en servent pour accuser l’abbé de Nantes d’hérésie, ce qui les dispense, croient-ils, d’avoir à examiner les accusations de la CRC contre les erreurs de la nouvelle religion conciliaire.

Les canonisations des papes Paul VI et Jean-Paul II sont utilisées parfois comme un autre moyen d’escamoter les accusations de l’abbé de Nantes. On nous dit qu’à partir du moment où ces papes ont été canonisés, tous leurs enseignements sont revêtus de la même note d’infaillibilité que celle du magistère ordinaire et extraordinaire. À cela, on peut répliquer que même si Paul VI et Jean-Paul II avaient été réellement saints, ce serait une exagération de dire que tous leurs enseignements sont infaillibles. Ensuite, lors des procès de canonisation de Paul VI et Jean-Paul II, les accusations portées à leur encontre dans les trois Livres d’accusation ont été délibérément ignorées en dépit des appels publics de frère Bruno, ce qui a constitué une grave irrégularité et une nouvelle dérobade de l’autorité ecclésiastique. En revanche, cette irrégularité sera un argument précieux pour les juges ecclésiastiques, le jour où il faudra invalider ces canonisations.

P. B.

UNE VOIE SURE, MAIS ETROITE...

En attendant ce temps béni, la CRC demeure une étiquette infamante, ou plutôt, le gage de l’ultime béatitude prêchée par Notre-Seigneur, celle des persécutions. Un père de famille CRC, pilier de paroisse dans une église desservie par la Fraternité Saint-Pierre en a fait l’amère expérience, de façon exemplaire :

Cher frère Bruno,

Hier soir, notre curé m’a demandé de venir le voir. Il a reçu plusieurs lettres anonymes de menaces : menaces physiques et menaces de scandales. Il me dit ne pas pouvoir deviner les expéditeurs de ces lettres et n’a eu l’autorisation de me montrer que la moins violente.

Le contenu de ces lettres ne vous surprendra pas, il est toujours le même étalage d’inepties et de haine. Les menaces à notre encontre et à l’encontre de notre curé sont, en ce qui nous concerne, inédites.

Notre curé, après avoir consulté ses supérieurs et l’évêque du diocèse, m’a demandé de nous retirer de la paroisse : plus de messe, plus de sacrements, plus de catéchisme... Les menaces contre lui, et contre l’établissement de cette paroisse me font pencher vers le retrait. Mais le mode opératoire, lettres anonymes et dénonciations publiques, me soulève le cœur. Par obéissance, nous changerons de paroisse, mais que dois-je répondre ?

« Le CRC est seul », nous répétait notre Père... Nous l’expérimentons aujourd’hui. Plus que jamais, la séparation physique d’avec la maison Saint-Joseph est dure à soutenir. Nous avions décidé, mon épouse et moi, de vous demander de nous recevoir dans la Phalange, si vous nous en jugiez dignes. La réponse du Ciel est un premier sacrifice.

Pouvons-nous vous demander de prier pour nous, ainsi que nous prions pour vous ?

En union de prières dans le Cœur de Jésus-Marie,

L. D.

Et voici la réponse de frère Bruno, utile à tous par son rappel de la voie étroite et sûre où nous a engagés notre Père : la Contre-Réforme dans l’Église. Il n’est que de bien nous y tenir !

Chers amis,

Tout d’abord, je vous remercie beaucoup de me prévenir de cette cabale dont votre famille est actuellement l’objet. C’est la “ récompense ”, dans la peine, de sa fidélité au combat de Contre-Réforme de notre bienheureux Père dont nous fêtons aujourd’hui le onzième anniversaire du dies natalis. Cette lâche attaque montre que tous les deux êtes bien dignes de prononcer votre acte d’allégeance. C’est donc bien volontiers que je réponds oui ! à votre demande d’adhésion à la Communion phalangiste.

Pour ce qui est de l’attitude à adopter face à cette attaque, voici ce qu’il me semble bon de vous répondre après avoir mûrement réfléchi.

1. Cette paroisse est tenue par des prêtres de la Fraternité Saint-Pierre qui compte certainement dans ses rangs beaucoup de bons prêtres, peut-être même assez proches de nos idées, notamment sur le Concile... Dans le désastre actuel que connaissent l’Église et la société dans laquelle nous vivons, et eu égard aux difficultés incroyables auxquelles sont confrontées nos familles CRC, la vôtre en particulier, pour garder la foi et élever leurs enfants, ces paroisses tenues par la Fraternité Saint-Pierre ou d’autres mouvements traditionalistes sont des îlots, c’est évident, qui permettent de “tenir” spirituellement ; sans compter l’entraide, l’amitié que l’on peut y trouver avec d’autres familles catholiques traditionnelles...

2. Il n’empêche que cette affaire fait sentir à vos dépens, très cruellement, la fausseté de la position de ces prêtres de la Fraternité Saint-Pierre... qui par leur silence se sont ralliés à la réforme conciliaire, qui préfèrent mettre en sourdine officiellement toute critique du Concile, afin de se ménager une certaine position dans l’Église et le droit de s’occuper d’une “clientèle” de sensibilité traditionnelle... Et pour sauvegarder leur réputation de fidélité sans faille, du moins apparente, au Concile, les prêtres pour lesquels vous vous êtes dévoués ces dernières années préfèrent aujourd’hui “ lâcher ” votre famille. Le plus grave et le plus révoltant dans cette affaire est de voir ce prêtre, au nom de l’obéissance à son évêque et à ses supérieurs, devoir se faire le complice d’un corbeau pour que, ni de près, ni de loin, il ne puisse être soupçonné d’être contre le Concile.

Partant de là, quitte à paraître obtempérer aux agissements violents du corbeau, il me semble préférable de prendre vos distances vis-à-vis de prêtres traditionalistes qui ne méritent plus votre confiance ni votre estime. Et il faut le leur dire.

Pour répondre à votre question et vous aider, je suggère d’écrire à l’abbé X. qui vous a sommé de quitter la paroisse en articulant votre lettre autour de ces trois points :

1. La lettre du corbeau est un tissu de calomnies destinées à jeter le discrédit sur toute l’œuvre de notre Père en général et sur la “grande affaire de sa vie” en particulier, qui peut se résumer ainsi : au moment même de leur discussion, l’abbé de Nantes a critiqué les nouveautés doctrinales du concile Vatican II qui lui ont semblé clairement hérétiques, notamment le droit social à la liberté religieuse. Et dès leur adoption, tel un bon fils vis-à-vis de son père, il s’est empressé de révéler au Souverain Pontife ses pénibles doutes, allant même jusqu’à porter à l’encontre des papes Paul VI et Jean-Paul II trois Livres d’accusation en hérésie, schisme et scandale. Mais tout en s’opposant publiquement et fermement à cet enseignement novateur, faillible et réformable, il a fait appel au Magistère extraordinaire pour que soient ramenées par l’Église, au nom de la vérité de la Foi, l’unité et la paix.

2. Cette lettre du corbeau est surtout destinée à exercer un chantage auquel l’abbé X. a décidé de se soumettre par obéissance... Dont acte !

3. Dans ces conditions, vous l’informez de ce que votre famille se retire de la paroisse pour en rejoindre une autre afin, d’une part, de demeurer fidèle à ce service de Contre-Réforme tout en restant dans l’Église, quitte à y être reléguée à la dernière place, et, d’autre part, épargner ainsi à l’abbé X. et à ses confrères ce combat, ce service de l’Église auquel ils ne peuvent... ou ne veulent prêter main-forte.

Voilà ce qu’il me semblait bon de vous écrire pour répondre à votre peine. Quitter cette paroisse dans de pareilles conditions représente sans doute pour votre famille un gros sacrifice. Mais en vous lisant, il semble que vous consentez à le faire. En tout cas, c’est sans doute l’attitude à la fois la plus prudente et la plus adaptée vis-à-vis de traditionalistes qui montrent bien ce qu’ils valent dans le vrai et utile service de l’Église.

Avec mon affectueuse bénédiction et l’assurance de notre union de prières au très saint Cœur de Jésus et Marie, votre frère Bruno de Jésus-Marie.

PREMIER SAMEDI DU MOIS

De mois en mois, ce sont toujours les exercices de la dévotion réparatrice des premiers samedis qui rassemblent notre Phalange, au moins spirituellement, autour de la maison Saint-Joseph et des ermitages.

OBÉIR À SAINT JOSEPH.

En ce mois qui lui est dédié, c’est par le cœur de saint Joseph que frère Bruno voulait nous faire entrer dans l’intimité du Cœur Immaculé de Marie. Mais au préalable, il commença par proclamer que la dévotion à saint Joseph est un acte politique, dont dépend le salut de nos sociétés temporelles et de l’Église !

Telle est même la grande leçon de la Sainte Famille, que notre Père ne s’est jamais lassé de rappeler : trois personnes dont les deux plus saintes obéissent à la troisième qui l’est moins. Mais saint Joseph avait la grâce d’état, c’était lui qui représentait l’autorité de Dieu, c’était le Père. Or, cet ordre demeure au Ciel, où Jésus et Marie ne peuvent qu’obéir encore à saint Joseph !

De ce mystère, il résulte que ceux qui sauveront la société seront ceux qui voudront bien obéir à leur tour à l’autorité paternelle qui représente Dieu le Père.

« La Sainte Famille est le modèle de l’Église ; l’Église est le modèle de la société temporelle. Rebâtissons nos familles à l’image de la Sainte Famille. Quand nous faisons de la politique, rebâtissons nos sociétés temporelles à l’image de la Sainte Famille. »

LA RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT.

Nous ferions donc de la politique, pendant ce premier samedi du mois. Ce soir-là, au cratère, les frères diffusèrent en avant-première l’entretien qui eut lieu lors du dernier camp de la Phalange entre madame Cécile Perrin et frère Louis-Gonzague sur la réforme de l’enseignement. Sujet qui tient à cœur à nos familles s’il en est ! Afin de commenter notre Point no 93, ils brossèrent d’abord une vaste fresque de l’évolution de l’école à travers les siècles. Dans ce domaine aussi, la Révolution marque une rupture : de l’école religieuse à l’école sans Dieu, de l’école gratuite à l’école payante pour tous, de la diversité scolaire à un monolithe étatisé... En bref, d’une école vouée à éduquer et instruire tout un peuple catholique et français à une école chargée de dégager et de former une élite sans âme. Il faut entendre cette démonstration ! (à paraître : PC 83. 10, La réforme de l’enseignement)

Heureusement, dans le sillage des maîtres de notre école de pensée, Mgr Freppel, Charles Maurras et Henri Boegner, les voies du salut sont bien repérées. Et le maréchal Pétain a déjà mis en œuvre cette contre-révolution scolaire. À la suite de notre Père, nous n’avons qu’à recueillir et faire fructifier ce riche héritage qui sera le salut de la France, demain.

« LA PAIX EST DERRIERE NOUS,
LA GUERRE EST DEVANT NOUS ! »

Une telle formule, en titre d’une conférence d’actualités, ne laisse pas d’inquiéter. Or, frère Bruno nous révélera qu’il s’agit du slogan de recrutement de l’armée chinoise !

Les actualités sont dominées par le face à face de plus en plus menaçant de l’aigle américain et du dragon chinois, dont les ambitions démesurées et antagonistes semblent rendre la guerre inéluctable.

L’AIGLE AMÉRICAIN.

Le récent exploit de la NASA déposant sur Mars le rover Perseverance, raconté en détail par frère Bruno en introduction de sa conférence, est le symbole de l’orgueil prométhéen à la base du messianisme américain. Car au-delà de la prouesse technologique, quel est le mobile de cette mission spatiale ? C’est toujours cet inlassable espoir de découvrir des traces de vie passée. Frère Bruno a la partie belle de citer le cours d’apologétique totale de notre Père pour démontrer l’inanité de cette chimère ou, plus exactement, son impiété. Ces conférences d’apologétique de notre Père, prononcées en 1985, sont toujours aussi actuelles ! (sigle : AP II)

L’avènement de la présidence Biden paraît initier un nouveau printemps du messianisme américain. Le 19 février 2021, lors de la conférence de Munich sur les enjeux de sécurité, le nouveau président des États-Unis s’est exclamé : « L’Amérique est de retour, l’alliance transatlantique est de retour ! » Dans quel dessein ? Reconstituer une alliance des démocraties dont le leadership sera évidemment américain, pour purifier la planète de tout ferment de tyrannie et de corruption.

Voilà le rêve américain. Qu’en est-il de la réalité ? Si l’administration américaine a la tête dans les nuées, frère Bruno rappela qu’elle est embourbée dans la crise sanitaire : le cap des 500 000 décès de la covid a été franchi et les prospectives économiques sont rien moins que maussades.

Mais le pharaonique plan de relance de 1 900 milliards de dollars ? Notre frère, à la suite des analystes les plus sérieux, démontre que la relance américaine, par sa démesure et même son absurdité, risque d’accoucher d’une violente récession. La distribution massive de chèques de 1 400 dollars aux ménages, prétendument pour relancer l’économie par la consommation, n’est pas seulement immorale, mais c’est une ineptie : rentable en termes de politique électorale, elle est inefficace économiquement. Son résultat le plus spectaculaire, outre l’aggravation de l’inflation, est en effet pour l’instant une explosion record de la spéculation des particuliers sur les marchés financiers ! « À la veille même d’un désastre, constate frère Bruno, voilà l’Amérique tout entière, à l’initiative de ses chefs, livrée à la débauche du jeu d’argent. »

Voyons ensuite ce colosse aux pieds d’argile à l’œuvre dans le jeu géopolitique et plus particulièrement au Moyen-Orient, qui demeure le principal foyer d’incendie dans le monde. Après les années Trump, marquées par une politique de “ pression maximale ” sur l’Iran et de soutien intense apporté à Israël, les États-Unis cherchent désormais à rééquilibrer les rapports de force pour éviter un conflit majeur.

Tandis que frère Bruno passe en revue les pays de la région où s’exerce l’influence américaine, on s’étonne de voir la première puissance mondiale prétendre mener une grande politique internationale au gré de l’incohérence de ses scrutins nationaux... C’est la démocratie !

La comparaison avec la Russie s’impose d’autant plus que son influence au Moyen-Orient va croissant, notamment grâce à son succès incontestable, diplomatique et militaire, en Syrie. Contrairement à ses “ partenaires ” impliqués dans cette région, la Russie a su maintenir des relations constructives avec presque toutes les parties des conflits en cours : Israéliens et Palestiniens, sunnites et chiites, Turcs et Kurdes, Iran et monarchies arabes du golfe Persique. Le secret de cette réussite ? Un personnel diplomatique hautement qualifié et spécialisé, et un souci de continuité dans la conduite de la politique étrangère. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, incarne cette diplo­matie : il occupe ce poste depuis quinze ans !

LE DRAGON CHINOIS.

Il existe toutefois un dossier sur lequel Joe Biden entend maintenir le cap de son prédécesseur : les relations avec la Chine, contre laquelle il promet de mener une « compétition extrême ».

Frère Bruno rappelle d’abord que la Chine demeure plus que jamais une puissance communiste : délation institutionnalisée, travail écrasant, urbanisation for­cenée et... camps de “ rééducation ”. Le monde pleure sur la minorité musulmane du Xinjiang, mais notre frère tourne plutôt nos cœurs vers nos frères persécutés de l’Église clandestine.

L’idée que le développement économique de la Chine s’accompagnerait inéluctablement d’un mouvement de démocratisation fut une monumentale illusion. Illusion intéressée, de la part des investisseurs étrangers avides de profiter de la main-d’œuvre chinoise bon marché en délocalisant.

Aujourd’hui, devenu victime de la guerre économique entreprise par Pékin, l’Occident découvre, mais trop tard, l’ampleur de sa faute.

L’offensive commerciale de la Chine lui a fait conquérir les marchés de produits finis et s’implanter dans les régions du globe riches en matières premières, tandis que les fameuses “ routes de la soie ” sécurisaient ses importations et exportations.

Le volet financier de cette guerre économique vise à imposer la Chine comme la future banque du monde, par la multiplication des investissements à l’étranger. C’est à une véritable colonisation par la dette qu’on assiste : les états bénéficiaires de ces investissements, principalement en Afrique, sont bientôt dépendants de la Chine, économiquement et politiquement.

Frère Bruno développa particulièrement l’exemple de Djibouti, béatement abandonné par la France en 1977. Elle fut vite remplacée par les Chinois : Pékin détient aujourd’hui 80 % de la dette de ce pays, qui représentait en 2009 90 % de son PIB.

Devenu puissant, le dragon rouge montre désormais ses griffes. Entre 2000 et 2019, son budget militaire a bondi de 22 à 260 milliards de dollars !

La première de ses victimes potentielles est la prospère Taïwan. Après avoir retracé l’histoire de cette province chinoise rescapée de la révolution communiste en 1949, mais lâchée peu à peu par toutes les puissances occidentales, à commencer par la France, frère Bruno présenta sa situation actuelle : d’un côté l’ogre de Pékin résolu à la reconquérir et qui multiplie les démonstrations de force ; de l’autre, la nouvelle administration américaine, dont le soutien se manifeste moins fermement que celui de Donald Trump. Quelle serait sa réaction à une attaque chinoise sur Taïwan ?

Le second théâtre de l’expansionnisme chinois est la mer de Chine méridionale, par où transite près de 40 % du commerce mondial. La Chine y mène une stratégie d’occupation et de militarisation des îlots qui la parsèment, spécialement dans les archipels Paracels et Spratleys, pourtant situés dans des eaux revendiquées par d’autres états riverains. Si ces derniers sont trop faibles pour s’y opposer, en revanche, les États-Unis ont engagé un renversement stratégique en faveur de l’Asie : ils contrôlent tous les détroits permettant l’accès de la marine chinoise aux océans Pacifique et Indien, disposent sur place de près de 60 % de leurs forces aéronavales et comptent bien empêcher Pékin d’accaparer cette région stratégique. Désormais, les deux marines se jaugent, se frottent, avec une détermination de part et d’autre toujours plus affirmée.

Et la France, pendant ce temps ?

« L’horizon de la France, du moins dans l’esprit de notre classe politique, c’est le 21 juin 2021... date des élections régionales... qui donneront certainement plus de visibilité... sur 2022... année des élections présidentielles. En tout cas, nous savons que, d’ici là, tout ce qui, en politique, sera dit et décidé dans notre pays le sera en fonction de ces seules échéances. »

Nouvelle-Calédonie, dette publique, vaccin, Union européenne : tous ces dossiers ne sont plus que des enjeux électoraux.

Heureusement, frère Bruno conclut lumineusement cette conférence sombre : « Nous savons par notre Père que les États-Unis et la Chine, malgré leur toute-puissance économique et financière, n’ont pas d’autre vocation que d’occuper, chacun de son côté, un bas-côté de l’histoire. Laissons-les se battre entre eux ! Mais nous savons par Notre-Dame de Fatima que la Russie a désormais vocation à jouer un rôle de premier plan dans l’histoire, dans l’orthodromie divine. C’est elle qui sera son instrument dans des relations internationales restaurées, apaisées, car elle est l’objet d’une mystérieuse prédestination, d’une inexplicable préférence du Cœur de Dieu qui l’a confiée au Cœur de la Sainte Vierge. Mais elle doit d’abord se convertir, ce qui est du seul pouvoir du Saint-Père, qui doit la consacrer précisément à ce Cœur Immaculé. Il faut beaucoup prier pour le Saint-Père ! »

SAINTE MARIE NOUVELLE

Ce triomphe du Cœur Immaculé de Marie, frère Bruno nous l’avait donné à pressentir, dans les dernières conférences de la retraite Sainte Marie nouvelle, diffusées au cours de ces deux jours de récollection. Notre frère y dévoile l’orthodromie mariale des derniers temps que nous vivons.

Depuis les apparitions de la Vierge de Paris à la rue du Bac, en 1830, nous assistons à la révélation de la Royauté universelle de l’Immaculée Médiatrice : « Reine de l’univers, et particulièrement de la France, et de chaque personne en particulier. » Rejetée par des pouvoirs temporels impies et dédaignée par les autorités ecclésiastiques, Notre-Dame a fui la capitale pour établir sa Cité sainte à Lourdes, d’où elle garda dans le cœur des Français la foi des anciens jours : catholiques et français toujours ! Avant de se réfugier encore plus loin, au Portugal, son fief inviolable.

C’est à Lourdes aussi qu’elle révéla son Nom, “ Immaculée Conception ”, qui contient tout son secret. Après nous avoir rappelé les longues controverses qui préludèrent à la proclamation de ce dogme en 1854, frère Bruno s’appliqua, à la suite de notre Père, à nous en donner une vue positive. Car l’Immaculée Conception, c’est bien plus que le privilège négatif d’avoir été préservée du péché originel ! Le saint pape Pie IX l’exprima merveilleusement dans sa bulle Ineffabilis : Dieu créa l’âme de la Vierge « dans une telle plénitude d’innocence et de sainteté, qu’on ne pût, au-dessous de Dieu, en concevoir une plus grande et que nulle autre pensée que celle de Dieu même ne pût en mesurer la grandeur ».

Notre Père insistait : « Ce sont les richesses de Marie qu’il faut développer : c’est l’inhabitation de la Sainte Trinité en elle, c’est-à-dire ses rapports intimes avec le Père, avec le Fils, avec le Saint-­Esprit. Tout cela nous ouvre sur des abîmes ineffables que Dieu seul peut concevoir. »

Contempler ce mystère ravissant fut son prin­cipal emploi dans ses dernières années. Ce qu’il a découvert, c’est un secret ! que frère Bruno dévoile, partiellement, aux auditeurs de ces conférences d’une richesse étourdissante (sigle : S 166). C’est cela qui fonde notre espérance inconfusible dans le triomphe prochain du Cœur Immaculé de Marie, Vierge guerrière, Vierge souveraine, Médiatrice universelle !

SAINT JOSEPH SARTO.

Peut-être l’avez-vous remarqué ? Dans les actualités, le pape François brille par son absence. Tout simplement parce qu’en s’obstinant à refuser cette divine orthodromie mariale, il perd toute influence sur le cours de l’histoire.

En revanche, pour conclure notre session mensuelle, frère Bruno attisa une dernière fois notre espérance en nous désignant le saint qui, au dire de notre Père, fut la plus fidèle image de saint Joseph ici-bas : saint Joseph Sarto, saint Pie X. Quel modèle pour François ! C’est surtout son amour ardent, intime de la Vierge Marie qui l’identifie à saint Joseph. Amour tel qu’il lui a fait prophétiser les révélations de Fatima !

« Il Nous semble, à en croire un secret pressentiment de Notre âme, que Nous pouvons nous promettre pour un avenir peu éloigné l’accomplissement des hautes espérances et assurément non téméraires que fit concevoir à notre prédécesseur Pie IX et à tout l’épiscopat catholique la définition solennelle du dogme de l’Immaculée Conception de Marie. » (Ad diem illum, 2 février 1904)

Nôtre est son espérance et nôtre sera bientôt son accomplissement !

frère Guy de la Miséricorde.