Il est ressuscité !

N° 219 – Mars 2021

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Saint Joseph, protégez-nous !

NOTRE communauté de Petits frères et Petites sœurs du Sacré-Cœur de Jésus... et du Cœur Immaculé de Marie, est née et a grandi sous le patronage de saint Joseph. En vertu du prologue de notre sainte Règle : « Ils auront une intime prédilection pour Nazareth et désireront revivre auprès de la Sainte Famille tout le mystère de sa vie cachée. Saint Joseph sera leur grand Protecteur et la Vierge Marie, leur Mère. » (article numéro 2)

Notre Père à son retour d’exil (1997).

Notre Père fondateur, l’abbé Georges de Nantes, en religion frère Georges de Jésus-Marie, était d’une noble lignée, comme saint Joseph ; il était enfant de l’Église, prédestiné à la servir dès sa naissance, le 3 avril 1924, et appelé par la voix du chanoine Patritti, le jour même où celui-ci le baptisa sur les fonts baptismaux de l’église Saint-Louis de Toulon, le 5 avril :

« Et celui-ci, Commandant, n’en ferons-nous pas un prêtre ?

 Eh bien ! Monsieur le Chanoine, si c’est la volonté du Bon Dieu, nous le lui donnons. Ce serait pour nous un grand honneur. »

Prédestiné à la garde de la Sainte Église, comme saint Joseph à celle de ­l’Immaculée, pour la défense de la virginité de sa foi inviolable contre les assauts du modernisme et du progressisme de retour dans l’Église de France, “ libérée ” par les soldats d’Hérode en 1944, le combat commence dès son entrée au séminaire en 1943, et ne cessera plus jusqu’à sa mort le 15 février 2010.

Ordonné prêtre en 1948, ses dix premières années de sacerdoce furent une succession d’exils, dont un à Pontoise en 1952, ô ma chance ! qui le conduisirent à chercher refuge à Nazareth, comme saint Joseph ! dans ses trois paroisses, de Villemaur, Pâlis, Planty, où il fonda notre communauté en 1958, devenu époux de l’Église en la collégiale de Villemaur, baptisant, confessant, éveillant des vocations par l’amour de la Vierge Marie, pendant cinq ans de « vie cachée ».

Un nouvel exil l’obligea à trouver refuge en cette maison Saint-Joseph, d’où il s’élança dans la vie publique pour combattre la désorientation diabolique où le concile Vatican II plongeait l’Église tout entière. C’est alors que frère Georges de Jésus-­Marie, notre Père, manifesta tous les traits dont le pape François caractérise saint Joseph dans sa Lettre apostolique. Les sept traits définis par le Pape aboutissent, quand on les applique à notre Père, aux sept dons du Saint-Esprit parce qu’on passe de considérations naturelles, voire “ éco­logiques ”, à l’accom­plissement de la voca­tion surnaturelle de saint Jo­­seph, époux de la Vierge Immaculée.

1. « Père aimé», oui, de beaucoup d’amis, destinataires des Lettres à mes amis de 1956 à 1967, pour la joie de la Vérité enseignée inlassablement avec sagesse, premier don du Saint-Esprit, une Sagesse accomplie. Il suffit de relire ces 252 Lettres à mes amis pour s’en convaincre.

2. « Père dans la tendresse » du Cœur de Jésus-Marie avec piété, une tendre piété.

3. « Père dans l’obéissance » aux volontés de Dieu, manifestées par le Cœur Immaculé de Marie à Fatima : crainte filiale.

4. « Père dans l’accueil » de toute âme, en direction de conscience par le don de conseil.

5. « Père au courage créatif » : d’une fécondité inépuisable, fruit surabondant du don d’intelligence pour construire une “cathédrale de lumière”.

6. Par un « travail» inlassable : soutenu par le don de force.

7. « Dans l’ombre» : à la seule lumière du don de science « qui donne la connaissance et le sentiment fort de l’exacte valeur des choses ou, si l’on veut, de leur vanité essentielle » (Mémoires et Récits, t. I, p. 67-70). Et donc sans la moindre ambition qui le distrairait du seul but de tous nos travaux : la contemplation et la défense de la Vérité.

« Marchons en paix en regardant le Ciel, l’unique but de nos travaux. » (sainte Thérèse, avril 1889) Même au prix des permissions à obtenir des autorités pour la fondation de notre communauté. Au point que nous ne sommes toujours pas « reconnus » !

C’est pourquoi son œuvre est encore aujourd’hui « dans l’ombre », conformément à l’ultime caractéristique de saint Joseph, selon le pape François : « Père dans l’ombre ». Monument de sagesse absolument méconnue, qui nous fait héritiers, nous, ses disciples, des fondateurs de notre Église et de notre monarchie très chrétienne, et adoptés par eux, sous la houlette de saint Joseph, avec « leurs cent cinquante vérités et bontés, beautés humaines et chrétiennes, ou pour mieux dire monastiques et monarchiques » (Mémoires et Récits, t. II, p. 194-196).

La plus belle expression de la « tendresse » de notre Père, qui est la seconde caractéristique de saint Joseph selon le pape François, nous l’avons éprouvée le jour de son départ en exil par obéissance à notre évêque : « Pour une fois qu’il me parle ! » Le soir, nous regardions en communauté “ Le pauvre sous l’escalier ” d’Henri Ghéon, joué par nos phalangistes canadiens, et il me faisait préparer sa valise en secret pour quitter la maison dans la nuit, comme saint Alexis... Laissant un billet sur la commode de la sacristie : « Frères et sœurs, ma bénédiction. Ne pleurez pas, car c’est le bon chemin de Croix. Obedientia in dilectione, obéissance dans la dilection. Frère Georges de Jésus. »

Obedientia, soumission à la Volonté divine exprimée par l’autorité légitime ; avec force et encouragement mutuels in dilectione, dans la tendresse.

Dans l’auto, il me dit : « C’est la piété qui vous sauvera. » Une tendre piété.

En ce qui concerne le quatrième point : « Père dans l’accueil », il s’exprime chez notre Père par une confidence à nos frères et sœurs révélant ses luttes intimes : « C’est difficile de pardonner. Il faut se conformer au Cœur Sacré de Jésus. Mon premier souci est le retour de la hiérarchie à la vraie foi catholique. Il ne faut pas arrêter le débat sur l’injustice qui m’est infligée, afin de ne pas nuire au combat pour la foi et donc, à l’Église. »

Pour être sûr qu’il pardonnait à ses calomniateurs, il inaugura une petite dévotion qu’il nous recommanda : « Faire le signe de croix et ajouter en mettant la main droite ouverte sur le milieu de la poi­trine : Par l’Immaculée Concep­tion, notre Mère à tous, à jamais ! 

« Savez-vous pourquoi je m’y suis mis avec volonté ferme et ferveur ? nous dit-il. Parce que si je ne pardonne pas, je ne serai pas pardonné, et dès le moment présent, si le souvenir des  autres  me revient sans être l’occasion d’une charité vraie et entière, mes fautes reviennent au Cœur très unique de Jésus et de Marie avec indignation contre cet enfant gâté...

« Alors, l’Immaculée est invoquée comme Médiatrice pour la solution de nos affaires, mais en échange l’invocation notre Mère à tous  inclut tous ceux que... qui... tous, ce n’est pas tous les hommes ”, c’est nous tous ! Et  à jamais  veut dire : sans esprit de vengeance ou de poursuite d’une défense personnelle quelconque. Et aussi pour qu’on se retrouve tous, oui,  tous  ! au Ciel. L’enfer, c’est trop, trop, trop terrible. Je ne le veux à personne. »

C’est dans ces sentiments qu’il est parti pour le Ciel, il y a onze ans, jour pour jour, avec le secours évident de son protecteur, saint Joseph, patron de la bonne mort. À la rencontre de la Vierge Marie dans les bras de laquelle saint Joseph avait lui-même rendu son âme à Dieu le Père pour attendre, dans le sein d’Abraham, que son Fils Jésus ouvre les portes du Ciel par sa mort sur la Croix.

Ce lundi 15 février 2010, il était 6 h 25, l’heure où la communauté récite à la chapelle les mystères joyeux du Rosaire.

« Je sais la Maison qui m’attend et j’y cours et j’y vole sans chagrin, sans regret. Maison comme la maison de mon enfance, demeure digne de mon papa et de ma maman, maison de mon Père Céleste et de ma Mère chérie, Reine des anges et des vierges. Oh ! oh ! qu’elles sont belles vos demeures, Israël. Les pavillons de vos tentes resplendissent, Jérusalem nouvelle, Ville épousée, jardins clos, monts et fontaines cristallines, Paradis ! » (La maison qui nous attend, Page mystique no 86, mars 1976)

Comme il le désirait, notre Père a fait de sa mort le plus bel acte d’amour de sa vie !

Ainsi soit-il de chacun et chacune d’entre nous, mes bien chers frères, mes sœurs, et amis phalangistes, au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, par vous Immaculée Conception, notre Mère à tous à jamais !

Frère Bruno de Jésus-Marie.