Il est ressuscité !

N° 230 – Mars 2022

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Oasis de paix

NOTRE Père se plaisait  à le répéter : comme l’idéal d’un monastère est de ressembler à une famille, l’idéal d’une famille est de ressembler à un monastère. La preuve que la leçon a été bien comprise, c’est l’empressement des familles phalangistes à venir passer quelques heures, quelques jours à l’ombre de nos ermitages, « oasis de paix au milieu du monde », selon l’article 1er de notre Règle. Les vacances de février, en particulier, les ont vus s’y succéder : heureusement que la tripartition des zones de vacances étale cette invasion dans le temps ! Les communautés se retrouvent bien accaparées par les mille soins que réclame une marmaille aussi joyeuse que remuante, ravie de se purifier des miasmes du monde et de l’école sans Dieu parmi des camarades vibrant des mêmes enthousiasmes. Il s’agit de les immuniser au plus vite contre toutes les erreurs modernes, de les armer en vue des combats qu’il leur faudra livrer dès leur retour dans le monde. Heureusement, à cet âge, on est curieux de tout et on apprend vite : aussi bien la psalmodie monastique que le jardinage ou la cuisine. Frères et sœurs ont fort à faire pour répondre au bombardement de questions sur le concile Vatican II, l’Algérie française, le maréchal Pétain ou encore le pape François !

Mais les plus heureux furent sans conteste les retraitants qui firent les exercices spirituels de saint Ignace, du 21 au 26 février. Pendant cinq jours, ils bénéficièrent de la prédication incomparable de notre Père et de toute la sollicitude de frère Bruno. Un seul regret : le petit nombre de ces privilégiés cette fois-ci.

Notre Père en faisait autrefois ainsi la réclame : « J’ai vergogne à vous les recommander une nouvelle fois. Mais si à force de vous rappeler qu’il n’y a pas de meilleure voie de conversion, aux dires insistants des Souverains Pontifes, ni de meilleure manière de se disposer à de sages et surnaturels choix de vie ou orientations importantes, à force de vous exciter à les faire... eh bien ! chaque fois un contingent nouveau de lecteurs, frappés par la grâce, s’y décide. J’insiste donc ! » (CRC n° 166, juin 1981)

Le monde et ses soucis vous ont empêché d’en profiter cet hiver ? Inscrivez-vous donc sans tarder pour la retraite du 11 au 16 juillet.

PREMIER SAMEDI DU MOIS

Les 5 et 6 mars, la petite foule de nos amis se répartit entre nos diverses maisons pour la retraite mensuelle et les exercices de la dévotion réparatrice du premier samedi du mois. La maison Saint-Louis-Marie faillit être submergée par un afflux record de réfugiés du monde : le dimanche, ils étaient plus de deux cents ! Au Canada, cette fin de semaine marquait la reprise des activités publiques de la CRC, après de longs mois de confinement sévère. Vous pensez si les enfants étaient heureux de retrouver la maison Sainte-Thérèse, sa chapelle, les frères, leurs instructions et... la piste de glissade olympique sur la butte enneigée !

SAINT JOSEPH : « UN HOMME JUSTE ».

En ce mois qui lui est consacré, frère Bruno nous tourna vers le Chef de la Sainte Famille. Ce recours est d’autant plus opportun que son apparition dans le ciel de Fatima, le 13 octobre 1917, nous révèle sa puissance sur les Cœurs de Jésus et Marie dans les temps apocalyptiques signifiés par la chute du soleil.

Saint Joseph était « un homme juste » (Mt 1, 19) : c’est l’une des seules précisions que nous donne l’Évangile à son sujet. Une fois expliquée par frère Bruno, en ouverture de la session, cette expression nous ouvre le secret de l’âme du dernier patriarche, de sa grande perfection dans la pratique de la Loi de Dieu. Dépassant tout formalisme moralisant, il avait acquis une connaissance profonde de la nature humaine et une conscience aigüe de son péché. Il comprenait bien que la pratique de la Loi ne suffisait pas à plaire à Dieu. Joseph espérait donc un salut qui viendrait d’En-Haut, il attendait le Messie promis par les prophètes.

C’est à cet homme d’une sainteté si éminente que sainte Anne et saint Joachim résolurent de confier leur fille, qui s’était vouée à Dieu par le vœu de virginité. Leurs âmes se comprirent et saint Joseph consentit avec joie à ce mariage virginal. La rencontre avec la Sainte Vierge lui fut un choc, un éblouissement : la révélation de l’Immaculée Conception. Sur son visage resplendissait la beauté de Dieu même ; toute sa personne rayonnait la sainteté de Dieu dont elle était le sanctuaire.

Le Bon Dieu donna alors à saint Joseph un amour spécifiquement conjugal pour la Vierge Marie, épanchant dans son cœur l’amour divin dont Il brûle de toute éternité pour sa créature parfaite. Elle fut dès lors pour lui le sacrement d’un surcroît de justice et de sainteté : dans son “ panier de noces ”, Joseph reçut la grâce de la chasteté parfaite, c’est-à-dire que par Marie, il fut désormais tout à Dieu.

Or le bonheur de saint Joseph peut être le nôtre, puisqu’à nous aussi, le Cœur Immaculé de Marie nous a été donné, comme un refuge dans les tempêtes du monde : « Le Cœur de Jésus, écrit saint Maximilien-­Marie Kolbe, est le symbole de l’amour de Dieu... L’âme qui regarde toute cette révélation de l’amour voudrait rendre amour pour amour. Mais par expérience, nous savons que nous sommes très faibles. Et là, se manifeste l’amour du Cœur Divin qui nous donne sa propre Mère pour que nous puissions l’aimer avec son Cœur à Elle ; non avec notre pauvre cœur, mais avec son Cœur Immaculé. L’amour de l’Immaculée est le plus parfait amour avec lequel une créature puisse aimer son Dieu. Avec ce Cœur, essayons d’aimer de plus en plus le Cœur de Jésus, et que ce soit notre plus grand désir. »

JÉSUS, ÉPOUX DE MARIE.

Ayant établi dans sa méditation du premier samedi du mois que la vie de saint Joseph fut la préfiguration de celle de son divin Fils (voir supra, p. 29-31), frère Bruno approfondit le mystère des épousailles de Jésus et Marie lors de l’oraison du dimanche matin. Jésus n’est-il pas l’Époux de l’Église ? Et la Vierge Marie n’en est-elle pas la personnification, la Reine ?

Notre frère cita longuement un article remarquable du Père Renaud Silly, étudiant le thème de la nouvelle naissance dans l’Évangile selon saint Jean (Le Figaro histoire, n° 130). Après avoir commenté les dernières paroles de Jésus crucifié : « Femme, voici ton fils. Voici ta Mère. Tout est consommé. » (Jn 19), ce dominicain conclut : « Selon saint Jean, devenir une créature dans le Christ exige la médiation mariale. »

Et notre frère de prolonger cette méditation, à l’école de notre Père : en nommant sa Mère « Femme », Jésus, nouvel Adam, l’institue comme la nouvelle Ève, la mère du genre humain racheté.

C’est cette même « Femme » que saint Jean reverra dans le Ciel de Patmos (Ap 12, 1), glorieuse, mais criant dans les douleurs crucifiantes de l’enfantement : douleurs de son Cœur transpercé au Calvaire, qui préludent à l’enfantement messianique du matin de Pâques. Jésus avait annoncé cette tristesse et cette joie à l’heure d’entrer dans sa Passion (Jn 16, 21). Isaïe avait prophétisé cet enfantement miraculeux de tout un peuple par Sion, que personnifie Marie (Is 66, 8). Notre Père en a merveilleusement tiré la leçon théologique et mystique : suivant son Époux jusqu’à la Croix, mourant de compassion avec lui, Marie mérite de devenir la Médiatrice de toute grâce, c’est-à-dire notre Mère à tous, à jamais !

LE CŒUR MISÉRICORDIEUX DE SAINT JOSEPH.

Méditer sur saint Joseph nous ayant conduits jusqu’au mystère pascal, frère Bruno voulut profiter du sermon de la messe du premier dimanche de Carême afin de nous le donner comme modèle pour ces quarante jours de pénitence.

En effet, aviez-vous songé que c’est du jour où il reçut la charge de l’Enfant-Jésus que saint Joseph commença à beaucoup souffrir ? « Cet Enfant incommode, s’exclame Bossuet, qui partout où il entre, entre avec sa Croix. »

Méditons-nous les mystères joyeux de la Sainte Famille ? Les voici : la misère de Bethléem, l’effroi de la fuite en Égypte, l’abjection de Nazareth. Pendant trente ans, entourés, assaillis par la médiocrité, le péché humain quotidien, leurs Cœurs très purs y ressentirent douloureusement combien le monde avait besoin de rédemption.

Comment saint Joseph vivait-il cette souffrance continuelle ? En bon juif, il attendait le Messie ; en homme juste, il avait un sens aigu du péché : le sien, mais aussi celui de son peuple rebelle, celui des païens, le péché du monde. Il comprenait donc que le Messie devrait être le révélateur et le médiateur du pardon divin. Comment ? Les prophètes le lui enseignaient : en prenant sur lui-même tous les effets de la malice humaine, toute la peine due au péché, la supportant et l’offrant en sacrifice d’expiation. Saint Joseph, pénétré de ces oracles, vivait par avance le mystère de la Rédemption qu’opérerait le Christ qui devait venir, qui était déjà présent, dans ses bras. Déjà, il pardonnait, comme Dieu, il désirait souffrir avec Jésus.

LA PRÉEXISTENCE DE LA SAINTE COLOMBE.

Entre les volets de ce petit traité sur saint Joseph – dont nous ne saurions trop vous recommander l’écoute dans les logia, sur la VOD –, nos amis visionnèrent encore deux conférences de notre retraite d’automne, retraçant l’épanouissement de la dévotion mariale de notre Père dans la première moitié des années 1990 (S 171, Notre Père et la Sainte Vierge). C’est un Cœur à cœur, soutenu par une doctrine théologique, biblique, exégétique, mystique. Les détracteurs ne manquèrent pas, mais les réponses à leurs objections permirent un approfondissement toujours plus pénétrant, une mise en lumière des gloires de Marie.

Ces progrès accomplis par notre Père ne sont pas facultatifs : « Nous ne sortirons indemnes de toute apostasie et de tout désespoir, expliquait-il en janvier 1992, de tout écart spirituel et de toute défaillance mondaine, que si nous recourons au Cœur Immaculé de Marie, dans une dévotion qui ne saurait être pleine d’amour que dans l’admiration comme infinie de cette  Femme bénie entre toutes, Vierge de Fatima à qui Dieu veut confier l’œuvre du salut du monde, à leur seule et unique gloire, à Lui et à Elle, ne formant qu’un seul Cœur. »

À la lumière du message de Fatima, qui nous révèle la prééminence de l’Immaculée Conception dans les desseins divins, notre Père en vint notamment à méditer le mystère de la préexistence de l’âme de la Sainte Vierge auprès de Dieu, de toute éternité. Si d’emblée cette idée vous ravit, c’est le signe que vous aimez beaucoup votre Mère et vous découvrirez avec bonheur les fondements sûrs de ce privilège inouï, dans la Sainte Écriture et la liturgie de l’Église. Et puisque la mode est aux nouvelles traductions liturgiques, vous adopterez sans doute d’un même élan du cœur la nouvelle formule de l’Ave Maria inaugurée par notre Père en 1993 : « Je vous aime, ô Marie ! »

DÉVOTION REPARATRICE.

Ayant entendu l’appel de l’Enfant-Jésus et de sa Mère, à Pontevedra, à consoler le Cœur Immaculé de Marie, notre Père tenait à pratiquer et à promouvoir la dévotion des cinq premiers samedis du mois, à réciter le chapelet en esprit de réparation. Il ne s’en tint pas là. Puisque ce sont les blasphèmes contre ses privilèges qui enfoncent des épines dans le Cœur de Marie, l’abbé de Nantes s’appliqua à scruter ses mystères, pour introduire ses disciples dans leur contemplation, à la louange de la gloire de l’Immaculée : quelle merveilleuse œuvre de réparation “ positive ” ! L’Immaculée Conception, sa préexistence auprès de Dieu, sa virginité perpétuelle ne sont que les prémices de ses grâces les plus grandes qui sont celles de la Maternité divine, de la Corédemption, de la Médiation, enfin, c’est-à-dire de la Maternité universelle de Marie. C’est un champ de méditation infini, puisque selon le saint pape Pie IX, « nulle autre pensée que celle de Dieu même ne peut en mesurer la grandeur ».

Notre-Seigneur révéla aussi à sœur Lucie que le Cœur Immaculé de Marie est blessé par ceux qui l’outragent dans ses saintes images. Or notre Père, à contre-courant de l’iconoclastie moderne, nous a appris à nous servir des objets de dévotion, chapelets, statues, médailles, comme de moyens nous permettant d’entrer en communion réelle, sensible, avec le Bon Dieu, la Vierge et leurs saints. Bien plus, méditant sur certains chefs-d’œuvre de l’art chrétien, il nous fit pénétrer à sa suite dans le secret de l’intelligence croissante de Jésus et Marie au fil de leurs mystères joyeux, douloureux et glorieux.

Si la contemplation des privilèges de la Sainte Vierge vous donne le vertige, les mille médiations des dévotions chrétiennes vous en ouvriront l’accès, à l’école de notre Père.

ACTUALITÉS : « LE TOURNANT STRATÉGIQUE »

La conférence d’actualités du dimanche après-midi était particulièrement attendue par nos amis abasourdis par un vacarme politico-médiatique inédit.

Un tournant stratégique : c’est ainsi que La Croix qualifie la volte-face de l’Académie pontificale pour la vie qui « s’est montrée récemment favorable à ce que l’Église italienne ne s’oppose plus à la législation sur le suicide assisté. L’Église espère ainsi continuer à pouvoir faire entendre sa voix désormais inaudible par des sociétés trop libérales. » L’actualité de l’Église, expliqua frère Bruno, ce sont de nouvelles épines qui blessent le Cœur Immaculé de Marie.

LE BILAN MACRON.

Tandis qu’Emmanuel Macron brigue un second mandat présidentiel en surfant sur la vague de crise internationale, quel bilan peut-on dresser du quinquennat écoulé ? Frère Bruno ne fit qu’effleurer le sujet des lois immorales adoptées ces dernières années, et qui suffisent à donner l’horreur de la République. En revanche, il étudia plus précisément les domaines des dépenses publiques et de la fiscalité, de la sécurité et de l’Éducation nationale. En tout domaine, on constate qu’au-delà des divergences partisanes superficielles, le gouvernement s’est inscrit dans le sillon ouvert par ses devanciers depuis plusieurs décennies. Quelles que soient les personnes au pouvoir, les institutions démocratiques et l’idéologie républicaine enchaînent la France à l’Union européenne et au culte de l’homme au détriment du bien commun. D’où la continuité dans le mal de la Ve République.

La France est un pays magnifique, qui a tous les atouts pour réussir. Mais une succession d’erreurs remontant aux années 1980, sous Mitterrand, en a fait le repoussoir que nous connaissons, cumulant un déficit public abyssal, encore aggravé depuis cinq ans, et une fiscalité folle. Pas plus que ses prédécesseurs, Macron n’a pu assurer un budget à l’équilibre, qui ne s’obtient pas en jouant sur les recettes (la fiscalité), mais par une gestion prudente des dépenses publiques.

Qu’en est-il de notre sécurité intérieure ? Certes, le budget de la mission de sécurité du ministère de l’Intérieur a crû de 14 % et les effectifs des forces ont augmenté de 10 000 postes. Par ailleurs, depuis 2017, pas moins de treize textes de lois sur la sécurité ont été adoptés. Mais la politique du gouvernement, incohérente, s’avère inefficace : à quoi bon poursuivre les délinquants, quand les prisons surpeuplées ne peuvent les accueillir ? Sur les 15 000 places de prison supplémentaires promises par Macron en 2017, moins de 2 000 avaient vu le jour, fin 2021. De plus, les procédures judiciaires sont trop complexes et d’ailleurs irréformables puisque dépendantes du droit européen. La justice française, enfin, souffre de l’idéologie de gauche de sa magistrature. Les juges français sont asservis au pouvoir politique et subissent en outre la tutelle de la Cour européenne des Droits de l’Homme, qui impose son idéologie de protection à outrance de l’individu coupable au détriment du bien commun. Comment s’étonner dès lors de la dégradation de la sécurité en France ?

Quant à l’Éducation nationale, ses ministres successifs depuis Sarkozy, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont tous suivi la même ligne et Macron n’a fait qu’empirer les choses.

La théorie du genre imprègne toute l’Éducation nationale, l’Université et la Culture. C’est un lavage de cerveau et une incitation à la débauche qui appelle le châtiment de Dieu !

Autres chantiers : les réformes du lycée et du baccalauréat. Certes, l’ancien bac n’était plus viable. Mgr Freppel en son temps réclamait déjà sa suppression ! Mais le mauvais esprit égalitariste, voire marxiste, qui a dirigé les réformes Blanquer les vouait d’avance à l’échec : car modifier le bac est une chose, supprimer tous les moyens de sélection que sont la notation, le redoublement, etc. en est une autre ! Il s’agit de niveler les élèves par le bas pour supprimer tous les facteurs d’inégalités sociales. Les anciennes filières S, ES et L, inégalitaires, ont ainsi été remplacées par un socle commun de faible niveau et deux spécialités (modules) choisies par l’élève selon l’orientation qu’il désire. Ce nouveau système ne permet plus d’assurer l’apprentissage des bases scolaires, en particulier celui de l’analyse et de l’argumentation, et fait prématurément de chaque élève un technicien.

Les mauvaises méthodes d’apprentissage et d’enseignement imposées par l’Éducation nationale sont la première cause de l’écroulement du système scolaire. Leur révision permettrait ensuite de donner aux élèves le goût de l’effort et du travail bien fait, et l’amour de la France !

Précisément : pendant que les grandes personnes s’instruisaient de la canaillerie républicaine, leurs enfants étaient pris en charge dans un esprit tout à fait contraire ! À la maison Saint-Joseph, les garçons furent conquis par la dignité et la bonté de Philippe Pétain, chef de l’État français, se faisant tout à tous pour atténuer le malheur de la France. Ils étaient au diapason de leurs parents, puisque la seconde partie de la conférence de frère Bruno réhabilitait au même moment la sagesse politique d’un autre chef d’État aujourd’hui aussi calomnié que le Maréchal : Vladimir Poutine.

LA LIBÉRATION DE L’UKRAINE.

Le jeudi 24 février, à l’aube, Vladimir Poutine a lancé une « opération militaire spéciale dans le Donbass » visant à la « démilitarisation et à la dénazification » de l’Ukraine. Depuis, l’hystérie antirusse de nos médias atteint son paroxysme. Pourtant, ce n’est pas l’intervention de Poutine qui est disproportionnée à la menace qu’elle combat, mais c’est nous, Occidentaux, qui sous-évaluons la menace que les États-Unis font peser sur la Russie.

Les causes lointaines de cette crise sont bien connues des lecteurs de notre bulletin. Depuis les années 1990, notre Père, puis les frères à sa suite dénoncent la volonté des États-Unis d’assujettir le monde à la démocratie libérale pour faire régner leurs intérêts ploutocratiques. La cause première de la guerre dans le monde ? Le messianisme américain !

Le “ nouvel ordre mondial ” exigeait la soumission et le déclassement de la Russie. Les États-Unis s’employèrent donc à l’encercler et à l’isoler, c’est-à-dire à lui arracher son “ étranger proche ” pour l’intégrer dans l’OTAN, au mépris des engagements solennels pris par les diplomates américains en 1990 de ne pas étendre l’Alliance vers l’Est. Cette menace s’est aggravée par le drame du Kosovo, en 1999, le retrait des États-Unis du traité ABM en 2000, l’extension de leur bouclier antimissile en Pologne, en Roumanie, au Japon, en Corée du Sud, jusqu’au retrait américain du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) en 2019.

Mais à partir de 1999, la Russie s’est relevée de son anarchie postsoviétique et a recouvré sa souveraineté sous la gouverne d’un chef sage et fort : Vladimir Poutine. En 2007, dans son discours de Munich, il dénonça l’hégémonie américaine, facteur d’insécurité dans le monde, demandant quel adversaire visait l’élargissement de l’OTAN ?

Pour défendre son pays, Poutine travailla à restaurer son armée. En mars 2018, il pouvait affirmer que « la puissance militaire croissante de la Russie est une garantie solide de la paix mondiale, car cette puissance préserve et maintiendra la parité stratégique et l’équilibre des forces dans le monde. »

Dans cet affrontement larvé, l’Ukraine est un pays stratégique : « essentielle avec ses cinquante-deux millions d’habitants, notait Brzezinski en 1997 dans Le Grand échiquier, et dont le renforcement de l’indépendance rejetterait la Russie à l’extrême est de l’Europe et la condamnerait à n’être plus, à l’avenir qu’une puissance régionale. »

« Tout le nœud du conflit actuel, explique frère Bruno, réside dans la volonté des Américains de diviser l’Ukraine par la haine fratricide entre pro-Européens et pro-Russes, afin de créer un fossé définitif entre Européens occidentaux et Russes, d’empêcher la formation d’une Union eurasiatique et de réduire la Russie au rang de puissance régionale. »

On ne s’étonne plus, dès lors, des révolutions de 2004 et 2013, provoquées et impudemment financées par les États-Unis pour empêcher l’Ukraine de retourner dans le giron russe. Le coup d’État de la place Maïdan imposa au pays un gouvernement illégal, corrompu, à la solde des Américains, qui multiplia les exactions sanglantes contre les populations russophones. Si le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie la préserva de ces représailles, elles s’abattirent en revanche sur la région d’Odessa et l’est du pays, déclenchant aussitôt un soulèvement des régions du Donbass qui réclamèrent d’être reconnues indépendantes. Le gouvernement ukrainien y dépêcha son armée et ses pires éléments, les colonnes néonazies tels les groupes Azov et Pravy Sektor, qui, par une terreur quotidienne, la torture, notamment à Marioupol, des tirs, des bombardements, des mines, provoquèrent la mort de 15 000 civils et le déplacement de deux millions de réfugiés en huit ans.

Il est un fait que Poutine a tout fait pour éviter la guerre et parvenir à une résolution diplomatique du conflit, selon les accords de Minsk : c’était son “ plan A ”. Néanmoins, ces efforts furent menés sans illusion étant donné le dessein américain d’éliminer la Russie. Ces huit années de négociations lui permirent toutefois de remonter en puissance ses armées en vue de l’affrontement inévitable, et de ne le déclencher qu’à sa propre initiative : “ plan B ”.

Le regain de violences vis-à-vis des populations du Donbass exténuées par huit ans de guerre et l’imminence manifeste d’une opération de reconquête par l’armée ukrainienne et de nettoyage ethnique ont justifié, sur le plan du droit, la reconnaissance des deux républiques et l’opération militaire destinée à les protéger. La Russie invoque le droit à la légitime défense défini par la Charte des Nations unies.

Frère Bruno acheva sa conférence par une appréciation de l’intervention militaire russe elle-même : mesurée, promise à la victoire et courageuse. Au rebours des méthodes américaines de bombardements intensifs, Poutine, qui veut préserver le peuple ukrainien, peuple frère, envoie courageusement ses hommes sur le terrain. Il affirme que les opérations se déroulent comme prévu, l’armée russe progressant prudemment, systématiquement, en cherchant à épargner les populations civiles dont les combattants-terroristes ukrainiens se servent comme boucliers humains.

« En définitive, conclut notre frère prieur, cette opération militaire est légitime, parce qu’elle relève de la légitime défense pour la Russie et parce que, visant à rétablir l’ordre intérieur ukrainien, à défendre la civilisation chrétienne et à rééquilibrer les forces sur le plan international, elle est juste et bénie par Dieu.

« La Chrétienté défendue par notre Père est aujour­d’hui comme toujours objet de haine et combattue par Satan. Pour l’heure, presque anéantie chez nous, on la voit resurgir en Russie et c’est la raison profonde de l’acharnement des Alliés contre ce pays. Mais à la fin, le Cœur Immaculé de Marie triomphera et sauvera la Russie, car elle lui est confiée. »

Notre vénéré Père de Foucauld, que l’Église s’apprête à canoniser, s’exclamerait sans hésiter qu’à l’instar de celle de 1914-18, cette guerre est une véritable Croisade de la civilisation chrétienne contre la barbarie anglo-saxonne et protestante ! Réconfortés par cette analyse claire et précise, retransmise en direct dans tous nos ermitages, nos amis pouvaient retourner dans le monde, bien armés pour tenir bon jusqu’à la prochaine réunion CRC.

CALENDRIER

Frère Thomas commence cette semaine le tour de France des petites retraites pour enfants. En cette période électorale, leur titre sonne comme un coup de clairon : Vive la Reine !

12-13 mars    –   Retraite des enfants en Bretagne ;
26-27 mars    –   dans le Béarn ;
2-3 avril        –   dans le Poitou ;
9-10 avril      –   à la maison Saint-Joseph.
13-18 avril     –   Retraite de Semaine sainte à la maison Saint-Joseph.

frère Guy de la Miséricorde.