Il est ressuscité !

N° 241 – Mars 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


En route vers Notre-Dame ! (4)

« C’est encore de nos jours un grand secret que l’exil de l’Immaculée Vierge Marie à Lourdes,
dans ces montagnes perdues, dans cette anfractuosité du rocher...
 »

(abbé Georges de Nantes)

De Bartrès à Lourdes, sur le “ Chemin de Bernadette ”.
De Bartrès à Lourdes, sur le “ Chemin de Bernadette ”, celui qu’elle emprunta aux derniers jours de janvier 1858 afin d’être inscrite parmi les prochaines communiantes. « Je ne savais que mon chapelet », dira-t-elle, ce chapelet de deux sous qu’elle égrenait en rentrant à Lourdes où l’attendait la Dame de Massabielle. « Tout dans sa vie, commente le Père Ravier, se déroule au rythme du chapelet qui s’égrène. Sa vocation providentielle ne serait-elle pas de nous donner l’exemple parfait de ce qu’il advient d’une âme, qui n’a pour toute connaissance, pour toute richesse, pour tout trésor, que son chapelet et un amour éperdu de la Vierge Marie ? »

LE Père Gabriel Jacquier, des religieux de saint  Vincent-de-Paul, disait du mois de février que c’était « le mois de Marie de la France », en raison des onze premières apparitions à Lourdes et des cinq premières apparitions à Pellevoisin. Nos amis phalangistes ne se sont pas fait prier pour se rendre en pèlerinage de “ dévotion réparatrice ” dans ces deux sanctuaires si riches d’histoire, surtout chargés d’un message si important pour notre temps.

D’abord le 11 février, à Lourdes, pour la célébration liturgique de Notre-Dame de Lourdes, si chère à nos cœurs français, puis à Pellevoisin, le 19 février, jour anniversaire de la guérison miraculeuse de la voyante, Estelle Faguette, qu’un livre érudit, vivant, passionnant, vient de faire connaître au grand public : Estelle Faguette, la voyante de Pellevoisin, par Sylvie Bernay (éditions du Cerf, 2021, 439 pages). L’historienne agrégée fait enfin la lumière sur bien des aspects méconnus, sinon occultés, de ces apparitions qui tiennent une place capitale dans notre orthodromie mariale, et fait aimer celle que l’Immaculée a choisie pour publier sa gloire.

Il s’est vérifié une fois encore ce que nous avons expérimenté dans les autres sanctuaires marials déjà visités : à savoir que la chère “ petite dévotion réparatrice ”, demandée par Notre-Dame de Fatima à Pontevedra pour nos derniers temps, nous fait le plus simplement du monde renouer avec notre passé éminemment marial, et retrouver le sens des messages de la Reine du Ciel comme aussi la leçon des sanctuaires qu’elle a marqués de son empreinte.

BERGÈRE EN CHRÉTIENTÉ

« Je ne sais pas s’il y a une sainte qui a prononcé plus de paroles, les plus simples du monde, mais les plus évocatrices des vertus et de la sainteté qui étaient en elle, disait notre Père au sujet de sainte Bernadette. Elle était l’enfant de Marie. »

C’est à Bartrès, où elle fut placée en nourrice en novembre 1844, âgée de quelques mois, et où elle revint treize ans plus tard comme bergère, que nous ouvrîmes notre pèlerinage. Grâce au dévouement d’une bénévole de la paroisse du Sacré-Cœur, l’église Saint-Jean-Baptiste nous était ouverte et nous pûmes vénérer une de ses reliques, après avoir évoqué le contraste saisissant entre la vie cachée de celle que la Sainte Vierge avait choisie et la grandiose mission qu’elle eut à accomplir : annoncer la Vierge qu’elle avait vue et entendue dans la grotte. Il fallait que la Vierge prenne toute la place, rayonne la lumière du Ciel afin d’attirer les cœurs et qu’elle, la petite pastourelle des Pyrénées, demeure tellement humble et transparente qu’on ne puisse douter un moment de sa sincérité, tellement convaincue de son ignorance et de sa faiblesse, qu’elle n’ait de cesse d’accomplir sa mission et de disparaître.

De son séjour à Bartrès, les témoignages concordent : « Malgré la fatigue que lui causait sa respiration courte et gênée, elle se montrait gaie et rieuse. Elle ne se plaignait de rien ni de personne, obéissait à tous et ne faisait aucune mauvaise réponse. Jamais elle ne nous donna de peine, déclarait sa nourrice. Elle prenait ce qu’on lui présentait et se montrait contente. »

Elle passait des heures près de la grange de la Ribolo à garder le troupeau. Les agneaux faisaient sa joie : « J’aime tout ce qui est petit. » Comme elle ne pouvait se rendre que rarement à l’église pour les leçons de catéchisme, c’est la fermière qui les lui donnait le soir, à la veillée. Mais Bernadette avait du mal à retenir, tant sa mémoire était rebelle. Alors la nourrice s’impatientait : « Va ! tu ne seras jamais qu’une sotte et une ignorante.

– Je saurai au moins toujours aimer le Bon Dieu », répondait doucement Bernadette. Oh oui, qu’elle sut l’aimer ! Il n’y avait pas cœur plus limpide, net et droit, que le cœur de Bernadette. Et quand sa nourrice avait des brusqueries et des rudesses pour elle, Bernadette en souffrait à l’intime, mais elle gardait le silence : « Je pensais que le Bon Dieu le voulait. Quand on pense : le Bon Dieu le permet, on ne se plaint pas. »

Au cachot de Lourdes, la famille Soubirous vivait dans la misère, souffrait du froid et de la faim, mais tous s’aimaient tendrement et faisaient front aux épreuves. Le cousin Sajous en témoigne : « Jamais je n’ai entendu un méchant mot, l’un contre l’autre, ni des enfants contre leurs parents, et ceux-ci, bien qu’ils corrigeassent sérieusement les enfants, ne les maltraitaient pas... Louise aimait la propreté, mais elle n’y pouvait atteindre autant qu’elle l’eût voulu. Ni elle ni les enfants ne demandaient rien. » Cette simplicité dans l’innocence, cette paix dans la soumission à la Volonté de Dieu, l’enfant de la grâce, devenue la lumière du cachot de Lourdes, les conserva pendant et après les apparitions, devenant ainsi pour des milliers d’âmes, des millions de pèlerins, le pur, l’attachant miroir de l’Immaculée.

L’abbé Alix, docteur en théologie, prédicateur réputé et compositeur, écrivait un jour à son ami, l’abbé Peyramale : « Mes études sont austères : l’Écriture, les Pères, la théologie, eh bien, tout cela s’est incliné, s’est humilié, s’est fondu en larmes dans votre grotte et devant une enfant. À Lourdes j’étais vraiment chez moi. S’il y a, pour les âmes, une patrie et une parenté, mon âme est citoyenne de la Grotte de Lourdes, et sœur de l’âme de Bernadette. »

Elle nous engage aujourd’hui à embrasser la petite dévotion réparatrice avec cette même âme d’enfant : « Faites, ô tendre Mère, que votre enfant vous imite en tout et pour tout, en un mot, que je sois une enfant selon votre Cœur et Celui de votre cher Fils. »

Arrivés sur l’esplanade du Rosaire, nous eûmes la surprise de découvrir une foule de pèlerins la parcourant en tous sens, et nous nous mêlâmes à eux : bientôt la basilique souterraine Saint-Pie-X, celle du Rosaire étaient pleines à craquer pour les messes qui y étaient célébrées. Action de grâces ! Il n’y a que la Sainte Vierge pour opérer de tels rassemblements... Après la messe et un pique-nique convivial, nous eûmes notre deuxième entretien sur l’abbé Peyramale, « le grand ouvrier de Dieu et de l’Immaculée ».

LE CURÉ DE LOURDES, 
SERVITEUR DE MARIE ET AMI DES PAUVRES

Il était né trente-trois ans avant Bernadette, à Momères, petit village de Bigorre, et mourut dans la trente-troisième année de Bernadette. De son père, le docteur Peyramale, on disait qu’il ne connaissait que « son Dieu, son Roi et sa médecine ». Après différents ministères, il fut nommé curé de Lourdes le 9 décembre 1854, lendemain du jour où le pape Pie IX proclamait à Rome le dogme de l’Immaculée Conception. Avec cela, un cœur d’or, et une prédilection marquée pour les plus petits, les pauvres gens. Pratiquant la pauvreté évangélique qu’il prêchait à ses ouailles, il n’avait pas de presbytère, louait une suite dans une maison de la ville et, en même temps, payait le loyer de trente-cinq pauvres ou familles pauvres qui formaient sa “ clientèle ”.

« Heureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté ! disait-il dans son premier sermon. Heureux ceux qui sont détachés des richesses ! Donnez, donnez ! On ne possède que ce que l’on a donné pour le Seigneur ! » D’une force herculéenne, un jour, revenant de la montagne, il tint à distance trois loups affamés jusqu’à son retour au village... À Lourdes, c’était tout simplement l’homme de Dieu, qui dit la vérité de Dieu, qui paît son troupeau comme un bon pasteur, qui le gouverne comme un chef et un père.

C’est évidemment à lui que pensait la Sainte Vierge quand elle dit à Bernadette : « Allez dire aux prêtres de me faire bâtir ici une chapelle et qu’on y doit venir en procession. » C’est à lui en tout cas que s’adressa Bernadette. La première fois, il la reçut avec un regard froid et inquisiteur. Bernadette en fut surprise : Monsieur le Curé était habituellement si bon, si paternel avec les humbles et les petits. Le cœur serré, mais avec une paisible assurance, elle raconta ce qui s’était passé. À travers ces yeux limpides, derrière le visage de l’enfant, l’abbé Peyramale apercevait son innocence profonde. Pourtant, quand Bernadette lui avoua qu’elle ne savait pas le nom de la “ Dame ”, mais que Celle-ci désirait qu’on lui bâtisse une chapelle, cette pensée que la Mère de Dieu pouvait lui envoyer un message direct, le remplit d’agitation et de trouble. Pour dire quelque chose, il demanda un signe : « Que l’églantier de la grotte fleurisse ! » En plein mois de février, il fallait voir cela...

Un peu plus tard, une source jaillit dans la grotte, des guérisons eurent lieu, de vrais miracles ! Monsieur le Curé en était de plus en plus ébranlé, même s’il ne le montrait pas. Mais le jour où sa petite paroissienne vint lui dire de la part de la Dame, et dans le patois du pays : « Que soy era Immaculada Conceptiou », le roc pyrénéen chancela sur ses bases. Et monsieur le Curé confiait le soir même : « J’en ai été tellement bouleversé que je me suis senti sur le point de tomber et, pour cacher mon émotion, j’ai renvoyé brusquement Bernadette. »

Mais à partir de ce jour, il la prit sous sa protection, « chez lui », comme saint Joseph la Vierge Marie, et gare à ceux qui voulaient la faire interner ! Il y eut entre Bernadette et son curé, une intimité d’âme à âme, pleine de réserves certes, mais aussi d’affection et de vénération mutuelle. C’est ce que n’a pas compris son dernier biographe, Yves Chiron, dans son décevant “ Marie-Dominique Peyramale, Le curé de Lourdes ” (2022), mais que nous enseignait notre Père, comme un parfait exemple de pureté positive :

« Sainte Bernadette Soubirous avait un amour, une affection infinie pour son curé, l’abbé Peyramale. Il n’y a qu’à voir un portrait de l’abbé Peyramale pour comprendre ! Justement, parce que ces affections spirituelles ne se mesurent pas à la douceur, à la tendresse des rencontres, aux caresses spirituelles et encore moins physiques, au caractère charmant, séducteur, aimable. Cette affection se mesure au bien que l’âme retire de cette relation. C’est le bien que l’âme y trouve, c’est-à-dire l’énergie à faire son œuvre spirituelle, l’ardeur à la prière, la générosité. » (sermon du 15 décembre 1982)

Le curé aimait à citer de sa protégée la repartie qu’elle fit à un prêtre qui, pour l’éprouver, la traitait d’orgueilleuse : « Il n’y a pas d’orgueil à dire que la Sainte Vierge m’a choisie pour servante.

– Servante ! Le mot est joli. Et combien la Sainte Vierge te donne-t-elle pour tes gages ?

– Nous n’avons pas fait nos conditions !... Je ne sais d’ailleurs pas si je conviendrai. »

Quelques années plus tard, quand le curé tomba malade, il n’avait même pas de quoi s’acheter des médicaments, mais elle, Bernadette, priait sans relâche pour son “ bon Père ”. Comme il y avait une statue de la Vierge placée dans la cour de l’hospice des sœurs, Bernadette suspendit un petit cœur à son cou. Le mal empirait, on disait même que le curé était à l’agonie. Bernadette alors se troubla : « S’il meurt, je vais lui arracher le cœur ! » Et finalement il guérit. Quand elle partit pour Nevers, elle s’engagea à prier tous les jours pour lui, et tint sa promesse.

Nous retrouverons l’abbé Peyramale tout à l’heure à la basilique supérieure, mais citons pour terminer le beau raccourci que faisait son ami, le R. P. Emmanuel d’Alzon, fondateur des assomptionnistes : « C’était un bon et fidèle serviteur, et surtout courageux. Exemple rare et d’autant plus admirable ! Il allait droit devant lui ; une nuit, il se battit avec trois loups et les mit en fuite. Toute sa vie, il a combattu les trois grands loups de la société moderne : la Révolution, le naturalisme et la cupidité. »

Le curé de Lourdes fut non seulement le protecteur attitré de la voyante, mais aussi le modèle des pasteurs qui adhèrent sans réserve aux volontés du Ciel, dès lors que celles-ci sont authentifiées. On aimerait que nos pasteurs d’aujourd’hui adhèrent de la même manière à la Volonté clairement signifiée de Dieu, qui est d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie !

L’apparition de la Sainte Vierge dans le creux du rocher de Massabielle était déjà une révélation de son Cœur Immaculé. Encore faut-il prendre le temps d’écouter, de méditer et de savourer chacune de ses paroles, fidèlement rapportées par Bernadette : « Cieux, écoutez, terre, prêtez l’oreille ! » Aujourd’hui, la pastorale des sanctuaires, hélas ! en est loin. Dans son “ retour des Journées de Lourdes 2023 ”, le responsable remercie « les partenaires et amis du Sanctuaire d’avoir tenu les stands du Village des Repères (sic !) et d’avoir fait résonner dans l’église Sainte-Bernadette les mots de “ partage, échange, découverte, inclusion et amitié ”. »

LES PAROLES DE LA SAINTE COLOMBE

Passant de l’autre côté du Gave pour nous préparer à l’audience que nous sollicitions de notre Reine, il nous fut facile de rappeler les paroles que la Sainte Colombe du divin Paraclet prononça dans cette grotte bénie, qui était avant les apparitions l’endroit le plus malfamé de Lourdes, mais est devenue ensuite une « terre de Ciel », comme disait Bernadette.

Les 11 et 14 février, la Dame n’a rien dit, se contentant de sourire et de remuer les lèvres au Gloria Patri du chapelet que récitait Bernadette.

Le 18, ce fut un doux échange de promesses : « Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant quinze jours ? » Le temps pour la Vierge de prêcher une “ mission populaire ” à nulle autre pareille. Bernadette promit, ajoutant : « Si on me le permet. »

– Et moi, dit la Dame, je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre. »

Le 21, le docteur Dozous était présent. Il remarqua qu’à un moment, la voyante devint toute triste. Il lui en demanda ensuite la raison : « La Dame, en me quittant un instant de son regard, le dirigea au loin par-dessus ma tête. Ensuite, le reportant sur moi, qui lui avais demandé ce qui l’attristait, elle me dit : “ Priez Dieu pour les pécheurs. ” » Voilà le premier souci de notre Mère Co-Rédemptrice : Elle demande à son enfant, à tous ses enfants, de s’associer à son labeur de rédemption, pour le salut des âmes. Pas uniquement par la prière...

Deux jours plus tard, le 23, au cours de l’apparition, Bernadette se dressa, se retourna, et d’une voix forte s’écria : « Pénitence, Pénitence, Pénitence ! » C’est assurément la Sainte Vierge qui l’avait dit la première. Le mot “ pénitence ” est à prendre au sens large, la Sainte Vierge demande à son peuple de se convertir. C’est pour cela que la Colombe immaculée est apparue dans le creux du rocher : « Lève-toi, mon amie, ma belle, ma colombe, à la fente du rocher, à l’abri des roches escarpées, montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix. Ta voix est si douce, ton visage si gracieux... » (Ct 2, 13-14)

Dans le livre inspiré de la Bible, il est question d’Israël, l’épouse infidèle, châtiée pour son infidélité et purifiée par son épreuve, qui est appelée par l’Époux, c’est-à-dire Yahweh, à « revenir » d’exil, à sortir des montagnes escarpées du Liban, de cette caverne où elle était esclave, afin de rentrer en grâce, pour connaître un nouveau printemps messianique à Jérusalem. C’est enthousiasmant, mais cela ne convient pas à l’Immaculée, qui est toute pure. Eh bien si ! nous expliquait notre Père dans un sermon, la Sainte Vierge « est venue prendre le symbolisme de ce que nous avons à faire. Elle sort de la caverne profonde et nous dit : Priez et faites pénitence. Elle nous en donne le courage d’un nouveau départ et l’espérance du salut. » (11 février 1995)

Comment “ faire pénitence ” ? Voici en réponse, le 25 février, trois paroles d’une extraordinaire simplicité, toutes trois en rapport avec les textes liturgiques du jour : « Allez boire à la fontaine et vous y laver. – Allez manger de cette herbe qui est là. – Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs. » Remarquons les trois “ Allez ” exhortatifs : la Sainte Vierge nous prend par la main, il faut premièrement aller boire et se laver, car une source a jailli du rocher, au flanc droit de l’autel. « Massabielle est le rocher de l’Alliance bienheureuse, d’où jaillit le flot pressé où doivent se laver tous les peuples, dont ils boiront pour être purifiés et renouvelés afin d’avoir part au banquet des Noces de l’Agneau... » (Page mystique n° 90, août 1976)

On a surtout retenu la première phrase et moins les deux autres : manger de l’herbe, baiser la terre. Mais il faut se rendre compte : c’était de l’herbe boueuse, qui avait poussé parmi les immondices, cela sentait mauvais. Ces gestes de pénitence firent scandale dans la bonne société de Lourdes. Ce qui est folie et scandale aux yeux des hommes est sagesse aux yeux de Dieu. Quant à baiser la terre, par humilité, cela fait penser aux enfants de Fatima, qui passaient des heures à réciter les prières de l’Ange, le front à terre.

La parole du 2 mars était à l’intention du clergé de Lourdes : « Allez dire aux prêtres de faire bâtir une chapelle. Qu’on y vienne en procession. » Parce que la conversion demandée doit s’effectuer sous la conduite de l’Église, par le moyen des sacrements. « C’est vous qui avez demandé une chapelle en cet endroit sauvage et mal aimé, comme à Nazareth vous invitiez Dieu déjà par votre prière et l’attiriez au saint tabernacle de votre chair. C’est pour le donner en amour à des générations de frères et de pèlerins. » (ibid.)

Enfin la dernière parole, la plus importante, la plus mystérieuse aussi, a été prononcée par la Dame le 25 mars, en la fête de son Annonciation, après que Bernadette, par trois fois, l’a suppliée de dire enfin son Nom. Ouvrant les bras, baissant les yeux puis les levant au ciel, Elle dit en patois pour se faire bien entendre de sa messagère : « Que soy era Immaculada conceptiou... Je suis l’Immaculée Conception. » C’était la confirmation du dogme défini quatre ans auparavant par le pape Pie IX, mais bien plus : il y a dans ces mots une révélation prodigieusement attirante, comme l’ont compris les vrais dévots de l’Immaculée :

« Pensez qu’il y a là un trésor de connaissance de la Vierge Marie, un trésor de dévotion, d’enthousiasme, de ferveur, d’encouragement à bien vivre, aussi bien à Lourdes que nous aimons et que nous ne devons pas oublier, qu’à Fatima qui en est la suite, le couronnement, certainement en vue du grand redressement, du grand réveil de l’Église, du grand redressement du monde. » (abbé Georges de Nantes, 11 février 1993)

Devant la grotte de Lourdes.

Enfin, durant sa dernière apparition, le 16 juillet, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, la Dame n’a rien dit à Bernadette, elle s’est contentée de sourire, comme pour dire adieu à sa messagère, mais jamais Elle ne lui avait paru si belle...

Alors, pour faire revenir ce merveilleux sourire sur les lèvres de notre Mère aujourd’hui en grand chagrin, « allons à Lourdes, prions devant ce rocher où parut en son Corps glorieux l’être céleste qui nous est le plus proche, notre chère Mère et Souveraine, la Vierge Marie, buvons de cette eau qu’Elle a voulu faire jaillir et lavons-nous, puisque tels sont ses simples désirs. Alors nous serons de ces bienheureux qui, dès ici-bas, reçoivent par leur foi communication des biens célestes. » (Lettre à mes amis n° 33, 1958) Ce que nous fîmes au milieu de la foule qui se pressait devant la Grotte, heureux de répondre ainsi aux désirs de notre Mère du Ciel et de la consoler en lançant nos Ave en esprit de réparation.

« Ô Marie chérie, m’abîmer sur votre Cœur avec tendresse est tout mon salut, toute ma sagesse et mon bonheur ! »

« Marie seule pouvait les prononcer, parce que seule, avec Dieu seul, elle a la connaissance parfaite de toute la grandeur de sa mission, de ses gloires et de ses privilèges ; elle seule pouvait ainsi les définir, dans un mot sublime. Aucun théologien de la terre, aucun ange du Ciel ne l’aurait ainsi nommée. Tous les docteurs, tous les saints semblaient avoir épuisé toutes ses louanges, ils en avaient rempli d’innombrables volumes, tous on dit qu’elle était pure, qu’elle était sainte, qu’elle était sans péché, mais aucun ne l’a appelée et surtout ne l’a définie : l’Immaculée Conception. Plus on approfondit ces trois mots, plus on les médite, plus on découvre de merveilles et de trésors cachés. » (vénérable Père Marie-Antoine)

« Je suis l’Immaculée Conception, ces mots sont sortis de la bouche même de l’Imma­culée ; donc ils doivent montrer de la façon la plus précise, la plus essentielle, qui elle est. » (saint Maximilien-Marie Kolbe)

« L’Immaculée Conception ! Renversons les mots : c’est la Conception de Dieu au commencement des temps. Cette Conception, c’est une conception immaculée, une conception inaltérable. Cette Immaculée veut dire que dans cette conception, il y a une force qui sera capable à travers la vie, la vie personnelle de la Vierge Marie jusqu’au sommet de la Croix, et la vie de l’humanité tout entière à sa suite, de l’Église qui lui est fidèle, une force qui sera capable d’écarter toutes les attaques du vice et du démon ; et que cette vie croisse, qu’elle grandisse et qu’elle coule en abondance et que, finalement, elle emporte notre humanité de la terre vers le Ciel, nouveau Paradis ! » (frère Georges de Jésus-Marie)

UNE COURONNE DE RÉPARATION

L’étape suivante de notre pèlerinage fut la basilique supérieure, dédiée à l’Immaculée Conception et ouverte au culte le 15 août 1871, dans l’élan du grand mouvement marial qui soulevait alors la France. Le 17 janvier précédent, il y avait eu Pontmain.

Le 11 février 1872, l’abbé Peyramale prononçait un sermon mémorable, où il inscrivait l’apparition de Lourdes dans son contexte historique, faisant remarquer que les apparitions de Lourdes avaient été suivies d’une « longue série de désastres et de catastrophes », qui affligèrent cruellement l’Église et la France, avec l’invasion des États pontificaux et la prise de Rome par les révolutionnaires (1870), et cette même année, chez nous, la guerre, la défaite, la révolution et ses martyrs, comme un châtiment de notre impiété et de nos crimes. « Tant d’abominations devaient faire éclater la foudre sur nos têtes ; le bras de Dieu ne pouvait manquer de s’appesantir sur la France... Ses coups de tonnerre ont été effroyables, sa vengeance exemplaire, et plus éclatante peut-être qu’à nulle autre époque de l’histoire. »

Mais le saint curé montrait aussi que la Sainte Vierge était là : « Cette attention de la Mère du Ciel de se montrer à la veille de nos malheurs prouve qu’Elle ne veut pas nous perdre ou nous aban­donner. » Rappelant l’image de Jésus dormant dans la barque secouée par la tempête, il l’appliquait à la Vierge Marie : « Marie semble dormir aussi parfois... Mais par son apparition au milieu de nous, Elle nous a prévenus qu’elle est toujours là, prête à nous secourir... Allons donc à cette bonne Mère, réveillons-la par les larmes de notre repentir et les cris de notre prière... Elle se lèvera et fera briller la joie et la gloire des anciens jours : Ego sum, nolite timere... »

Cette année-là, les grands pèlerinages nationaux s’ébranlèrent : à La Salette, à Paray-le-Monial, à Chartres et à Lourdes. Il faut en lire les enthousiastes comptes rendus dans les Annales ! C’est pendant le pèlerinage vendéen de mai 1873 qu’on chanta pour la première fois l’Ave Maria de Lourdes, composé par un prêtre de la province. Chaque pèlerinage venait avec sa bannière, et bientôt la coutume s’instaura de laisser sa bannière au sanctuaire. Elles furent alors suspendues sous les voûtes de la basilique. En 1876, on en comptait... 450 !

L’église, élevée au rang de basilique, fut consacrée le 2 juillet 1876, et le lendemain 3 juillet eut lieu le couronnement de la statue sculptée par Cabuchet, en présence de cent mille pèlerins. Dans leur adresse au pape Pie IX, les évêques français réunis à Lourdes pour ce couronnement parlaient de réparation : « La France a beaucoup péché, mais elle sait beaucoup aimer. Elle aime Marie, elle aime l’immortel Pie IX ! Pour avoir beaucoup aimé, nous avons tous l’espoir qu’il nous sera beaucoup pardonné. » Cette très riche couronne, sertie de diamants et de pierres précieuses offertes par les pèlerins de France, fut appelée “ la couronne de France ”. C’est l’époque où on chantait :

« Ô Marie ! ô Mère chérie ! Garde au cœur des Français la foi des anciens jours ! Qu’il monte jusqu’au Ciel, ce cri de la patrie : catholiques et Français toujours ! »

« Ainsi la Bienheureuse Vierge Marie retrouvait-elle à Lourdes ce catholicisme intégral et ce légitimisme monarchiste qui sont les exigences vitales de son Règne. Les foules qui envahirent Lourdes, et spécialement après la triste défaite de nos armes devant les Prussiens en 1871, en pèlerinages immenses, ces foules n’étaient pas mordues par le vice libéral et imploraient la libération de Pie IX, le Pape prisonnier de la révolution, et le rétablissement sur le trône de France, du saint héritier de la couronne de Charles X, le comte de Chambord, Henri V ! » (Lettre à la Phalange n° 57, 25 mars 1996)

Avant de quitter la basilique, nous ne pouvions pas ne pas évoquer la figure du Père Marie-Antoine de Lavaur, témoin lui aussi de l’esprit des origines. « Les désirs de la Vierge étaient des ordres pour lui », écrit son biographe. En retour, il lui servait d’instrument pour toucher les âmes et multiplier ses miracles de bonté. Il eut la grâce de rencontrer sainte Bernadette et sa conversation avec elle ravit son âme. « Chacune de ses paroles est pour moi une perle précieuse que j’ai pieusement enchâssée dans l’écrin de mes plus religieux souvenirs. »

Chaque fois qu’il venait à Lourdes, il se faisait une joie d’aller voir l’abbé Peyramale et admirait en secret, lui le capucin si pénitent, son esprit de pauvreté. Avec cela, un cœur et une parole de feu pour animer les pèlerinages et prêcher sans cesse l’amour, les gloires et le règne de Marie. Un règne... engagé : « C’est l’Immaculée Conception de Pie IX et de la Grotte de Lourdes, qui doit tuer la Révolution et sauver le monde. » C’est lui aussi qui fut l’heureux initiateur de la procession aux flambeaux :

« Lève tes yeux, ô France chérie. Le Ciel te sourit et Jésus t’appelle : prends l’étendard de Jeanne d’Arc, le rosaire de Bernadette et l’épée de Saint Louis. Dieu le veut ! Dieu le veut ! Le serpent déroule ses replis et plus que jamais il dresse sa tête : c’est en France que Marie veut l’écraser. »

« L’ARME SECRÈTE DU BON DIEU »

Comment une telle victoire de l’Immaculée sur le Serpent se produira-t-elle ? Par la Croix. Per crucem ad lucem. C’est en suivant les belles stations du chemin de croix des Espélugues (inaugurées en 1912 sous le pontificat de saint Pie X), qui s’accordent parfaitement avec les méditations de notre Père, et surtout sans quitter le Cœur très aimant de Marie, où se réfléchit tout entière la Passion de son Fils, que nos pèlerins imprimèrent cette dernière leçon de Lourdes dans leurs âmes.

À l’école de sainte Bernadette qui disait : « Jésus, Marie, la Croix, je ne veux d’autres amis que ceux-là » ; de l’abbé Peyramale, qui fut injustement mis de côté et calomnié à la fin de sa vie, mais que la Sainte Vierge vint chercher « le jour de sa Nativité pour récompenser les sacrifices et les rudes épreuves qu’il a acceptées et souffertes pour son amour » (Sainte Bernadette) ; du Père Marie-Antoine qui prêchait inlassablement la Croix : « Disciples d’un Maître né pauvre, il nous faut de nouveau monter au Calvaire, fouler aux pieds les biens de ce monde, nous condamner joyeusement à une vie de travail et de sacrifices et, armés d’une croix de bois et d’un cœur de feu, recommencer la conquête du monde. »

Couvrant de sa paternelle protection ces saintes âmes et leur donnant l’exemple, il y avait alors à Rome « une âme de feu, un esprit illuminé de la Sagesse divine, de ces êtres exceptionnels appelés à “ porter beaucoup de fruits ” sans que rien les signale à l’attention des mondains, c’était Pie IX », dont la devise était “ crux de Cruce ”. Il s’appliqua, écrit notre Père, « à deux grandes œuvres, l’une sur l’autre appuyée : la proclamation de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie qu’il effectua le 8 décembre 1854, et la condamnation de l’esprit moderne d’impiété et de libéralisme politique et social, par le Syllabus, le 8 décembre 1864. Les deux choses vont de pair, pour l’écrasement de la tête du serpent de la rébellion satanique contre Dieu et contre son Oint. Il l’entendait ainsi. L’enfer en frémit de rage, mais le Ciel en exulta et Lourdes reçut le curé prédestiné à l’Événement qui s’y produisit en février 1858 pour la gloire universelle de Marie, la conversion des multitudes corrompues par les nouveaux pouvoirs laïcs et maçonniques, et pour le salut de la France, quand l’heure en sera enfin venue. » (CRC n° 321, avril 1996, p. 3)

Mais cette purification de l’Église ne se fit pas selon les désirs du saint Pape, comme notre Père l’expliqua un jour lumineusement : « Tous les mauvais esprits ont alors commencé à critiquer Pie IX, et on voit maintenant que c’est à partir de ce Syllabus que, dans l’Église, une bordée d’hérétiques, ceux qui ne voulaient pas accepter, a commencé à faire de la résistance. C’est de là, à mon avis, que vient la cassure dans l’Église dont nous vivons encore [et dont la Sainte Vierge est venue se plaindre à Pellevoisin]. Ils n’acceptaient pas le Syllabus. En 1870, le même Pape dit qu’il fallait aller plus loin et, pour cela, définir que le Pape est infaillible. On verrait ainsi que les 80 erreurs étaient dénoncées par un Pape qui dit la vérité infailliblement. Pie IX voulait durcir les positions pour faire sortir tous les faux catholiques de leurs repaires. Mais ils ont continué leur rébellion jusqu’à aujourd’hui. » Et l’ont emporté au concile Vatican II.

Qu’aurait-il fallu faire ? « Je vais dire des folies, continuait notre Père. Si on avait compris que la Sainte Vierge, quand elle parle, ne parle pas simplement pour répéter une leçon de catéchisme et qu’il faut chercher un peu plus loin dans les paroles de la Sainte Vierge, on aurait découvert certainement des choses que nous ne savons pas. Quelles choses ? Ce que veut dire “ Immaculée Conception ”.

« On aurait envie de faire un concours de théologiens pour leur dire : cherchez bien ce qu’Elle a voulu dire. C’est votre Mère, vous l’aimez, vous avez les lumières de la tradition, vous avez tout pour vous. Creusez un peu pour savoir quel est le trésor. Je ne dis pas que c’est une bombe atomique, qui se cache là-dessous, mais si vous saviez ce que c’est que l’Immaculée Conception, vous ne vous contenteriez pas de dire que c’est une personne qui n’a jamais péché, qui n’a jamais été sous le péché originel. Enfin, le péché, toujours le péché ! Le péché originel, c’est tout ? Si vous conceviez positivement ce que la Vierge Marie voulait dire quand Elle a ouvert les bras, baissé les yeux, puis qu’Elle les a levés au ciel en disant : Que soy Immaculada Conceptiou ! Elle se voyait dans la lumière de Dieu comme quelqu’un, quelque chose, “ aquero ”, quelque chose de formidable, de tellement fascinant, que pour l’Immaculée Conception, les catholiques auraient été se faire tuer. Mais cela n’a pas beaucoup bougé et on est toujours là. On se dit : c’est parce qu’ils ont méprisé, qu’ils n’ont pas assez aimé le Nom même de la Vierge Marie...

« C’est une arme secrète du Bon Dieu. Si on savait ce que c’est, au lieu de bouder les condamnations des erreurs, d’aller chercher la vérité chez les autres, les musulmans, les shintoïstes, une vérité qui transforme l’existence humaine, si on savait ce que c’est que l’Immaculée Conception, si l’Église découvrait ce mystère que la Sainte Vierge nous a confié et dont on n’a rien fait, aujourd’hui, demain, le monde se convertirait... Il faudrait retourner à Lourdes, s’agenouiller devant la grotte et supplier la Sainte Vierge de nous expliquer ce que l’on n’a pas encore compris, qu’on répète indéfiniment sans chercher au-delà. Et là, je crois qu’on trouverait. Il faut prier pour cela. » (Sermon du 13 février 1999)

Prier... et reprendre l’enseignement de notre Père, l’abbé de Nantes, le seul vrai théologien de sa génération à avoir comblé ce manque et “ réparé ” en quelque sorte cette cruelle offense au Cœur Immaculé de Marie, le seul donc à avoir préparé les voies de son triomphe final ! Comme nous le fîmes avec les enfants de la petite retraite qui suivit le pèlerinage, dans une chère paroisse du diocèse de Bayonne, qui a commencé à pratiquer avec fruit et bonheur la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois.

Ces prêtres et nos amis complètent ainsi ce qui manquait au moment du “ Grand Retour ”, quand la Vierge de Boulogne traversa le diocèse et parcourut le Pays basque (automne 1946), en suscitant partout un extraordinaire élan de ferveur et de conversion. Mgr Terrier appelait alors de ses vœux une « révolution rédemptrice et mariale », mais sans indiquer les seuls moyens capables de l’opérer, demandés par le Ciel. Aujourd’hui, nous les connaissons, et il ne tient qu’à nous de les mettre en œuvre.

À PELLEVOISIN : 
« JE SUIS TOUTE MISERICORDIEUSE. »

Nos amis du centre de la France ont eux aussi répondu à l’appel, en ce dimanche 19 février, anniversaire de la cinquième apparition de Notre-Dame à Pellevoisin, que beaucoup d’entre eux, – ils étaient plus de cent cinquante –, ont découvert avec profit. Pellevoisin est un petit village du Berry, en pointe vers la Touraine, « au centre de la paix française, de la vie la plus quotidienne du Français rural, de la sympathique torpeur provinciale » (Gaëtan Bernoville).

En quinze apparitions, échelonnées du 15 février au 8 décembre 1876, la Sainte Vierge y est apparue à une jeune femme, employée par la famille de La Rochefoucauld, Estelle Faguette, que la tuberculose avait conduite aux portes de la mort. Dans les premières apparitions, le démon aussi était là, il agitait sa couche et la menaçait, mais la Vierge Marie le chassa et annonça à Estelle : « Si mon Fils te rend la vie, je veux que tu publies ma gloire. »

Elle retrouva une santé parfaite et accomplit sa mission, au milieu de mille contradictions, politiques autant qu’ecclésiastiques. L’année précédente, à une voix de majorité, la République avait été définitivement instaurée en France ; en 1876, les “ vrais républicains ” obtenaient la majorité au Parlement et fourbissaient déjà leurs armes pour une guerre sans merci contre l’Église, avec la complicité des libéraux catholiques. Dans l’Église, la fin du pontificat de Pie IX, – il mourut en février 1878 –, était marquée par les manœuvres de ces mêmes libéraux, qui allaient bénéficier bientôt de la haute protection de Léon XIII, partisan d’une politique de conciliation avec les gouvernements laïques et anticléricaux.

UNE GUÉRISON MIRACULEUSE

Le rendez-vous de nos pèlerins était à l’église paroissiale, pour la messe que nous devions animer de nos chants. Les murs de l’église sont tapissés d’éloquents ex-voto. La Sainte Vierge n’a-t-elle pas demandé à la voyante d’y apposer celui de sa propre guérison, parce que la paroisse avait « besoin de stimulant » ? Il est au milieu des autres, orné d’un Cœur de Marie enflammé et transpercé d’un glaive :

J’ai invoqué MARIE
au plus fort de ma misère,
Elle m’a obtenu de son FILS
ma guérison entière.
19 février 1876      Estelle F.

Notre-Dame de Pellevoisin.
« Ces grâces sont de mon Fils ; je les prends
dans son Cœur, il ne peut me refuser. »

On lit dans la biographie de Sylvie Bernay qu’Estelle offrit également un petit cœur en métal, gravé des paroles de la troisième apparition : « Je suis toute miséricordieuse et maîtresse de mon Fils », qu’elle accrocha autour du cou de la statue de Notre-Dame du Sacré-Cœur, que le curé, l’abbé Salmon, avait intronisée le 19 septembre précédent. Le geste prend tout son sens, quand on sait que le Père Jules Chevalier, fondateur des Missionnaires du Sacré-Cœur d’Issoudun, dans le même diocèse de Bourges, s’était vu interdire en 1874 par le Saint-Office d’invoquer la Vierge Marie comme « Souveraine Maîtresse du Sacré-Cœur ». Tandis que le « Je suis toute miséricordieuse » est à rapprocher du « Je suis l’Immaculée Conception » de Lourdes, et du Nom même de Yahweh révélé à Moïse dans le Buisson ardent : « Je suis qui Je suis. » (Ex 3, 13)

Dans le récit des cinq premières apparitions, déjà que de leçons ! Notre frère Pierre en a fait un excellent commentaire que nos enfants de la petite retraite avaient écouté la veille (vodpi 1 3) : « Si Fatima est comme une nouvelle Alliance dans le Cœur Immaculé de Marie, Pellevoisin est une apparition qui s’adresse à ceux qui aiment déjà bien la Sainte Vierge pour leur expliquer comment l’aimer davantage. Fatima est comme l’Évangile, et Pellevoisin, comme une bonne direction de conscience. »

Ne citons que ces paroles de la cinquième apparition, qui se conclut par la guérison d’Estelle, authentifiée par des témoins dignes de foi et par deux rapports médicaux, et qui fut suivie chez elle d’une véritable conversion spirituelle. Ses proches ont vu Estelle changer du tout au tout à partir des apparitions, dans le sens voulu par la Vierge, Maîtresse de sagesse et merveilleuse pédagogue.

« Elle me dit : Si tu veux me servir, sois simple et que tes actions répondent à tes paroles. Je lui ai demandé si, pour la servir, je devais changer de position. Elle m’a répondu : On peut se sauver dans toutes les conditions ; où tu es, tu peux faire beaucoup de bien et tu peux publier ma gloire. Après un petit instant, elle me dit (à ce moment elle devint triste) : Ce qui m’afflige le plus, c’est le manque de respect qu’on a pour mon Fils dans la sainte communion, et l’attitude de prière que l’on prend, quand l’esprit est occupé d’autres choses. Je dis ceci pour les personnes qui prétendent être pieuses. Après ces paroles, elle reprit son air souriant. Je lui ai demandé si je devais parler de ce qu’elle m’avait dit tout de suite ; la Sainte Vierge me répondit : Oui, oui, publie ma gloire ; mais avant d’en parler, tu attendras l’avis de ton confesseur et directeur [l’abbé Salmon, curé de Pellevoisin]. Tu auras des embûches ; on te traitera de visionnaire, d’exaltée, de folle ; ne fais pas attention à tout cela. Sois-moi fidèle, je ­t’aiderai. ” »

LE SCAPULAIRE DU SACRÉ-CŒUR

Après le pique-nique pris dans la salle des pèlerins mise à notre disposition, nous nous divisâmes en trois groupes : le premier à la chapelle des apparitions, le deuxième au cimetière, auprès des tombes de la voyante et de son curé, qui eut avec elle les mêmes rapports que l’abbé Peyramale avec sainte Bernadette, le troisième enfin dans le parc du monastère, devant la fresque du couronnement de Notre-Dame de Pellevoisin par l’archevêque de Bourges en 2021.

La chambre d’Estelle est aujourd’hui transformée en chapelle (ci-dessus), et tapissée d’ex-voto ornés de petits cœurs rouges. C’est là que se sont déroulées les quinze apparitions, qui récapitulent en quelque sorte la suite des apparitions mariales qui ont illuminé notre dix-neuvième siècle français, et constituent une révélation, déjà, du Cœur Immaculé, tout aimable et miséricordieux, de notre Mère du Ciel.

Par exemple, le 3 juillet, lors de la huitième apparition, Elle dit en souriant à la voyante : « Je suis venue pour terminer la fête. » C’est ce jour-là qu’à Lourdes, était couronnée solennellement la statue de la Vierge par le cardinal Guibert, légat pontifical, entouré de trente-cinq évêques, trois mille prêtres et cent mille fidèles (cf. page 28) !

C’est au cours des trois apparitions de juillet que la Sainte Vierge apparut telle que sa statue la représente maintenant : entourée d’une guirlande de roses, blanches, rouges et or, signifiant les mystères du Rosaire, les bras tendus, avec « une pluie » de grâces qui tombait de ses mains, portant sur sa poitrine une bande d’étoffe blanche qui ressemblait à un scapulaire. « Le Cœur de mon Fils a tant d’amour pour le mien qu’il ne peut refuser mes demandes, dit-elle. Par moi, il touchera les cœurs les plus endurcis... Je suis venue particulièrement pour la conversion des pécheurs. »

Le 9 septembre, dans l’octave de sa Nativité, Elle retourna la bande d’étoffe et révéla à Estelle le scapulaire du Sacré-Cœur, en disant : « Depuis longtemps les trésors de mon Fils sont ouverts ; qu’ils prient... J’aime cette dévotion... C’est ici que je serai honorée. »

Enfin, le 8 décembre, jour de la dernière apparition, Estelle jouit d’une faveur incomparable, qu’elle raconte en ces termes : « La Sainte Vierge tenait son scapulaire des deux mains. Elle était si encourageante que je lui dis : Ma bonne Mère, si vous vouliez me donner ce scapulaire ? La Sainte Vierge n’eut pas l’air de m’entendre. Elle me dit en souriant : Lève-toi et baise-le. Que se passa-t-il à ce moment, je ne sais pas même. Je me suis levée pour embrasser ce Cœur. Oh ! que j’aurais voulu rester là toujours, mes lèvres sur le Cœur qui rafraîchissait mes lèvres et brûlait mon intérieur. Il m’a semblé que j’aimais le Bon Dieu à ce moment-là plus que je ne l’avais aimé dans ma vie ; c’était un moment de délices. La Sainte Vierge s’était baissée pour me faire embrasser ce Cœur adorable. Il m’est tout à fait impossible à exprimer ce que je ressentais de bonheur. »

« J’aime cette dévotion » : c’est donc bien le Cœur Immaculé de Marie qui se révèle à Pellevoisin, et dit son amour préférentiel. Invitant Estelle à aimer comme Elle le Cœur de Jésus, à réparer les offenses qui lui sont faites, en lui rendant amour pour amour, afin de consoler ce Cœur outragé. C’est le sens du port du scapulaire, « signe de réparation et de consécration », disait Estelle, choisie parmi les plus petits et les plus faibles de ses enfants, « pour publier ma gloire et répandre cette dévotion » (8 décembre 1876).

Mais cela ne se fit pas sans contradictions et tribulations de toutes sortes, comme le rappela frère Jean Duns au cimetière, devant les tombes d’Estelle et du bon curé Salmon. Tous deux traversèrent un long temps d’épreuve tellement figuratif du nôtre, avec « calme », « courage » et « confiance », parce que l’Immaculée avait tout annoncé d’avance, mais aussi parce qu’Elle les assista de son puissant secours.

« NE CRAINS RIEN, JE T’AIDERAI. »

C’est l’abbé Salmon qui composa dès 1877 le premier récit des apparitions, sous le titre bien choisi de “ Gloire à Marie toute miséricordieuse ”. Cette même année fut créée une confrérie pour le scapulaire, dont le curé devint le directeur, l’animateur et le principal rédacteur du bulletin. Il fixa comme but à la confrérie, élevée en archiconfrérie quelques années plus tard : « Le triomphe de l’Église, le Souverain Pontife, le salut de la France et la conversion des pécheurs », et demeura curé de Pellevoisin pendant vingt-cinq ans, se dévouant à cette œuvre avec une foi tenace et un dévouement sans faille.

Il avait une vision orthodromique des apparitions mariales en France, depuis la Rue du Bac jusqu’à Pellevoisin ! ne faisait pas de politique à proprement parler, mais rappelait sans cesse la vocation chrétienne (et royale) de la France. La Sainte Vierge n’avait-elle pas dit, le 15 septembre 1876 : « Et la France ! Que n’ai-je pas fait pour elle ! Que d’avertissements, et pourtant encore elle refuse d’entendre ! Je ne peux plus retenir mon Fils... Ajoutant émue : La France souffrira. Elle appuya sur ces paroles, s’arrêta, puis reprit : Courage et confiance. »

Au sujet de la France, Estelle révéla bien des années plus tard que la Sainte Vierge lui avait fait voir en vision « une nouvelle guerre et beaucoup de sang versé » : c’était la Grande Guerre, annoncée quarante ans à l’avance ! De même qu’une Révolution : « Dans un plan à part, j’apercevais des gens en colère avec des habits en désordre, suivant un chef au front chauve qui les menait. Je pensais alors à une révolution... » Estelle révéla cela en 1916, et l’année suivante éclatait la Révolution russe, menée par Lénine, chef au crâne dégarni. On voit là un lien historique, “ orthodromique ”, avec les apparitions et le Secret de Fatima, où Notre-Dame demanda aux petits bergers de prier pour la Russie, qui allait tomber aux mains des bolcheviques.

Tout cela déplut souverainement à Mgr Servonnet, partisan acharné du ralliement et courtisan du pouvoir républicain, nommé archevêque de Bourges en 1897. Après avoir donné le change pendant quelque temps, l’archevêque s’acharna contre l’œuvre de Pellevoisin, refusa de conclure les enquêtes canoniques ouvertes par ses prédécesseurs, fit fermer la chapelle des apparitions, calomnia d’une manière infamante Estelle jusqu’auprès du Pape, et déplaça le curé Salmon dans une paroisse éloignée du diocèse. Celui-ci revint pourtant terminer sa vie à Pellevoisin, le 9 juin 1922, après avoir écrit dans son testament :

« Je meurs dans la foi de l’Église catholique, apostolique et romaine, et dans la plus ferme croyance aux apparitions de Notre-Dame de Pellevoisin. »

Sur la tombe d’Estelle, toute modeste, à l’image de son âme, on peut lire la date de sa mort, le 23 août 1929, et ces mots de la Sainte Vierge : « Sois simple. » Elle a vécu à l’ombre du sanctuaire de Pellevoisin. Son chapelet ne la quittait jamais. Elle était toujours en peine de répandre quelque humble bonheur autour d’elle, ne se départant jamais de la dignité qui la caractérisait. Cinquante ans après les apparitions, elle se souvenait de tous les détails de chacune d’elles, et jamais ne varia dans son témoignage.

À la fin de sa vie, un prêtre qui la connaissait bien lui dit : « Ma bonne Estelle, causons sérieusement. Vous allez mourir et paraître devant Dieu. Malheur à vous, si vous avez menti, en disant que vous avez vu la Sainte Vierge. » Son visage ne cessa pas de sourire, et d’une voix assurée, ferme jusqu’au bout dans sa conviction, elle répondit : « Je n’ai pas peur ! Je l’ai vue ! » Elle fit la même réponse à l’archevêque de Bourges et à quelques prêtres éminents du diocèse qui l’avaient soumise, deux heures durant, à un questionnaire aussi serré que savant.

À lire sa biographie, écrite par Sylvie Bernay, on est saisi d’admiration et bientôt de vénération devant cette âme droite et simple, qui aimait la Sainte Vierge et publia inlassablement sa gloire par une longue vie de fidélité et de vertus cachées. Mais il y a plus encore dans sa vie de voyante. Par le biais de la dévotion du scapulaire, que la Sainte Vierge lui donna pour mission de propager, Elle lui fit comprendre les prémices de l’épreuve qui se préparait dans l’Église jusqu’à l’apostasie. C’était le 15 septembre 1876 :

« Elle me dit : Je te tiendrai compte des efforts que tu as faits pour avoir le calme ; ce n’est pas seulement pour toi que je le demande, mais aussi pour l’Église et pour la France. Dans l’Église, il n’y a pas ce calme que je désire. Elle soupira et remua la tête, en disant : Il y a quelque chose... Elle s’arrêta. Elle ne me dit pas ce qu’il y avait, mais je compris tout de suite qu’il y avait quelque discorde. Puis elle reprit : Qu’ils prient et qu’ils aient confiance en moi. ” »

En même temps, se présentait sous les yeux de la voyante un tableau, dont elle donna la description précise en 1900 : « Après ces paroles, je voyais très distinctement, mais dans un lointain, des gens de toutes sortes ; il y avait divers groupes, les uns étaient favorables au scapulaire, et les autres, au contraire, étaient menaçants... il y en avait qui me montraient le poing, à moi et à la Sainte Vierge, menaçaient le scapulaire... » Parmi ces derniers, marqués par l’impiété elle vit plusieurs évêques mitrés, parmi lesquels... Mgr Servonnet lui-même ! Ainsi le discernement se faisait autour du Sacré-Cœur de Jésus, comme aujourd’hui autour du Cœur Immaculé de Marie.

Quant à cette « discorde », fruit empoisonné de la « cassure » (cf. page 29), provoquée par les libéraux catholiques, élargie par les modernistes et les ­démocrates-chrétiens qui faisaient florès sous le pontificat de Léon XIII, il n’est que d’évoquer le Congrès qui se tint à Bourges en 1900, sous la houlette du même Mgr Servonnet ! pour avoir un avant-goût de l’agitation des esprits rebelles et de la « manie réformatrice », qui allait susciter tant de divisions parmi les catholiques (cf. Lettre à mes amis n° 236), à laquelle feront obstacle pour un temps la foi et l’autorité de saint Pie X, mais qui l’emportera à la faveur du concile Vatican II. En attendant que la Sainte Vierge elle-même restaure l’unité de la foi catholique, la discipline et le service de l’Église.

Estelle Faguette, figure anticipatrice de la France guérie miraculeusement par la Sainte Vierge, traversa ces temps d’épreuve sans jamais varier dans sa foi, accomplissant avec la droiture et l’intégrité qui la caractérisaient sa mission. « Moi, je ne suis rien, ma mission est le commandement de la Mère toute Miséricordieuse... C’est un honneur de souffrir pour la Sainte Vierge... »

DE LA GROTTE AU PIED DE L’OSTENSOIR

Nos pèlerins prirent ensuite la direction de la grotte de Lourdes du château de Poirier, à trois kilomètres du village. C’est là que tout a commencé, puisque c’est dans une fente de cette grotte qu’Estelle, employée au château et que la maladie avait conduite aux portes de la mort, fit déposer sa “ lettre à la Sainte Vierge ”, pour lui demander sa guérison, afin d’éviter à ses parents d’avoir à mendier leur pain : « J’ai confiance en vous, ma bonne Mère : si vous voulez, votre Fils peut me guérir. » La Sainte Vierge lut la lettre, la montra à son Fils qui en fut touché, et le samedi suivant, Estelle était guérie.

La grotte.
Intention : « Ah ! Notre-Dame, restez avec nous ! soyez le salut du pape François, embrasez son cœur de Pasteur du désir de consoler votre Cœur, et le dogme de la foi sera restauré ! – Sauvez les âmes de l’enfer par lui ! »

À leur tour, les pèlerins ont pris l’habitude d’aller déposer leurs intentions à la grotte. Une procession s’organisa donc, du centre du village jusqu’au parc du château, pour lui porter notre grande supplication. Avec, pour stimuler notre ferveur, les paroles enflammées du Père Marie-Antoine, qui disait le 9 septembre 1894 aux pèlerins de Notre-Dame de Pellevoisin : « Contemplez-la sur cet autel : que porte-t-elle sur son Cœur et que veut-elle placer sur le nôtre ? Le Cœur de Jésus ! Le bouclier de la victoire ! Quand nos héros vendéens et nos héros de Patay ont placé le Cœur de Jésus sur leur poitrine, qui a pu arrêter ces géants ? On a pu les tuer, les vaincre, jamais ! »

De son côté, le Père Gabriel Jacquier, de l’humble Congrégation des Frères de saint Vincent de Paul (1906-1942), voyait dans le message de Pellevoisin tout un programme de Croisade mariale et de consécration au Cœur Immaculé de Marie. « La grâce du siècle actuel, disait-il, c’est Marie. » Quand il venait à Pellevoisin, il racontait l’histoire des apparitions avec une conviction qui captivait ses Croisés :

« Nous vivons Pellevoisin ! leur disait-il en 1939, et je demeure plus que jamais plein d’espérance. Pensez, il ne nous reste plus que la Sainte Vierge, quel bonheur ! Oh ! même dans notre misère personnelle, restons sûrs de son Cœur miséricordieux. Dans le Cœur d’une telle Mère, on goûte la paix et on la rayonne : c’est si nécessaire aujourd’hui. Du calme ! Quel mot ! Pellevoisin est bien la Madone d’actualité. »

La Vierge de Boulogne passa à Pellevoisin, les 8 et 9 mars 1944. Le Bulletin de l’archiconfrérie publiait alors ces lignes... actuelles : « En considérant les ruines et les deuils accumulés, on est obsédé par les paroles de la Sainte Vierge aux trois voyants de Fatima : “ La guerre va finir. Mais si l’on ne cesse d’offenser Notre-Seigneur... ” Le châtiment de Dieu est venu après une trêve, un ajournement de quelque vingt années, parce que les avis du Ciel n’en furent pas suffisamment écoutés, contre les nations qui ne veulent pas de Lui, seul fondement solide de toute société. C’est la Justice divine qui passe, balayant les régimes et les peuples qui n’ont pas voulu mettre le Dieu juste et bon à la base de leurs institutions et de leur vie, contre les individus qui font fi de Dieu et de ses lois... Mais il ne faut pas oublier, même et surtout quand Dieu nous frappe, qu’Il est infiniment bon et qu’ici-bas sa punition est encore une grâce de conversion. La Sainte Vierge est inlassable dans ses interventions miséricordieuses parce qu’Elle est, depuis le premier Vendredi saint, notre Mère. Ces avertissements, en notre siècle, la Sainte Vierge les a multipliés, et nous connaissons tous les coins de la terre où Elle a mis son pied virginal, pour délivrer ses messages que les hommes devraient écouter et suivre avec empressement. À la porte de l’église de Pellevoisin, en souvenir du passage de Notre-Dame de Boulogne, reste une affiche qui porte en gros caractères : “ Conditions de paix de la Sainte Vierge ”. »

Notre passage à nous n’avait pas d’autre but et, au pied du Saint-Sacrement exposé dans l’église du village, nos pèlerins prièrent à cette intention, se souvenant de la parole de Notre-Dame : « Rien ne me sera plus agréable que de voir cette livrée sur chacun de mes enfants, et qu’ils s’appliqueront tous à réparer les outrages que mon Fils reçoit dans le sacrement de son amour. »

Car ce Mystère de foi de la présence réelle de Jésus-Hostie, Sacrement de son amour, doit rayonner bien au-delà de nos familles et de la Chrétienté, sur le monde entier, comme le désirait saint Charles de Foucauld. Tout comme celui de Fatima, le message de Pellevoisin consonne parfaitement avec la doctrine eucharistique de notre Père. (à suivre)

frère Thomas de Notre-Dame du Perpétuel Secours et du Divin Cœur.

Résolution : « Je vous promets, ma Bonne Mère, de faire tout ce qui dépendra de moi pour votre gloire et celle de votre Divin Fils. » (lettre d’Estelle)