Il est ressuscité !
N° 249 – Novembre 2023
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
Saint Suaire, la réponse définitive
Versailles le 1er Novembre 2023,
fête de la Toussaint.
À monsieur Jean-Christian Petitfils, historien et écrivain.
Aux bons soins de son éditeur, la société Tallandier, 48, rue du Faubourg Montmartre 75 009 Paris.
Cher monsieur Petitfils,
On parle beaucoup de votre livre à succès Le Saint Suaire de Turin, Témoin de la Passion de Jésus-Christ, vendu par Tallandier comme “ L’enquête définitive ”. Vous y retracez l’itinéraire présumé du Saint Suaire dans votre première partie : « Que dit l’histoire », et vous avez raison d’affirmer que le Saint Suaire porte l’image authentique de Jésus. Il n’était pas besoin d’attendre « le verdict » du carbone 14 pour en être certain. C’est ce qu’a démontré il y a quarante-cinq ans, de manière magistrale, frère Bruno Bonnet-Eymard, dans des travaux précédant d’une dizaine d’années l’expérience de 1988, et qui se sont poursuivis depuis. Vous ne les ignorez pas, certes, puisque vous incluez dans votre « bibliographie » ses deux ouvrages qui retracent des années d’investigation, entre autres les preuves historiques confortées par l’étude de l’évolution de l’iconographie dont vous recopiez nos images, y compris celle du codex Skylitzès que j’ai obtenue en 1990 de la Bibliothèque Nationale de Madrid.
Vous ignorez ses travaux sur le passage du Saint Suaire à Athènes et vous citez complaisamment Ulysse Chevalier et Saxer, en passant sous silence que frère Bruno les a magistralement réfutés en 1991, quinze ans avant Emmanuel Poulle 1, remontant aux sources en étudiant le “ Mémoire ” attribué à Pierre d’Arcis, aux archives de Troyes 2. Bref vous avez repris ses vingt ans de travaux, dans votre livre, mais sans jamais citer ce dont il est l’auteur.
Dans votre seconde partie « Que dit la science ? » votre compilation reprend les travaux des pionniers de la sindonologie, et relate tout au long les travaux d’investigation du STURP 3, dont il vous a été facile aussi de trouver le récit en français, dans les recensions qu’en a faites frère Bruno 4. Mais vous ne le citez jamais, vous bornant à inscrire deux notes insignifiantes lorsque vous citez des paroles de John Jackson et de Gonella, à lui adressées 5.
Vous noyez le lecteur, en décrivant complaisamment les contorsions de centaines de « scientifiques » ou se croyant tels, qui ont laborieusement recherché, par tous les moyens, depuis trente-cinq ans, sans y parvenir, à justifier les mesures faites en 1988 dans les labos, ainsi que leurs écarts. Ces recherches rétroactives ont porté sur la « pollution » supposée des échantillons (malgré le protocole de nettoyage qui leur a été appliqué), la présence de coton (bien que les fils trouvés dans les labos – comme le fil rouge trouvé à Tucson – aient été retirés), les incendies, le bombardement de neutrons ou « la patine bioplastique ». Vous admettez sans sourciller p. 297-298 dans une phrase alambiquée de douze lignes, que c’est « la combinaison de plusieurs facteurs... qui pourraient (sic) expliquer l’écart de treize siècles avec l’âge réel du Linceul ». Ces recherches ont été bien vaines. Elles ont contribué à entretenir le doute déclenché par ce que vous appelez « le coup de tonnerre du C 14 », tout en permettant la tenue de colloques et... la vente de nombreux livres.
Mais la malhonnêteté de votre livre réside dans l’affirmation péremptoire qui figure au chapitre XII à propos de la datation au C 14. Après un sous-titre courageux : « Le test de 1988 invalidé par ses propres résultats », vous décrétez (p. 281) sans examiner nos arguments : « Certes, il n’y a pas eu substitution d’échantillons, comme l’ont prétendu le frère Bruno Bonnet-Eymard et l’abbé Georges de Nantes, de la Contre Réforme Catholique – acte impensable compte tenu du nombre de personnes présentes dans la sacristie du Duomo au moment de leur découpe –, mais une certaine manipulation des chiffres, dans le but à la fois de tomber dans la bonne fenêtre historique (sic !) et de valider globalement le test. »
Or Jacques Evin avait convaincu frère Bruno, avant la datation, que la méthode AMS permettait de dater au C 14, de petits échantillons, et ceci de manière très précise. Vous devez penser de même, mais vous vous en tirez par une pirouette, en écrivant, p. 284 : « La conclusion est claire, le test du C14 de 1988, dont la méthode scientifique a été biaisée et malmenée, est purement et simplement nul et non avenu [...]. Il y avait erreur, restait à trouver les causes de cette erreur. »
Y a-t-il eu des erreurs commises pendant les opérations d’analyse des échantillons ? C’est une hypothèse, mais vous ne nous donnez aucun argument, aucune description d’une quelconque erreur, appuyée de preuves !
Y a-t-il eu tricherie ? Ce qui n’était en 1988 qu’une hypothèse a été prouvé par une enquête de police scientifique menée sous la direction de frère Bruno, à laquelle j’ai participé.
De fait « l’enquête définitive » a été entreprise dès 1988, il y a trente-cinq ans, par l’équipe pluridisciplinaire de la CRC, dont je faisais partie, l’année même de la datation. Elle a abouti rapidement par la constatation de l’hétérogénéité des échantillons analysés, démontrée par l’étude des statistiques fournies dans le rapport de Nature. Elle a été poursuivie par des investigations menées dans les trois laboratoires, à Tucson, Oxford et Zürich.
Cette véritable enquête policière, a abouti au schéma donné en annexe, qui montre comment s’est faite la substitution, en partie sans doute à Turin, mais aussi dans les labos, soucieux d’accorder leurs violons pour obtenir une date médiévale « dans la bonne fenêtre historique » comme vous le soulignez p. 281, en compensant les résultats trop tardifs 6 obtenus à Tucson, qui fut le premier labo à procéder à la datation.
Nos résultats ont été publiés, après leur dévoilement dans la grande salle de la Mutualité le 25 novembre 1990 devant deux mille personnes, lors d’une conférence intitulée : « Deux ans après la prétendue datation médiévale, les preuves d’un faux scientifique 7. » Le Saint Suaire a été parfaitement daté 21-64 ap. Jésus-Christ, mais ces dates ont été faussement attribuées à l’échantillon de contrôle intitulé : « tissu associé à la momie de Cléopâtre ». On trouvera par la suite des traces 8 des manipulations effectuées dans les labos sur les échantillons pour aboutir aux dates voulues pour l’échantillon médiéval qu’ils ont baptisé « Saint Suaire ».
« Il ne faudrait pas que l’on puisse soupçonner, par exemple, que les fibres d’un lin de momie puissent avoir été remises aux laboratoires en place de vrais échantillons du suaire », avait dit à Tite, Denis Dutton, adversaire résolu de l’authenticité du Saint Suaire... Il n’avait pas soupçonné l’inverse, ce qui fut pourtant le projet de Tite 9.
Mais ce n’est pas tout, un mensonge qui touche à l’ignominie se situe à la page 268 de votre livre, dans le paragraphe consacré aux « débats et polémiques » où vous écrivez ces lignes assassines : « Ce qui fit grand mal aux défenseurs de l’authenticité du Saint Suaire furent les charges véhémentes contre les “ mafias scientifiques et ecclésiastiques ” et les attaques ad hominem d’un membre de la Ligue de la Contre-Réforme catholique, frère Bruno Bonnet-Eymard, aussi bon connaisseur du Saint Suaire que violent polémiste, dont la critique fut un moment relayée par Il Messaggero. »
Pour noircir le tableau et dissuader vos lecteurs de nous lire, vous mettez en note (en bas de page, et non dans celles qu’on ne lit pas, repoussées en fin de volume) que la Contre-Réforme Catholique à laquelle nous appartenons est « un Groupe intégriste classé dans un rapport parlementaire de 1995 parmi les mouvements sectaires ». C’est ainsi que la république tente de discréditer ses ennemis ! Mais vous êtes mal informé, car déjà huit ans auparavant, une campagne de calomnies avait été déclenchée contre nous, par la revue Trente Jours en Italie. Mais le 27 mars 1987, le R. P. Vernette, délégué national près la conférence épiscopale, du groupe “ Pastorale et sectes ” auprès duquel nous avions protesté, nous a écrit – et nous l’avons publié dans la CRC n° 232 – qu’à ses yeux « on ne pouvait en aucun cas amalgamer au niveau du contenu, CRC et “ phalange catholique ” avec Moon, Krishna ou Scientologie ». Nous sommes membres de l’Église catholique à part entière, même si l’on nous y met à la dernière place !
Ce qui est curieux, c’est que tout au long de votre livre, vous justifiez nos critiques, en énumérant les manœuvres de Tite : éliminer les six labos où il n’avait pas de complices, prendre le pas sur l’Académie pontificale des Sciences et violer les dispositions du protocole qu’il avait signé etc. Il a commis des crimes en tolérant les communications entre les labos, afin qu’ils s’entendent sur les moyens d’accorder leurs résultats. Pour finir, il ne tint pas compte des mises en garde de l’Institut Colonnetti de Turin, pour s’en remettre à la complaisance de Mrs Leese. Alors, cela ne vous semble-t-il pas contradictoire d’affirmer, toujours en cette même page 268 : « Il paraît difficile de soupçonner les trois labos de radiocarbone et le British museum, de réputation mondiale, de fraudes grossières » ?
Les hommes de vraie science qui s’intéressaient à l’époque au Saint Suaire sont devenus nos amis, et ont toujours montré à notre égard une grande cordialité, et il en est allé de même de nos relations avec les ecclésiastiques qui se sont investis dans la défense de la Sainte Relique de Notre-Seigneur Jésus-Christ !
Enfin, c’est en espérant vous montrer, comme me l’a demandé frère Bruno de Jésus, ce qui manque ou est inexact dans votre livre, que je vous adresse cette lettre, pensant que l’attaque « ad hominem » que vous faites en nous assimilant à des intégristes appartenant à une « secte » relève d’un défaut d’information. Mais, quelle que soit la véracité ou non de vos propos, en quoi sont-ils un argument contre notre démonstration de tricherie ? Et pourquoi sortir ainsi du terrain de l’argumentation scientifique et chercher à nous discréditer par de telles manœuvres qui sont constitutives des délits de calomnie et / ou de diffamation ?
Enfin, il est évident que ceux qui s’étendent interminablement sur les vaines recherches sur la pollution des échantillons, et les « erreurs » des labos, entretiennent le doute et affaiblissent l’argumentation sur l’authenticité du Saint Suaire. Ce qui m’amène à une dernière question : Pourquoi protégez-vous les tricheurs et leurs complices ?
Avec l’expression de mes sentiments respectueux,
Claude de Cointet.
Pièce jointe : Schéma de la fraude dans la datation au C 14 – CRC de Pâques 1997.
Ci-contre : Détail d’une “ photo-souvenir ” ( !) prise au laboratoire de Tucson (Arizona) le dimanche 24 avril 1988, que le Pr Donahue nous a envoyée le 3 janvier 1991. Notre explication :
– Le sceau de l’archevêque de Turin, à la cire rouge. Il n’a pas été brisé et sera remis en place après la substitution. De telle sorte que le lendemain lundi, pour l’ouverture officielle du tube, Damon et Donahue, Jull et Toolin attesteront qu’il est intact.
– Le tube d’acier marqué “ A 1 ”, de l’initiale du laboratoire (Arizona) et du numéro de l’échantillon que Tite y introduisit le 21 avril à Turin en présence du cardinal Ballestrero.
– Le papier d’aluminium qui enveloppait l’échantillon.
– L’échantillon du Saint Suaire. Il est en deux pièces. Le gros morceau pèse 40 mg. Le petit 14 mg.
Damon et Donahue vont mettre au secret le petit, et introduire le gros dans le tube marqué “ A 3 ”, après avoir préalablement extrait de ce tube n° 3 l’échantillon officiellement dénommé « Lin provenant de la collection du département des antiquités égyptiennes du British Museum, associé à une momie de Cléopâtre datant du début du IIe siècle après J.-C., provenant de Thèbes (EA 6707). » En réalité : Lin provenant de la collection Bock du musée Victoria and Albert (XIVe-XVe siècle, poids : 53, 7 mg), qui va prendre place dans le tube “ A 1 ”.
Malheureusement pour les fraudeurs, ce passage nocturne de 40 mg à 50 et même 53 mg est inexplicable. Il est la preuve de l’une des plus grandes machinations inventées par les ennemis du Christ au cours des deux premiers millénaires de l’ère chrétienne.
Dire que nous avons reconstitué tout le crime depuis six ans, et l’avons publié et tous l’ont appris. Or, personne, ni livre, ni article de revue ou de journal n’y a fait écho. Moralité : selon que vous serez puissant menteur ou misérable témoin de la vérité les jugements de cour, de Rome ou d’ailleurs, vous feront blanc ou noir.
A. La préméditation d’un crime parfait :
– a. À Turin, lors des prélèvements, le 21 avril 1988, Tite introduisit
- dans le tube 1 : l’échantillon du Saint Suaire.
- dans le tube 2 : un tissu médiéval (XIe – XIIe siècle).
- dans le tube 3 : sous la fausse étiquette “ lin associé à la momie de Cléopâtre ”, un échantillon de tissu (XIVe siècle), “ sosie ” du Saint Suaire.
– b. Dans chaque laboratoire, après interversion des échantillons 1 et 3 :
- le tube 1, étiqueté “ Suaire ”, contient le sosie du Saint Suaire, pseudo-momie.
- le tube 2, sans changement.
- le tube 3, étiqueté “momie”, contient le Saint Suaire.
– c. Résultats à obtenir :
- Échantillon 1 : XIVe siècle... c’est la pseudo-momie déclarée Saint Suaire !
- Échantillon 2 : XIe – XIIe siècle... c’est le tissu médiéval.
- Échantillon 3 : Ier siècle... c’est le Saint Suaire déclaré momie !
B. La réalisation, trois fois modifiée, a rendu le crime patent :
– a. À Turin, le 21 avril 1988, le Dr Tite a introduit
- dans le tube 1 : le Saint Suaire ;
- dans le tube 2 : le tissu XIIe siècle ;
- dans le tube 3 : un tissu de collection du XIVe – XVe siècle ;
- dans une enveloppe 4 : les fils de la chape du XIIIe siècle.
– b. Dans les laboratoires, une datation trop tardive de l’échantillon 1, “ sosie ” du Saint Suaire, a nécessité la substitution de l’échantillon 4 à l’échantillon 1, à Zurich peut-être en partie, à Oxford certainement.
– c. Résultats vulnérables : techniquement parfaits, statistiquement irrecevables :
- Échantillon 1 : l’analyse statistique accuse l’hétérogénéité de l’échantillonnage.
- Échantillon 2 : comme prévu.
- Échantillon 3 : le substitué n’est pas très cohérent avec les dates de la momie de Cléopâtre connues par l’histoire (IIe siècle), ni avec les dates obtenues en 1987 par la méthode classique du carbone 14, datation d’ailleurs non contrôlée : 110 av. -75 ap. J.-C. En revanche, il tombe exactement dans les années attendues pour le Saint Suaire : 11-64 ap. J.-C., soit 37 ± 27, achevant la preuve de l’ensevelissement du Saint Suaire sous l’étiquette d’une momie oubliée.
- Échantillon 4 : admirablement daté par des machines performantes.
La Contre-Réforme Catholique au XXe siècle, CRC, no spécial de février-mars 1991, pp. 10 à 22. Frère Bruno a étudié les documents se trouvant aux archives de Troyes. Il a traduit, d’après la photo de la Bibliothèque Nationale, le document « Champagne 154 f°137 », ce prétendu “ Mémoire ”, attribué à Pierre d’Arcis, évêque de Troyes.
Les Américains que nous avons rencontrés à Tucson, et de nombreux « savants » s’intéressant au Saint Suaire, donnaient « le Mémoire de Pierre d’Arcis » comme preuve de son origine médiévale, sans l’avoir lu ni étudié.
Une présentation des travaux du STURP a été demandée par le Professeur Baïma Bollone, à frère Bruno qui les avait suivis de bout en bout. Il l’a faite au Congrès de Bologne des 27-28 novembre 1981. Il a continué à les suivre et a exposé par exemple en 1991 les thèses de John Jackson. Voir CRC, op. cit., numéro spécial 271, p. 28 à 34.
La CRC, op. cit., no 144 d’août 1979.
Cf. Chap. X, la note 4 p. 227, donnant les souvenirs de J. Jackson à treize ans ! Et la note 12 p. 243, citant Gonella : « Cette image ne doit pas, elle ne peut pas exister... Et pourtant le Suaire existe ! »
La date trouvée (1369-1378) ne convenait pas, étant postérieure aux premières ostensions à Lirey, en 1350 !
Les documents recueillis à Oxford et les enregistrements de nos conversations avec les ingénieurs des labos, effectués durant l’enquête, seront mis à la disposition du Vatican, lorsqu’il s’y intéressera et le demandera.
Jean Michel Forestier a trouvé déjà des indices dans un document que lui avait remis Hedges lors de notre visite à Oxford, et cela a été confirmé par les documents que Tristan Casabianca a pu obtenir du British Museum en 2017.
CRC numéro spécial 332, p. 26. Le schéma joint en “ Annexe ” en dit plus sur la fraude du C14 qu’un long discours.