Il est ressuscité !

N° 256 – Juin 2024

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


CAMP NOTRE-DAME DE FATIMA 2023

L’Évangile de Jésus-Marie (8) 
La passion du Seigneur

PREMIÈRE PARTIE : DE L’AGONIE, MARDI 4 AVRIL 30, AU SOIR DU JEUDI 6 AVRIL.

SI Jésus a été arrêté le Jeudi saint, la veille de   sa mise en croix le Vendredi saint, comment tant d’événements ont-ils pu prendre place dans un laps de temps si bref ?

1. Après son arrestation, Jésus est conduit chez le grand prêtre Anne où il subit un premier interrogatoire (Jn 18, 19-23).

2. Mais Anne le renvoie lié chez Caïphe, le grand prêtre (Jn 18, 24) où « se rassemblent tous les grands prêtres, les anciens et les scribes » (Mc 14, 53).

3. On cherche des témoins « et l’on n’en trouvait pas » (Mc 14, 55). Ou plutôt : « Les dépositions étaient nombreuses, mais elles ne concordaient pas. » (Mc 14, 56)

4. Finalement « se présentent deux témoins  » qui accusent Jésus de vouloir détruire le Temple (Mt 26, 60).

5. Adjuration solennelle du grand prêtre et réponse de Jésus : « Tu es le Christ, le Fils du Béni ?

 Je Suis. Et vous verrez le Fils de l’homme, siégeant à la droite de la Puissance et venant avec les nuées du Ciel. » (Mc 14, 61-62).

6. Jugement prononcé à l’unanimité : Il mérite la mort.

Tout cela pendant la fin d’une nuit ?

Et ce n’est pas fini ! Suit :

7. Une scène d’outrages.

8. Une seconde séance plénière du Sanhédrin, « le matin de bonne heure ».

9. Jésus est conduit devant Pilate, qui hésite. Il interroge Jésus plusieurs fois (Jn 18, 33-38).

10. Embarrassé de ce cas étrange, apprenant que Jésus est Galiléen, il le renvoie à Hérode, qui essaie en vain de faire parler Jésus (Lc 23, 6-12).

11. Deuxième comparution devant Pilate. Celui-ci convoque les grands prêtres et les chefs du peuple qui s’étaient donc dispersés. La séance se prolonge. Pilate discute avec la foule et, de guerre lasse, relâche enfin Barabbas.

Nous avons présenté la vie publique comme une course de géant, selon une chronologie brève d’un an, « une année de grâce » ; en revanche, il est impossible de faire tenir cette succession d’épisodes dans la dernière heure du Jeudi saint et les premières heures du Vendredi saint.

12. Flagellation et nouveaux outrages ; couronnement d’épines.

13. Pilate rend enfin sa sentence, mais il s’en lave les mains.

14. Préparation du supplice ; Pilate rédige l’inscription qui sera fixée au sommet de la Croix. Il y a encore cinq cents mètres à parcourir pour gagner le lieudit du Crâne, en hébreu Golgotha (Jn 19, 17), où Jésus fut crucifié. Jésus a porté sa Croix jusque-là, dans un état d’extrême épuisement ; nouveau délai.

15. L’heure, enfin, est venue, fixée par le Père, où Jésus doit consommer son sacrifice.

Une tradition ancienne, que connaissaient les Pères de l’Église, nous apprend que Jésus a célébré la Cène le Mardi saint, a été arrêté dans la nuit du mardi au mercredi et crucifié le vendredi. Découverte confirmée par l’existence, dans la “ bibliothèque ” de Qumrân, d’un calendrier sacerdotal ancien fixant la célébration de la Pâque au mardi soir : les esséniens, dont l’influence fut prépondérante sur la formation de la liturgie chrétienne, célébraient la Pâque juive le mercredi. Alors, c’est un trait de lumière qui jaillit soudain de la solution proposée par Annie Jaubert, avec tant de force qu’il suffit de la formuler pour qu’elle s’impose à tout esprit libre. Elle ne déplace rien, ne corrige pas : au contraire, elle serre de plus près le sens littéral des textes, et dévoile soudain la cohérence des récits évangéliques, en même temps que leur rigoureuse historicité.

Notre-Dame des Douleurs

Pendant ces trois jours, c’est un colloque de Passion et de Compassion entre les deux Cœurs de Jésus et Marie.

Le Cœur Immaculé de Marie est le cœur humain par excellence qui souffre compassion de la Passion de Jésus. Elle était avertie depuis la présentation de son Enfant au Temple. Le vieillard Syméon l’avait prévenue qu’Il serait un « signe de contradiction ». Ce jour-là, elle fit son offrande pour mon salut ! Ma divine Mère.

En offrant cet enfant innocent dans ce Temple pourri pour le sanctifier, et sauver son peuple, la Vierge Marie savait très bien qu’elle portait sur l’autel du sacrifice Celui qui allait mourir pour la rédemption d’Israël et pour le salut du genre humain.

Depuis, toute l’Église est concentrée dans l’union intime de ces deux Cœurs. Tout le drame humain, tout le drame du salut est enclos dans leur colloque intime : nous sommes invités à partager ce secret.

La nuit du mardi au mercredi saint

l’agonie de la victime expiatrice.

Sortant du Cénacle après son dernier repas, « Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du torrent du Cédron. Il y avait là un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples. » (Jn 18, 1)

La Vierge Marie reste seule, offrant le sacrifice de laisser partir son Fils vers sa Passion, sachant bien que ses Apôtres le laisseraient bientôt seul Lui aussi.

« Jésus dit à ses disciples : Restez ici tandis que je prierai. ” 33 Puis il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. 34 Et il leur dit : Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez. ” 35 Étant allé un peu plus loin, il tombait à terre, et il priait pour que, s’il est possible, cette heure passât loin de lui. » (Mc 14, 32-35)

Ce qui était terrible pour le Fils de Dieu, c’était d’avouer tous les péchés du monde comme étant les siens propres, disait notre Père. Il s’est fait péché pour nous (2 Co 5, 21), il a porté notre péché devant Celui qui est la Sainteté, devant son Père. C’est un mystère. Nous avons tant de peine à confesser, à admettre nos péchés et lui, Jésus, le Saint, s’est recouvert de tous ces péchés dont nous n’osons pas nous accuser nous-mêmes. Il les a faits siens comme si c’était lui qui les avait commis, en présence du Père (cf.  encart page suivante).

La Vierge Marie avait l’intuition, le pressentiment, la connaissance surnaturelle de la douleur de son Fils ; elle-même s’est faite péché avec son Fils Jésus-Christ. Au jour de l’Annonciation déjà, Elle s’était offerte comme Servante du Seigneur, Mère du Serviteur souffrant qui offrirait sa vie en expiation (Is 53, 10) ; sans doute en avaient-ils parlé lors de leurs colloques intimes à Nazareth. Comme Lui, unie à Lui, elle a attendu et appréhendé cette Heure toute sa vie, désirant néanmoins la souffrir pour la Gloire de son Fils et pour notre rédemption.

« 36 Et il disait : Abba (Père) ! Tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! ” » (Mc 14, 36)

Le terme araméen Abba est très intime : on pourrait le traduire Papa.

La figure de la coupe, du calice, traverse tout l’Ancien Testament : « Une coupe est dans la main de Yahweh où bouillonne un vin tout rempli d’aromates ; il en verse à l’un puis à l’autre ; ils la videront jusqu’à la lie, ils la boiront, tous les impies de la terre. » (Ps 74, 9) Elle contient « tout le fiel et l’amertume de la juste indignation » de notre Père céleste contre nos péchés, comme le disait sainte Marguerite- Marie. Notre-­Seigneur est saisi d’effroi et d’angoisse au moment de boire ce calice en lieu et place des impies de la terre, de nous autres qui le méritons.

« 43 Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait. » Mystérieux réconfort envoyé par son Père, certainement vu par saint Jean qui en aura témoigné à saint Luc.

« Il priait de façon plus instante, et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre. » (Lc 22, 43-44)

Le docteur Barbet reconnaissait dans ce texte très précis de saint Luc un symptôme d’hématidrose, une hémorragie sous-cutanée suscitée par un profond ébranlement moral, une agonie de l’âme.

« 37 Il vient et trouve ses disciples en train de dormir ; et il dit à Pierre : Simon, tu dors ? Tu n’as pas eu la force de veiller une heure ? 38 Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est prompt, mais la chair est faible. ” 39 Puis il s’en alla de nouveau et pria, en disant les mêmes paroles. 40 De nouveau il vint et les trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis ; et ils ne savaient que répondre.

« 41 Une troisième fois il vint et leur dit : Vous pouvez dormir et vous reposer. C’en est fait. L’heure est venue : voici que le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs. ” »

Jésus a offert son Sacrifice, pour notre salut. Il court maintenant comme un athlète vers le châtiment de notre péché qu’il a revêtu, par obéissance à son Père, et pour l’amour de nous, pécheurs. La pire souffrance est pour Lui d’être livré aux mains des pécheurs, des hommes mauvais, de souffrir leur haine et leur perversité.

« 42 Levez-vous ! Allons ! Voici que celui qui me livre est tout proche. » (Mc 14, 37-42)

l’arrestation : le beau pasteur 
DONNE SA VIE POUR SES BREBIS.

« 3 Judas, donc, menant la cohorte et des gardes détachés par les grands prêtres et les pharisiens, vient là avec des lanternes, des torches et des armes.

« 4 Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui advenir, sortit et leur dit : Qui cherchez-vous ? 5 Ils lui répondirent : Jésus le Nazôréen. ” Il leur dit : Je Suis ”. » (Jn 18, 3-5)

Egô eimi, Je Suis, est le Nom divin (cf. Ex 3, 14) que Jésus a déjà revendiqué avec éclat au cours de sa vie publique. Il le fait encore resplendir à la face de ces hommes venus l’arrêter comme un malfaiteur, mais qui ont peur de lui :

« 6 Quand Jésus leur eut dit : Je Suis ”, ils reculèrent et tombèrent à terre. » Terrassés par sa majesté.

« 7 De nouveau il leur demanda : Qui cherchez-vous ? Ils dirent : Jésus le Nazôréen. ” 8 Jésus répondit : Je vous ai dit que Je Suis. Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez ceux-là s’en aller ”, 9 afin que s’accomplît la parole qu’il avait dite : Ceux que tu m’as donnés, je n’en ai pas perdu un seul. ”

« 10 Alors Simon-Pierre, qui portait un glaive, le tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. 11 Jésus dit à Pierre : Rentre le glaive dans le fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, ne la boirai-je pas ? 12 Alors la cohorte, le tribun et les gardes des juifs se saisirent de Jésus et le lièrent. » (Jn 18, 6-12)

Uniquement parce qu’Il l’a voulu et s’est livré entre leurs mains, comme Il l’avait dit : « Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre. Personne ne me l’enlève ; mais je la donne de moi-même. » (Jn 10, 17-18)

la nuit du reniement.

« 13 Ils le menèrent d’abord chez Anne ; c’était en effet le beau-père de Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là. » (Jn 18, 13)

Seul saint Jean mentionne ce premier interrogatoire dénué de toute autorité légale, puisqu’Anne n’exerce pas la magistrature suprême.

« 15 Or Simon-Pierre suivait Jésus ainsi qu’un autre disciple. Ce disciple était connu du grand prêtre et entra avec Jésus dans la cour du grand prêtre, 16 tandis que Pierre se tenait près de la porte, dehors. L’autre disciple, celui qui était connu du grand prêtre, sortit donc et dit un mot à la portière et fit entrer Pierre. 17 La servante, celle qui gardait la porte, dit alors à Pierre : N’es-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme ? Lui, dit : Je n’en suis pas. ” 18 Les serviteurs et les gardes, qui avaient fait un feu de braise, parce que le temps était froid, se tenaient là et se chauffaient. Pierre aussi se tenait là avec eux et se chauffait », après ce premier reniement.

« 19 Le grand prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine.

« 20 Jésus lui répondit : C’est au grand jour que j’ai parlé au monde, j’ai toujours enseigné à la synagogue et dans le Temple où tous les Juifs s’assemblent et je n’ai rien dit en secret. 21 Pourquoi m’interroges-tu ? Demande à ceux qui ont entendu ce que je leur ai enseigné ; eux, ils savent ce que j’ai dit. ” 22 À ces mots, l’un des gardes, qui se tenait là, donna une gifle à Jésus en disant : C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ?

« 23 Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, témoigne de ce qui est mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? ” » (Jn 18, 15-23)

Réponse parfaitement calme et sage, qui clôt l’interrogatoire.

« 24 Anne l’envoya alors, toujours lié, au grand prêtre, Caïphe. » Mais saint Jean n’en dira pas davantage sur les suites de ce “ procès ” juif, bien connu par les récits des synoptiques. Il a déjà relaté suffisamment de controverses pour que son lecteur constate la sérénité, la Sagesse, la Sainteté de Jésus qui contraste avec le mensonge et la jalousie homicide de ses ennemis. En revanche, il va reporter toute son attention sur la comparution devant le procurateur romain.

Pendant que Notre-Seigneur témoigne de sa Vérité, pour que sa mort soit connue de tous comme le Sacrifice de l’Agneau innocent expiant les péchés de son peuple, Pierre succombe de nouveau :

« 25 Or Simon-Pierre se tenait là et se chauffait. Ils lui dirent : N’es-tu pas, toi aussi, de ses disciples ? Lui le nia et dit : Je n’en suis pas. ” 26 Un des serviteurs du grand prêtre, un parent de celui à qui Pierre avait tranché l’oreille, dit : Ne t’ai-je pas vu dans le jardin avec lui ? ” » (Jn 18, 15-26) « Mais il se mit à jurer avec force imprécations : Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. ” » (Mc 14, 71)

« Et le Seigneur, que les soldats emmenaient chez Caïphe en passant par cette cour, se retournant, fixa son regard sur Pierre. Et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur qui lui avait dit : Avant que le coq ait chanté aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. ” Et sortant dehors, il pleura amèrement. » (Lc 22, 61-62)

Puisse le pape François suivre l’exemple de son prédécesseur.

Jésus a passé le reste de la nuit, les premières heures de ce mercredi, dans la prison du palais de Caïphe.

JÉSUS, POURQUOI ÊTES-VOUS MORT ?

NOUS craignons qu’au fond de  votre cœur ne soit née, au jardin de Gethsémani, une résignation infinie qui nous épouvante, une sorte d’abdication de votre dignité d’homme et même de votre divinité. Qui aurait pu croire que vous avanceriez dans l’abnégation jusqu’à paraître nu, méconnaissable, dépouillé de toute puissance et de toute gloire ? Qui accepterait de vous voir avancer au-devant des insultes et des coups comme si vous les aimiez et savouriez comme une joie et des grâces ineffables ?

« Il est vrai. À cette Heure j’ai abdiqué mes droits, ma dignité. Je n’ai plus considéré les choses de la justice humaine et je me dépouillai de mon innocence pour revêtir le manteau d’ignominie des crimes de toute la communauté humaine.

« Je m’étais relevé de mon agonie différent de moi-même et devenu la victime d’expiation que le prêtre charge de tous les crimes d’Israël. Dès lors je consentais, j’aspirais à toutes les humiliations, les malédictions, les souffrances qui atteindraient, condamneraient, frapperaient en moi ce péché. Ce sacrifice était devenu ma seule pensée. Plus on me dégradait et me retirait de vie, plus j’expiais et entrais dans mon rôle de victime, plus aussi le Péché mourait de mort pour faire place à la vie. Que m’importaient les hommes et leurs jugements ? Je voulais seulement descendre au niveau du plus grand pécheur et, personnifiant le péché, devenir extérieurement cette personnification de la haine et du châtiment dans lesquels le tient mon Père.

« Ah ! Ce fut là ma torture. Pense combien m’a été cruel ce volontaire mépris où il me mettait et où j’entrais moi-même en sanglotant comme un enfant et gémissant sous d’indicibles terreurs.

« Jamais depuis l’éternité des éternités je n’étais sorti du sein de mon Père où j’étais blotti, objet de son amour tendre. Jamais je n’avais cessé d’être l’objet de ses complaisances et de ses joies. Nous sommes l’un à l’autre toute béatitude. Jamais séparés ! Et dans cette Heure de ténèbres, tandis que Judas s’approchait avec ses gardes mobiles, il m’a fallu quitter les bras de mon Père et m’en sentir repoussé. Sous ses yeux je me suis revêtu de ce manteau de tes péchés, mon enfant, qui lui est en horreur. Cette odeur épouvantable a commencé de m’imprégner. Qu’importait Judas ! qu’importait la foule ! et les prêtres ! et les pharisiens ! Indifférent à tout cela, je ne quittais pas un instant les yeux de mon Père et n’y voyais grandir que le mécontentement, la répulsion et la plus juste colère. Son visage se durcissait, me devenait méconnaissable, comme sous cette lèpre de vos crimes je lui étais méconnaissable. Atterré, bouleversé, je me jetais alors dans l’avilissement et courais vers la mort pour répondre à cette juste sentence émanée de mon Père Bien-aimé. Qui dira la souffrance de mon âme, devenue un véritable objet de haine pour Lui, jusqu’au moment où tout brisé et anéanti, sous un châtiment devenu égal à l’océan du péché humain, j’ai osé lui adresser un appel désolé qui touchât son cœur : “ Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’avez-vous abandonné ?

« Moi aussi, comme le dira un jour Thérèse, je me suis assis à la table des pécheurs et j’ai mangé le pain de leur amertume. Voyant mon Père si courroucé, si terrible dans sa Sainteté outragée, je me sentais plein de compassion pour eux, contre lesquels il doit exercer de telles rigueurs et, ne pouvant les supporter moi-même, je décidai de les leur épargner en les prenant davantage et jusqu’à l’extrême folie de l’amour et de la substitution, sur moi seul.

« S’ils voyaient un jour la Face de mon Père, expression de l’amour outragé par leurs crimes, ils se jetteraient en un instant dans le feu de l’enfer pour obéir à sa juste condamnation. Cette Face de mon Père est si majestueuse, si belle et si attachante, que toute créature s’enchaîne volontairement aux arrêts qu’elle exprime. Ses rigueurs ou son sourire suffisent à exprimer son jugement et nul ne peut faire rien autre que de s’y soumettre de tout cœur. Alors, je me suis soumis à toute sa colère pour qu’il n’ait plus jamais à l’exprimer, s’il est possible, devant personne.

« Ainsi, je vous ai sauvés tous, mon enfant, vous tous scandaleux pécheurs, ce fut ma victoire à moi, celle de l’Amour ! »

(Lettre à mes amis n° 107.)

MERCREDI 5 avril

JÉSUS COMPARAÎT DEVANT LE SANHÉDRIN.

Chez les premiers chrétiens, le jeûne du mercredi commémorait l’enlèvement de l’Époux, « Jésus livré ». Selon le premier récit de la Didascalie, en effet, c’est dans la journée du mercredi que Jésus fut gardé chez Caïphe et que les princes des prêtres tinrent conseil à son sujet.

Le Sanhédrin tient donc une première séance, de jour (Lc 22, 66), dans toutes les formes légales requises, avec longue audition de témoins. Finalement, c’est Jésus qui signa son arrêt de mort par son propre témoignage en répondant à la question que lui posa le grand prêtre sous forme d’adjuration solennelle :

« Tu es le Christ, le Fils du Béni ?

– Je suis. Et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la Puissance et venant avec les nuées du Ciel. »

Par cette déclaration, Jésus s’égalait à Dieu, en s’attribuant le Nom divin révélé à Moïse : « Je suis » (’èhyèh), au désert de Madiân (Ex 3, 14).

« Alors le Grand Prêtre déchira ses tuniques et dit : Qu’avons-nous encore besoin de témoins. Vous avez entendu le blasphème ; que vous en semble ?

« Tous prononcèrent qu’il était passible de mort. Et quelques-uns se mirent à lui cracher au visage, à le gifler et à lui dire :  Fais le prophète ! et les valets le bourrèrent de coups. » (Mc 14, 61-65)

Nouveaux outrages. Suivis de longues heures de prison, jusqu’au lendemain.

la journée du JEUDI 6 AVRIL

CONDAMNÉ PAR LE SANHÉDRIN, 
JÉSUS COMPARAÎT DEVANT PILATE.

« 1 Le matin étant venu, ils tinrent conseil contre Jésus afin de le mettre à mort. » (Mt 27, 1) Brève séance destinée à prononcer le verdict, qu’ils ne pourront faire exécuter que par le Gouverneur romain.

« Alors, ils mènent Jésus de chez Caïphe au prétoire. C’était le matin. Eux-mêmes n’entrèrent pas dans le prétoire, pour ne pas se souiller, mais pour pouvoir manger la Pâque. » (Jn 18, 28)

C’est un comble ! Car Jésus, lui, entre dans le prétoire, et donc... il “ se souille ” chez ce païen de Pilate. Tandis que les juifs, eux, leur forfait une fois commis, seront en état de “ pureté ”, et pourront manger la Pâque en toute bonne conscience ! Toute l’hypocrisie pharisienne est là !

Selon le récit de saint Jean, sept tableaux vont se succéder, confrontant Pilate à Jésus et aux juifs.

Premier tableau : « Pilate sortit donc au-dehors, vers eux. » En “ sortant ”, Pilate affronte le tumulte des forces déchaînées contre Jésus pour le faire mourir. « Il dit :Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? Ils lui répondirent :Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. ” » (Jn 18, 29-30)

Jésus, un malfaiteur ? Le mensonge est monstrueux ; aggravé d’un mépris total de la justice ro­maine : loin d’en appeler à celle-ci, ils sont déjà résolus à mettre le Christ à mort et ils chargent le représentant de César d’exécuter leur sentence. D’avance, Jésus est condamné.

Deuxième tableau : « Alors, Pilate entra de nou­veau dans le prétoire. » (Jn 18, 33) Se détournant du monde ennemi, le Romain se trouve confronté au mystère de Jésus.

Saint Luc abrège : « Il appela Jésus et dit :Es-tu le Roi des juifs ? Et il lui répondit :Tu le dis. ” Pilate dit alors aux grands prêtres et aux foules :Je ne trouve rien de criminel en cet homme. ” » (Lc 23, 3-4)

Mais saint Jean, “ qui entre partout, tel une colombe ”, disait notre Père, donne la réponse que Jésus a faite à Pilate : « Ma royauté n’est pas de ce monde. Si ma royauté était de ce monde, mes gens se seraient battus pour qu’on ne me livre pas aux juifs. Mais ma royauté n’est pas d’ici.

– Donc, tu es Roi ? insiste Pilate.

– Tu dis que je suis Roi. Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.

– Qu’est-ce que la vérité ? ” » (Jn 18, 36-38)

La question de Pilate porte sur le mystère d’une royauté qui n’est pas de ce monde, tout en s’exerçant en ce monde : une royauté universelle, devant laquelle tous les rois et tous les empereurs peuvent s’incliner. Elle ne les supplantera pas.

La “ vérité ”, c’est lui, Jésus.

Que son Sacrifice vienne, et il pourra faire con­naître à ce monde en attente toute la vérité.

En attendant, Pilate dit aux grands prêtres et aux foules : « “ Je ne trouve en cet homme aucun motif de condamnation. ” Mais eux insistaient en disant : Il soulève le peuple, enseignant par toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu’ici. ” » (Lc 23, 4-5)

Apprenant que Jésus était Galiléen, Pilate tenta de se débarrasser de ce cas difficile en le renvoyant devant Hérode qui était lui-même à Jérusalem en ces jours-là (Lc 23, 6-12).

Pour les juifs, contretemps imprévu. Peuple et chefs se dispersent. Jésus ne daigne pas répondre un seul mot à Hérode qui le renvoie donc devant Pilate, après « l’avoir traité avec mépris et bafoué » (Lc 23, 11).

Troisième tableau : voilà de nouveau Pilate confronté aux tumultes du monde extérieur. Mais sa proposition est empreinte du respect que lui inspire le prisonnier :

« Voulez-vous que je vous relâche le Roi des juifs ? » Il a dit : « le Roi des juifs », prenant en compte l’attestation du Seigneur.

Saint Marc explique la raison d’une telle proposition : « À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils demandaient. Or, il y avait en prison le nommé Barabbas, arrêté avec les émeutiers qui avaient commis un meurtre dans la sédition. La foule étant montée se mit à demander la grâce accoutumée. » (Mc 15, 6-8)

Si la foule monte ainsi spontanément, ce ne peut être que pour demander la grâce de Jésus qu’elle a acclamé quatre jours auparavant. Pilate l’a bien compris, et il saisit l’occasion.

« Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré. »

Mais les Juifs ne vont pas laisser ainsi compromettre leur satanique machination :

« Ils excitèrent la foule à demander qu’il leur relâchât plutôt Barabbas. Pilate, prenant de nouveau la parole, leur disait : Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ? Mais eux crièrent de nouveau : Crucifie-le ! ” » (Mc 15, 9-13)

Cette foule versatile, craignant ses chefs, choisit finalement le brigand contre l’innocent. Par là, ils se jugent et se condamnent eux-mêmes.

Quatrième tableau : « Pilate prit alors Jésus et le fit flageller. » (Jn 19, 1)

Il espère satisfaire la haine des juifs en ordonnant le châtiment que le droit romain prescrivait pour tout présumé coupable, comme une demi-mesure afin de le libérer le lendemain. C’est surtout Jésus qui dirige tout, qui a voulu souffrir cet atroce supplice pour expier nos péchés et nous sauver.

Peut-être le laconisme des Évangélistes s’explique-t-il par l’horreur que leur inspirait le souvenir de ce supplice infligé à Jésus.

Mais nous en lisons les stigmates sur le Saint-Suaire avec une extraordinaire, une saisissante précision qu’aucune peinture, jamais, ne put égaler : les marques du terrible flagrum romain, encore imprégnées de sérum de sang humain au témoignage des tests chimiques, constituent à elles seules une preuve sans réplique de l’authenticité de cette sainte Relique.

Le condamné était entièrement dévêtu... Un ou deux bourreaux se sont acharnés contre lui, le frappant sur tout le Corps avec le flagrum, fouet romain constitué d’un manche et de deux ou trois lanières lestées de petits haltères en plomb. Les coups pleuvent : sur les épaules, le dos, les reins, les cuisses, les mollets ; et aussi par-devant : la poitrine et la face antérieure des jambes. La peau de Notre-Seigneur, fragilisée par la sueur de sang de l’agonie, se fend sous le coup des balles de plomb, et commence à se détacher et pendre en lambeaux. Tandis que les lanières des fouets laissent de longues traces livides, innombrables, qui marquent l’ensemble du corps. La flagellation a entraîné la plus grave hémorragie subie par Jésus, renouvelée à chaque fois que sa tunique lui est arrachée par les soldats.

Jésus se prête à cette ignominie avec toute sa volonté de souffrir pour nous sauver.

“ Ecce homo ”, Tableau de saint Albert Chmielowski (1879).
“ Ecce homo ”
Tableau de saint Albert Chmielowski (1879).

« Les soldats, tressant une couronne avec des épines, la lui posèrent sur la tête, et ils le revêtirent d’un manteau de pourpre, et ils s’avançaient vers lui et disaient :Salut, le roi des juifs ! Et ils lui donnaient des coups. » (Jn 19, 2-3)

Cette couronne a laissé sa marque sur le Saint Suaire, elle aussi, en forme de “ chapeau  ”, comme diront les clarisses de Chambéry. Elle fait le plus noble des diadèmes au plus noble des rois.

Les soldats ne croyaient pas si bien dire. Jésus fonde et confirme sa royauté en souffrant les coups et les outrages de sa Passion rédemptrice.

Parce qu’Il est le Fils de Dieu fait homme, ce qu’Il endure par Amour, à notre place, touche le Cœur de notre Père du Ciel et lui obtient le pouvoir de nous racheter, nous préserver du châtiment et nous sanctifier, nous arracher aux mains du Prince de ce monde qui, jusque-là, nous possédait.

C’est ainsi qu’Il exerce son Règne, effectivement, dans son Église et par la médiation de sa Mère, qui mérite par sa compassion de devenir la dispensatrice de la Miséricorde et de la Grâce. En droit, le Christ devient Roi de l’univers entier, et de chaque âme en particulier.

Il le mérite par cette obéissance héroïque à son Père, qui révèle plus que jamais son origine divine. On dirait que Pilate lui-même s’en rend compte.

INTRONISATION ROYALE.

Cinquième tableau : « De nouveau, Pilate sortit de­hors. » (Jn 19, 4) Et c’est pour se livrer à une cérémonie d’intronisation royale : « Il leur dit :Voyez, je vous l’amène dehors, pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. ” Jésus sortit donc dehors, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre ; et Pilate leur dit :Voici l’homme ! ” (Jn 19, 4-5)

Alors, toute la force de l’enfer se déchaîne contre “ l’homme ” que son obéissance à Dieu constitue vraiment “ homme nouveau ” réparant la désobéissance du vieil Adam :

« Lorsqu’ils le virent, les grands prêtres et les gardes vociférèrent, disant :Crucifie-le ! Crucifie-le ! Pilate leur dit :Prenez-le, vous, et crucifiez-le ; car moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. ”

« Les juifs lui répliquèrent :Nous avons une Loi et d’après cette Loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. ” » (Jn 19, 6-7)

Sixième tableau : « Lorsque Pilate entendit cette parole, il fut encore plus effrayé. Il entra de nouveau dans le prétoire et dit à Jésus : D’où es-tu ? ” » (Jn 19,  8-9)

Nous savons la réponse. Il vient d’auprès du Père. Il est toujours tourné vers le sein du Père (Jn 1, 18). Il retourne auprès du Père. Mais à Pilate, Jésus ne répond pas.

«  Pilate lui dit donc :Tu ne me parles pas ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te relâcher et que j’ai pouvoir de te crucifier ? ” » (Jn 19, 10)

Il va faire la preuve que ce n’est pas vrai : il n’a pas le choix parce qu’il est trop “ lâche ” lui-même pour “ relâcher ” Jésus.

En réalité, Pilate obéit, sans le savoir, à un dessein divin :

« Jésus lui répondit :Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, si cela ne t’avait été donné d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a un plus grand péché. ” » (Jn 19, 11)

Pour faire la volonté de son Père, Jésus doit mourir, et mourir crucifié. Pilate, dans son aveuglement, son ignorance, est l’instrument de cette volonté divine.

Tandis que Caïphe, lui, est un assassin. En toute connaissance de cause, il a livré aux mains des païens, par ruse et trahison, le Roi des juifs, le Messie, fils de David, le Fils de Dieu. En l’accusant mensongèrement et en le condamnant injustement, afin qu’il fût cruellement mis en croix, Caïphe a commis un crime sans mesure, le crime de “ déicide ”, dont il porte toute la responsabilité devant Dieu et devant les hommes.

Septième tableau : Pilate, en Romain imbu du sens de la justice, n’a plus qu’une idée : libérer cet homme innocent, sûrement digne d’être Roi des juifs et même... du monde, qui sait ? ! En homme juste et religieux, il est impressionné par ce Jésus qui se dit Fils de Dieu et qui ne lui répond plus rien.

« Mais les Juifs vociféraient :Si tu le relâches, tu n’es pas ami de César : quiconque se fait roi, s’oppose à César. ” » (Jn 19, 12)

Les voilà qui prennent le parti de César... contre Ponce Pilate ! en même temps que contre leur Roi ! Alors, Pilate “ craque ”, mais au même moment, accomplissant ce que Jésus vient de lui dire : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi... », il se montre plus que jamais l’instrument de Dieu, dans sa lâcheté même :

« Pilate, entendant ces paroles, amena Jésus de­hors et le fit asseoir au tribunal, en un lieu dit le Dallage, en hébreu Gabbatha. » C’était une sorte d’estrade dallée où siégeait Pilate pour rendre la justice.

Au moment où il va être lâche, Pilate fait l’homme fort. Saisi de la majesté royale de Jésus, avant de le livrer aux juifs, il le fait asseoir à la place du juge. Le moment est solennel.

« Or c’était la Préparation de la Pâque. Vers la sixième heure. » Environ midi, en ce jeudi 6 avril 30. « Il dit aux juifs :Voici votre Roi. ” »

Pilate ne rendra pas d’autre arrêt. Il ne pouvait mieux dire.

« Eux vociférèrent :Enlève-le de là ! Enlève ! Crucifie-le !

 Crucifierai-je votre Roi ?

 Nous n’avons d’autre Roi que César ! ” »

Leur apostasie est totale. En refusant de le reconnaître et en le condamnant à mort, ils se jugent eux-mêmes et prononcent leur propre condamnation... jusqu’aujourd’hui !

« Alors il le leur livra pour être crucifié. »

Pilate, lui, n’a pas jugé, ni prononcé de con­damnation. Il a seulement été lâche, renonçant à faire justice en protégeant l’Innocent contre la meute de ces démons sortis de l’enfer.

« Ils prirent donc Jésus. » (Jn 19, 13-16)

Cette journée de jeudi s’achève en prison où Jésus passe encore la nuit.

LA COMPASSION DE L’IMMACULÉE

Au Cénacle, dans Jérusalem endormie, il fallait qu’elle reste là, sans rien faire, toute absorbée dans sa compassion. Jésus acceptait, la Vierge Marie acceptait. Elle a tout souffert, d’instant en instant. C’est là son mystère : elle accepte, elle ne se rebelle pas. Sans haine pour ceux qui torturent son Fils, elle prie pour eux. Elle sait que dans la mesure même où elle accepte ce supplice jusqu’au bout, pour Lui et pour Elle, elle obtiendra le salut des âmes qu’elle aurait eu lieu de détester. Ainsi devient-elle Refuge des pécheurs, Médiatrice de toutes grâces.

L’ignorance de ce que Jésus souffrait exactement décuplait sa douleur. Elle ne pouvait que l’assister de sa prière muette.

Marie a été avertie par saint Jean, qui circulait librement au milieu des juifs, de chacune des étapes de cette Passion qui a duré deux jours et demi : du mardi soir au vendredi. Elle a suivi son Enfant comme pas à pas, conduit par les gardes au palais, outragé bassement, moqué, frappé, blasphémé.

Agonie, flagellation, couronnement d’épines : son Cœur bondit là où est Jésus pour le réconforter par sa prière, ne le quittant pas un seul instant de cœur, en ces moments si effroyables, et restant pourtant parfaitement effacée. Son âme est frappée des coups innombrables comme le Corps de son Fils au même instant ; elle endure l’humiliation et l’abjection que subit Jésus aux mains des soldats et des princes des prêtres, c’est-à-dire des méchants, sans témoin pour s’interposer.

La couronne d’épines enserre le cuir chevelu de Jésus, rencontre les os du crâne et provoque des douleurs intolérables ; la porter jusqu’à la fin fut une humiliation sans borne, expiant nos péchés d’orgueil. Ces gouttes de sang perlent, provoquées par les épines qui percent le Cœur de notre Sainte Mère. C’est l’orgueil qui nous perd et l’humiliation de cette couronne d’épines qui nous sauve, si nous compatissons à la Passion de Jésus, et nous unissons à la Compassion de la Vierge Marie pour Jésus.

Non seulement pour les outrages du temps passé, mais pour ceux du temps présent, car nous comprenons maintenant que, au Ciel, la Vierge Marie présente toutes ses larmes et tout le sang de son Fils à Dieu le Père pour qu’il ait pitié du monde. Au Ciel, notre Mère est triste. Elle voit ce qui se passe sur la terre. Elle n’est pas heureuse. La preuve, c’est qu’à La Salette, elle pleure et, à Fatima, elle n’a jamais souri. Elle ne peut pas sourire alors qu’elle est inquiète pour le sort de l’humanité, pour les âmes qui tombent en enfer « en tourbillon », affirmait sœur Lucie, parce que personne ne veut obéir à ses « petites demandes » qui sont des ordres de Dieu. (à suivre)

Frère Bruno de Jésus-Marie