Il est ressuscité !

N° 256 – Juin 2024

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Les nouvelles normes contre le discernement des esprits

Éminence, vous êtes hérétique,
schismatique et scandaleux

« Satan déambule librement dans l’Église. » (Georges de Nantes)

LES Normes procédurales pour le discernement  de phénomènes surnaturels présumés, présentées par le cardinal Fernandez, et approuvées par le pape François le 4 mai 2024, opèrent un changement radical dans les procédures en usage dans l’Église depuis des siècles et proscrivent un véritable discernement des esprits.

En effet, d’une part, le cardinal interdit à son dicastère et aux évêques du monde entier de reconnaître et de proclamer le caractère surnaturel de toute révélation particulière, apparition ou miracle eucharistique. D’autre part, ces nouvelles procédures ne prévoient plus d’identifier l’origine et la nature du « phénomène », et de déterminer s’il est de Dieu ou du diable. Donc, le discernement des esprits a été supprimé de la procédure.

En imposant ces nouvelles Normes, le cardinal Fernandez opère une véritable révolution dans l’Église, car elles modifient profondément la fonction et la mission de ses Pasteurs qui, depuis deux mille ans, défendaient leur troupeau contre les plus subtils prestiges de Satan. Le cardinal Ottaviani, dernier pro-préfet du Saint-Office avant sa destruction par la réforme de Vatican II, le rappelait à l’encontre des néomodernistes : « Jésus lui-même nous a mis en garde contre “ les faux christs et les faux prophètes ” qui feront de grands signes et des prodiges, capables de séduire, si c’était possible, les élus eux-mêmes (Mt 24, 24). Des faits de ce genre sont advenus depuis les premiers temps de l’Église (Ac 8, 9). C’est pourquoi c’est un droit et un devoir du Magistère de l’Église de porter un jugement sur la vérité et sur la nature des faits ou révélations qu’on affirme être l’effet d’une intervention spéciale de Dieu. » (Osservatore romano du 4 février 1951)

PREMIÈRE NOUVEAUTÉ SCANDALEUSE : 
PLUS DE RECONNAISSANCE CANONIQUE DU SURNATUREL

Dès sa lettre de présentation des Normes, le cardinal annonce que les services de son dicastère ainsi que tous les évêques catholiques ne sont plus autorisés à porter un jugement doctrinal positif sur une manifestation préternaturelle, c’est-à-dire sur une manifestation qui paraît être en dehors des lois naturelles et qui peut avoir pour origine ou Dieu ou le diable. Tout ce qui est surnaturel et divin ne pourra plus être reconnu comme tel.

Il n’y aura « pas normalement de déclaration sur le caractère surnaturel du phénomène discerné, c’est-à-dire sur la possibilité d’affirmer avec une certitude morale qu’il provient d’une décision de Dieu qui l’a voulu directement » (Présentation).

« Ni l’évêque diocésain, ni les conférences épiscopales, ni le dicastère, en règle générale, ne déclareront que ces phénomènes sont d’origine surnaturelle, même lorsqu’un Nihil obstat [littéralement : rien ne s’oppose] est accordé. » ( n° 23)

« L’évêque diocésain veillera à ce que les fidèles ne considèrent aucune des déterminations comme une approbation du caractère surnaturel du phénomène. » (art. 22, 2)

Éminence, vous êtes scandaleux. Oui, vous êtes une pierre d’achoppement pour les meilleurs évêques, théologiens et fidèles qui savent que le Ciel peut descendre sur la terre, particulièrement la Reine des Cieux, et que l’Église hiérarchique est assistée du Saint-Esprit pour examiner toute manifestation préternaturelle et rendre des jugements à ce sujet. Votre interdiction blesse et contrarie notre foi, parce que vous paraissez nier qu’on puisse avoir une certitude quant à la réalité d’une apparition objective et physique d’un corps glorieux sur cette terre.

Vous êtes tout à fait conscient de la rupture que vous opérez avec la pratique traditionnelle de l’Église. Vous écrivez : « Dans le passé, le Saint-Siège semblait accepter que les évêques fassent des déclarations comme celles-ci : “ Les fidèles sont fondés à la croire indubitable et certaine. ” (Décret de l’évêque de Grenoble, 19 septembre 1851) »

Pardon, Éminence ! Pour quelle raison dites-vous : semblait accepter ? Il ne semblait pas, mais le Saint-Siège acceptait, puisque le concile de Trente avait décrété que la responsabilité du jugement sur les phénomènes extraordinaires revenait à l’Ordinaire du lieu. Nous y reviendrons.

En 1851, le Saint-Siège accepta le jugement de l’évêque de Grenoble : le bienheureux pape Pie IX n’émit aucune réserve sur cette sentence (Louis Bassette, Le fait de la Salette, Cerf, 1955, p. 218 et 224). Par l’indult du 2 décembre 1852, le Pape autorisa même une fête solennelle et un office liturgique pour commémorer « l’Apparition de la Mère de Dieu, sous une forme humaine, à La Salette ».

Le cardinal Fernandez poursuit : « Ces expressions étaient en contradiction avec la conviction de l’Église que les fidèles ne sont pas obligés d’accepter l’authenticité de ces événements. »

Quelle est cette prétendue conviction de l’Église ? Où est-elle exprimée ? Dans les écrits de Joseph Ratzinger ? Assurément, vos références et vos notes le montrent. Vous donnez donc comme la conviction de l’Église les assertions d’un théologien allemand moderniste qui ne croyait pas à l’Ascension (cf. CRC n° 212, juin 1985, p. 4).

En revanche, la “ conviction ” de l’Église, disons plutôt les vérités enseignées par l’Église au sujet des apparitions sont exprimées, précisément, dans tous les mandements et jugements épiscopaux reconnaissant les grandes apparitions des deux derniers siècles.

Citons le décret de l’évêque de Grenoble, du 19 septembre 1851, pour le cinquième anniversaire de l’Apparition de La Salette, que vous mentionnez. Mgr de Bruillard y affirmait que cette apparition « porte en elle-même tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire indubitable et certaine » (art. 1). On trouvait une affirmation similaire dans le mandement de Mgr Laurence, du 18 janvier 1862, pour la reconnaissance des apparitions de Lourdes.

Mgr de Bruillard poursuivait : « C’est pourquoi, pour témoigner à Dieu et à la glorieuse Vierge Marie notre vive reconnaissance, nous autorisons le culte de Notre-Dame de La Salette. Nous permettons de la prêcher et de tirer les conséquences pratiques et morales qui ressortent de ce grand Événement. » (art. 3) « Nous défendons expressément aux fidèles et aux prêtres de notre diocèse de jamais s’élever publiquement, de vive voix ou par écrit, contre le Fait que nous proclamons aujourd’hui, et qui, dès lors, exige le respect de tous. » (art. 5)

Enfin, il concluait en exhortant les fidèles à obéir à Notre-Dame : « Nous vous conjurons, nos très chers frères, en vue de vos intérêts célestes et même terrestres, de rentrer sérieusement en vous-mêmes, de faire pénitence de vos péchés, et particulièrement de ceux que vous avez commis contre le deuxième et le troisième commandement de Dieu. » Une confrérie réparatrice des blasphèmes et de la profanation des dimanches sera bientôt élevée au rang d’archiconfrérie, sous le nom de Notre-Dame Réconciliatrice de La Salette, par le Pape lui-même, et enrichie de nombreuses indulgences.

« Nous vous en conjurons, nos frères bien-aimés : rendez-vous dociles à la voix de Marie qui vous appelle à la pénitence, et qui, de la part de son Fils, vous menace de maux spirituels et temporels, si, restant insensibles à ses avertissements maternels, vous endurcissez vos cœurs. »

De plus, en 1854, dans un long rapport, le nouvel évêque de Grenoble, Mgr Ginoulhiac, répondit rigoureusement, point par point, en quarante-sept pages, à toutes les allégations critiques du pamphlet de l’abbé Déléon contre l’Apparition, dont son prédécesseur avait proclamé l’authenticité.

Le cardinal Fernandez veut en finir avec ce qui s’est fait « encore récemment » : « Certains évêques ont voulu s’exprimer en des termes tels que : “ Je constate la vérité absolue des faits ”, “ les fidèles doivent indiscutablement considérer comme vrai ”, etc. »

Éminence, vous êtes assurément scandaleux. Parce que, redisons-le, vous attaquez et heurtez notre foi, la foi de l’Église dans la vérité divine des authentiques manifestations célestes. Et « si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits qui croient, il serait mieux pour lui de se voir passer autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d’être jeté à la mer » (Mc 9, 42).

DES PRÉTEXTES FALLACIEUX : LA FEMME MASDU.

Éminence, vous avancez des prétextes inconsistants et fallacieux pour imposer aux évêques de ne plus remplir un des plus importants devoirs de leur charge : vous laissez entendre que certains procès n’ont pas été parfaits, qu’il y aurait eu des erreurs judiciaires, des jugements contradictoires...

Mais vous ne donnez qu’un exemple, un seul, d’une apparition qui aurait donné lieu à des sentences successives si différentes. Les dates indiquées nous permettent d’affirmer qu’il s’agit de “ Notre-Dame de tous les peuples ”, une apparition, de toute évidence diabolique, comme l’abbé de Nantes l’a démontré (CRC nos 36 et 37, septembre et octobre 1970). Il y eut, de fait, en soixante-quinze ans, une série de déclarations contradictoires à son sujet : revenant sur la condamnation épiscopale de 1956, pourtant confirmée à deux reprises par le Saint-Office, la prétendue apparition fut réhabilitée par deux évêques, respectivement en 1996 et en 2002, avant d’être de nouveau réprouvée par un autre évêque, etc.

Précisons qu’un jugement en matière de miracles, d’apparitions et de révélations vaut ce que valent les attendus qui le motivent. Un jugement prononcé par un évêque lui-même hérétique ou complice d’hérétiques, qui approuve de fausses apparitions ou de faux miracles, est évidemment sans valeur.

Notre Père appelait cette prétendue manifestation de Notre-Dame : la Femme Masdu, tant ses “ révélations ” s’accordaient avec les nouveautés conciliaires : ses “ messages ”, foncièrement hérétiques, annonçaient l’effusion du Saint-Esprit, enfin répandu dans le monde ! pour l’avènement d’une nouvelle religion indifférenciée, humanitaire et progressiste, c’est-à-dire le Masdu.

Les réhabilitations épiscopales concernant “ Notre-Dame de tous les peuples ”, de 1996 et 2002, sont en réalité très accusatrices contre la réforme conciliaire. L’approbation de ses “ messages ” hérétiques a été l’œuvre d’évêques désorientés par l’esprit et les hérésies de Vatican II.

RUPTURE AVEC LA TRADITION UNANIME.

Ces nouvelles Normes prennent le contre-pied de la tradition unanime de l’Église, illustrée par un des décrets du Ve concile du Latran, qui traita la question du discernement des esprits au cours de sa XIe session. Dans la Constitution relative à la prédication, adoptée le 19 décembre 1516, il est longuement traité des “ prophéties ”, “ révélations ” et “ inspirations ” diverses. Son enseignement et ses décisions apparaissent comme un remarquable exposé de la position de l’Église à l’égard des phénomènes mystiques extraordinaires. On y remarque d’une part une extrême sévérité à l’encontre de tous les imposteurs qui ont l’audace d’abuser les fidèles par de prétendues inspirations du Saint-­Esprit et, d’autre part, un grand soin de ne point faire obstacle aux véritables privilégiés de Dieu et à leurs authentiques révélations divines. Lorsque le Saint-Siège ou l’Ordinaire d’un diocèse « accordent l’autorisation » de « publier et prêcher » une révélation, une apparition, ou un miracle, ils les proposent aux fidèles comme venant véritablement de Dieu.

Cinquante ans plus tard, en 1563, au cours de sa XXVe session, le concile de Trente aborda la question des « nouveaux miracles », le mot « miraculum » étant pris dans sa plus large acception qui englobe tous les phénomènes surnaturels extraordinaires. Les Pères de Trente chargèrent l’Ordinaire du lieu de la responsabilité immédiate de l’enquête et du jugement canonique concernant tous les “ miracles ” survenus dans la Chrétienté. L’évêque concerné devait seulement « consulter le Souverain Pontife » avant de rendre sa sentence finale.

Le Concile avait fixé la procédure qui fut suivie pendant les cinq derniers siècles. L’expérience de l’Église s’est ainsi enrichie des mémoires théologiques des commissions d’enquête canonique et des mandements épiscopaux portant jugement sur les cas les plus importants : le miracle eucharistique de Faverney, les apparitions de la Vierge Immaculée à sainte Catherine Labouré, à Alphonse Ratisbonne, aux enfants de La Salette, à sainte Bernadette de Lourdes, aux enfants de Pontmain, puis de Fatima, ou encore les larmes miraculeuses de la Vierge de Syracuse.

L’Église hiérarchique a ainsi prononcé des jugements motivés et fermes sur l’authenticité de faits surnaturels, ne laissant aucune place au doute. Elle a autorité souveraine en ce domaine et c’est son devoir le plus strict de rendre avec prudence et force un jugement sur chaque cas.

C’est pourquoi, Éminence, nous vous accusons d’être schismatique en rompant avec cette tradition séculaire. En édictant de nouvelles Normes en rupture avec les règles traditionnelles de l’Église pour opérer le nécessaire discernement des esprits, vous vous séparez des catholiques des temps jadis, qui tenaient, par amour de Dieu et de sa Sainte Mère, à savoir si oui ou non, ils étaient apparus de nouveau sur notre terre. Et vous vous séparez encore des bons catholiques d’aujourd’hui, clercs et laïcs, qui attendent que la hiérarchie se prononce clairement sur les phénomènes surnaturels, particulièrement sur les apparitions de Pontevedra en 1925 et 1926, afin de satisfaire à ses instantes demandes pour consoler son Cœur Immaculé tellement outragé.

Faut-il rappeler que l’abbé de Nantes a accusé les papes Paul VI et Jean-Paul II de schisme non seulement affectif à l’égard des meilleurs catholiques, mais aussi de schisme effectif parce que ces Pontifes manifestaient « un désintérêt et même un dégoût de tous les rites et de toutes les institutions traditionnelles de l’Église catholique ».

Nous formulons à votre encontre, Éminence, la même accusation parce que vous renoncez à exercer votre fonction de juge pour dire ce qui est de Dieu et ce qui est du diable dans l’Église, comme nous allons le voir, et vous prétendez même interdire à tous les évêques du monde de pratiquer ce discernement.

DEUXIÈME NOUVEAUTÉ SCANDALEUSE : 
LE DIABLE N’EXISTE PAS

L’intitulé du document annonçait la nouveauté stupéfiante : il ne s’agit plus d’opérer un discernement des esprits pour savoir quel Esprit inspire des faits préternaturels, si c’est l’Esprit-Saint ou bien l’Esprit de Satan, mais d’œuvrer pour le discernement de phénomènes surnaturels présumés, et d’un surnaturel qui doit rester au mieux présumé !

Satan est complètement méconnu dans ce document. S’il est question une fois d’illusion diabolique, c’est dans la lettre de présentation du cardinal, à l’intérieur et à la fin d’une citation de Karl Rahner ; un des rédacteurs du document a dû s’opposer à ce qu’elle soit censurée !

Chaque fois qu’ensuite on s’attendrait à voir le diable mentionné, on demeure uniquement dans de possibles inventions ou manipulations humaines, mais jamais dans des machinations de Satan.

« Il y a la possibilité que les fidèles soient entraînés derrière un événement, attribué à une initiative divine, mais qui n’est que le fruit de la fantaisie, du désir de nouveauté, de la mythomanie ou de la tendance à la falsification de quelqu’un. » Ce quelqu’un pourrait-il être inspiré par le diable ? Cela n’est jamais dit.

« Une déclaration de non-supernaturalité demeure uniquement lorsque des signes objectifs apparaissent qui indiquent clairement une manipulation présente à la base du phénomène, par exemple lorsqu’un voyant présumé affirme avoir menti, ou lorsque des preuves indiquent que le sang d’un crucifix appartient au voyant présumé, etc. » Certes, une manipulation... Mais qu’il puisse y avoir une tromperie diabolique, ce n’est jamais envisagé.

Le cardinal énumère les différentes raisons justifiant qu’un phénomène soit « reconnu comme non surnaturel. Cette décision doit être fondée sur des faits et des preuves concrets et avérés. Par exemple, lorsqu’un voyant présumé affirme avoir menti, ou lorsque des témoins crédibles fournissent des éléments de jugement qui permettent de découvrir la falsification du phénomène, l’intention erronée ou la mythomanie. » Et lorsqu’un voyant présumé est victime d’une possession ou d’une infestation diabolique ?

Il n’en est pas question d’un bout à l’autre du document. Comme si le Prince du mensonge n’agissait jamais, comme s’il ne se déguisait pas en Ange de lumière pour tromper les âmes et les conduire en Enfer.

Parmi les critères négatifs (art. 15), pas un mot sur les signes qui permettent de démasquer une manifestation diabolique. Pourtant, le déséquilibre psychopathologique et la simulation vont souvent de pair avec une intervention diabolique. Ce fut le cas de Madeleine de la Croix, au début du seizième siècle, et, au vingtième siècle, des visionnaires d’Ezquioga, en Espagne, et surtout des voyants de Medjugorje, mais nous y reviendrons.

Les avertissements des Apôtres sont négligés, oubliés.

Par exemple, ces pressantes recommandations de saint Jean : « Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. » (1 Jn 4, 1) Et cette mise en garde de saint Paul aux chrétiens de Thessalonique : « Sa venue à lui, l’Impie, sera marquée par l’influence de Satan, par toute sorte d’œuvres de puissances, par des signes et des prodiges mensongers, comme par toutes les tromperies du mal à l’adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n’avoir pas accueilli l’amour de la vérité qui leur aurait valu d’être sauvés. » (2 Th 2, 9-11)

C’est la présence agissante et maléfique du Prince de ce monde qui fut toujours la raison d’être du discernement des esprits par l’Église hiérarchique, discernement absolument nécessaire pour préserver les âmes de toute désorientation diabolique.

Après avoir établi le caractère préternaturel d’un phénomène, c’est cette deuxième phase du discernement qui est la plus importante et la plus difficile : s’agit-il d’un phénomène divin ou d’un phénomène diabolique ? En effet, les deux réponses sont possibles puisqu’il est avéré que les “ signes et prodiges ” du Malin ressemblent parfois à s’y méprendre à ceux-là mêmes qui authentifient les véritables manifestations divines.

Mais pour le cardinal Fernandez, Satan n’existe pas. Il devient ainsi son complice : le diable peut agir en toute liberté dans l’Église, pour la perte des âmes !

Cela est tout à fait dans l’esprit et dans la suite de la funeste réforme décrétée au concile Vatican II qui a supprimé la congrégation de l’Index et a anéanti le Saint-Office. À tel point que l’abbé de Nantes observait après le Concile : « Satan déambule librement dans l’Église. » (Lettre à mes amis du 25 août 1967)

TROISIÈME NOUVEAUTÉ SCANDALEUSE : RIEN DE PUREMENT DIVIN

Selon le cardinal Fernandez, dans les phénomènes mystiques extraordinaires, le surnaturel se trouve souvent mêlé à des éléments humains douteux. Le prélat reprend une thèse moderniste développée par Karl Rahner et René Laurentin : « Il peut arriver que de véritables actions de l’Esprit-Saint dans une situation concrète, qui peuvent être appréciées à juste titre, apparaissent mêlées à des éléments purement humains, tels que des désirs personnels, des souvenirs, des idées parfois obsessionnelles, ou à  quelque erreur d’ordre naturel qui n’est pas due à une mauvaise intention, mais à la perception subjective du phénomène  (II, art. 15. 2). De plus,  on ne peut pas placer une expérience de vision, sans autre considération, devant le rigoureux dilemme, soit d’être en tous points correcte, soit de devoir être considérée entièrement comme une illusion humaine ou diabolique  (Rahner). » (Lettre de présentation)

« Certains phénomènes, qui pourraient avoir une origine surnaturelle, semblent parfois liés à des expériences humaines confuses, à des expressions théologiquement imprécises ou à des intérêts qui ne sont pas entièrement légitimes. » ( n° 14)

Il n’y aurait donc pas d’apparitions aussi limpidement vraies et divines qu’on le pensait naguère. L’ambiguïté serait inhérente à ce domaine relatif, incertain, des phénomènes mystiques extraordinaires ; aussi trouverait-on du bien et du mal, du divin et de l’humain partout, dans des proportions variables selon les cas, et même variables avec le temps pour un même cas donné.

Une image fera saisir l’ineptie de cette théorie. Le sage Gerson, au XVe siècle, dans son traité De distinctione verarum visionum a falsis comparait judicieusement les visions et révélations aux diverses monnaies : à la vraie monnaie et aux fausses. En revanche, le cardinal Fernandez prétend qu’il est de la nature même de la monnaie d’être souvent tout à la fois plus ou moins vraie et fausse !

Cette nouvelle théorie est encore plus pernicieuse qu’absurde : en dévalorisant indûment de 50 % la vraie monnaie d’or des authentiques apparitions divines et en surévaluant, non moins indûment, de 50 % la fausse monnaie des douteuses ou frauduleuses, on les égalise dans une appréciation moyenne, aussi inexacte pour les unes que pour les autres.

C’est évidemment Gerson qui avait raison, se faisant l’écho de la tradition unanime de l’Église : « De même qu’il y a de la monnaie authentique et de la fausse monnaie, ainsi il y a de vraies révélations et il y en a de fausses qui se reconnaîtront par la présence ou l’absence de tous les caractères de la vraie monnaie. » Seuls les faux-monnayeurs ont intérêt à ce que l’on ne distingue plus la vraie de la fausse monnaie !

Vingt siècles d’histoire de l’Église le prouvent, il y a des apparitions divines, merveilleuses, qui sont d’authentiques messages du Ciel à la terre. Mais il y en a aussi de fausses, qui en sont des contrefaçons pathologiques ou diaboliques, et il faut s’en méfier et les dénoncer. C’est cette double certitude qui a de tout temps inspiré la conduite des Pasteurs de l’Église.

Le discernement des esprits est d’autant plus nécessaire qu’une apparition frauduleuse ou diabolique, loin d’être entièrement mauvaise, présente souvent des aspects positifs.

Au contraire, une apparition divine authentique doit être vraie, bonne et digne de Dieu en elle-même et dans toutes ses circonstances, à l’exclusion de tout caractère négatif décisif.

Le principe même de cette théorie, à savoir que souvent, dans les révélations divines, la part du divin et de l’humain ne peut être démêlée que de manière approximative, est moderniste. C’est la négation de toute transmission fidèle d’un message du Ciel. Ce procédé enlève toute objectivité, fiabilité et importance aux authentiques messages du Christ ou de sa très sainte Mère. En revanche, il permet de tolérer comme des manifestations divines présumées toutes les contrefaçons que le Prince du mensonge multiplie de par le monde !

Éminence, vous êtes moderniste, c’est-à-dire hérétique. Cela jaillit de l’ensemble de votre document. Et, abomination de la désolation, vous donnez à votre hérésie force de loi.

LE TRIOMPHE DU MODERNISME

Dans son encyclique Pascendi Dominici gregis, saint Pie X dénonçait l’agnosticisme comme le fondement du modernisme, à savoir la prétention que « Dieu n’est point objet direct de science ; et que Dieu n’est point un personnage historique » ( n° 6).

La renonciation du Dicastère pour la doctrine de la foi à « une reconnaissance positive de l’origine divine des phénomènes surnaturels présumés » est un agnosticisme pratique, même s’il n’est pas explicitement théorisé. Car Dieu Notre-Seigneur, quand il intervient, donne des signes explicites de sa présence ou de la présence de ses messagers, que de tout temps son Église a su reconnaître par un sage discernement des esprits. Pourquoi renoncer à ce discernement, sauf à prétendre que « Dieu n’est point objet direct de science » ?

IMMANENTISME CHARISMATIQUE.

Il n’est jamais clairement question dans ces nouvelles Normes d’une apparition de Notre-Seigneur ou de sa Sainte Mère en leurs corps glorieux descendus du Ciel. À croire que, pour le cardinal Fernandez, Ils ne sont pas des « personnages historiques », vivants et libres d’intervenir ici-bas, dans leur Royaume...

En revanche, un certain Esprit, que Fernandez identifie avec le « Saint-Esprit », semble pouvoir agir partout et n’importe comment. Dans la Présentation, on lit en exergue : « À l’écoute de l’Esprit à l’œuvre dans le fidèle peuple de Dieu. » C’est la quintessence de l’immanentisme que saint Pie X dénonçait comme l’hérésie positive du modernisme : la prétention que Dieu se révèle dans la conscience des “ croyants ”, et non extérieurement à eux.

Dans l’Introduction, après un rappel que la « Parole révélée » contient le tout de la Révélation, il est écrit que, « dans le temps de l’Église », cet « Esprit conduit les croyants de tous les temps  à la vérité tout entière  (Jn 16, 13), de sorte que  l’intelligence de la Révélation devient de plus en plus profonde ” » ( n° 3). Il n’est pas question de la médiation de l’Église enseignante.

C’est déjà, au sens strict, de l’illuminisme protestant : chaque croyant (luthérien, pentecôtiste, témoin de Jéovah ou catholique...) sa Bible à la main, écoute ce que lui dit l’Esprit, qui le « guide dans la compréhension du mystère du Christ » ( n° 3). Cet illuminisme-là est tragiquement devenu commun dans notre Église conciliaire depuis la constitution Dei verbum du concile Vatican II. Il faut rappeler à l’encontre que Notre-­Seigneur a promis à ses Apôtres que l’autre Paraclet les introduirait dans la vérité tout entière (Jn 16, 13) et c’est à leurs successeurs qu’échoit le devoir de transmettre scrupuleusement le dépôt de la foi qui leur fut révélé, et de l’enseigner au peuple fidèle.

Sous le pontificat de François, émule de Jean-Paul II et de son prétendu Catéchisme de l’Église Catholique, cet illuminisme a pris une ampleur démesurée, notamment avec le Synode sur la synodalité : l’Esprit-Saint est supposé inspirer également tous les membres du Peuple de Dieu, qu’il faudrait donc consulter pour diriger l’Église.

ILLUMINISME : “ L’ESPRIT ”  
AGISSANT DANS LE “ PEUPLE DE DIEU ”.

Ce même illuminisme est devenu le souverain critère de discernement des phénomènes surnaturels présumés. Le Nihil obstat, qui est désormais le plus haut degré de reconnaissance, est fondé sur la constatation de « signes d’une action de l’Esprit-Saint au milieu [ 18] d’une expérience spirituelle donnée » ( n° 17). À la note 18, on lit : « L’expression  au milieu de  ne signifie pas  au moyen de  ou  à travers , mais indique que dans un contexte donné, pas nécessairement d’origine surnaturelle, l’Esprit-Saint opère de bonnes choses. »

Question : comment discernez-vous la présence de l’Esprit-Saint ? Ce n’est précisé nulle part dans ce document. Sera-ce la présence de fruits spirituels de piété, de conversion ? Le démon peut laisser faire ces bonnes choses autour de l’une de ses tromperies pour en tirer un plus grand mal ensuite, lorsqu’il dévoilera son jeu, faisant éclater un énorme scandale. L’histoire nous en donne de sombres exemples avec Madeleine de la Croix ou Nicole Tavernier, au XVIe siècle. Il y a aussi de faux voyants à qui le diable laisse faire un certain bien, celui-ci étant la caution indispensable de messages pernicieux pour l’Église, ou encore parce que c’est le moyen de détourner les Pasteurs et les fidèles de véritables apparitions et demandes célestes dont il redoute l’accomplissement : « Satan lui-même se déguise bien en ange de lumière » (2 Co 11, 14).

Alors que le Saint-Esprit, le vrai, ne peut supporter tout mensonge humain ou toute singerie diabolique. Il procède du Père et du Fils, Il demeure dans le Cœur Immaculé de Marie, c’est toujours en référence à leur œuvre qu’Il agit. À cet égard, le choix de l’expression “ au milieu de ” est une perfidie sans nom, comme si le Saint-Esprit pouvait et voulait agir n’importe où et n’importe comment.

Dans les nouvelles Normes, il est même prévu que, si l’Ordinaire du lieu constate que les prétendus fruits de l’Esprit sont en fait des fruits pourris, il doit s’efforcer de les « purifier des éléments négatifs, des éléments problématiques » (Introduction, nos 6 et 10), mais non pas interdire le culte afin de ne pas « indisposer (sic) le Peuple de Dieu » (Orientation générale, n° 19).

Selon ces nouveaux critères, les apparitions de la Gospa à Medjugorge, simulacre satanique pour détourner les fidèles de Fatima (cf. Il est ressuscité n° 212, août 2020, p. 4-24), pourraient recevoir un Nihil obstat, comme le cardinal Fernandez l’a envisagé lors de la conférence de presse du 17 mai. Oui, comme chacun sait, s’il est un lieu où “ l’Esprit ” souffle en tempête, avec une forte affluence, des quêtes abondantes, et même des chapelets et des confessions, c’est bien Medjugorge !

« Mais la Gospa dit que “ toutes les religions sont égales devant Dieu ”, lors de son apparition du 1er octobre 1981 ! » (cf. ibid., p. 12)

Qu’importe, répond le cardinal Fernandez. L’Esprit qui inspire le peuple de Dieu a parlé. Et d’ailleurs, notre Saint-Père François l’a dit aussi dans sa déclaration d’Abu Dhabi.

Avec le fallacieux prétexte de se mettre “ à l’écoute du peuple de Dieu ”, la hiérarchie ecclésiastique pourra exercer librement son arbitraire, en reconnaissant où elle le veut ces prétendus “ fruits de l’Esprit ”. Une approbation du pèlerinage de Medjugorge servirait leur pastorale et serait dans la droite ligne de leur illuminisme. Ce serait le triomphe de Satan, en lieu et place de la soumission aux volontés divines révélées à Fatima, Pontevedra et Tuy.

LA “ PASTORALE DES SANCTUAIRES ”.

Dans la constitution apostolique Predicate evangelium, sur la réforme de la Curie (2022), le Dicastère pour l’Évangélisation, qui est maintenant le plus important, avant celui pour la Doctrine de la Foi, a reçu la mission « de promouvoir une pastorale organique des Sanctuaires comme centres moteurs de l’évangélisation permanente » (art. 56 § 2).

Rappelons que “ l’évangélisation ” n’est pas à comprendre au sens strict de l’expansion de l’Église romaine par la conquête des âmes au Christ, mais au sens wojtylien de “ service du monde ”, de “ promotion de la dignité humaine ”, non sans un certain vernis évangélique, en vue d’instaurer la “ civilisation de l’amour ”.

Donc le Vatican a des vues sur les sanctuaires, qui sont les derniers centres où se réfugient la foi et la piété catholiques. Encore faut-il les rendre conformes à l’esprit de la “ Réforme synodale ” en cours. La reconnaissance de la véracité d’une intervention céleste qui s’imposerait à l’Église contredit par trop l’esprit de liberté religieuse absolue au fondement de leur “ fraternité universelle ”, surtout si le message divin appelle à la conversion, à la pénitence, et rappelle l’existence de l’Enfer et du Ciel ! Le pape François et le cardinal Fernandez suppriment donc la reconnaissance des phénomènes surnaturels. Et combien plus l’instauration de la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie dérangerait-elle leur pastorale progresso-moderniste qui tend à l’interreligion et au service du monde moderne !

« On ne se moque pas de Dieu. » (Ga 6, 7) Ils sont fous, aveuglés, dans leur révolte. Notre-Seigneur accomplira son dessein malgré eux et contre eux, leurs chimères disparaîtront, tandis que le Cœur Immaculé de Marie triomphera. Puissent-ils être encore de ce monde pour le voir et se convertir ! Mais en attendant, Notre-Dame est en grand chagrin.

PRÉPARONS LE CENTENAIRE DE PONTEVEDRA 
LES LARMES DE NOTRE MÈRE DU CIEL

Le cardinal Fernandez cite une phrase du jugement publié par les évêques de Sicile le 12 décembre 1953 concernant les pleurs de la Vierge de Syracuse, au Cœur Immaculé, phénomène miraculeux qui fut constaté cinquante-huit fois de suite pendant quatre jours, du 29 août au 1er septembre 1953. La voici : « La réalité des lacrimations ne peut être mise en doute. »

Il prétend que cette affirmation est trop catégorique, qu’elle a le tort d’obliger les fidèles à y croire, et il poursuit : « C’est pourquoi, quelques mois après, le Saint-­Office de l’époque a précisé qu’il n’a pas encore pris de décision concernant la Madonnina delle Lacrime. ” (2 octobre 1954) » Ce “ c’est pourquoi ” est une perfidie. Il donne à penser que le Saint-Office était opposé à de telles sentences. Alors que sa déclaration montre uniquement que le dicastère agissait avec une certaine lenteur.

L’Église hiérarchique avait très vite et très sagement porté son jugement grâce à une enquête exemplaire menée et organisée par l’évêque de Syracuse, Mgr Baranzini. Le tribunal ecclésiastique de cette ville, institué pour l’occasion, rassembla les dépositions de 188 témoins, et l’analyse scientifique du liquide émané des yeux de la statuette de plâtre montra qu’il était en tout semblable à des larmes humaines (chanoine Ottavio Musumeci, À Syracuse, la Madone a pleuré, Salvator, 1956, p. 86-90).

Dès le 10 septembre, Mgr Baranzini put envoyer une première relation des faits au cardinal Pizzardo, secrétaire du Saint-Office. Puis le 24 septembre, il se rendit à Rome. Il y rencontra le cardinal Pizzardo et Mgr Ottaviani, prosecrétaire du Saint-Office. Le 27, il fut reçu par le pape Pie XII. Le 7 octobre, il nomma une commission médicale pour étudier les témoignages relatifs aux guérisons prodigieuses, environ trois cents furent signalées jusqu’à la mi-novembre.

Enfin, le 12 décembre, un peu plus de trois mois après l’événement, l’épiscopat sicilien réuni autour du cardinal Ruffini donna son jugement dans un communiqué officiel. Le cardinal exposa cette décision dans un radiomessage :

« On a vu la Madone pleurer durant quatre jours, les 29, 30, 31 août et 1er septembre ; et elle a pleuré avec une telle abondance que ces larmes ont imprégné de nombreux flocons d’ouate et qu’elles ont pu faire l’objet d’expertises scientifiques.

« Les évêques de Sicile, dans leur réunion à Baghéria, dans la villa San Cataldo, après avoir attentivement examiné les nombreuses dépositions sous serment de témoins au-dessus de tout soupçon et pris acte des résultats positifs des analyses chimiques diligentes auxquelles ont été soumises les larmes prélevées sur la sainte image, ont émis à l’unanimité le jugement qu’on ne peut mettre en doute la réalité des faits.

« Ils ont, en conséquence, exprimé le vœu qu’une si miséricordieuse manifestation de notre Mère du Ciel provoque toute la population à une salutaire pénitence et à une dévotion plus vive envers le Cœur Immaculé de Marie, souhaitant que soit construit sans tarder un sanctuaire qui perpétuera le souvenir du prodige. »

De surcroît, le 9 mai 1954, lors de la bénédiction de la première pierre du sanctuaire, le cardinal Ruffini prononça un émouvant discours : « Tous se demandent pourquoi la très Sainte Vierge a pleuré ainsi pendant quatre longues journées. Si nous nous rappelons les célèbres apparitions de Lourdes et de Fatima, la réponse est facile. Elle a pleuré en Sicile, à Syracuse, parce qu’ici ses larmes ne devaient pas couler en vain ; parce que, ici, une multitude d’âmes s’efforceraient de la consoler et de faire qu’on la console. »

De plus, à l’occasion d’un Congrès marial en Sicile, Pie XII se prononça sur les larmes miraculeuses de la Vierge de Syracuse, le 17 octobre 1954, quinze jours après la déclaration du Saint-Office mentionnée par Fernandez. Dans un message diffusé à la radio, le Souverain Pontife déclara : « Ce n’est pas sans une vive émotion que nous avons pris connaissance de la déclaration unanime de l’épiscopat de Sicile sur la réalité de cet événement. Les hommes comprendront-ils le mystérieux langage des larmes de Marie ? » Et d’expliquer : « Marie se nourrit toujours d’amour et de pitié pour le genre humain, à qui elle a été donnée comme Mère. »

Il n’est pas anodin que le cardinal Fernandez, qui fait obstacle à la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie par ses nouvelles Normes, s’en prenne à ce miracle de Syracuse, où Notre-Dame a manifesté son angoisse et sa peine.

Si elle a réellement et physiquement pleuré en Italie, en 1953, c’est en raison d’un mystère d’iniquité : trompé par des prélats indignes, – Mgr Jean-Baptiste Montini était encore substitut –, Pie XII venait une nouvelle fois de refuser de consacrer la Russie à son Cœur Immaculé et d’approuver la dévotion réparatrice. Et ce mystère d’iniquité est encore à l’œuvre aujourd’hui : si l’Immaculée pleure en cette année 2024, c’est parce que cette dévotion n’est toujours pas approuvée et recommandée par le Saint-Père.

L’abbé Ricardo Figueiredo, jeune théologien portugais, a montré récemment que la vénérable sœur Lucie a pratiqué la vertu de force, à un degré héroïque, quand elle a rempli sa mission de messagère de l’Immaculée, et particulièrement lorsqu’elle fit connaître, malgré tous les obstacles rencontrés, les révélations de Pontevedra à ses supérieurs et directeurs (Memoriæ, Carmelo de Coimbra, 2022, p. 29-34). Mettons-nous à son école pour préparer le centenaire des apparitions de Pontevedra, en propageant la dévotion réparatrice dans nos Cercles CRC, nos familles, nos paroisses et nos facultés.

Elle qui disait : « Pour consoler ma chère Mère du ciel, je serai contente de boire jusqu’à la dernière goutte le calice le plus amer. »

frère François de Marie des Anges.