6 NOVEMBRE 2016

Au Ciel, nos corps seront transfigurés

Couronnement de la Vierge, entourée par les neuf chœurs des anges nord de l'Allemagne, vers 1470

LE texte évangélique de ce 32e dimanche du temps ordinaire nous montre Notre Seigneur en proie à l’incrédulité des sadducéens qui refusent de croire en la résurrection des morts. Il affirme que ceux qui auront été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts seront semblables aux Anges. Qu’est-ce que cela signifie ? Comment nos corps charnels et matériels pourront-ils devenir resplendissants de la gloire de Dieu ?

Saint Paul, dans l’Épître aux Corinthiens, dit que nos corps sont le temple du Saint-Esprit. Il le dit précisément dans un endroit où il évoque la chasteté, la pureté, la dignité de nos corps, il veut que nous soyons dignes dans notre conduite parce que nos corps sont la demeure du Saint-Esprit et la demeure de Dieu.

Cela nous révèle que Dieu ne veut pas perdre pour l’éternité ce corps, revêtu de sa splendeur, qu’il a créé. Ce corps humain a été conservé de génération en génération dans une certaine perfection, une certaine noblesse pour devenir celui du Fils de Dieu fait homme dans le sein de la Vierge Marie. Et Jésus savait très bien que par son corps, on aimerait son âme, on atteindrait son cœur.

Dieu ayant créé ce corps d’homme pour son Fils, il a voulu aussi garder ce corps magnifique pour le Ciel. Il savait bien que ceux qui l’auraient connu dans son corps – la Vierge Marie en tout premier lieu – aimeraient retrouver son visage pour l’embrasser, le tenir dans leurs bras, se rendre compte qu’il existe, qu’il est bien vivant et qu’il nous est donné à aimer, à glorifier pour l’éternité. Voilà ce que Jésus a fait pour son propre corps !

Jésus a dit à saint Thomas : « Thomas, tu crois parce que tu as mis tes doigts dans mes plaies, ta main dans mon côté, mais bienheureux ceux qui auront cru sans avoir vu ! » C’est-à-dire bienheureuse cette foule innombrable dont nous sommes qui n’a jamais vu Jésus dans son Corps, sinon dans la Sainte Hostie. C’est cette forme humaine que Notre Seigneur conserve dans le Ciel pour se donner à nous parce que nous l’aurons bien mérité, si toutefois nous sommes admis à entrer au Ciel.

À la Vierge Marie, Dieu a donné un corps de femme qui est une merveille. Le corps de l’Immaculée est une vraie splendeur ! Il est impossible que ce corps resplendissant de la grâce de Dieu ai pu être rejeté pour se corrompre dans le tombeau !

Un être vicieux s’en va au tombeau et s’il ressuscite, ce sera pour aller en enfer. Mais pour le corps de la Sainte Vierge, l’Église a toujours compris et enseigné qu’il était si beau, si pur, qu’il appartenait tellement à Dieu – après avoir enfanté Jésus, l’avoir tenu sur ses genoux, embrassé, tenu vivant dans ses bras, puis mort à la descente de la croix – ce corps étant saint, devait monter au Ciel. Jésus a voulu cela pour que nous soyons aidés à garder nos corps chastes, pour avoir le bonheur d’embrasser la Vierge Marie quand nous arriverons là-haut, comme ses enfants, ses intimes. Nous serons ravis de voir son corps virginal reflétant la sainteté de son âme.

Ma conclusion sera de dire que les âmes vicieuses ne désirent pas aller au Ciel parce qu’elles n’ont rien en elles qui leur en donnent l’appétit. Comme un malade à qui l’on montre un grand repas, mais qui n’a pas faim. Il faut être pur ici-bas, pour désirer aller voir la Sainte Vierge au Ciel...

Donc ceux qui se dégagent de toutes leurs passions et qui ont déjà sur la terre des amours chastes, spirituelles, des amours pleines de bonté, qui aiment être ensemble, entre amis, entre époux jusqu’à un âge avancé espèrent se revoir au Ciel. Demandez donc à ces personnes : « Vous allez vous ennuyer au Ciel ? – Moi, m’ennuyer ? Mais si je suis avec ma femme, si je suis avec mon mari, si je retrouve mon enfant que j’ai perdu dans un accident d’auto, jamais je ne m’ennuierai ! » C’est une grâce de comprendre qu’au Ciel nous ne nous ennuierons jamais parce que nous serons ensemble auprès de Jésus et de Marie et de tous ceux que nous aurons aimés sur la terre.

Le Ciel sera une contemplation, une conversation infatigable. Quand on a compris cela, on commence à désirer le Ciel pour être avec Jésus et Marie, avec tous ceux que nous avons perdus pour les voir, les embrasser, les écouter, chanter leur gloire. C’est ce qui nous est promis. Cela dépasse tout ce qu’on peut connaître sur terre, mais ressemble à ce qu’on y a connu. Pour peu qu’on soit chaste, plein d’affection les uns pour les autres, c’est le Ciel qui commence sur la terre !

Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 18 août 1988