22 novembre 2020

Oraison cordiale
sur le mystère de l’Annonciation

Ô mon Dieu, en ce quatrième dimanche de l’Avent où l’Église nous demande de méditer sur la scène de l’ANNONCIATION, je n’ai rien à faire d’autre que d’entrer en pensée dans la maison où habite la Sainte Vierge Marie, à l’heure de midi, et ainsi de voir, goûter, toucher tous les éléments de cette scène afin de m’instruire de ce mystère, ce que je fais trois fois par jour autant qu’il m’est possible, en récitant l’Angélus.

« Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie. Il entra chez elle et lui dit : “ réjouissez-vous, comblée de grâce, le Seigneur est avec vous. À ces mots elle fut bouleversée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation.

« Mais l’ange lui dit : “ Soyez sans crainte, Marie ; car vous avez trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que vous concevrez et enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, et on l’appellera Fils du Très Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il règnera sur la maison de Jacob à jamais et son règne n’aura point de fin. 

« Marie dit à l’ange :  Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ? L’ange lui répondit :  L’Esprit-Saint viendra sur vous, et la puissance du Très Haut vous prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’enfant sera saint et sera appelé Fils de Dieu.

« Et voici qu’Élisabeth, votre parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils en sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait la stérile ; car rien n’est impossible à Dieu. 

« Marie dit alors :  Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole !  Et l’ange la quitta. »

Ô Esprit Saint, éclairez mon intelligence et embrasez mon cœur pour méditer un si grand mystère.

J’entre doucement, humblement dans la chambre de la Vierge Marie où elle est en prière, pour voir cette sainte Enfant prier pour le salut d’Israël et la délivrance de toutes les nations. Je la vois en prière très humble et cependant très fervente. J’entends le silence à peine peuplé par des chants d’oiseaux, je goûte la tranquillité de cette heure qui fait si fort contraste avec les cris du monde méchant. Très respectueusement je baise le sol de cette sainte maison, n’osant pas m’approcher pour baiser les pieds de cette sainte Mère. Je m’emplis le cœur et l’esprit des perfections de cette Vierge très pure. Je suis ravi d’admiration et d’amour pour elle. C’est elle qui attire sur la terre la miséricorde de Dieu, c’est elle qui hâte, pour ainsi dire, déjà l’heure du salut du monde.

J’imagine l’Ange fendant l’espace, entrant dans cette maison, s’inclinant profondément devant l’humble enfant de Nazareth. J’assiste à cette scène étonnante et je scrute chaque parole du dialogue. J’imagine chaque geste. Je goûte l’humilité parfaite et la pureté sans tache de cette Vierge immaculée.

Sa pureté parfaite : elle a le courage d’objecter son vœu de virginité, osant dire non à Dieu par fidélité à Dieu.

Son humilité parfaite : elle répond qu’elle est la servante de Dieu au même moment où elle est la Mère de Dieu et la Reine de l’univers.

Je comprends le choix divin, la sollicitude de Dieu pour la Vierge Marie. J’admire infiniment cette créature bénie plus que toute autre créature, excepté la sainte Humanité de JÉSUS, et je m’attache à elle, confiant dans son intercession toute puissante, désirant de l’imiter autant qu’il m’est possible, et tout réjoui de sa sainte amitié.

Et le Verbe s’est fait Chair, et il a habité parmi nous. Je vois, j’entends, je savoure cette présence immédiate et déjà parfaite de la Personne du Fils de Dieu, devenu Fils de Marie dans son sein. Je vois dans ses entrailles virginales cette cellule nouvelle habitée par l’Âme humaine de JÉSUS, que Dieu vient de se créer, de se donner, constituant cet homme complet qui est la manifestation, la présence de la Personne divine dans les entrailles de cette Vierge. Ainsi Dieu habite dans ce ventre béni et rayonne son Esprit Saint dans tout cet être exceptionnel, embrasant son cœur, illuminant son intelligence, et réjouissant ses membres d’une jouissance toute pure.

La voici couronnée de gloire, d’honneur et de majesté. La voici ravie dans cette union, ce colloque intime avec son Fils qui est aussi Fils de Dieu. Et parce qu’il m’est donné d’assister à un si grand mystère, moi aussi je participe à cette joie toute pure et pourtant corporelle, à cet embrasement du cœur qui m’attache à JÉSUS et à Marie dans cette Incarnation. JÉSUS veut recevoir d’elle son humanité, lui donnant en échange participation à sa divinité.

Je quitte cette sainte maison après avoir fait ma révérence à cette Reine, cette Mère, cette Vierge très sainte, et je repars pour mener ma vie avec plus de pureté, plus d’humilité, plus de charité afin de me rendre moins indigne de vivre en la présence de JÉSUS et de Marie.

Abbé Georges de Nantes
Extraits de l’oraison du 25 mars 1982