18 NOVEMBRE 2020
La geste divine du Christ-Roi
AU temps du culte de l’homme et de sa liberté, au temps de l’abomination de la désolation érigée en lieu et place du Christ-Roi, crucifié une seconde fois dans le Saint des saints, à Rome même ! notre vocation nous paraît être d’entrer dans le saisissant mystère du Roi pauvre, humilié, abandonné des siens, livré aux puissances des ténèbres, du Roi martyr qui est Roi de France et Roi du monde à venir.
Il suffit, pour s’en convaincre, de repasser ce que notre Père appelle « le grand film du Christ-Roi » que déroule l’histoire de l’Église et du monde. Et d’abord, de son vivant sur la terre, le Christ, Roi d’Israël, a prédit le châtiment de Jérusalem dans de nombreuses paraboles, comme celle des vignerons homicides, et finalement dans un discours annonçant avec précision les horreurs du siège et la destruction finale du Temple dont il ne resterait plus pierre sur pierre. À la lumière de la prophétie, la communauté de Jérusalem dressa parfaitement la chronologie des événements, et quitta Jérusalem juste à temps, avant que se referme la souricière sur le peuple réprouvé... au temps marqué, quarante ans après la prophétie. Et le Temple ne fut jamais reconstruit.
Ensuite, Notre-Seigneur avait annoncé la prédication de l’Évangile à toutes les nations, avec tant de calme assurance, comme une chose si certaine que, tout s’étant accompli comme il l’avait dit, nous voyons bien qu’Il est le Maître de l’histoire. Les Apôtres, appuyés par des miracles, des inspirations du Ciel, ont ouvert son royaume aux païens qui sont entrés aussitôt en foule.
Notre-Seigneur avait dit que cela ne se ferait pas sans persécutions. Il y en eut donc, avec sa permission. D’abord juives, puis romaines, elles furent endémiques pendant près de trois siècles, avec des temps de recrudescence, si bien qu’on en compte dix depuis Néron jusqu’à Dioclétien en 303.
Et pourtant, l’Église a tenu, c’est l’Empire qui céda finalement, avec Constantin, en 313, par qui le Christ enfin régna : « Christus vincit ! Christus regnat ! Christus imperat ! »
Le démon enchaîné, vaincu dans le Ciel par Michel et ses armées, vaincu sur la terre par le Christ et ses martyrs, a été pour mille ans empêché de nuire. C’est de ce temps que parlait saint Paul en évoquant « l’obstacle » mystérieux qui empêcherait l’Antichrist de paraître, laissant l’Église régner sans conteste sur le monde civilisé, et conquérir les barbares, pourchasser les fausses religions et les hérésies, restaurant l’unité et la sainteté dans l’humanité.
Les martyrs et les saints deviennent, en ce temps-là, comme les princes et gouverneurs du monde avec le Christ-Roi, par leur présence et leur protection sur l’Église de la terre. Durant ces mille ans, les Apôtres Pierre et Paul ne cessèrent de se faire les témoins du Christ-Roi auprès des juifs incrédules.
Mais le peuple juif est demeuré fermé à leur témoignage et, dispersé parmi les nations, jusqu’au jour où la foi des chrétiens eux-mêmes se lasse. Je parle à l’indicatif présent, parce que nous y sommes ! Cela ne devrait pas nous étonner, car saint Jean nous en avait avertis dans son Apocalypse, ainsi que saint Paul dans son Épître à Timothée : un temps viendrait où les nations chrétiennes elles-mêmes ne voudraient plus du règne du Christ sur elles, par un reniement aussi perfide que celui des juifs. Ce temps a commencé avec la révolte de Luther contre l’ordre catholique, lui substituant une oppression politique et idéologique semblable à celle que l’Empire romain fit peser sur l’Église des premiers siècles.
De cette apostasie des derniers temps, qu’il nous est donné de vivre, saint Jean fournit l’exacte description dans l’Apocalypse. Mais elle n’aura qu’un temps : qu’est-ce que quarante ans au regard de vingt siècles de règne incontesté du Christ-Roi ? Mais aux « saints » poursuivis, persécutés, vaincus, elle paraît ne devoir jamais finir. Eh bien ! Notre-Dame de Fatima est venue soutenir « la constance des saints » en rappelant à trois enfants du Portugal le contenu de ces prophéties que les sages et les savants exégètes ne comprennent pas ! Avec une modification touchant le renversement des sorts final...
Le 13 juillet 1917, Notre-Dame a montré à Lucie, François et Jacinthe l’enfer où règne le Dragon ; Elle leur a ensuite annoncé que la première Bête surgirait de la Russie qui répandrait ses « erreurs » jusque dans l’Église, dans nos nations catholiques, dans nos familles. Conformément à la prophétie de l’Apocalypse, cet Esprit de mensonge et de perfidie, dissimulé sous les voiles du catholicisme, a entrepris de mettre la religion au service de la Puissance ennemie, mettant l’humanité en grand danger de terribles châtiments et de damnation éternelle.
« Pour empêcher cela, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé », révèle alors Notre-Dame. Pour comprendre, il faut déjà aimer le Cœur Immaculé de Marie, il faut goûter l’innocence du Cœur de Marie, comme Jésus l’aime au point de pardonner, encore une fois et suprêmement, au monde rebelle. Telle est notre vocation, mes bien chers frères, mes sœurs. Parce que tel est le secret de notre Roi tout-puissant et miséricordieux.
L’apostasie où nous sommes n’aura qu’un temps. C’est par le Cœur Immaculé de Marie qu’elle cessera. Nous verrons alors le règne universel du Très Saint Cœur de Jésus et de Marie pour lequel tant et tant de saints, de familles chrétiennes ont prié, ont récité le Rosaire. Nous n’avons qu’à nous joindre à eux. Quelle belle vocation que la nôtre !
Frère Bruno de Jésus-Marie
Extraits du sermon du 9 février 2003