1er Mars 2020

Un Carême cœur à cœur
avec Notre-Dame de Fatima

NOUS sommes dans un monde tellement engagé dans le mal que nous ne pouvons faire ce Carême sans demander au Bon Dieu la force de résister aux mauvais exemples, à l’entraînement général. Il est clair que nous sommes comme dans le désert, perpétuellement agressés par les influences du monde, notre vie surnaturelle étant toujours menacée.

C’est pourquoi il m’est apparu qu’il y avait une manière de faire appel à Notre Dame de Fatima pendant ce Carême pour résister « à cette désorientation diabolique » dont sœur Lucie parlait si souvent pour nous en prémunir. L’enchaînement des trois parties du message de Notre-Dame domine le monde depuis 1917, il doit nous inspirer les efforts à consentir.

PREMIÈRE RÉVÉLATION, DE L’ENFER SUR LA TERRE.

« Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. » Et Notre Dame ajoute : « Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix. » Mais nous savons bien qu’on n’a pas encore fait, cent ans après, ce qu’Elle a demandé et n’a cessé de rappeler par sa petite messagère.

Dans mon désarroi, j’ai pris au sérieux ces paroles sévères et pourtant compatissantes et j’ai compris leur sens obvie : « ces hommes en masses qui marchent à l’enfer », selon le mot de saint Ignace... Eh bien ! où sont-ils, ces « pauvres pécheurs » dont les âmes vont en enfer ? Ils sont parmi nous : ils vivent sur la terre, ils meurent et, parce que personne ne prie pour eux, ils tombent en enfer.

J’ai donné à ces paroles de la Vierge leur sens plénier. Et j’ai osé voir notre société actuelle avec les yeux de ma Mère céleste : tout partout, autour de nous, dans ce monde d’un athéisme agressif, d’un laïcisme ravageur où s’étale une propagande obsessionnelle contre toutes vertus, en faveur de tous les crimes – ces gens qui s’affichent dans le mal, ennemis déclarés de Dieu et de son Église, ce sont eux, les « pauvres pécheurs » que plaint doucement la Sainte Vierge, parce qu’ils sont ces damnés de demain qui, dès aujourd’hui, ici près de nous, vont en enfer.

Et comme l’on n’a rien fait des demandes de la Vierge Marie pour sauver ces âmes qui se perdent, alors, c’est clair, le monde que nous côtoyons en est plein, et surtout ceux qui le dirigent sont ces damnés qui vont en enfer, et bientôt y tomberont.

« Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles », disait encore Notre-Dame aux enfants de Fatima, lors de son apparition du 19 août... Or, cent ans plus tard, croyez-vous que l’on prie mieux et qu’on se sacrifie davantage pour les pauvres pécheurs ? dont les âmes vont en enfer ? Bien au contraire.

Alors, ces multitudes de politiciens, d’artistes de cinéma, de tueurs, de corrupteurs, de financiers rapaces ; ces foules idolâtres, fanatiques, enivrées de toutes sortes de vices. Et surtout les puissants, les riches, les grands responsables de l’apostasie des masses, et des révolutions et des haines, sont donc les futurs habitants de l’enfer ? « Nous vîmes comme un océan de feu. Et plongés dans ce feu, nous voyions les démons et les âmes... »

Entre tous ces gens, qui se perdent sans que personne les tire de leur état damnable, et les flammes de l’enfer, si proche, comme un arrière-fond de scène, il n’y a que le rideau léger de la mort. Là où sont leurs pères, ils iront. Mais là où ils sont, nous sommes encore mêlés à eux, nous en subissons l’influence. Ah ! mon Dieu, qu’ils ne nous entraînent pas !

Nous vivons, comme aux jours de Noé, dans l’attente du Jugement à venir, et pour obéir à la Sainte Vierge, nous voulons beaucoup prier, réparer, expier pour toutes les âmes perdues qui nous entourent et nous étouffent, faisant étalage de leur incrédulité et de tous les vices.

L’enfer est déjà parmi nous, insolent, insultant, persécuteur, défiant Dieu, en de nombreux lieux, en des multitudes d’âmes. Et Dieu regarde, attristé, ce monde déjà damné, pour lequel le Christ n’a pas prié.

Puisque beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui prie et se sacrifie pour elles, soyons, durant ce carême, du nombre de ces âmes, prédestinées, offertes en victimes d’amour et de miséricorde, pour consoler le Cœur Immaculé de Marie et répondre à son si émouvant appel : « Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les peines qu’il lui plaira de vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est lui-même offensé et en acte de supplication pour la conversion des pauvres pécheurs ? »

DEUXIÈME RÉVÉLATION, DU PURGATOIRE ICI-BAS.

Après cette révélation si pénible, mais utile ! sur les damnés qui peuplent nos cités, en voici une autre, tout à fait singulière ! qui concerne nos affaires terrestres. Ce n’est point déjà l’enfer, mais c’est au moins notre terre changée en purgatoire !

« Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. » Évidemment, hélas ! on n’en fit rien. Conférences d’actualités faciles à faire, en suivant notre céleste historienne.

Notre Dame poursuit son récit prophétique selon la pure logique de l’orthodromie divine. Point de conversion ? Aggravation des châtiments, éducatifs plutôt que vindicatifs : « Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties... » Et depuis lors nous assistons à la chute du monde dans l’américanisme des uns, ploutocratique, libéral, anticatholique, enfin catastrophique, et le communisme des autres passant son marxisme-léninisme à tous les damnés de la terre pour faire flamber la révolution, bouddhique, islamiste, raciste, tout plutôt que l’obéissance à Dieu ! La terre flambe comme un purgatoire. C’est cet incendie que nous montre.

UN MONDE EN FEU, UNE ÉGLISE EN RUINE, UN SAINT-PÈRE VACILLANT.

« Nous vîmes à gauche de Notre-Dame, un peu plus haut, un Ange avec une épée de feu à la main gauche ; elle scintillait, émettait des flammes qui paraissaient devoir incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de l’éclat que, de sa main droite, Notre Dame faisait jaillir vers lui : l’Ange désignant la terre de sa main droite, dit d’une voix forte : “ Pénitence, pénitence, pénitence ! ” »

Et le Saint-Père ? priez beaucoup pour le Saint-Père ne cessait de répéter sœur Lucie de Fatima... La vision du troisième secret nous le montre vacillant, sortant d’une ville à moitié en ruine et mis à mort au pied d’une croix.

Jacinthe l’a vu, quant à elle, dans une grande maison abandonnée, insulté par les gens du monde, et pleurant devant une image du Cœur Immaculé, comme jadis saint Pierre lui-même pleurant devant la Vierge Marie au Cénacle...

La prière et les sacrifices aux intentions de notre Saint-Père doivent être notre obsession durant ce carême, car il est soumis à de très fortes pressions de la part des lobbies qui contrôlent l’Église... La Sainte Vierge ne demande qu’à venir à son aide. Nous savons que le Saint-Père, lui ou un autre, obéira finalement aux demandes de Notre-Dame de Fatima et qu’alors, c’en sera fini des épreuves et que triomphera le Cœur Immaculé de Marie... Que cette certitude absolue, inconditionnelle de la Victoire de la vérité sur l’erreur, du bien sur le mal nous encourage, durant ce carême, à être des généreux auxiliaires du Cœur Immaculé de Marie.

Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 1er mars 1995 et de la CRC n° 309, janvier 1995, p. 34-35