22 SEPTEMBRE 2024

Le livre de la Sagesse 
annonce le mystère de la Rédemption

EN ce 25e dimanche du temps ordinaire, l’Église nous donne à méditer le chapitre 2e du Livre de la Sagesse. Ce livre de l’Ancien-Testament est une révélation absolument saisissante du mystère de la Rédemption. Nous y voyons comment les méchants persécutent le juste, le poussent à bout pour voir s’il est vraiment Fils de Dieu. Alors, on le torture, on le persécute, on va jusqu’à le mettre à mort, pour voir s’il va avoir la constance, la patience, signe de la miséricorde divine.

Les prophètes Isaïe et Jérémie avaient annoncé que le Messie porterait toutes les conséquences du péché, en endurant sur son propre dos, sur son propre visage les effets de la malice, de la méchanceté, de la dureté du cœur des hommes. Il serait frappé, bafoué, calomnié, persécuté. Voilà comment devait se faire cette Rédemption. Ces prophéties incomparables, saint Joseph les avait lues, méditées. Il en vivait.

Telle était sa méditation à Nazareth lorsqu’il souffrait tous les effets de la malice des hommes. Ainsi, quand on ne le payait pas, quand on lui reprochait avec des insultes d’avoir mal travaillé alors qu’il avait bien travaillé, quand on le jalousait, quand on le maltraitait et quand il voyait sa sainte épouse méprisée, quand il voyait le petit Enfant Jésus revenir de l’école avec des bleus et des blessures parce que les camarades avaient été méchants avec lui, la Vierge Marie et saint Joseph entraient dans ce mystère de la Rédemption en pardonnant, en acceptant ces souffrances et en les unissant comme par avance aux souffrances de ce Jésus qu’ils avaient parmi eux.

Là, je crois que nous avons atteint à la sublimité de la sainteté de l’Ancien Testament et même du monde païen. Nous n’avons qu’à appliquer ce qui est dit dans le Livre de la Sagesse à saint Joseph et à la Vierge Marie dans leur vie de Nazareth. Non seulement à Jésus, Marie et Joseph, mais aux saints de l’Ancien Testament comme les prophètes qui ont été persécutés.

Et combien de païens nous ont donné un exemple semblable ! Et là, nous devinons combien la grâce de Dieu annonce Jésus-Christ et inspire à tous les êtres humains, s’ils sont fidèles à l’inspiration de Dieu, le support des injures, des souffrances, l’acceptation des humiliations, des peines dans un pardon qui configure l’homme à Jésus-Christ.

Alors, je pense que nous pouvons beaucoup méditer la vie de la Sainte Famille à Nazareth comme une vie de douleur, d’épreuve, de souffrance due à la malice des hommes, ou à leur indifférence, à leur mépris et à leur égoïsme.

C’est précisément une situation christique, une situation de Rédemption. Quand on espère le salut de Dieu par sa Miséricorde, on opère déjà dans sa vie les œuvres de Miséricorde. Nous voyons saint Joseph, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus commencer leur œuvre de Rédemption par le pardon des injures. Et dans leur existence dramatique, l’amour est un amour souffrant, un amour qui préfère la voie de la souffrance parce que c’est un amour racheté et rédempteur.

Voyant nos saints parents vivre ainsi une vie toute de douceur, d’humilité, d’abnégation, d’abjection, anticipant sur le mystère rédempteur de la Croix, il nous paraît plus facile à nous, dans notre propre vie de donner à notre vie cette forme des Béatitudes : Bienheureux les pauvres, bienheureux les pacifiques, bienheureux les purs, bienheureux ceux qui sont persécutés, bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, parce que nous voyons bien, mais nous, avec la facilité d’une pleine révélation, que c’est cela qui nous configure au Christ et nous mérite le salut.

Donc, prions saint Joseph, homme juste et bon, aimant pardonner les injures, plein de miséricorde et plein de soumission, de nous donner les mêmes vertus qui ont brillé dans son cœur et dans celui de la Vierge Marie, et éminemment dans celui de Jésus, afin que nous aussi, nous vivions selon la vie de Nazareth le mystère de la Rédemption et méritions le salut de Dieu pour une multitude d’âmes.

Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 3 mai 1979