Prêtres catholiques

IN MEMORIAM

LES BONS PRÊTRES DU DIOCÈSE DE TROYES

Nous n’oublierons pas dans nos prières ces prêtres du diocèse dont le malheur des temps fait que nous ne pouvons révéler l'amitié qu'après leur retour à Dieu, libérateur.

Le chanoine Moreau, chancelier de l’évêché de Troyes, a vécu et est mort dans des dispositions de constante amitié à l'égard de notre Père, depuis notre arrivée dans le diocèse.

À Troyes encore, l'abbé Muller, professeur de lettres au collège Saint-Bernard : même pensée, même cœur, avec la timidité d'un enfant et la patience d'un saint.

Au sujet de l’abbé Louis Velut, je laisserai parler notre secrétaire général, son ami :

« Il y a quelques mois, je lui rendis visite. Je le rencontrai dans le modeste bureau de l'école qu'il avait fondée et qui lui tenait tant à cœur. Quel bonheur, quelle joie que nos retrouvailles ! Il m'ouvrit son cœur : lassitude, tristesse devant la situation actuelle de l'Église... Avec la plus grande franchise, il m'avoua être fatigué, découragé de ce qu'il voyait de près : tel ancien jeune que j'avais bien connu, devenu prêtre, très progressiste, ayant toutes ses entrées à l'évêché et influant sur bien des décisions importantes...

« Puis, brusquement, il me regarda droit dans les yeux et me demanda : “ Es-tu toujours chez de Nantes ? ” À ma réponse, dans le plus beau et le plus malicieux des sourires, il s'empressa d'ajouter : “ Tu as raison. Restes-y... ! ” II avait souhaité que nous puissions nous revoir pour parler plus longuement, sans trop tarder... Il vient de mourir. Pour ses obsèques, la foule se pressait dans l'immense cathédrale comme aux plus beaux jours de notre jeunesse. (…)

L’abbé Grossin, curé de Rigny le Ferron était aussi de ces prêtres sur les épaules desquels repose l’Église réelle. Dans sa belle église champenoise, accueillante et bien tenue dans son ordonnance traditionnelle jalousement conservée, il fut ministre de la grâce et de la piété au grand bonheur des anciens paroissiens de notre Père, et pour la plus grande consolation de nos frères et de nos sœurs qui venaient à lui de temps en temps pour se confesser. Comme son ami, l’abbé Hruby, il rendit lui aussi rendit un beau témoignage, n’hésitant pas à prendre la défense de notre Père devant Mgr Daucourt. Il fit preuve ainsi de cette respectueuse, mais ferme indépendance qui fait honneur à l’obéissance et à la charité catholiques. (…)

LA CHARITÉ DE L’ÉGLISE POUR SES ENFANTS PERSÉCUTÉS

Parmi les belles amitiés sacerdotales que notre Père a rencontrées, il en est une dont on ne parlait jamais, c’était celle de L’ABBÉ HENRI BLANC, curé de Givry dans le diocèse de Sens. Depuis le 25 août 1966, notre Père était “ suspens a divinis ” dans le diocèse de Troyes, pour avoir rendu publique la “ Lettre au cardinal Ottaviani ”, lettre introductoire d’instance, par laquelle il demandait au Saint-Office l’examen de ses critiques à l’égard du concile Vatican II. Cette sanction, pour inique qu’elle ait été, interdisait à notre Père de célébrer la Messe dans le diocèse, et il voulut s’y soumettre pour ne pas attirer l’attention sur sa personne au moment où il traitait avec Rome des affaires les plus importantes pour la vie de l’Église.

Nous assistions donc à la messe célébrée par le curé de la paroisse de Saint-Parres, mais comme des égarés, quatre malheureux égarés autour du « nouveau Luther du vingtième siècle ». Après plusieurs mois de tristes messes et de méchants sermons, Noël s’annonçait plus triste encore, quand nous apprîmes qu’un curé du diocèse voisin offrait à notre Père l’une de ses paroisses pour y célébrer la messe de Minuit avec ses frères et leurs amis proches. C’était l’abbé Blanc. (…)

C’était un prêtre de grand bon sens, curieux de tout ce qui touchait la gent ecclésiastique, et portant sur chacun un jugement documenté, car il recevait toutes les revues diocésaines ! Mais derrière le “ documentaliste ” se cachait un très grand cœur, c’est pourquoi il fut très sensible à l’injustice qui était faite à notre Père et voulut la réparer pour ce qui dépendait de lui. (…)

Nous eûmes sa visite, une dernière fois, le 15 décembre dernier où il célébra la messe de l’octave de l’Immaculée Conception, nous redit son amitié pour notre Père, son admiration pour le “ grand théologien ” qu’il est. Avant de nous quitter, il eut cette ultime recommandation : « Aimez la Sainte Vierge, aimez la Sainte Vierge. »

Elle vint le chercher le 24 juillet 2008. Nous apprîmes sa mort, avec tristesse, car c’était un ami discret mais un véritable ami. (…) (Cf. Il est ressuscité ! n° 74, octobre 2008, p. 32)

* * *

L'ABBE GAULT, curé de la cathédrale d'Angoulême, est allé chanter au Ciel les Laudes du Christ-Roi. Il vint un jour visiter la Maison Saint-Joseph, pour voir de ses yeux l'homme qui troublait le sommeil de son évêque. Il fut conquis et, de ce jour, ne cessa de prodiguer les marques de son dévouement sacerdotal à notre cercle d’Angoulême, comme un père. Il disait : « Ce sont mes meilleurs paroissiens. »

L'ABBE GUILLOUX, curé de Paulx, au diocèse de Nantes, rude Vendéen, tendre dévot de Notre-Dame, était aussi un merveilleux ami, et il ne s'en cachait même pas. Un jour, il se fit gloire, dans son bulletin paroissial, d'avoir hébergé la petite foule de l'un de nos camps dans son église, bravant la critique sous le titre : “ Bien faire et laisser dire ”.

L'ABBE BAUDU, curé de Vailly, qui n'avait pas hésité à rejoindre notre camp pour confesser les enfants trois heures durant, tandis que son évêque avait interdit au chapelain de Notre-Dame des Enfants de nous confesser, prétendant que les frères étaient “ excommuniés ”... Et LE CURÉ DE PLACÉ, et combien d'autres ! Ce sont là nos pères et nos frères dans la foi et la charité de l'Église, aujourd'hui endormis dans les bras de la sainte espérance.

Tous ces fidèles serviteurs du Christ sont désormais entrés dans la joie de leur Maître en récompense de leur fidélité. Dans la gloire et la béatitude du Ciel qu’ils nous gardent leur affection et nous viennent en aide…

Extraits de la CRC n° 287, décembre 1992, p. 30-31

  • CRC tome 24, n° 287, décembre 1992, p. 30-31
  • Il est ressuscité ! n° 74, octobre 2008, p. 32