La barque de saint Pierre
UN article du 14 octobre 1991 parut dans le Newsweek rapportait une découverte archéologique confortant une nouvelle fois la véracité des Évangiles. Ce sont les restes d’une embarcation de 7,9 mètres par 2,2 mètres avec deux larges ponts à l’avant et à l’arrière. Retrouvé dans la vase du lac de Tibériade près de Magdala (ville nommée aussi Tarichées et Migdal) et daté au radiocarbone du premier siècle de notre ère, ce bateau témoigne de deux faits rapportés dans les Évangiles : la tempête apaisée et le châtiment du peuple juif.
En effet, une pointe de flèche (d’un modèle utilisé par des mercenaires romains) fichée à l’intérieur du bateau permet de se rapporter aux faits racontés par l’historien juif Flavius Josèphe décrivant la révolte de son peuple contre les Romains en 67 après J-C. Les Juifs de Migdal ayant razzié un camp romain s’étaient fait massacrer dans la ville peu après. Beaucoup avaient cherché à s’enfuir en bateau, mais le lendemain Vespasien envoya des archers et des fantassins et les Juifs « furent envoyés par le fond ». Il y eut environ 6 700 morts. Or, cette guerre juive aboutira en 70 à la chute de Jérusalem, réalisant les prédictions de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans le délai imparti « avant que ne passe cette génération » (Mc 13, 30) et vérifiant la théologie de saint Paul.
Mais le détail le plus intéressant se rapporte au récit de la tempête apaisée en Marc 4, 35-41. En effet, cette découverte prouve l’exacte véracité du témoignage historique de saint Marc jusque dans le choix des prépositions. Il rapporte ce qu’il entendit Pierre, le patron du bateau, raconter : « Survient une violente bourrasque, et les vagues se jetaient sur la barque, au point que déjà se remplissait la barque. Et lui était dans la poupe, sur le coussin, dormant. » Il dit bien que Jésus était non pas « à la poupe » comme beaucoup de traducteurs ont voulu corriger le grec saint Marc, mais « dedans ». Pendant que Pierre était au-dessus sur le large pont arrière que nous montre aujourd’hui l’épave retrouvée tenant la barre, Jésus dormait en dessous, à l’abri des vagues et du vent, et ne gênait pas la manœuvre. Mais par scientisme bétonné à l’encontre des données historiques les mieux attestées, l’auteur de l’article ment sur le texte en écrivant que c’est « aux disciples terrifiés » que Jésus imposa silence. Pourtant saint Marc dit bien autre chose : c’est au vent et à la mer déchaînés que Jésus imposa silence.
Frère Bruno de Jésus-Marie
Extrait de la Contre-Réforme Catholique n° 279, janvier 1992
Bible archéologie histoire, tome 1, p. 21