SOLLICITUDO REI SOCIALIS

« AUX BÂTISSEURS DE LA SOCIÉTÉ TERRESTRE »

I. INTRODUCTION (n° 1 à 4)

Vingt ans après Populorum progressio de Paul VI, Jean-Paul II entend par cette encyclique « réaffirmer la continuité (sic) de la doctrine [novatrice de Gaudium et Spes] sociale de l'Église en même temps que son renouvellement continuel... » (n° 4) (…)

II. NOUVEAUTÉ DE “ POPULORUM PROGRESSIO ” (n° 5 à 10)

L'Église conciliaire prend parti pour l'égalitarisme
d'un solidarisme communiste international

Pape Jean-Paul II(…) Jean-Paul II rappelle les trois nouveautés qui font la valeur singulière de Populorum progressio :

  1. L'Église ne s'y adresse pas seulement à ses fidèles catholiques, mais « à tous les hommes de bonne volonté ». Et tandis que « ce thème du “ développement ” pourrait paraître étranger aux centres d'intérêt légitimes de l'Église envisagée comme institution religieuse, Paul VI a le mérite d'en avoir souligné le caractère éthique et culturel et, du même coup, d'avoir justifié la légitimité et la nécessité de l'intervention de l'Église dans ce domaine. » (n° 8)
  2. Autre nouveauté, révolutionnaire : « L'Église y affirme que la question sociale a désormais une dimension mondiale. » (n° 9) L'interdépendance croissante de tous les peuples fait saillir le tableau cruel et scandaleux des inégalités qui règnent entre eux, constituant, au regard de Paul VI, autant d'injustices. (…)
  3. Enfin, troisième grande idée de Paul VI : « Le développement est le nouveau nom de la paix. » (n° 10) Qui refuse d'entrer dans ce grand élan de solidarité entre tous les hommes et tous les peuples, et refuse le partage de ses biens en vue du rétablissement de l'égalité primitive, seule véritablement juste, menace la paix, provoque la guerre. (…)

 

III. PANORAMA DU MONDE CONTEMPORAIN (n° 11 à 26)

Désenchantement : “ Il y a quelque chose qui ne va pas ”.
Mais “ le Seigneur Jésus nous interpelle : Allez de l'avant ! ”

Le pape Jean-Paul II dresse donc la liste des éléments « négatifs », innombrables, enchevêtrés, désespérants (…) :

« ... L'élargissement du fossé entre les régions développées dites du Nord et celles du Sud en voie de développement. » (n° 14) (…) « L'unité du monde, l'unité du genre humain est sérieusement compromise. » (…) « L'analphabétisme, la difficulté ou l'impossibilité d'accéder aux niveaux supérieurs d'instruction. » (n° 15) (…) « La négation ou la limitation des droits humains - par exemple le droit à la liberté religieuse, le droit de participer à la construction de la société, la liberté de s'associer, ou de constituer des syndicats, ou de prendre des initiatives en matière économique - n'appauvrissent-elles pas la personne humaine ? » (…) « L'existence de mécanismes économiques, financiers et sociaux... manœuvrés par les peuples riches pour les rendre plus riches au détriment des pauvres, rendus de plus en plus pauvres... » (n° 16) (…) Enfin des « causes politiques » s'y ajoutent, dont la principale est « l'existence de deux blocs opposés, Est et Ouest, Orient et Occident » (n° 20). (…)

Toutes sortes de considérations suivent, qui nous laissent bouche bée : il n'y a pas un seul mot qui évoque et encore moins réprouve l’athéisme marxiste et ses persécutions, et si l'on veut, en face, la perversité anticatholique et antichrist de la judéo-maçonnerie universelle. Notre Pape est un païen intégral... quand il prétend régir le monde terrestre par des moyens terrestres en vue du culte de l'homme terrestre. C'est prodigieux !

Et l'on sourit de pitié à l'évocation « des campagnes contre la natalité, en opposition non seulement avec l'identité culturelle et religieuse (!) de ces pays mais aussi (!) avec la nature du développement » (n° 25). Le développement est son dieu, toute sa religion ! Enfin le pire crime, « le racisme », amène à la conclusion prévue : « Ce fait qui exige la condamnation la plus énergique, est lui aussi le signe d'une conception erronée et perverse du vrai développement humain. » (n° 25)

En face de ces formidables obstacles au développement dont il rêve, quels signes réconfortants trouve Jean-Paul II ? Je vous le donne en mille :

1. « La conscience de la dignité de l'homme », sous l'influence heureuse de la Déclaration des droits de l'homme, et l'action de l'ONU.

2. « La conviction d'une interdépendance radicale et de la nécessité d'une solidarité qui l'assume, en vue du bien et du bonheur de tous… en particulier dans le respect de la vie. » (…)

« Ici s'inscrit aussi, comme signe du respect de la vie - malgré toutes les tentations de la détruire, depuis l'avortement (une tentation ?!) jusqu'à l'euthanasie —, le souci concomitant de la paix ; et, de nouveau, la conscience que celle-ci est indivisible : c'est le fait de tous, ou de personne. (…) » Alors, ce ne sera à coup sûr et jusqu'à la fin du monde… “ le fait de personne ” ! (…)

3. « … Le souci de l'écologie. » (n° 26) (…)

La “ morale ” humaniste, la religion du développement et de la paix terrestres refoulent au plus haut des cieux l'existence et le rôle d'une Providence paternelle, par ailleurs jugée totalement inopérante...

IV. LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN AUTHENTIQUE (n° 27 à 34)

De la mobilisation des Églises au service de l'Homme
pour le règne de la Liberté, de l'Égalité et de la Fraternité

Comment expliquer l'échec du “ progrès des peuples ”, programmé, réclamé, annoncé par Paul VI ? Jean-Paul II en donne des raisons... embarrassées (cf. n° 27 à 29) (…) :

Le « matérialisme grossier » de nos sociétés de consommation provoque « une insatisfaction radicale » : « les aspirations les plus profondes restent insatisfaites, peut-être même étouffées. » (n° 28) (…) Trop d'avoir ou trop peu paralyse l'essor de l’être, qui est la « vraie vocation de l'homme et de la femme ». (…) Le péché n’est rien d’autre qu’un « paramètre » qui rend seulement un peu difficile la vocation première de l’homme : « l’appel à la possession et à l’usage des moyens créés. » (n° 30) (…)

Péché originel, tare héréditaire, justification par la foi au Christ, baptême, ascèse chrétienne et contemplation mystique sont absolument hors du champ de vision pontifical. Et cependant, son « développement intégral et authentique » de l'homme terrestre par des moyens terrestres en vue de son bien immédiat et de son bonheur terrestre total... débouche dans le monde de la résurrection. (…)

LE DÉVELOPPEMENT S'ACHÈVE EN ÉTERNITÉ

Ainsi, l'humanité passera « un jour, des ténèbres et des carences du sous-développement et du surdéveloppement où nous nous débattons », à « l'incorruptibilité » et à « l'immortalité », « quand le Seigneur “ remettra la royauté à Dieu le Père ”, et que toutes les œuvres et les actions dignes de l'homme (dignes de l'homme !) seront rachetées. »

L'Église (conciliaire) doit donc « (…) se consacrer(sic) au développement des peuples... C'est un impératif... Il oblige particulièrement l'Église catholique, les autres Églises et communautés ecclésiales... les croyants des autres religions. » Car « les peuples ont droit eux aussi à leur développement intégral qui, s'il comporte, comme on l'a dit, les aspects économiques et sociaux, doit comprendre également l'identité culturelle de chacun et l'ouverture au transcendant (?). Et, en aucun cas, la nécessité du développement ne peut être prise comme prétexte (ah ! maudit le Vicaire du Christ qui ose ainsi, vulgairement, ignominieusement, faire barrage à son Règne !) pour imposer aux autres sa propre façon de vivre ou sa propre foi religieuse. » (n° 32)

Oui, qu'il soit anathème ! Car il récidive :

« La vraie élévation de l'homme, conforme à la vocation naturelle et historique de chacun, ne s'atteint que par le respect de ses droits... (…) Et par « respect des droits de l'homme », le Pape entend bien l'intangibilité des croyances et des religions : « ... les droits fondés sur la vocation transcendante (?) de l'être humain, à commencer par le droit à la liberté de professer et de pratiquer son propre Credo religieux. »

Comme s'il y avait d'autres Credo... “ authentiques ” que le Credo catholique ! et comme si la religion ressortissait de la liberté de l'homme et des droits des communautés, hors de l'Église dont Notre-Seigneur Jésus-Christ est le fondement divin et humain ! (…)

ENFIN, LIBERTÉ, ÉGALITÉ, ... ANIMISME !

En poursuivant ma lecture, j'ai l'impression de descendre sur des pavés brûlants le chemin effroyable de l'enfer. Voici l'affirmation brutale de l'égalitarisme maçonnique, comme fondement nécessaire du monde à venir :

« Les peuples aussi bien que les individus doivent jouir de l'égalité fondamentale sur laquelle est basée, par exemple, la charte de l'Organisation des Nations-Unies, égalité qui est le fondement du droit de tous à participer au processus de développement intégral » ! (n° 33)

Voici la perverse liberté, « qui ne doit jamais être sacrifiée sous aucun prétexte », affublée d'un masque religieux comme ces cortèges maçonniques qui se revêtent de chasubles et d'étoles pour leur mascarade antichrist :

« En outre le chrétien, qui a appris à voir en l'homme l'image de Dieu appelée (ah ! appelée, et non admise...) à participer à la vérité et au bien qu'est Dieu lui-même [mais “ il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus ” ! (Mt 22,14)], ne comprend pas l'engagement en faveur du développement... en dehors de la considération et du respect dus à la dignité unique (!) de cette “ image ”. »

Je sais que pour mêler le lait et le miel de la Parole divine à ce poison satanique distillé par les officines maçonniques de l'ONU et de l'UNESCO, Jean-Paul II ajoute : « Autrement dit (mais c'est le contraire !), le véritable développement doit être fondé sur l'amour de Dieu et du prochain, et contribuer à faciliter les rapports entre les individus et la société. Telle est la “ civilisation de l'amour ” dont parlait Paul VI. » Quel mensonge !

Et puis voici, après le culte de l'homme, le culte de la Terre, l'écologie faite religion, idolâtrie. Pour consacrer cette autre invention des sans-Dieu de notre siècle, Jean-Paul II ne trouve rien de mieux que de changer le dogme du péché originel, d'une rébellion contre Dieu en une rébellion, oh ! combien plus grave, contre la déesse Nature ! (…) Ainsi ce chapitre à tous égards odieux, blasphématoire et antéchrist, s'achève-t-il dans le grotesque.

V. UNE LECTURE THÉOLOGIQUE DES PROBLÈMES MODERNES (n° 35 à 40)

Remplacer les mécanismes pervers par des mécanismes nouveaux,
et les structures de péché par des structures de solidarité avec l'aide de la grâce

(…) Ce passage (n° 35) de l'encyclique devra retenir l'attention du lecteur parce qu'il nous fait connaître le tout de la pensée pontificale en matière de vie sociale, de « construction de la société terrestre ». C'est une œuvre avant tout politique, réclamant « des hommes, considérés comme des personnes responsables », un effort moral dont chacun trouvera l'énergie dans sa foi religieuse, ou autre ! en quelque principe spirituel... et toujours « avec l'aide de la grâce divine » qui apparemment ne peut manquer à aucun « bâtisseur de la société terrestre » ! (…)

SOLIDARITÉ

L'interdépendance des individus et des peuples ayant fait éclater en pleine lumière le scandale de l’injuste inégalité dans la répartition des biens, ici le Pape espère de la “ conversion ” des responsables, un élan de “ vertu ” faisant jaillir du sentiment de l'interdépendance de tous un effort de solidarité. Ce mot de « solidarité », vingt fois répondra dans l'encyclique au mot d’« interdépendance »...

Est-ce parce que le Pape le dit, le souhaite, l'annonce, croit déjà l'apercevoir que la solidarité prend la place de l'égoïsme et de la haine ? Mais non ! C'est parce que cela s'impose à tous :

« Une telle détermination est fondée sur la ferme conviction (voilà !) que le développement intégral est entravé par le désir du profit et la soif du pouvoir. Ces attitudes (sic) et ces structures de péché ne peuvent être vaincues – bien entendu (bien entendu ! Cela ne peut manquer ! Cela ne saurait être refusé par Dieu à l'homme !) avec l'aide de la grâce divine - que par une attitude diamétralement opposée (à laquelle, bien entendu ! aucun homme, aucune femme n'auront idée de se refuser !) : se dépenser pour le bien du prochain en étant prêt, au sens évangélique du terme, à “ se perdre ” pour l'autre au lieu de l'exploiter, et à “ le servir ” au lieu de l'opprimer à son profit. »

Voilà donc tous les hommes (et les femmes !), « inspirés ou non par une foi religieuse » (n° 38), « prêts » à « se perdre » (?) pour « l'autre » (!), pour « le servir », et de maître, selon la dialectique hégélo-wojtylienne, s'en faire l'esclave.

Là-dessus commence à une sorte d'hymne à la solidarité (n° 39 et 40), remède à tous les maux, source des plus magnanimes vertus et créatrice de la « civilisation de l'amour » rêvée par Paul VI, devenue dans un proche avenir dont le monde est en attente, dans l'Avent du troisième millénaire, réalité ! Et Dieu, sans tonnerre ni éclairs, tout doucement se mêle dans le discours du Pape aux autres grandes idées humanitaires, comme jadis à la brise du jour il rencontrait Adam et Ève dans leur Paradis. (…) La Solidarité comme personnifiée dans son héraut se célèbre elle-même, si bien qu'elle se mue sans problème en charité chrétienne : « La solidarité est sans aucun doute (!) une vertu chrétienne. » (…)

Le Christ ayant enseigné de la charité qu'elle était la marque distinctive du chrétien, l'Église ancienne en concluait que seuls les membres de l'Église visible peuvent la recevoir de Dieu par les sacrements. Mais l'Église actuelle, plus intelligente ? entend tout au contraire que Jésus a révélé pour notre temps, que partout où se rencontre quelque charité « authentique », on peut être sûr que les âmes sont implicitement, invisiblement et naturellement... chrétiennes !

C'est ici la théorie des “ chrétiens anonymes ” de Karl Rahner, dans sa plus merveilleuse imposture (cf. n° 40). En chaque homme et chaque femme, l'élan généreux de la solidarité se transforme et transfigure en parfaite imitation du Christ et assimilation à Dieu même : aujourd'hui dans un seul mouvement, nécessaire donc certain, l'humanité commence à vivre sa christianisation intime jusqu'à sa divinisation achevée. Telle est, toute spontanée, après la naturalisation du surnaturel par les papes Paul VI et Jean-Paul II, la surnaturalisation du naturel. (…)

Rêve ou réalité ? Rêve d'hier, réalité de demain, assure notre Pape messianique. (…) « La solidarité doit donc contribuer à la réalisation de ce dessein divin tant sur le plan individuel que sur celui de la société nationale et internationale. Les “ mécanismes pervers ” et les “ structures de péché ” ne pourront être vaincus que par la pratique de la solidarité humaine et chrétienne (voilà l'identification achevée des deux termes, en extension et en compréhension) à laquelle l'Église invite et qu'elle promeut sans relâche. » (…)

VI. QUELQUES ORIENTATIONS PARTICULIÈRES (n° 41 à 45)

Pour l'avènement d'un capitalo-socialisme mondial intégré

Jean-Paul II signale ici quelques points de sa doctrine sociale qui peuvent opportunément aider aujourd'hui au démarrage décisif du développement mondial. (…)

1. C'est... « l'option ou l'amour préférentiel pour les pauvres », parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare à l'appui (n° 42), avec mention de « la forme spéciale de pauvreté qu'est la privation des droits fondamentaux de la personne, en particulier du droit à la liberté religieuse et, par ailleurs, du droit à l'initiative économique ».

2. C'est l'exigence, implacablement réitérée par Jean- Paul II, d'une liste de « réformes nécessaires » (n° 43) où nous retrouvons tout l'arsenal du KGB et de la Trilatérale associés, pour l'avènement d'un mondialisme capitalo-socialiste intégré. Jean-Paul II connaît bien sa leçon ! Sont donc à réformer :

« Le système commercial international... Le système monétaire et financier mondial... Les Organisations internationales. »

Ici la critique est trop vive pour qu'on n'en cherche pas les raisons dans quelque projet de transformation de ces institutions, déjà monstrueuses, par les grandes puissances occultes qui dirigent le monde. Et de fait, la restructuration réclamée « suppose que l'on dépasse les rivalités politiques et que l'on renonce à se servir de ces Organisations à des fins particulières, alors qu'elles ont pour unique raison d'être, le bien commun » (n° 43). Quel “ bien commun ” a-t-on déjà programmé dans les coulisses pour nous en faire les esclaves demain ?

Toujours est-il que la menace se précise : « Affrontant une période nouvelle et plus difficile (ah ?) de son développement authentique, l'humanité a besoin aujourd'hui d'un degré supérieur d'organisation à l'échelle internationale, au service des sociétés, des économies et des cultures du monde entier. » (n° 43)

J'en ai froid dans le dos. Quel univers concentrationnaire encore jamais vu, ce Pape, le fouet à la main, exige-t-il de voir naître ? Son n° 44 en décrit les exigences pour « chacun » : c'est l'univers qu'on croyait oublié, de Kafka, d'Huxley, d'Orwell... Lisez plutôt : « La solidarité demande que l’on soit prêt à accepter les sacrifices nécessaires pour le bien de la communauté mondiale. » (n° 45) Imaginez ce qu'implique de contraintes totalitaires et de dépouillement collectiviste une telle formule !

C'est pourquoi Jean-Paul II, qui n'oublie rien, entend d'abord voir réduits tous les États nationalistes, forts, en un mot capables de s'opposer au collectivisme totalitaire mondial, capitalo-socialiste. Et ce, par la contrainte “ morale ”, et au besoin religieuse, d'un retour universel à la démocratie ! “ Solve ”, selon le premier principe de la franc-maçonnerie, maxime de “ Satan ” : dissolvez d'abord toutes les communautés naturelles et surnaturelles, par la destruction de toute autorité de droit divin. “ Coagula ”, c'est le second principe, la maxime de “ Lucifer ” : alors vous pourrez solidariser, unifier, contraindre les milliards d'hommes à bâtir enfin la société terrestre, monolithique, collectiviste, uniforme, sous l'autorité panoptique (qui voit tout, qui sait tout et contrôle tout) d'un conseil de sages indéfiniment cooptés et inconnus du vulgaire, dont la puissance terrifiante, libérée de toute entrave, se dressera contre Dieu. Telle est la première Bête de l'Apocalypse à laquelle « le Dragon a transmis sa puissance et son trône avec un immense empire » (Ap 13, 2).

Tandis que l'autre Bête, « portant deux cornes comme un (certain) agneau (de Dieu !), mais parlant comme le Dragon, au service de la première Bête, en établit partout l'empire, amenant la terre et ses habitants à adorer cette première Bête » (Ap 13, 11-12), en disant : « Il faut que les choses changent ici ! » Autrement dit que les régimes autoritaires soient remplacés par la démocratie avec l’aide « de la communauté internationale » (cf. n° 44-45).

Oui, vraiment on peut dire de Jean-Paul II, ce que saint Pie X disait du Sillon : il « convoie le socialisme, l'œil fixé sur une chimère. » (Lettre Notre charge apostolique, sur la démocratie chrétienne, 25 août 1910).

VII. CONCLUSION

“ Anticiper la gloire du Royaume que nous attendons à la fin de l'histoire,
quand le Seigneur reviendra ”

Jean-Paul II conclut en amorçant une nouvelle campagne sur le thème de la LIBÉRATION. (…) Le mot revient dix fois participant à un étourdissant ballet de grands mots, les uns vrais, les autres faux, certains chrétiens, la plupart franc-maçons, franc-païens. (…) (cf. n° 46) C'est de tels discours dont saint Pie X disait justement : « Voilà de ces grands mots avec lesquels on exalte le sentiment de l'orgueil humain. » (Lettre sur le Sillon, n° 25) (…)

« Un développement qui n'intègre pas les dimensions culturelles, transcendantes et religieuses de l'homme et de la société contribue d'autant moins à la libération authentique qu'il ne reconnaît pas l'existence de ces dimensions et qu'il n'oriente pas vers elles ses propres objectifs. L'être humain n'est totalement libre que lorsqu'il est lui-même, dans la plénitude de ses droits et de ses devoirs : on doit en dire autant de la société tout entière. (…) (n° 46)

« L'Église a aussi confiance en l'homme, tout en connaissant la perversité dont il est capable, parce qu'elle sait que - malgré l'héritage du péché et le péché que chacun peut commettre - il y a dans la personne humaine des qualités et une énergie suffisantes, il y a en elle une “ bonté ” fondamentale (cf. Gn 1, 31), parce qu'elle est l'image du Créateur placée sous l'influence rédemptrice du Christ qui “ s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme ”, et parce que l'action efficace de l'Esprit-Saint “ remplit le monde ” (Sg 1,7). » (n° 47)

On retrouve ici, évidemment, les deux thèmes majeurs de la pensée, et je dois dire plus exactement, de l'HÉRÉSIE majeure du Pape régnant pour notre malheur, pour la perte des âmes et la possession diabolique de ce monde : l'union réelle et mystique du Dieu fait homme, Jésus-Christ, à tout homme en vertu de son Incarnation même et en dehors de toute foi et de tout baptême, par une grâce divine donnée à tous sans condition et faisant de tous des “ fils dans le Fils ” (cf. n° 40), des hommes faits dieux. Et l'effusion de l'Esprit-Saint, avec sa force inépuisable d'illumination, de sanctification, enfin de transfiguration, dans le monde entier et dans tous ceux qui l'habitent, quelles que soient leurs religions ou irréligions, comme par une grâce non seulement “ suffisante ”, mais... “ efficace ” !

C'est avec de pareilles hérésies que tous les problèmes sont résolus, et les labeurs de l'Église des siècles antérieurs méprisés. Demain, l'Internationale sera le genre humain... Voyez déjà, Dieu change l'Homme pour se le rendre semblable, en l'an 2000, en vue du troisième millénaire !

LE PROPHÈTE D’UN MONDE NOUVEAU LANCE UN HUMBLE APPEL À TOUS

Cependant, Jean-Paul II retrouve le ton dramatique indispensable, pour « appeler tous les hommes et les femmes sans exception » : catholiques, protestants et orthodoxes, juifs, musulmans et les autres… à une levée en masse en faveur du développement, de la justice et de la paix, par leur libération de toutes les contraintes qui font obstacle à leur rêve immense de bonheur terrestre. (…)

Maintenant je demande à mes lecteurs une nouvelle fois : un Pape, ou un Concile, ont-ils le droit, en vertu de leur magistère, de falsifier et de mutiler la Parole de Dieu pour imposer au peuple fidèle leurs opinions particulières en rupture avec la tradition antéconciliaire ? (…)

Comment ne pas voir que le Pape nous ment sur saint Paul lorsqu’il s’adresse aux juifs ainsi : « À ceux qui partagent avec nous l'héritage d'Abraham, “ notre père dans la foi ” et la tradition de l'Ancien Testament, les juifs... » (cf. Rm 4, 11-12) (…) Car enfin, qui ne le sait ! Abraham est le père de tous les croyants, « notre père à tous dans la foi », juifs ou gentils, circoncis ou incirconcis, cela n'a plus aucune importance, du moment que nous avons la foi qui seule importe, justifie et sauve, elle seule, tout homme : la foi en Jésus Notre-Seigneur, le Fils de Dieu Sauveur... Et c'est hélas ! précisément cette foi que les juifs auxquels s'adresse Jean-Paul II comme à des frères, n'ont pas, méritant hélas ! l'anathème où leur rejet du Christ les a mis et les maintient jusqu'à ce jour, selon saint Paul, et je n'y peux rien ( Rm 9, 3 ; I Co 16, 22 ). (…)

Jean-Paul II, en désorientant ainsi la parole de Dieu, continue à noyer l'Église catholique dans ce magma des religions et irréligions du monde, et sa preuve à lui que la voie est bonne, c'est Assise.

« La rencontre du 27 octobre de l'année dernière à Assise, la ville de saint François, pour prier et nous engager en faveur de la paix - chacun dans la fidélité à ses convictions religieuses - a fait apparaître pour tous à quel point la paix et sa condition nécessaire, le développement de “ tout homme et de tous les hommes ”, sont aussi (!) un problème (!) religieux, et à quel point la réalisation intégrale de l'une et de l'autre dépend de notre fidélité à notre vocation d'hommes et de femmes (!) croyants (croyant en tout et n'importe quoi, quelle “ vocation ” !). Car elle dépend, avant tout, de Dieu. »

Ça alors, c'est un comble ! Le développement, la justice, la paix de l'humanité dépendent, « avant tout », de Dieu. Qu'est-ce à dire ? Si c'est le Dieu des chrétiens qui est descendu sur terre pour nous dire : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire », alors le Pape n'a pu que provoquer sa Colère en convoquant ce ramassis de gens, les uns monothéistes antichrists, les autres farouchement idolâtres, d'autres, pires, pasteurs schismatiques ou hérétiques, pour les inviter à prier chacun sa divinité, ou d'invoquer le Christ chacun selon les usages et inventions de sa secte, afin que tant de cultes s'associant, tant de dieux et de déesses venant à la rescousse d'un Dieu catholique insuffisant, les chances de paix en soit augmentées ! Quelle folie !

Mais si c'est “ le Dieu ” de tous et de chacun, le même sous tous les noms, tous les visages, toutes les “ incarnations ” que s'en sont imaginés les hommes, divers et pourtant toujours identique et ineffable, présent au cœur de l'humanité, alors, Jean-Paul II en parfait moderniste, parfait incrédule et apostat, a voulu par ce rassemblement exciter dans tous les hommes cette expérience religieuse, cette émotion intime dont il attendait... et il peut attendre longtemps, un élan, un bond en avant, un dépassement de l'humain en direction du divin. Alors, quel blasphème !

DEMAIN, L'INTERNATIONALE SERA LE ROYAUME DE DIEU !

« L'Église sait qu'aucune réalisation temporelle ne s'identifie avec le royaume de Dieu, mais toutes les réalisations ne font que refléter et, en un sens, anticiper la gloire du royaume que nous attendons à la fin de l'histoire, lorsque le Seigneur reviendra. » (n° 48) (…)

Le Royaume, nous savons, nous, que c'est l'Église, Corps visible, Corps mystique du Christ qui est le Royaume des cieux annoncé, fondé, définitif. Mais pour le gnostique Karol Wojtyla, c'est l'humanité à venir sous la guide de l'ONU et de l'UNESCO, c'est l'internationale capitalo-socialiste intégrée que ses amis juifs et maçons bâtissent dans leurs sociétés secrètes. En un mot, c’est le MASDU : Mouvement d’Animation de la Démocratie Universelle dont je dénonçai le projet dès 1965 comme l'hérésie, l'APOSTASIE fondamentale du pape Paul VI et du Concile, et que j'exposai tout au long, puis rappelai dans mon Livre d'accusation contre Paul VI (p. 23-37).

Pour finir, le Pape s'inquiète de mettre cette Babylone maudite, paradoxalement, outrageusement, sous la double caution sacrée de la Sainte Eucharistie et de la Sainte Vierge Marie. De quoi toucher les âmes dévotes et candides, de quoi tromper le monde. (…) La manœuvre de récupération est trop évidente, et surtout quand le Magnificat est de nouveau invoqué comme un chant révolutionnaire ! C'est la queue du serpent qui apparaît là, manifestant le caractère satanique de toute cette encyclique et de son auteur.

Abbé Georges de Nantes
Extraits de la CRC n° 242, mars 1988, p. 3-4, 17-24

  • Dans le tome 20 de La Contre-réforme Catholique au XXe siècle :
    • L'encyclique « Sollicitudo rei socialis » …et demain, l'internationale (juive) sera le genre humain », n° 241, Mars 1988, p. 1-4, 17-24
En audio/vidéo :
  • A 42 : L'encyclique « Sollicitudo rei socialis », 13 mai 1988, 1 h (vid./aud.)