Ps 23 : Le retour au bercail

  1. Psaume à David. Yahweh est mon berger, je ne manquerai de rien.
  2. Dans des prés d’herbe verte, il me fera m’étendre ; près des eaux tranquilles, il me mènera.
  3. Mon âme, il la fera revenir. Il me conduira par les pistes de la justice à cause de son Nom.
  4. Lors même que je marcherai par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal, car vous êtes avec moi. Votre sceptre et votre houlette, eux, me rassureront.
  5. Vous apprêtez pour moi une table, devant mes adversaires. Vous parfumez d’huile ma tête. Enivrante est ma coupe.
  6. Oui, Bien et Miséricorde m’accompagneront tous les jours de ma vie, et j’habiterai la maison de Yahweh pour toujours.
* * *

VERSET 1. Plus que jamais, ce psaume mérite sa dédicace à David qui était « à garder le troupeau » lorsque Samuel vint lui donner l’onction (1 S 16, 11). Et pourtant, le « berger », c’est Yahweh ! Parce que les fils de David se sont souvent montrés infidèles.

Ézéchiel l’avait prophétisé « contre les pasteurs d’Israël » indignes (Ez 34, 2). Yahweh leur reprendra le troupeau qu’ils malmènent et se fera lui-même le pasteur de son peuple : « C’est moi qui ferai paître mes brebis et c’est moi qui les ferai reposer, oracle du Seigneur Yahweh. » (Ez 34, 15) Après les avoir laissées manquer de tout en les privant un moment de sa présence (Ps 8, 6), et avoir même paru abandonner son Messie (Ps 22, 2).

Jésus qui est le Messie, Fils de Dieu, Dieu lui-même, a accompli cette prophétie : « Je suis le beau pasteur. » (Jn 10, 11) Et il n’a laissé ses brebis manquer de rien : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni besace, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? ” – “ De rien, dirent-ils. ” » (Lc 22, 35)

VERSET 2. Ce verset répond à la demande de l’Épouse : « Dis-moi donc, toi que mon cœur aime : où mèneras-tu paître le troupeau, où le mettras-tu au repos, à l’heure de midi ? » (Ct 1, 7) Après avoir retrouvé dans la Terre promise restaurée Celui qu’elle cherchait, elle s’exclame : « Notre lit n’est que verdure. » (Ct 1, 16)

Jésus a accompli cette prophétie : « Alors, il leur ordonna de les faire tous s’étendre par groupes de convives sur l’herbe verte. » (Mc 6, 39)

« Les eaux tranquilles » évoquent « les eaux de Siloé », unique ressource de Jérusalem en eau, « qui coulent paisiblement » (Is 8, 6). La bien-aimée est elle-même « une source scellée [...]. Source qui féconde les jardins, puits d’eau vive, ruisseaux dévalant du Liban! » (Ct 4, 12 et 15)

Un jour, le Messie révélera qu’il est lui-même la source : « “ Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! ” selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. » (Jn 7, 37-38)

VERSET 3. C’est pourquoi « son Nom », Yahweh, est le premier mot de ce psaume. Répondant à la prière de l’âme : « Entraîne-moi sur tes pas, courons ! » (Ct 1, 4) c’est lui-même qui entraîne sa brebis bien-aimée après l’avoir convertie, pour répondre à sa prière lorsqu’elle est menacée par ses persécuteurs (Ps 5, 9 ; 17, 5).

Ainsi s’accomplira la parole du Messie souffrant : « Mon âme vivra pour lui » (Ps 22, 30), parce qu’ « il la fera revenir » de la mort.

VERSET 4. Quelle promesse de résurrection, non seulement pour le Messie souffrant, mais pour « tous ceux qui retombent en poussière » (Ps 22, 30) !

Le passage au style direct transforme la métaphore poétique en élan mystique de confiance et d’abandon au « Berger » capable de rendre vie à ses brebis.

« Votre sceptre » est celui du Roi-Messie (Ps 2, 9). Il sert à défendre le troupeau.

« Votre houlette », littéralement : « votre appui » (Ps 18, 19), fourni par le bâton qui sert à guider le troupeau.

« Me rassureront » : comme Ruth, aïeule de David, que Booz prit sous sa protection dans ses champs et qui lui dit sa reconnaissance : « Tu m’as rassurée, Monseigneur, et tu as parlé avec bonté à ta servante. » (Rt 2, 13)

VERSET 5. Après avoir envoyé chercher David qui était « à garder le troupeau », « Samuel prit la corne d’huile et l’oignit au milieu de ses frères » (1 S 16, 13). Cette « huile », c’est le Nom même de Yahweh, car « votre Nom est une huile qui s’épanche » (Ct 1, 3).

« Enivrante est ma coupe », comme « l’Esprit de Yahweh qui s’empara de David à partir de ce jour-là » (1 S 16, 13).

Et de quoi déborde cette « coupe », sinon du vin exquis de l’amour (Ct 1, 4 ; 2, 4 ; cf. Ps 16, 5) ? Yahweh accomplira point par point toutes ces paroles en la Personne de Jésus, hôte divin instituant l’Eucharistie au Cénacle.

VERSET 6. Le retour au style indirect explique la parabole de Yahweh comparé à un « berger » : « l’enclos » où le Roi introduit la Bien-Aimée (Ct 1, 4) qui ne fait qu’un avec le Messie, c’est « la maison de Yahweh » (cf. Ps 5, 8).

Frère Bruno de Jésus-Marie
Il est ressucité ! n° 97, septembre 2010 p. 34