Ps 20 : Jésus !
- Au maître de chant, psaume à David.
- Qu’il t’exauce, Yahweh, au jour de détresse, qu’il te protège le nom du Dieu de Jacob !
- Qu’il envoie ton secours du Sanctuaire, et de Sion qu’il te soutienne ;
- Qu’il se souvienne de toutes tes offrandes, que ton holocauste le rassasie.
- Qu’il te donne selon ton cœur, et qu’il accomplisse tous tes projets ;
- Que nous criions de joie en ton salut, et qu’au nom de notre Dieu, nous levions l’étendard. Que Yahweh accomplisse toutes tes demandes.
- Maintenant je sais que Yahweh sauvera son Messie. Il l’exaucera depuis les cieux de sa sainteté par les prouesses de salut de sa droite.
- Les uns par la charrerie, les autres par les chevaux, et nous par le nom de Yahweh notre Dieu dont nous faisons mémoire,
- Eux tombent à genoux ; nous, debout, nous tenons,
- Jésus ! Que le roi nous exauce au jour de notre appel !
L E psaume vingtième répond au psaume dix-neuvième comme le psaume deuxième répond au psaume premier. Ils forment le frontispice d’un nouveau livret.
VERSETS 1-2. Le psaume dix-neuvième s’achevait sur un appel du Messie au Rédempteur : « Que soient en faveur les paroles de ma bouche et les murmures de mon cœur devant votre Face, Yahweh, mon rocher, mon rédempteur ! » (Ps 19, 15) Le psalmiste souhaite au Messie d’être exaucé par « le nom du Dieu de Jacob », celui de la dernière théophanie de l’époque patriarcale, dont Jacob fut favorisé à Bersabée (Gn 46, 1-4).
VERSET 3.La Bible de Jérusalem transforme l’adjectif possessif en pronom personnel et traduit : « Qu’il t’envoie le secours ». Ce contresens efface l’attente messianique, ressort du psautier en général et de ce psaume en particulier : le Messie est lui-même le secours imploré que Dieu enverra de Sion (Ps 18, 17).
« De Sion » viendra le salut (Ps 14, 7), puisque c’est là que Dieu a sacré son roi-messie, c’est là qu’est son « Sanctuaire » (qodèsh ), sis sur sa « Montagne sainte » (har qodèsh ; Ps 2, 6 ; cf. Ps 5, 8 ; 11, 4).
VERSET 4. « Ton holocauste », au singulier, succède aux « offrandes », au pluriel ; l’expression désigne le sacrifice de lui-même que le Messie consentira, préfiguré par le sacrifice d’Isaac (Gn 22). Notre-Seigneur Jésus-Christ accomplira ce vœu prophétique sur la Croix, et le Saint-Sacrifice de la messe le renouvellera de génération en génération ; il est présenté ici comme une nourriture « rassasiante » pour Dieu lui-même, comme jadis le festin offert par Abraham à l’hôte divin sous le chêne de Mambré (Gn 18).
VERSET 5. Les « projets » du Messie ne sont autres que ceux de Yahweh, son Père : « Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, et pour domaine les extrémités de la terre » (Ps 2, 8 ; cf. Ps 13, 3 ; 14, 6). Mais ici paraît le prix à payer : le don divin répond à l’ « holocauste » du verset 4.
VERSET 6. « Lever l’étendard (dgl ) » pour faire la guerre est prévu par le Rouleau de la Guerre de la communauté de Qumrân (i qm, iii, 13 – iv, 17). Dans la Bible, les seuls emplois d’un substantif de même racine désignent les « bataillons » auxquels l’Époux divin compare la Bien-Aimée (Ct 6, 4. 10) après qu’elle eut elle-même comparé son Bien-Aimé à un « étendard » qui permet de le distinguer « entre dix mille » (Ct 5, 10).
VERSET 7. Pourquoi « maintenant » ? Quelle est la cause de ce retournement de la situation ? Sans doute l’ « holocauste » offert par « son Messie » (v. 4).
« Depuis les cieux », comme Jonathan, le frère de Judas Maccabée, l’écrivait aux Spartiates : « Car du Ciel nous vient le secours qui nous sauve. » (1 M 12, 15)
« Par les prouesses de salut de sa droite » : “ Droite de Dieu ” est le nom de l’un des étendards énumérés par le Rouleau de la Guerre (4, 7)
VERSET 8. Comme aux jours du passage de la mer des Roseaux, lorsque « tous les chevaux, les chars de Pharaon, ses cavaliers et son armée » rejoignirent les enfants d’Israël (Ex 14, 9). « Nous faisons mémoire », littéralement : « nous nous souvenons », au sens d’un « mémorial » qui rend présent, agissant, l’objet du souvenir.
VERSETS 9-10. « Jésus ! » Littéralement : « Yahweh, sauve ! » Le psalmiste ne sait pas qu’il désigne par son nom le roi-messie attendu ! Celui-ci est du côté de Dieu, comme les psaumes précédents nous l’ont fait pressentir (cf. Ps 3, 5 ; 4, 4 ; 17, 6 ; 18, 4. 7). C’est lui qui obtiendra le salut par son « holocauste » (v. 4).
Mais alors, le mystère de l’identité de ce « roi » grandit si l’on se souvient de l’oracle de l’Inconnu de l’Exil qui l’identifie à Dieu lui-même : « Ainsi parle le roi d’Israël et son rédempteur, Yahweh Sabaot. » (Is 44, 6) Ce « Jésus » sera Dieu !
Frère Bruno de Jésus-Marie
Il est ressucité ! n° 89, janvier 2010 p. 34