De la dévotion de la religion de nos pères à la place centrale de l’Immaculée Conception
DE LA “ DIVINE MARIE ” À L’IMMACULÉE CONCEPTION
Au séminaire de saint Sulpice, de 1943 à 1947, Georges de Nantes est initié à la théologie mariale des maîtres français de la Contre-Réforme catholique au XVII siècle ; en « des cours qui le ravissaient », l’amour de son professeur pour « la divine Marie » transfusa en lui.
Si dans leur contemplation du mystère de l’incarnation et de son événement fondateur, l’Annonciation, les docteurs de l’École française, Bérulle, Olier et leurs disciples ont insisté sur la bassesse de « la Servante du Seigneur », ce fut pour mieux l’exalter ensuite comme Elle l’a chanté Elle-même dans son Magnificat. Leur mérite est surtout d’avoir discerné que l’œuvre de Dieu en cet événement et mystère, était celle des trois personnes divines, chacune en relation particulière avec la Vierge Marie. Entre fille ou épouse du Père, mère du Fils, temple ou épouse du Saint-Esprit, chacun va balbutier sur les relations de la « Divine Marie » avec le Bon Dieu. Ils ont traité de ce sujet complexe avec un enthousiasme parfois contrarié par la tournure de leur esprit ou chez certains par une vie trop mondaine. Mais ce ne sera pas sans mérite, car cela va orienter la pensée de l’Église sur la voie d’un mystère que « Dieu veut établir dans le monde », et que l’Église en sa meilleure part ne cessera d’approfondir dans le contexte difficile des « derniers temps » : l’éminente personnalité de la Vierge Marie, le singulier mariage qui l’unit à Dieu et l’associe à l’œuvre créatrice, rédemptrice et sanctificatrice du genre humain.
L’abbé de Nantes ne cessera d’approfondir ce mystère. De la « divine Marie » enseignée au séminaire de Saint-Sulpice selon les critères de l’école française de spiritualité, à l’Immaculée Conception dont il perça le secret à la suite de saint Maximilien-Marie Kolbe, quels prodigieux progrès dont voici, à grands traits, quelles furent les principales étapes.
1948-1977 :
LA VIERGE MARIE DANS L’APOSTOLAT ET LE COMBAT DE NOTRE PÈRE
Après son séminaire, notre Père a une longue carrière de trente années, où son enseignement sur la Sainte Vierge semble à première vue classique. Il ne répète cependant pas l’enseignement reçu au séminaire, il l’approfondit sans cesse en théologien mystique, bibliste, scientifique même.
En 1956, sous le titre « Bible et vie chrétienne », notre Père rédige le manuscrit d’un recueil de médiations dont le premier chapitre est intitulé : Le Cantique de la Femme. Il y montre que le fil d’or qui traverse toute la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse, et qui explique l’orthodromie de la révélation divine, c’est « la Femme », la Vierge Marie, l’Immaculée, dont toutes les femmes épisodiques sont les figures prophétiques, préparant, de siècle en siècle, l’annonce faite à l’Immaculée Conception.
Dans ses « Lettres à mes amis » (1956-1966), comme plus tard dans ses « Pages Mystiques » (1968-1978), on voit bien que le but poursuivi, c’est l’Amour de Dieu qu’il veut faire connaitre, aimer, et par conséquent défendre : Jésus, Marie, Joseph dans leur humble vie de Nazareth, l’Église au péril de la grande apostasie... « Ce sont des méditations tout à fait merveilleuses où l’on trouve à la fois la pensée doctrinale la plus rigoureuse et la plus conforme aux dogmes (...) la présence du sentiment, du cœur, de la dévotion ; le tout dans une représentation très réaliste à la Saint-Ignace qui n’est ni une élucubration, ni un étalement de merveilleux et de miraculeux, car notre Père contemple des Personnes divines et des mystères qui existent. Il dépeint une réalité. (...) » (Il est ressuscité n° 202, octobre 2019)
« La Page mystique n° 52 développe avec une grande audace une idée chère à notre Père sur la ressemblance physique de Jésus avec sa Mère. Il s’en sert ici pour défendre la virginité perpétuelle de Marie. “ Je jubile à la pensée de cet embrassement des trois divines Personnes vous tenant intimement unie dans un chaste et triple baiser, ô Femme en laquelle s’est formé le fruit de vie qui n’a d’autre Père que Dieu ! Je sais maintenant par la science tout le détail et l’humble ordonnancement de ce miracle auquel étaient prédisposées les lois de la nature. Je sais l’ovule singulier, portant votre code génétique, ô Marie, son ADN retenant tout l’héritage de votre race et tout votre caractère, prêt à repartir sous l’opération du Saint-Esprit dans la fantastique réplication qui formerait un nouvel être si parfaitement semblable à vous que nul fils jamais ne ressembla tant à sa mère. Je sais la modification des chromosomes XX en XY qui déterminerait le sexe masculin de l’enfant, imperceptible miracle de cette facile parthénogenèse...
« “ J’assiste comme au microscope électronique, à la minute bouleversante où ce fruit détaché de vous se fixe, se creuse un nid et réussit la première opération de son développement autonome. Alors l’âme de Jésus vit en votre sein, Dieu est parmi nous caché dans ce Sanctuaire pourpre, ô royal Emmanuel ! Ah, tout ce mystère est inconnu des humains et connu de Dieu seul. Aucun homme ne vous a approchée, ô Marie, aucun désir charnel ne vous a émue, ô Vierge, aucun sang étranger ne s’est mêlé au vôtre, Immaculée Mère de Jésus ! Cet enfant qui se nourrit amoureusement de votre substance, quand il quittera son premier abri terrestre n’en déflorera pas l’honneur. Miracle encore que le passage de votre fils aux fontaines scellées de votre sein, sans douleur, sans déchirures, sans effusion d’une seule goutte de votre sang. ” » (...)
FATIMA.
Notre Père considère déjà Fatima comme l’événement majeur du vingtième siècle. En 1958, il écrit : les apparitions de Lourdes « me semblent comme celles de Fatima des aides extérieures, extraordinaires, mystérieusement liées aux combats et aux bouleversements de la fin des temps (...) » (Lettre à mes amis n° 38, juillet 1958).
« En janvier 1960, notre Père rappelle les propos de Khrouchtchev qui déclare que 1960 sera l’an I de l’expansion du communisme mondial, mais il affirme que ce sera aussi l’année de la révélation du Secret de Fatima. L’élite et les masses catholiques sont tellement égarées, écrit-il, qu’il n’y a plus d’espoir que dans l’Église. “ Sera-ce le troisième Secret de Fatima qui doit être dévoilé le 13 mai prochain ? Sera-ce le Concile ? ” (Lettre à mes amis n° 63, janvier 1960). Dans cette optique, notre Père, qui était curé de Villemaur, avait préparé ses paroissiens à recevoir la troisième partie du Secret qui devait être révélée au plus tard en 1960. Mais un communiqué de presse du Vatican annonça qu’il ne serait “ jamais ” (sic) divulgué au monde. La déception des fidèles et le discrédit sur l’Église furent immenses. Mais pour l’abbé de Nantes, le plus grave était que le pape Jean XXIII manifestait son mépris pour Fatima, seul remède contre les hérésies et contre le communisme. Cela n’augurait rien de bon pour le Concile Vatican II (...). »
À LA LUMIÈRE DE LA SAINTE ÉCRITURE ET DE LA TRADITION.
En septembre 1964, notre Père prêcha une retraite de 18 conférences sur « la Vie intérieure » (en audio : S 2). Deux d’entre elles, consacrées à la Sainte Vierge modèle des chrétiens et modèle de vie intérieure, en résument les acquis. Ce sont des monuments d’une sagesse biblique, liturgique, ecclésiale qui illustrent bien à quel haut niveau de compréhension et d’amour de la Vierge, l’Église avait élevé ses enfants, et qui expliquent aussi pourquoi l’abbé de Nantes ne put supporter de voir Vatican II se rallier à la religion réformée, faire la promotion du progrès humain, et rejeter du même mouvement la Vierge Marie à la dernière place : « Celui qui aime Marie ne peut plus croire aux rêveries orgueilleuses du progrès humain, nécessaire, irrésistible et unilinéaire. Il retourne à Nazareth à la recherche de la Perfection tout aimable. Dieu ne change pas, les hommes ne changent pas et les créatures parfaites ne sont pas dans l’avenir biologique ou sociologique du cosmos, mais dans la plénitude des temps évangéliques, autrefois ! (...)
Il va mettre toute sa science et son incomparable pédagogie au service de la Vierge Marie et poser ainsi peu à peu les assises d’une cathédrale mariale de lumière.
« Au quatrième siècle, ceux qui étaient tombés dans l’arianisme faisaient du Verbe une créature de Dieu, avec preuves de l’Écriture à l’appui (Pr 8 ; Eccl 24...). Comme quoi, il ne faut pas se fier à l’Écriture en-dehors de l’enseignement de l’Église ! Alors, l’Église a trouvé cette ressource merveilleuse, merveilleuse pour notre amour de la Vierge, que chaque fois qu’il serait parlé dans la Bible de la Sagesse de Dieu comme étant une créature, ce serait l’annonce prophétique de cette splendeur de Sagesse que serait la Vierge Marie, la première créature de l’univers. Nous jouissons de tous ces textes bibliques lors des magnifiques offices liturgiques consacrés à la Vierge Marie (...).
« Elle est donc épouse de Dieu, comme la Sagesse. Elle est élevée à cette dignité par l’œuvre de l’Esprit-Saint, devenue par grâce Mère de Dieu. Elle est environnée de gloire et pénétrée de la Sagesse divine, elle en devient la Mère pour tous les hommes. Elle baigne dans la Sagesse et elle la répand comme la lune répand la clarté du soleil. En donnant Jésus à tous les hommes, elle leur donne la Sagesse (...) : « C’est moi, la Mère du Bel Amour et de la crainte, de la connaissance, de la Sainte Espérance ! Celui qui me trouve, trouve la vie et le salut du Seigneur. » Il a tout trouvé, tout est en Marie ! »
ÉPOUSE DU VERBE.
Dans sa retraite de communauté prêchée en 1965 intitulée « Le monastère idéal » (En audio S 3), notre Père explique quelles sont les relations de la Sainte Vierge avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit (...). Il commence par évoquer la difficulté de l’entreprise :
« Dans la dévotion et la théologie mariale, nous trouvons des associations de mots ou d’expressions qui sont assez surprenantes, qui sont souvent d’apparence contradictoire. Et tel auteur spirituel emploie tel langage qui ne semble pas du tout s’accorder avec le langage d’un autre. Est-ce qu’il faut choisir l’un ou l’autre ? Pas forcément. Par exemple, la Vierge est-elle l’Épouse du Père ? Oui ! La Vierge est l’Épouse du Père, puisque Jésus est leur Fils. Jésus est son Fils et Jésus est le Fils du Père ; donc la Vierge est Épouse du Père. Mais tant et tant d’auteurs ne l’ont-ils pas appelée l’Épouse du Saint-Esprit ? On le dit encore maintenant de nos jours. Si elle est l’Épouse du Père, on ne voit pas comment elle est l’Épouse du Saint-Esprit. On dit qu’elle est Fille du Père, elle est éminemment Fille du Père, mais alors comment est-elle la Mère de son Fils ? Est-ce qu’on ne pourrait pas dire de la Vierge Marie plutôt qu’elle est la sœur-épouse du Fils de Dieu, du Verbe, comme on le dit dans le CANTIQUE DES CANTIQUES ? »
Notre Père étaye la triple relation qui unit la Sainte Vierge à la Sainte Trinité, comme fille du Père, Épouse du Verbe, Temple du Saint-Esprit sur de forts arguments scripturaires. La grande originalité de ce réseau de relations, notre Père en a bien conscience, c’est de faire la Vierge Marie, l’Épouse du Verbe. Il s’en explique en réfutant la désorientation protestante qui a fait chuter les Pères conciliaires, celle d’enfermer la maternité divine de Marie dans le champ clos de son horizon terrestre ; « rôle subordonné » par conséquent et tout humain de gestation et d’éducation de Marie mère de Jésus, sans origine dans le Ciel, ni accomplissement eschatologique sur la terre comme au Ciel.
« Je ne veux pas du tout reléguer au second plan ni diminuer l’importance de sa divine maternité, certes non ! Mais je dirai que c’est cette maternité qui est une relation bien déterminée, unique, de premier plan, entre la Vierge Marie et le Verbe de Dieu auquel elle donne son humanité. Dans l’ordre de la chair, dans l’ordre de notre histoire humaine, la Vierge Marie est d’abord et est uniquement Mère de Dieu ! C’est certain.
« Mais par ce lien spirituel et charnel par lequel elle est faite Mère de Dieu, Jésus-Christ, il se trouve qu’elle est excellemment en trois relations, en trois autres relations avec chacune des Personnes divines. C’est parce qu’elle est Mère de Dieu qu’elle se trouve privilégiée dès le départ de telles grâces qu’elle est la Fille du Père par excellence. C’est parce qu’elle est Mère de Dieu, nous allons le comprendre en un instant, que la Vierge Marie est vraiment, et plus qu’aucune créature ne pouvait être et ne le sera jamais, Épouse du Verbe.
« Car, qu’est-ce que souligne ce mot d’Épouse du Verbe, que je reprends au CANTIQUE DES CANTIQUES ? C’est la plénitude de son union à Dieu ; plénitude d’union à la Sagesse divine, saint Bernard le disait tout à l’heure, d’où procède sa maternité, sans pour autant lui faire perdre de vue sa filiation au Père, ni son union à l’Esprit-Saint. Mais si elle a pu être la Mère de son Sauveur, c’est d’abord parce qu’elle était unie à lui en tant que sagesse, en tant que Verbe de Dieu, d’une manière absolument intime.
« Quand on lit les prophètes Osée, Ézéchiel, Isaïe, et tout particulièrement le Cantique des cantiques, nous voyons que cette fille de Dieu qu’est Israël est appelée à être son épouse. Israël appelle son époux avec ardeur, tout en constatant son indigence. L’humanité appelle son Dieu à descendre, à devenir son Sauveur, son frère, son Ami et vraiment son Époux, qu’Il se fasse son égal pour la prendre toute à lui. Lorsque le Verbe se fait chair dans le sein de la Vierge Marie, ce sont les épousailles du Verbe et de l’humanité, mais dans sa figure la plus sainte, la Vierge Marie. Le fiat de la Vierge Marie à l’Ange est le “ oui ” de l’épouse le jour de son mariage. “ Et ainsi, il fallait que ce soit la Vierge qui, par son acte propre d’adhésion, de consentement, appelle le Dieu fait homme sur terre et lui donne une chair, lui donne sa vie humaine ”, explique notre Père. Plus tard au Calvaire, Jésus est le nouvel Adam, l’Époux par excellence, et Marie la nouvelle Ève, l’Épouse du Verbe, notre Mère à tous. Corédemptrice.
« Quant au Saint-Esprit, il n’est pas l’Époux, mais l’âme de la Vierge Marie. La correction est importante. En Elle demeure le Divin Esprit, Elle est le Temple du Saint-Esprit (...).
1978-1984 :
UNE SOMME THÉOLOGIQUE MARIALE, PRESQUE TOTALE
De 1977 à 1984, notre Père fut invité à prêcher chaque année une session de deux jours à Josselin, en Bretagne, au mois de mai ou juin, chez monsieur Lévesque, un fidèle ami. Ces Journées bretonnes sont toutes consacrées à la Sainte Vierge et marquent un essor de la pensée et de la dévotion de notre Père pour Elle.
« La Vierge Marie a eu son premier avènement, qui annonçait celui de son Fils, tout dans l’humilité et la modestie, nous verrons pourquoi. Elle aura son second avènement, et je pense qu’il est déjà commencé, qui prélude à l’avènement de son Fils pour un règne de gloire sur toute la terre. Ah ! quand on a compris cela, je vous assure qu’on peut se livrer à l’action politique, à l’action sociale, à toutes sortes d’actions, parce qu’on a un feu intérieur, une foi qui embrase notre espérance, on est loin de se désespérer, au contraire, et cette espérance nous fait nous multiplier en actes de générosité et de charité !
« Ah ! Je n’oserais pas dire : la Contre-Réforme et la Contre-Révolution Catholique vaincront, mais si quelque chose doit vaincre, c’est ça et ce n’est pas autre chose ! Voilà pourquoi non seulement je ne doute pas de la plénitude de notre Ligue de Contre-Réforme Catholique, mais je vous dis que c’est là qu’est le salut, s’il doit être quelque part ; non pas parce que nous sommes nous, pauvres hommes de rien du tout, mais parce que c’est là la doctrine parfaite, qui commence par se “ sourcer ” en Dieu dans l’incarnation du Christ, avec l’aide de la Vierge Marie, et qui continue dans cette transformation de l’humanité, selon le vœu de l’Évangile ! » (S 33 : Récollection mariale, en audio seulement)
En 1978, il montre, à la suite de sa grande étude sur l’Esthétique mystique exposée tout au long de l’année à la Mutualité, en quoi la Vierge Marie fut la mystique par excellence. Lumineuse explication de ce que c’est que d’être « mystique » et réfutation de Freud et autres désorientations. La Vierge Marie dans sa vie tout ordinaire de Nazareth a été sensible à la beauté de Dieu : dans l’univers, dans la Révélation dont elle chantait les hauts faits grâce aux psaumes, dans le mystère sacré de l’Incarnation qu’elle médita sans cesse en son cœur. Après la beauté des mystères joyeux la Vierge Marie a gouté et participé à la beauté dramatique des Béatitudes, en corédemptrice cœur à cœur avec son Divin époux. La gloire promise, le Christ la lui réserve pour les derniers temps, gloire cosmique, politique d’une médiation universelle...
En 1980, dans « Théologie mariale » (S 44 en audio seulement), l’abbé de Nantes retrouve la Vierge Marie « dans l’Écriture », « dans la Tradition » ; « en Dieu : fille du Père, Épouse du Verbe, Temple de l’Esprit-Saint » ; « en polémique sacrée », « en politique » pour conclure qu’elle est « présente à toutes les grandes heures du monde », dès avant la création.
Il approfondit la relation d’épouse du Verbe, et on voit par l’allégorie de conclusion qu’il avance vers le mystère de l’Immaculée Conception :
« a) Dieu est la source et Elle, Elle est le torrent, la source vive, l’eau vive qui jaillit de la source. Dieu est son Père. Elle est Fille du Père.
« b) Jaillie de cette source comme une eau vive, cette eau vive va descendre et devenir rivière, devenir fleuve, comme dans la vision d’Ézéchiel ou la vision de Zacharie : toujours une eau pure, une eau magnifique, mais une eau féconde. Dans le parcours de ce fleuve de grâce qu’est la vie de la Vierge, elle rencontre un autre fleuve, comme la Saône se jette dans le Rhône : c’est le fleuve du Verbe, le fleuve de la Parole divine du Fils Unique.
« De ces deux fleuves, il n’en reste plus qu’un seul : la Vierge Marie et Jésus deviennent unis d’une manière tellement intime qu’elle lui produit, elle lui donne son humanité. Le cours du fleuve, c’est l’union mystique de la Vierge avec Jésus. Que notre vie soit un cours de fleuve semblable et que nous soyons à l’imitation de Notre-Seigneur, que nous nous prêtions à tous ses desseins, que nous lui vouions notre âme, notre esprit, notre chair pour faire ses desseins, il n’y a rien de plus beau !
« c) Il y a le delta, l’embouchure ou ce fleuve énorme se jette dans la mer. Qu’est-ce que ce delta dans la vie de la Vierge Marie ? C’est le moment où, sur la Croix, Jésus lui donne l’immense humanité comme sa famille : “ Voilà tous tes enfants ! ” À ce moment-là, ce grand fleuve de grâce jaillit du sein de Dieu, passe à travers la Vierge Marie comme l’aqueduc de saint Bernard et, à travers la Vierge et le Christ, devient la mer féconde dont parle Ézéchiel, qui est fertile, féconde en poissons et qui produit toute une végétation sur ces bords, c’est toute l’Église, tout le salut de l’humanité qui se fait par la Vierge Marie. C’est l’opération du Saint-Esprit, c’est l’œuvre du Saint-Esprit en elle.
« Il ne faut pas nous étonner : c’est ainsi que cette eau, qui a pris naissance dans les glaciers de la montagne divine et qui a traversé toutes les plaines de la vie du Christ, finalement se jette dans la mer, dans l’océan de notre histoire humaine et de nos batailles. Dans cet océan, il y a des tempêtes et la Vierge Marie, finalement, termine sa vie avant d’entrer dans la gloire divine définitive du Ciel dans la tempête de la lutte des deux cités.
« Je termine là parce que cela va ouvrir sur la troisième partie de notre récollection : elle est dans toutes nos batailles. Il ne faut pas la placer au pinacle, une belle statue inutile au sommet de la montagne. Elle est dans toutes nos batailles, elle participe à la lutte contre le démon. Toute une partie de sa vocation est d’écraser la tête du démon, quitte à être blessée par lui dans les persécutions. Donc, on ne peut pas être enfant de Marie sans être dans l’Église et aux premiers postes, aux postes difficiles et dangereux, et sans lutter contre le démon pour servir le Christ par la force du Saint-Esprit. » (transcription de S 44)
En 1981, il fait une étude complète et magistrale sur Fatima. C’est le début d’une étude exhaustive, scientifique qui fait toute la vérité sur Fatima, en désormais cinq volumes. Notre Père voulut également que l’on pratique en communauté la dévotion réparatrice des premiers samedis et que l’on encourage nos amis à dire le chapelet tous les jours. (...) Le salut du monde « est dans le chapelet, dans la consécration de nos âmes, de nos familles, au Cœur Immaculé de Marie. Le salut de la France est là et pas ailleurs. »
En 1982, l’abbé de Nantes prêche sur le Saint Cœur de Jésus et de Marie, dévotion initiée par le cardinal de Bérulle, heureusement prolongée et accomplie par saint Jean Eudes et par saint Louis-Marie. En 1983, il expose la vie et la doctrine de saint Louis-Marie Grignon de Montfort. En 1984, il montre la place centrale de la Sainte Vierge dans l’histoire de France, royaume de Marie.
1984 – 2000 :
LA PLACE CENTRALE DE L’IMMACULÉE CONCEPTION
La clef de voûte du bel édifice marial que notre Père bâtissait depuis des années, il va la poser en s’aidant de deux maîtres incomparables qu’il va bientôt dépasser dans l’intelligence et l’ampleur du mystère de l’Immaculée : saint Maximilien-Marie Kolbe et saint Jean de la Croix. C’était le 8 décembre 1984, fête de l’Immaculée Conception, début d’une prodigieuse année liturgique, et première fois que la messe et les homélies étaient enregistrées sur vidéo.
« L’Immaculée Conception, ce n’est pas seulement une créature prise d’entre les hommes et prémunie contre le péché, préservée de toute tache. La Vierge Marie, c’est ce que Dieu a conçu dans sa Sainteté, à l’origine des siècles. C’est Elle à qui Il a pensé d’abord, avant Adam et Ève, avant la suite des générations, avant l’Ancien et le Nouveau Testament, avant même l’Incarnation de Jésus-Christ, son Fils. C’est Elle, le premier projet de Dieu, Père et Fils, dans leur Esprit-Saint et de toute éternité.
« C’est ce que je voudrais vous faire comprendre, en m’aidant de ce Romancero de saint Jean de la Croix que nous avons tant médité ces temps-ci, car il y a une parole qui évoque ce premier mystère, ce premier jaillissement, cette première conception, c’est-à-dire cette première imagination, cette première idée jaillie du sein du Père, dont Il entretient son Fils, le Verbe de Dieu, comme dans une sorte d’inflammation d’amour en leur Esprit-Saint.
« Lorsque, dans ces entretiens savoureux que le Père ne cesse d’avoir avec son Fils de toute éternité, saint Jean de la Croix fait parler ce Père pour son Fils chéri, un beau jour – si l’on ose dire ! – parlant de ce qui se passe dans l’éternité, le Père tient au Fils ce langage : “ Une épouse qui t’aime, mon Fils, j’aimerais te donner. Qui, grâce à toi, vivre avec nous puisse mériter... ”
« Dieu le Père a voulu donner à son Fils un être qui soit tout humble, toute douceur, toute générosité, toute tendresse. Elle sera sa servante et Lui, dans sa grâce, l’élèvera jusqu’à faire d’elle son épouse (...). Quand Dieu le Père a fait cette proposition à son Fils, c’est au cœur de la femme, au Cœur Immaculé de Marie qu’Il pensait. Ce qui va la caractériser, être son œuvre, toute son application, c’est d’aimer.
« Certes, Il lui a donné un contour humain et une chair, un corps très saint, très virginal, mais cette chair n’est que, pour ainsi dire, la substance de ce Cœur, le coffret dans lequel Dieu poserait ce Cœur Immaculé. Ce Cœur lui-même va devenir le sanctuaire de l’amour et l’amour dans la très Sainte Trinité, c’est l’Esprit-Saint. C’est, pour ainsi dire, de la part du Père donnant cette épouse à son Fils, donner au Saint-Esprit comme un Temple, un Sanctuaire, une Amphore translucide. Dans la Vierge Marie devenue l’épouse de son Fils, ce Cœur bat d’un rythme divin et le langage de ce Cœur, c’est l’amour qu’est le Saint-Esprit. » (Sermon du samedi 8 décembre 1984 ; en audio et vidéo : S 75)
« S’il y a un salut aujourd’hui, tant spirituel que physique, c’est-à-dire la paix des âmes qui conduit au Ciel et la paix du monde qui nous épargne les malheurs de la guerre et de l’anarchie universelle, c’est dans ce Cœur Immaculé que nous devons en trouver les énergies. L’Immaculée Conception est le grand secret de Dieu qui achève de se révéler, maintenant que nous sommes à la fin des temps. Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous ! » (Sermon du 9 décembre 1984 ; en audio et vidéo : S 75)
LA PRÉEXISTENCE DE L’ÂME DE LA SAINTE VIERGE.
Depuis le 8 décembre 1984, cette pensée faisait son chemin dans l’esprit de notre bienheureux Père. Comme le père Kolbe, à sa suite, il va méditer sur le nom, le mystère de l’Immaculée Conception.
« En 1989, il eut des lumières sur la Sainte Colombe qui le conduisirent à conclure à la préexistence de la Sainte Vierge. Et le 8 décembre 1991, notre Père reçut de nouvelles lumières sur l’Immaculée Conception. En méditant sur l’antienne “ Qui est celle-ci qui s’avance ? ” notre Père dit ces paroles stupéfiantes :
« “ Elle est là, au milieu de nous, en tête. Radieuses apparitions au commencement des temps (...). Cette apparition est dès au commencement des temps. Toute la Sainte Écriture nous le proclame et tous les textes liturgiques, en particulier de cette fête de l’Immaculée Conception, nous le répètent avec insistance et nous le donnent à aimer. Les grands saints des temps modernes : saint Louis-Marie Grignion de Montfort, saint Jean Eudes, saint Maximilien Kolbe nous montrent à quel point l’Immaculée Conception (...) est là au commencement des temps, pour ainsi dire en deçà d’Adam et Ève qui sont comme deux pauvres petits enfants perdus, surtout après leur chute. Mais Elle, Elle est déjà là et Dieu fait allusion à Elle en promettant un Sauveur qui sera le Fils de la Femme, cette Femme d’avant (Gn 3, 15) et cette Femme des derniers temps (Ap 12). ”
« Et notre Père en venait à faire dans son sermon de la messe de ce même jour cette hypothèse merveilleuse :
« “ Dieu n’aurait-il pas créé l’Âme de la Vierge Marie au début des temps ? Évidemment, son corps est tout entier pris dans le temps, dans l’espace. Il est conçu dans le sein de sa mère et elle a vécu une existence terrestre et maintenant nous savons que son corps est éternellement dans le Ciel. Mais son âme ? (...) L’âme de la Vierge Marie n’aurait-elle pas pu être accordée par le Père et le Fils à l’Esprit-Saint pour cette expiration par laquelle Il manifeste leur Amour.
« “ Alors, au moins déjà au commencement des temps, avant d’avoir créé le ciel et la terre et même les anges, l’âme de la Vierge Marie, séparée, déjà possédée par la flamme de l’Esprit-Saint est visible au Christ et à son Père. Exultation. Quand les anges sont créés, ils admirent déjà cette âme, cette première de toutes les créatures, ils s’inclinent devant elle et ceux qui ne se sont pas inclinés devant elle, ce sont les démons qui sont tombés en enfer et qui n’en sortiront plus jamais. Cette âme de la Vierge a assisté à la création et les paroles que nous avons lues dans l’Épître nous deviennent extraordinairement instructives. ” (Logia du 8 décembre 1991) »
Notre Père consacrera l’année 1992 au Cœur Immaculé de Marie. Le 8 décembre, c’est par le truchement d’un théologien contemporain, le Père Javelet (La femme médiatrice), qu’il mène une enquête historique sur L’immaculée médiatrice (en audio et vidéo S 117). Il nous fait ainsi communier à la foi et à la tendre dévotion de l’Église, mais comprendre aussi les oppositions suscitées par l’Immaculée Conception de la Vierge Marie. Quand le dogme de l’Immaculée Conception sera compris dans son acception positive, totale, la médiation universelle de la Divine Marie ne posera plus de problème... Fatima prépare la voie à cette exaltation que depuis Vatican II l’Église hiérarchique refuse obstinément... Mystère d’iniquité...
Le zèle de notre Père est polarisé par la défense de la foi dans l’Église, mais il va de plus en plus se concentrer sur l’unique nécessaire, l’Immaculée Conception, Notre-Dame de Fatima. Sa doctrine mariale n’est pas achevée en ce sens qu’il cherche maintenant plus que jamais à montrer le rôle éminent, principal, de la Sainte Vierge dans le dessein de Dieu, à la lumière des Écritures et de la Tradition, dans l’économie même du Salut, des origines des temps jusqu’à la consommation des siècles. C’est toute la manière d’aborder la théologie qui s’en trouve renouvelée, libérée d’un carcan humaniste qui reléguait la Vierge Marie à un rôle subordonné, sous couvert d’un prétendu christocentrisme. L’avenir de l’Église est dans la lumière d’un théocentrisme biblique, trinitaire, eucharistique et marial ; remarquons que c’est dans cette même lumière que se déploient les apparitions de Fatima (1917), Pontevedra (1925) et Tuy (1929).
CIRCUMINCESSANTE CHARITÉ DIVINE.
« Dans sa retraite de 1993 intitulée Circumincessante charité divine, retraite reprise et développée en 1997 et en 1998, notre Père médita sur de nombreux textes de la Bible et de la mystique mariale chers à son cœur et développa l’idée que le centre de l’histoire du Salut, c’est la Sainte Vierge. Que si le Bon Dieu a créé le monde, c’était pour la Sainte Vierge ; que si nous avons été épargnés par la colère divine après le péché d’Adam, c’est parce que la Sainte Vierge était là auprès de Dieu intercédant pour nous rouvrir le Paradis perdu ; que si Jésus était mort sur la Croix, c’était en accord et avec la coopération de la Sainte Vierge ; et que si encore aujourd’hui nous voulons obtenir notre Salut, nous devons en demander la grâce à la Sainte Vierge. »
LE CŒUR EUCHARISTIQUE DE JÉSUS-MARIE.
« La retraite d’automne 1994 sur la messe conduisit notre Père à prêcher tout au long de l’année suivante sur le Cœur Eucharistique de Jésus-Marie. Encore une nouveauté et un progrès dans la dévotion mariale ! Jusque-là on ne parlait que du culte du Cœur Eucharistique de Jésus qui consiste à honorer l’acte d’amour par lequel Jésus laisse déborder toutes les richesses de son Cœur en instituant le sacrement de l’Eucharistie.
« Notre Père reprend cette dévotion, complètement abandonnée aujourd’hui, et y ajoute un nom, celui de Marie, “ car, disait notre Père, Jésus et Marie sont inséparables en toutes choses ” (Logia 29 juin 1995) et il explique, tout au long de ses prédications, que non seulement “ toutes les richesses de prédications, de miracles, de mansuétude envers les bons, de délivrance des possédés ” de Jésus, pendant sa vie terrestre, sont sorties du Cœur de Jésus et de Marie, comme d’un désir, d’un projet commun qu’ils avaient ensemble pour nous sauver, mais que ce qu’ils voulaient par-dessus tout était de nous offrir le Corps et le Sang de Jésus dans l’Eucharistie pour susciter dans nos cœurs un amour semblable et nous faire récolter ainsi des fruits de grâces et de sainteté. Notre Père dit même que c’est la Sainte Vierge qui eut l’idée de ce sacrement de l’Eucharistie et qui l’a demandé à Jésus pour nous... ce que Jésus a accepté de faire par amour pour Elle. (...) »
L’IMMACULÉE CONCEPTION : RÔLE PRINCIPAL
« Au mois de mai 1994, une initiative de notre Père avait enflammé toute la Phalange. Notre Père avait décidé que la Ligue se rendrait en pèlerinage à Fatima le 13 octobre 1996. Il l’annonce comme une croisade à entreprendre “ en toute sagesse, contre le démon, contre le monde et contre nous-mêmes, au Nom de l’Immaculée Mère de Dieu, médiatrice, auxiliatrice ”. C’était, d’un coup, placer le Cœur Immaculé de Marie au centre de la Phalange et de nos pensées. Pour nous préparer, notre Père entreprit une série de prédications sur le Pater, sur l’histoire de la Santa Casa de Lorette et sur plusieurs manifestations et sanctuaires marials desquels il tira de nombreuses leçons. Les leçons tirées de l’histoire de Notre-Dame des Victoires et de La Salette sont particulièrement importantes (...).
« De l’apparition de Notre-Dame à La Salette le 19 septembre 1846, notre Père découvrit le message figuratif “ du règne de Marie, Médiatrice seconde de l’humanité rachetée, passée première pour faire don de son beau Royaume à son Seigneur et Fils, Jésus-Christ, à l’honneur de leur très unique Cœur, fontaine de miséricorde et d’amour pour toute créature ” (Lettre à la Phalange n° 59, des 21-22 septembre 1996). La Salette et Fatima s’éclairent mutuellement par leurs deux secrets tenus cachés, mais devinés dans leur annonce tragique de l’apostasie de la hiérarchie ecclésiastique : “ Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist. ” On ne peut pas perdre la foi quand on voit que la Sainte Vierge a prévu et annoncé cette apostasie. Mais la leçon principale reste celle-ci (...) :
« C’est la volonté centrale du Christ au dix-neuvième siècle de pousser sa Mère en avant pour qu’elle soit, elle, victorieuse du démon comme il est dit dans le Livre de la Genèse. La Vierge Marie doit faire l’œuvre principale du salut du monde à la fin des temps. » (Logia du 8 avril 1996)
L’EXIL ET LA CONSÉCRATION À L’IMMACULÉE
En septembre 1996, l’exil fut pour notre Père une très lourde croix. Mais là encore, dans son extrême solitude, la Sainte Vierge fut son seul soutien, et la récitation du chapelet, son salut. (...). Depuis son retour d’exil (janvier 1997), notre Père parla encore plus souvent de la Sainte Vierge et ne voyait de salut qu’en Elle.
Pendant son séjour chez nos frères du Canada, il décide de consacrer un triduum (22-24 août) au Cœur Immaculé de la Vierge Marie. Il prend alors la décision de « placer dorénavant la Sainte Vierge Marie absolument au-dessus de toutes nos affections de cœur, de toutes nos convictions et pensées, de toutes nos œuvres extérieures et de tous nos désirs. Qu’on n’objecte pas l’amour de Dieu lui-même qui devrait de toute manière passer premier et prendre toute la place. C’est précisément dans le rejet de cette objection que consiste le caractère nouveau, surprenant, bouleversant, de cette dévotion qu’enfin je ne boude plus, que je veux faire mienne parce que c’est ce que notre doux Seigneur et Maître veut et attend de notre génération pour la sauver ! » « Ainsi, confiait notre Père, je déménage chez la Sainte Vierge. » Il concrétise cette résolution par une consécration de sa personne qu’il étendra à la Phalange lors du triduum du 6 au 8 décembre 1997 à la maison Saint-Joseph.
Au cours d’un nouveau triduum à la maison Saint-Joseph, il prend appui sur saint Maximilien-Marie Kolbe, se coule dans le mystère de la vie et du martyre de cette âme-sœur de la sienne. S’il le dépasse dans l’intelligence du mystère de l’Immaculée, il est encouragé par son audace dans l’amour de Marie malgré les contradictions que le saint a lui aussi rencontrées sur la voie de cet amour... « Cette consécration totale de nos êtres à l’Immaculée [...] est une conversion au tout de la religion, une interpellation actuelle à entrer dans un mouvement dont la Bienheureuse Vierge Marie est la Mère et la Reine [...]. Le nouveau phalangiste, atteint par l’amour fou de l’Immaculée, le laisse voir, ne veut pas s’en cacher. »
Cela dicte notre résolution : « S’user jusqu’à la corde, aimés des bons, haïs des ennemis de Jésus-Christ et de sa Sainte Mère, prêts à toutes les croix, pour l’amour de l’Immaculée. À Elle l’amour de tous, l’admiration adorante, la confiance, les longues prières. À Elle de commander aux âmes qui lui sont dévouées, consacrées. À Elle d’être seule en vue, à la tête de nos Phalanges. »
Dans la nuit de Noël notre Père reçut, une lumière décisive sur le mystère de l’Immaculée Conception, présente, « éternellement » au Père, au Fils et au Saint-Esprit, dès l’aurore du monde, et le 3 janvier il décide de « passer la main » à la Sainte Vierge : « Vous savez ce que cela veut dire, quand on est directeur d’une entreprise, on passe à quelqu’un d’autre toute la responsabilité et, quelquefois, toutes les conséquences épouvantables de son gouvernement. J’ai décidé de passer la main à l’Immaculée Conception. »
LA CERTITUDE DU TRIOMPHE DE L’IMMACULÉE
L’apostasie totale d’une Église qui ne dit rien, qui laisse la foi des prêtres et des fidèles mourir, et qui empoisonne les cœurs purs devient pour notre Père un vrai tourment intérieur : « Comme tout nous paraît de plus en plus “ effrayant ” dans le monde ! (...) Il est providentiel que nous ayons été attirés vers ce refuge et cette consolation de la dévotion à l’Immaculée. » En février, il éprouve une grande consolation en prenant connaissance d’un songe prophétique de sainte Louise de Marillac, prodigieuse confirmation de son hypothèse sur la préexistence de l’âme de la Sainte Vierge (...).
LE TROISIÈME SECRET DE FATIMA
Lumière dans la nuit, le troisième Secret est enfin publié le 26 juin 2000. À première lecture, notre Père en fut très troublé. Puis, éclairé par frère Bruno, il s’enthousiasma. Il commenta plusieurs fois ce Secret, et la dernière fois qu’il prit la parole en public, ce fut ce sujet qu’il traita, et pour nous galvaniser une fois de plus par sa surnaturelle et inconfusible espérance :
« La seule vision de la victime tuée par ses frères suffit à nous inspirer le sentiment de sa Résurrection. Cette troisième partie du grand secret est aveuglante de lumière et de gloire parce qu’elle superpose le mystère de la Vierge Corédemptrice à celui de cet Évêque, vêtu de Blanc, mis à mort comme une blanche hostie pour ses frères. Il appartient à chacun d’entre nous de prendre part à ce merveilleux dénouement de la geste de Fatima, sous la mouvance du Saint-Esprit avec un zèle dévorant et un grand amour de l’Église. » (CRC n° 372, nov-déc 2000, p. 32)
Extrait de Il est ressuscité ! n° 202, octobre 2019, p. 3-18