Sagesse surnaturelle du royaliste
Le 24 août 1883 le comte de Chambord mourait, ce fut la consternation chez tous les légitimistes. Monseigneur Freppel atterré écrivait à son ami Chavanon : « Le coup terrible qui nous menaçait est venu nous frapper en plein. Vous savez que je ne m’étais pas fait une minute d’illusion. La France est livrée désormais à la Révolution, sans espoir humain de salut, il ne reste que la religion et la patrie. »
SAGESSE POLITIQUE SURNATURELLE
Bien vite revenu de ce moment de désarroi, Mgr Freppel se remit au service « de la religion et de la patrie ». Malgré sa réserve sur le parti orléaniste, « ce parti académique qui ne demande que des honneurs et des places », il redit ce qu’il avait déjà soutenu à la Chambre : le comte de Paris est sans conteste l’héritier du comte de Chambord... « Mais à une condition, c’est qu’il se place dans le droit monarchique et non sur le terrain de la souveraineté du peuple. Le droit monarchique n’a pas besoin, pour être le droit, d’être sanctionné par la volonté nationale. Car ce que la volonté nationale peut faire aujourd’hui, elle pourra le défaire demain.
« Le droit monarchique est un droit historique, consacré par le temps et placé au-dessus de la volonté nationale ; autrement nous tombons dans l’appel au peuple. M. le comte de Paris n’est pas seulement l’héritier, ce que personne ne conteste, mais il doit être successeur du comte de Chambord. Veut-il l’être ? C’est à lui de le dire. Sommes-nous en présence d’une continuation de la monarchie de Charles X ou d’un prolongement de l’usurpation de 1830 ? Que conclure ? la réserve, encore la réserve et toujours la réserve, jusqu’à ce que le comte de Paris ait parlé. L’Église et la religion avant tout. Personne moins que moi ne conteste le droit de M. le comte de Paris ; mais de grâce laissons-lui le temps de parler et de nous dire ce qu’il pense et ce qu’il veut. »
L’ADMIRABLE FIGURE DU COMTE DE CHAMBORD
Le journal l’Étoile, comme la majorité des journaux monarchistes, s’étant sabordé après la mort du comte de Chambord, Mgr Freppel avec son ami Hervé Bazin fonda un nouveau journal à Angers même, l’Anjou. Dès le premier numéro ce grand penseur, ce noble évêque faisait sienne la pensée du prince défunt :
« Ce qui distinguait Henri V parmi tous les souverains de ce temps, c’est que nul d’entre eux n’avait porté un œil aussi clairvoyant sur les conditions de la lutte qui domine à l’heure présente le mouvement de l’histoire. Il était aux yeux du monde civilisé le représentant le plus élevé de la royauté chrétienne. Ce n’est pas seulement dans le fait matériel de l’hérédité, dans l’application pure et simple d’un droit successoral qu’il plaçait le salut du pays. Ce qu’il voulait restaurer en France, c’est la royauté chrétienne, royauté large, ouverte au progrès, en harmonie avec les besoins de l’époque, sauvegardant les droits et les intérêts de tous, mais ne consentant jamais à se faire l’instrument docile d’une majorité parlementaire qui aurait prétendu lui imposer des lois contraires à l’Évangile et aux droits de l’Église (...). »
Extrait de Le mouvement Freppel, CRC n° 318, décembre 1995, p. 15-19