Il est ressuscité !

N° 211 – Juillet 2020

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Bienheureux les persécutés pour la justice

Lorsque le pape François protégeait l’ex-cardinal Mc Carrick, en Australie le cardinal Georges Pell était livré à la vindicte publique... Article paru dans la revue de la Fraternité sacerdotale Saint-Antoine-Marie-Claret, Ave Maria no 830, mai-juin 2020.

«JE viens de passer treize  mois en prison pour un crime que je n’ai pas commis. Je savais que Dieu était avec moi, mais j’ignorais ce qu’il voulait de moi. Après chaque “ coup dur ” venait la consolation de savoir que je pouvais offrir cela pour une intention et la souffrance se changeait en force spirituelle. »

Telles sont les paroles jaillies du cœur meurtri du cardinal Pell, le 7 avril, alors que le tribunal suprême australien venait de reconnaître son innocence par décision unanime de sept juges annulant la condamnation de janvier 2019 pour un crime d’abus dont il est innocent.

On pleure sur l’injuste traitement infligé au cardinal Pell, mais aussi sur tant d’autres hommes d’Église fidèles au Christ en proie à la calomnie mortifère et au martyre de la diffamation. C’est une réalité douloureuse et publique : des prélats et des prêtres ont été dépouillés de leur ministère, proscrits, exilés, condamnés et emprisonnés injustement à cause de fausses accusations, victimes de pièges inavouables ourdis contre eux. Certains même ont été réduits à l’état laïc, abandonnés à leur sort sans plus de ressources pour vivre. Jamais ou presque, leur honneur ni leur réputation ne leur ont été rendus. Le cas du cardinal Pell en est un exemple. La calomnie blesse à mort et exige réparation. Il faut intensifier notre prière pour ces ministres du Christ.

Cependant, en face de ces infâmes accusateurs, ces féroces lobbies anticatholiques, le cardinal a eu des défenseurs courageux comme ce juge inaccessible à la corruption. En effet, l’appel du cardinal Pell fut rejeté en août 2019 par deux voix contre une, mais un des trois juges, Marc Weinberg, écrivit un mémoire de deux cents pages pour expliquer qu’il était impossible que le cardinal ait commis l’abus dont on l’accusait et pour lequel il était condamné à six ans de prison. Weinberg montra que certaines dénonciations de l’ex-enfant de chœur avaient été montées de toutes pièces. Quant à la seconde victime présumée, morte d’une overdose d’héroïne en 2014 (il est si facile de faire parler quelqu’un sous l’empire de la drogue !), il avait dit à sa mère qu’il n’avait jamais subi d’abus. Si celle-ci était encore vivante, l’accusation n’aurait pas tenu. Selon Weinberg, il existe une série d’évidences qui rendent impossible toute la construction du plaignant.

Il y a aussi ce journaliste honnête, Andrew Bolt, qui a récapitulé les faits en démontrant l’absolue impossibilité de cette affaire montée.

La chaîne TV Australian Broadcasting Corporation a lancé une grande campagne anticatholique à l’occasion de ce procès, se disant gênée par la ferme opposition du cardinal au mariage homosexuel, sa défense de la vie et de la famille. De plus, sa rigoureuse honnêteté vis-à-vis des finances du Vatican a provoqué une campagne en Australie même. Aussi bien à Melbourne qu’à Sidney, son second siège épiscopal, il s’est signalé par son énergique répression des conduites contre-nature.

Une accusation inconsistante, des preuves inexistantes, cela ne gêne pas les techniques de manipulation des masses... Résultat : le cardinal a été condamné à six ans de prison, où il est finalement resté interné 400 jours, transféré dans une prison sous haute surveillance avec l’interdiction de célébrer la Messe et de recevoir l’Eucharistie. Tout au long de ce procès, il fut un modèle de patience et un modèle de prêtre, libre dans les chaînes. Cette prison qu’il a qualifiée lui-même de « longs Exercices spirituels » il l’a employée à prier, à étudier et à écrire et sans doute a-t-il prié pour la conversion de ses persécuteurs.

On connaît la formule : “ mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ” et “ pas de fumée sans feu ”... Il reste forcément des soupçons, même quand l’innocence de la personne calomniée est démontrée, et cela tant que la vérité des faits n’est pas publiquement proclamée. La stricte justice impose de réparer le mal causé et de rendre à la victime son honneur.

Mais Dieu voit tout et Il pénètre les cœurs en vue de l’Éternité.

Aujourd’hui, le cardinal australien est absout et libre, mais certainement marqué moralement par ces mois de cruel isolement sans la consolation de la Messe et dans l’indifférence officielle du Vatican et l’intérêt officieux de quelques-uns des membres puissants de la hiérarchie. Maintenant, dans sa retraite monacale, « sans rancune ni désir de revanche » nous dit-il, il vivra discrètement, s’efforçant de ne pas déranger ceux qui, dans la calomnie, l’ont abandonné à son sort. Prématurément à la retraite, il a éprouvé dans sa chair qu’on ne peut espérer qu’en Jésus.